38 - Découvert et inquiétude
Anar se réveille en sursaut.
Transpirant, il s'assoit dans son lit. Tout est calme mais sa frayeur est encore là. Il a vu un monstre gigantesque dans une caverne sombre et Isil lui faisant face, puis du feu, rien que du feu.
Il frissonne en portant ses mains à sa poitrine où tambourine son cœur. Il se laisse le temps de se calmer avant de se lever.
Était ce un rêve ou une vision ?
Isil était elle en danger ? Possible.
Il boit avant de se passer de l'eau sur le visage. La lune pleine éclaire sa chambre et il aime cette lumière blanche qui donne un tout autre aspect au monde. Il ôte sa chemise humide et du coin de l'œil il se voit dans le haut miroir. A l'instar de sa race, il possède une musculature fine et bien dessinée mais si son torse est attrayant, quasi parfait, son dos est tout le contraire. Anar se tourne offrant un triste spectacle à la douce lumière de la lune. La brûlure est toujours aussi impressionnante, ensemble de stries et chair déformée.
Personne ne l'a jamais vu, ni femme, ni Elfe. Non que Anar ne soit pas courtisé, loin de là, mais cette brûlure le lie à sa sœur avec une telle force qu'il ne peut se lier à une autre...
Parfois il se demande si c'est idem pour elle, cette brûlure l'empêche t'elle de se lier ?
Peut être...
Hormis Feaurl et Isil, personne ne sait. Anar a longtemps crut que c'était un secret qu'il devait garder à jamais, mais depuis peu il doute. Un secret, même bien enfouit, continu à grandir, à se développer et à ronger ceux qui le possède.
En gardant cela secret n'a t'il pas condamné sa sœur et lui à en souffrir ?
La vérité est peut être le premier pas vers le pardon...
Il n'en veut pas à Isil, il ne lui en a jamais voulut, mais son pardon à lui ne suffit pas à ce que sa sœur se pardonne elle même... et c'est une des raisons qui l'a poussé à fuir.
Ils sont liés par cette chose malsaine, stigmate physique de l'incontrôlable puissance d'Isil. Mais si elle est allée à Imladris, sûrement pour y trouver de l'aide et quelqu'un pouvant lui apprendre à se contrôler, peut être allait elle réussir à trouver la paix en elle ?
Anar sourit, retrouver sa sœur aussi insouciante qu'avant, quelle idée agréable.
Rasséréné, Anar attrape une chemise propre. Il l'enfile quand soudain son esprit s'agite. Il se passe quelque chose dans la forêt. Il se tend, scrutant les mouvements des arbres : oui, la forêt s'agite.
Sans plus y réfléchir, Anar sort de chez lui. L'aube n'est pas loin mais il ne prends pas le temps d'admirer le ciel. Profitant des rues désertes, il file discrètement jusqu'au fort. Comme toujours, il se sent emplit de nostalgie et d'une force nouvelle quand il franchit l'entrée. L'âme de ses ancêtres et celle d'Isil hantent ses lieux.
Il grimpe quatre par quatre les marches menant sur le toit de la tour. Arrivée, il se penche sur les créneaux, le regard braqué sur la forêt. Elle ondule malgré l'absence de vent, quelque chose se propage aux travers des racines, quelque chose de fort, de dangereux.
Anar se concentre. Depuis peu, le départ de sa sœur pour être précis, il s'est découvert un don pour communiquer avec les arbres et certains animaux. Si son don s'avère nettement moins développé que celui d'Isil, il en reste pas moins profitable pour lui.
Les arbres sont agités, effrayés et en colère, ils se balancent sans savoir que faire. Anar pousse son esprit aussi loin que possible mais l'écho de ce qui se passe est trop déformé pour qu'il comprenne. Il ne sait qu'une chose : c'est horrible !
Anar revient à lui et hésite. Aller avertir Feaurl ou tenter d'aller voir par lui même ?
Le dilemme est sérieux et les arbres de plus en plus agités. Anar peste avant de redescendre de la tour. Il court jusqu'à la forêt où il touche quelques arbres pour les apaiser. Ça fonctionne mais ils sont trop nombreux pour qu'il parvienne à les calmer un à un. Isil aurait sans doute ramené le calme en moins d'une seconde, mais pas lui...
Déterminé, il continu alors sa course dans la forêt. Il court depuis quelques minutes quand il prend conscience d'où provient la vague d'agitation : Isengard.
