Partie 3
Comment cette machine allait-elle pouvoir m'aider ? De mon point de vue, cela semblait juste impossible. Ce n'était que du fer et des boulons assemblés entre eux, des tuyaux reliés à ce qui semblait être un casque. Rien qui pourrait me permettre de la revoir tout en restant chez moi et sans l'importuner.
Je lâchais un soupir. Je ne comprenais pas tous les agissements de ce voisin. A mes yeux il ne paraissait être qu'un vieux fou.
Et en même temps... en même temps c'était si tentant. J'avais envie... oui je voulais tellement la revoir. Est-ce que c'était réellement possible ? Disait-il la vérité ou ne faisait-il que jouer avec moi et mes sentiments ? J'espérais que non. Je voulais croire en lui et sa mystérieuse machine. J'avais envie, pour elle, pour regarder son rayonnant, sourire une dernière fois.
« Elle n'est pas prête »
C'était ce qu'il m'avait dit en quittant la pièce il y a déjà deux jours de cela. Depuis, il n'était pas revenu. J'ignorais pourquoi. Avait-il abandonné ? je ne le voulais pas. J'avais besoin que cette histoire de machine soit vraie et qu'elle fonctionne. J'avais besoin de cela pour aller de l'avant. J'avais eu la force de me lever, il me fallait la force de continuer à vivre seul sans elle. Cette machine était peut-être la solution.
Prête ou non, j'avais besoin de savoir, d'être sûr, de le voir de mes propres yeux. Il le fallait.
Je quittais la machine des yeux, traversa le couloir et alla sur mon balcon. Etage du bas, en face, le voisin n'était pas là. Les fenêtres chez lui étaient fermées. Il pouvait être enfermé à l'intérieur ou totalement ailleurs.
Où étaient les cristaux ? Dans cet appartement en face me semblait être la meilleure des possibilités. Du moins, c'était l'endroit le plus facile pour moi. Il me fallait ce cristal et j'espérait que mon voisin n'était pas chez lui.
La curiosité, l'ambition... j'ignorait laquelle des deux me poussa à sortir de chez moi, pour la première fois depuis des jours et des jours, pour descendre les escaliers et aller jusqu'à chez mon voisin.
Devant sa porte je me demandais quoi faire. Frapper et lui demander ? Je doutais que ce soit la meilleures des solutions. Il me répèterait qu'elle n'était pas prête. Je ne voulais plus attendre, j'en avait bien trop besoin pour être assez patient.
Sans vraiment plus d'hésitation, sans me demander si ce que je faisais était bien ou non, j'essayais d'ouvrir la porte. La poignet tourna, non dans le vide. Avec un léger grincement, elle s'ouvrit. Qu'il soit là ou non, lui non plus ne fermait pas sa porte à clé.
Marchant avec toute la discrétion possible, j'entrais. Mes yeux regardaient partout autour de moi, relevant chaque détail qu'il voyait. Les papiers qui jonchaient le sol, les livres qui s'entassaient les uns sur les autres, les meubles recouvert de poussière et les toiles d'araignées qui semblaient être là depuis toujours. Cet appartement pas bien grand semblait inoccupé. Je n'avais pas rêvé pourtant, pas depuis toute ses années, mon vieux voisins vivaient bien là. Peut-être avait-il simplement abandonné le rangement et le ménage, pour se tourner vers autres choses. Un autre centre d'intérêt pour lui. C'était compréhensible.
Pas un bruit, l'endroit était si calme. Au vu du décors qui s'offrait à moi, cela en était presque terrifiant. Cela pouvait aussi signifier que le résidant de ces lieux n'était pas là. Je l'espérais toujours. Si ce n'était pas le cas, il m'empêcherait de chercher un cristal et d'utiliser sa machine.
Je ne pouvais plus attendre.
A pas lents, je m'aventurais dans ce bazar. Je traversais une première pièce. Un salon ? Cela avait dû l'être à une époque. Le cristal pouvait-il être quelque part par-là ? sur une étagère, entre deux livres... il pouvait être n'importe où...