Il s'arrête aussitôt.
Saroumane, Isengard, Isil, les Crebains...
Il se passe par là-bas des choses qui le dépassent et il n'est certain que d'une chose, sa sœur n'est plus à Isengard. Il ne sait pas ce qui c'est passé, quel est le lien avec Saroumane, ni pourquoi Isil est parti à Imladris, mais c'est dangereux pour lui.
Trop dangereux...
Maudissant sa peur, Anar se force à avancer mais il se résigne vite. Il n'est pas un combattant, il n'est pas Isil que rien n'effraye, non, il n'est que lui... et sa place est à Fangorn, pas en Isengard.
Il soupire puis commence à rebrousser chemin.
- Vous êtes sage, Anar, le soleil.
Le jeune Elfe sursaute avant de balayer les alentours du regard. Tout est calme, même les arbres se sont calmés, pourtant il ressent une étrange force à ces lieux.
- Qui êtes vous ? Demande t'il.
Quelque chose bouge dans les ombres des bois mais Anar n'a pas peur. Il laisse son esprit le guider, voir ce qui est invisible aux yeux du commun des mortels, alors il le voit. Gigantesque et bien vivant, dressé sur ses jambes tordues et pourtant vigoureuses.
- Un Ent, souffle Anar stupéfait. Vous êtes un Ent ? Mais on vous dit éteint...
- Il est courant de considérer comme disparu ce que l'on ne voit plus, mais nous sommes toujours là, fidèles gardiens des arbres. Je me nomme Ifdhor.
- Je suis Anar de Fangorn mais ça vous le savez déjà...
L'Ent rigole, lente mélodie aux sons de basse.
- Que se passe t'il ? En profite Anar.
- Des choses horribles, inimaginables....
- Ma sœur... en est t'elle responsable ?
L'Ent se penche en avant dans un craquement de bois puis il fixe le jeune Elfe de son regard d'ambre millénaire.
- Votre sœur n'est plus ici mais les étoiles disent qu'elle va revenir... et quand elle verra, elle ira l'anéantir.
Anar frissonne.
- Qui ?
L'Ent se redresse lentement.
- Vous le savez, vu que vous le craignez.
- Saroumane... elle va tuer Saroumane ? Non, il ne faut pas.
- Alors soyez présent...
Soudain un cri s'élève du cœur de la forêt, comme une lamentation : le chant des Ents.
- Partez à présent, reprend Ifdhor après avoir écouté le chant. Nous nous occupons des arbres, occupez vous des humains mais ne dîtes rien sur l'éveil des Ents.
- Pourquoi ? S'étonne Anar alors que l'Ent commence à partir.
Ifdhor s'arrête et le regarde par dessus son épaule.
- Parfois il faut que les choses restent secrètes avant d'être assez forte pour affronter le monde.
Les mots résonnent en Anar comme un écho, il comprend alors.
- Elle est devenue plus forte... et moi aussi.
Soulagé par cette révélation, Anar relève la tête vers l'Ent mais il a disparut. L'Elfe regarde autour de lui mais il n'y a plus aucune trace de l'entité millénaire. Il hésite, a t'il rêvé ?
Était ce son inconscient qui tente de se rassurer ?
Non, il se passe des choses et les choses changent. Rassuré, Anar retourne aux dépendances.
Le soleil émerge alors qu'il arrive chez lui. Il regarde un instant le ciel se teinter des couleurs de l'aurore puis il entre.
Il est étrangement serein et il met un temps à remarquer la corneille posée sur le manteau de sa cheminée. L'oiseau croasse d'indignation avant de claquer ses ailes.
- Tu es revenue, se réjouit Anar en traversant son salon.
La corneille croasse à nouveau avant de tendre sa patte. Anar remarque alors un parchemin assez volumineux.
- Ma sœur serait t'elle devenu bavarde ? S'étonne t'il en le décrochant.
Pressé, il se laisse tomber sur un fauteuil proche avant d'ouvrir le parchemin. Dès les premiers mots il comprend qu'il se passe quelque chose de grave.
Je me présente, je suis Elrond, le Semi-Elfe, fondateur d'Imladris. J'ai réceptionné le message que vous aviez rédigé à l'attention de votre sœur, Isil Uruitë.
Elle est bien venu ici, dans ma demeure, où elle a apportée avec elle un espoir nouveau pour nous tous. La situation actuelle est telle que des décisions importantes ont dut être prises en hâte, ainsi elle a participé à nos discutions, nous apportant son savoir et son expertise. Je souhaitai qu'elle demeure ici où je pouvais l'aider avec son don mais son choix fut tout autre.
Elle est repartie sur les routes, luttant pour notre destin à tous. Sachez juste qu'elle n'est pas seule et que j'espère avoir bientôt des nouvelles d'elles, auquel cas je vous tiendrai informé.
J'ai foi en elle, ne doutez pas.
Je ne puis vous en dire davantage mais je reste à votre disposition par correspondance.
Amicalement,
Elrond, le semi-Elfe.
Anar lit et relit le parchemin avant de le laisser tomber sur ses genoux, incrédule.
- Alors ça... Je ne m'y attendais pas, souffle t'il stupéfait. Feaurl va jamais me croire... à condition que je lui montre ceci.
Il agite le parchemin, plongé dans ses pensées. Soudain il se dresse d'un bond et marche d'un pas vif jusqu'à son bureau. Il doit répondre, déjà pour le remercier, puis il doit en savoir plus.
Isil n'a pas rejoint les Ténèbres, il en est sûr à présent, mais alors pour quoi est elle parti ?
*****
Assise devant la fenêtre, je regarde la forêt. Je ne me lasse pas de cette vue, bien que ces arbres soient un peu trop calme à mon goût.
A présent je prends conscience de la.... particularité de mes arbres. Ils peuvent se mouvoir et ainsi façonner le paysage, c'est plutôt insolite quand on y pense.
Je me demande comment Anar s'en sort avec eux ? Il n'a jamais vraiment eu d'autorité sur eux et j'espère qu'il arrive un tant soit peu à se faire écouter. Je m'en veux un peu de l'avoir laissé comme ça, livré à lui même... comme Elrohir.
Un coup discret à ma porte me sort de mes pensées.
- Entrez, lancé je en me tournant.
La porte s'ouvre doucement sur Aragorn. Il s'est changé, il fait très Elfe dans cette nouvelle tenue mais ses traits sont toujours tirés par l'inquiétude et le chagrin.
- Un problème ? M'enquis je en me levant.
- Rassurez vous, tout va bien, me répond le Dunedain avec un sourire. Nous allons être reçu par le Seigneur Celeborn et la Dame Galadriel, j'ai pensé que vous voudriez être présente.
Je suis aussi surprise que touchée. Il a pensé à moi, il me considère comme un membre à part entière de la Communauté. J'ai réussi à me faire accepter.
- Avec plaisir, répondis je.
Aragorn me sourit à nouveau avant de me faire signe de le suivre. On parcourt les couloirs, passerelles et autres ponts. Aragorn a l'air de s'orienter avec facilité, je me demande s'il est déjà venu ici ?
On arrive dans une salle assez grande qui s'étend autour du tronc de l'arbre dans lequel on est, c'est très beau. Je devrai penser à construire des maisons dans mes arbres... non, c'est pas possible, vu qu'ils se déplacent.
Je remarque alors les autres membres de la Communauté regroupés dans un coin. Legolas porte aussi de nouveaux vêtements mais pas les autres qui ont juste lavés leurs équipements.
- Où est Équinoxe ? Demandé je à Aragorn alors qu'on s'avance vers eux.
- Nous avons dut le laisser à terre mais ça lui a pas vraiment plut.
Comme pour lui donner raison, je ressens l'indignation de mon cheval dans mon esprit. Il se trouve au pied d'une échelle et henni de contrariété. Je rigole avant de lui demander de se calmer. Il me demande de venir le voir et je lui promets d'essayer.
- Isil, vous allez bien ? Lance Merry en me voyant.
- Plutôt, et vous ? Répondis je.
- Ça va, vous avez entendu les chants ? Demande Sam.
- Quels chants ?
- Ceux en l'honneur de Gandalf, explique Legolas. Je n'ai pas eut le cœur à le leur traduire.
- J'ai rien entendu, avoué je. J'ai dormi d'une traite.
- Vous en aviez grand besoin, fait alors une voix.
Je me retourne et je vois que Haldir se tient aux pieds d'un escalier blanc que je n'avais pas remarqué en entrant. En haut des marches se tient le Seigneur Celeborn et à son coté se trouve une Elfe des plus belle. Grande et élancée, ses cheveux argentés forment comme un halo autour d'elle telle une aura des plus spectaculaire.