La cuisine fut la seconde pièce. Une table où on ne pouvait plus rien poser dessus, un évier encombré autant que le reste, un placard qui avait perdu sa porte et un réfrigérateur encore fonctionnel. Je l'entendais au bruit qui s'en échappait.
Je ne savais pas vraiment ce qui me mena jusqu'à lui. L'instinct ? Ou encore cette curiosité. Peu importait. J'ouvris la porte. Aucun aliment qui profitait du froid de la machine. Ce que je cherchais était là. Des cristaux, juste en face de moi, j'en comptais cinq. Cela si simple.
Je jetais un coup d'œil derrière moi, comme pour m'assurer que le voisin n'était pas juste là, à me surprendre chez lui. Personne.
Je n'avais pas besoin de me poser plus de question. J'avais juste à prendre un cristal et retourner chez moi.
Ce que je fis.
Chez moi, de nouveau face à cette machine qui me faisait me poser tant de questions depuis que je m'étais réveillé.
Je n'avais pas vraiment vu faire mon voisin. Je savais jusque le cristal devait aller dans la machine pour la faire fonctionner. Il n'y avait pas beaucoup de possibilité et je trouvais vite son emplacement. Il y eu une légère lumière, pas éblouissante et même presque chaleureuse. Un grincement suivit, de la vapeur s'échappa et enfin tout se mit en marche. Respirant à peine par peur que ça face dysfonctionner quelque chose je mis le casque sur ma tête.
Au début, rien ne se passa... puis mes yeux se fermèrent. C'était comme si je m'endormais...
***
Mes yeux s'ouvrir, lentement. Je n'étais plus chez moi, dans ce vieil appartement qui renfermait tant de souvenir. Non, l'endroit était totalement différent. Il était lumineux, grand et... riche. Où étais-je arrivé ?
Cette machine était censé me faire voir celle que j'aimais, sans que je n'aie besoin de quitter mon domicile et sans qu'elle ne le sache. C'était ce que j'avais compris.
Cela, c'était si différent. Si luxueux, si grand, loin de tout ce que je connaissais ou espérais. Moi-même j'étais différent. Mes cheveux étaient bien coiffés, j'avais l'impression d'avoir une peau lumineuse, sans cerne sous les yeux. Les vêtements que je portais étaient soyeux, digne d'un chevalier. C'était cela. Je ressemblais à un chevalier s'apprêtant à assister au grand bal donné par un roi.
Pourquoi ?
Qu'est-ce que je faisais ici ?
Je ne comprenais pas...
Je devais à chercher, savoir, comprendre.
Sans savoir où aller, je quittais la pièce où je me trouvais et suivit le premier couloir qui s'offrit à moi. Long, richement décoré, les rideaux le rendant chaleureux alors que ce n'était qu'un simple couloir. Après lui, un grand escalier fait de pierre. Je le descendis, main sur la rambarde parfaitement lisse, marche après marche, avec une lenteur qui elle m'avait bien suivit là où je me trouvais.
C'était si calme et silencieux. Je ne trouvais pas cela terrifiant pour autant. Je trouvais même cela apaisant.
Je ne savais pas ce que j'allais trouver en bas, mais je n'avais pas peur. J'y allais parce que je sentais que c'était la chose à faire.
Une autre pièce, encore une. Toutes aussi lumineuses les unes que les autres.
Enfin, sans un bruit, de manière plutôt soudaine, je me retrouvais face à elle. Elle se tenait droit devant moi, dans sa robe blanche, sa couronne sur la tête. Elle n'avait pas son souriait que je lui connaissais. A la place un air presque sévère. Elle semblait si majestueuse, si... impériale.
C'était différent de son air chaleureux, lumineux et joviale que je lui connaissais. Est-ce que c'était bien la même personne ? Je ne savais pas vraiment. D'apparence, elle lui ressemblait trait pour trait.
Chez moi, elle était mon univers, ici elle semblait être une reine, mais pas la mienne. Une personne digne, respectueuse, qui gouvernait. Une personne qui n'avait rien à voir avec moi.
Qu'est-ce que cela signifiait ? Devais-je y voir un message ?