Les autres s'agenouillent et je m'empresse d'en faire autant malgré les tiraillements que ça me provoque dans tout le corps.
- Levez vous, fait la voix de Celeborn après un temps.
On se redresse à l'unisson. Lui et sa dame sont descendus à notre niveau et je suis surprise de l'aura de Celeborn, il apparaît à présent comme le Seigneur qu'il est, sage et puissant. Quand ses yeux passent sur moi, je rougis et je baisse la tête.
- Désolé de n'avoir put vous recevoir avant, reprend t'il. Nous avions des choses urgentes à régler. Je tenais à vous réitérer nos condoléances, nous partageons votre peine car Gandalf était aussi notre ami. Sachez aussi que...
Alors que j'écoute Celeborn, je ressens comme une poussée sur mon esprit. Je tique et je remarque que Galadriel me fixe. Mal à l'aise, je baisse à nouveau le regard mais je sens une présence dans mon esprit.
- C'est vous ? Pensé je.
Personne ne répond. L'inquiétude m'envahit et je ferme aussitôt mon esprit.
- Vous avez réussit à discipliner votre esprit, fait une voix dans mon crâne.
- Comment ?
La voix rigole, son léger et cristallin.
- Vous avez encore beaucoup à apprendre bien que vos défenses soient assez élaborées pour vous mettre à l'abri de beaucoup de créatures. Voici une chose dont Elrond ne doit plus s'inquiéter.
Je tressaute, m'attirant un regard en biais d'Aragorn. Celeborn se tourne alors vers sa dame qui sourit.
- Je testais juste son esprit, fit elle souriante. Je suis contente que vous soyez enfin arrivé ici, Isil de Fangorn. J'aimerai discuter avec vous de certaines choses, en privé. Quand à vous, vous êtes les bienvenue en mes terres, vous pouvez y rester autant de temps que vous le souhaitez, mais sachez juste que plus vous vous attarderez, plus il vous sera difficile d'en partir.
- Merci de votre hospitalité, gente dame, fait Gimli en s'inclinant.
Je suis surprise de son ton et de ses yeux qui brillent, il n'a jamais dut voir pareille beauté, moi non plus...
- Nous ne vous dérangerons pas plus que nécessaire, reprend Aragorn. Nous avons à décider du chemin à prendre et plus nous restons, plus nous mettons vos terres en danger.
Celeborn hoche la tête même s'il n'a pas vraiment l'air d'accord.
- Qu'il en soit ainsi, fait il après un temps. N'hésitez pas à nous communiquer ce dont vous auriez besoin pour la suite de votre périple.
Les yeux de Celeborn passe alors sur moi avant de revenir sur Aragorn qui hoche la tête. Surprise de cet étrange échange, je vais pour suivre Aragorn mais Haldir me fait signe de venir le voir.
J'hésite puis j'obtempère, autant ne pas me faire encore remarquer mais Aragorn me doit une sacrée explication.
- Un problème ? Demandé je en arrivant au niveau de Haldir.
- Dame Galadriel veut s'entretenir avec vous en privé, me répond l'Elfe aimable. Ne vous inquiétez pas.
Je me force à lui sourire mais je suis mal à l'aise à l'idée de me retrouver seule avec elle. Qu'est ce qu'elle peut bien me vouloir ?
Je la regarde discuter à voix basse avec son époux et je frissonne.
- Vous avez froid ? S'enquit Haldir.
- Un peu oui, mentis je.
Ça me fait penser que j'ai toujours pas résolu le problème de mon embrasement. Est ce que je pourrais m'enflammer à nouveau ?
Ça serait marrant, bien que très étrange... mais aussi pratique.
Je sors de mes songes quand Haldir s'incline légèrement à mes cotés, je vois alors que Galadriel vient à notre rencontre.
- Venez avec moi, Isil, me souffle t'elle.
Même sa voix est envoûtante, une reine Elfe dans toute sa puissance. Je la suis sans oser parler ni même la regarder.
Je ne sais pas ce qui m'attend et j'ai peur, peur de ne plus être avec les autres, peur de ce qu'elle va me dire, peur de ce qui m'attend à présent.
Fin du chapitre
Anar est entré en contact avec les Elfes restés à Imladris tandis qu'Isil s'apprête à avoir une discutions en tête à tête avec Galadriel.
A quels choix vont ils être soumis ?
Arriveront ils à se retrouver ?
Vous verrez bien ^_^
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