Elle tendit le bras et je me courbais, posant le genoux à terre, la saluant avec tout le respect que je lui devais. J'ignorais pourquoi je le faisais, c'était simplement venu naturellement. Elle avait un rang bien supérieur à moi, je me devais de la saluer et de montrer qu'elle avait tout pouvoir sur moi. Je le ressentais au plus profonds de moi. Je devais agir ainsi et c'était tout.
Elle, la reine, sembla satisfaite de mon attitude. Sans changer d'expression sur son visage, elle se retourna et s'éloigna, loin de moi.
Elle partait ? Sans rien ajouter ?
Je me retrouvais, dans cet endroit inconnu, loin de ce que j'imaginais et elle ne m'accordait pas plus d'attention ? Elle n'avait fait que me montrer son pouvoir, sa supériorité, rien de plus. Pas un mot, pas un sourire, ce sourire que j'aimais tant.
Je n'avais pas revu mon univers.
Elle disparu derrière des rideaux et tout bougea autour de moi.
Soudain, le calme fut remplacé par un violent vacarme. C'était comme s'il y avait un tremblement de terre en même temps qu'une tornade. Tout tournait, des nuages - ou était-ce simplement de la brume ? – étaient venu recouvrir le somptueux palais ou je me trouvais. Il y eu des flash lumineux. Des éclairs ? Cela ne m'étonnerait pas. Pourquoi est-ce que cela devenait aussi violent, d'un seul coup ? Avais-je fait quelque chose de mal ? La reine n'était pas satisfaite de moi ?
Cette reine, qui était-elle vraiment ? Cette tempête était de son fait ? Une autre forme de son pouvoir ?
La lumière devenait de plus en plus intense, trop aveuglante pour mes yeux. Et se vent ? Il était aussi soudain que le reste. Je ne pouvais plus tenir ici, c'était impossible...
Je fermais les yeux et tentais de me protéger comme je le pouvais. Je sentais pourtant que c'était bien inutile...
La tempête emporta tout sur son passage.
***
J'avais du mal à rouvrir les yeux. Tous mes sens étaient perturbés et j'ignorais où je me trouvais réellement. Tout ce que je pouvais affirmer, c'était que j'étais allongé sur le sol... encore.
Dans la brume de mes yeux qui tentaient de s'ouvrir, je l'aperçus. Mon voisin, cette vieille personne, créateur de cette mystérieuse machine. Il était là, juste en face de moi. Il me parlait, mais je ne l'entendais pas. Il me secouait, pour me faire revenir à moi.
- Réveille-toi petit ! Réveille-toi.
Je battis plusieurs fois des paupières. La brume disparu petit à petit.
- Qu'est-ce que tu as vu ?
(Ce que j'avais vu ? Moi-même je l'ignorais. Je l'avais vu elle, sans que cela ne soit réellement la personne que je voulais. Tout avait été si différent. Est-ce que j'avais un message à comprendre derrière cela ? Peut être une manière de me dire que je n'étais plus rien pour elle, et que je ne devais pas insister. J'avais fait une erreur et elle, elle avait refait sa vie. Je devais me faire à cette idée !
- Je t'avais dis qu'elle n'était pas prête !
Derrière moi, la machine fumée. Des pièces étaient tombées au sol, de l'eau avait coulé et formé une flaque au pied de la machine. Le cristal ? Ce n'était plus que des miettes et de la poussière. La machine était brisé.
C'était de ma faute ?
Certainement...
- Elle n'était pas encore prêt. Tu ne devais pas l'utiliser ! Tu devais m'écouter !
J'avais encore fait une erreur. Une erreur qui gâchait tout. C'était de ma faute... ma faute...
- Pourquoi y as-tu touché ?
- Je voulais... je voulais simplement la revoir. Je voulais revoir mon univers...
Une larme coula sur ma joue et mes yeux se fermèrent. J'étais épuisé par tout cela. Je n'aurais jamais dû me réveiller et quitter le sol de cette pièce. J'aurais dû rester inactif.
Par ma faute, je perdais le dernier moyen qui me restait de voir une dernière fois le sourire de mon univers.
Cette univers...
Pourquoi ?
Une autre larme coula. Pleurer... c'était tout ce qu'il me restait à présent.
- Je voulais juste... la revoir une dernière fois...
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