32 - A cœur ouvert dans les Ténèbres
Alors qu'on se remet en marche, Aragorn vient me voir.
- Vous allez bien ? S'enquit il.
- Ça va, j'ai un peu mal aux côtes, ça me rappelle de mauvais souvenirs mais je devrais y survivre.
Aragorn me sourit alors que Boromir se tourne vers nous.
- Une chance que vous ayez réussi à bloquer le pont avant qu'il ne se fracasse de notre coté.
- En effet, sinon vous auriez été coincés et moi toute seule dans le noir...
Boromir sourit, ce qui est étrange en fait.
- Je n'avais pas vu les choses comme ça.
Je lui rends son sourire puis je remarque que je tiens toujours la pierre dans ma main. Je m'excuse auprès d'eux puis je remonte notre petit convois.
Arrivée à coté de Gandalf, j'hésite. On m'a toujours dit ne pas ramasser des trucs et encore plus quand ils n'ont pas l'air naturel, comme cette pierre...
Elle est trop lisse, trop travaillée, pour être l'œuvre de la nature et surtout elle semble abriter une étrange lumière.
J'hésite, je ne veux pas l'embêter avec une babiole...
C'est peut être ce que Bilbon c'est dit à propos de l'anneau ? Il n'en a pas parlé et voilà le résultat.
Si cette pierre est un artefact je préfère que tous le monde soit au courant maintenant plutôt que dans soixante ans et de manière aussi morbide que l'anneau de pouvoir...
- Gandalf, fis je. Je... j'ai trouvée cette pierre dans l'engrenage du pont.
Le magicien se tourne vers moi alors que j'ouvre la main. Il s'arrête et la prend délicatement.
- Ça alors, souffle t'il l'air surprit.
- Qu'est ce que c'est ? Demande Sam curieux.
- Une chose bien peu banale.
- Elle coinçait les rouages, expliqué je. Quelqu'un a dut la mettre là.
- Certainement, acquiesce le magicien. Mais dans quel but ? Ceci est une pierre d'élément. C'est un objet aussi rare que précieux. On dit qu'elles sont le fruit du mariage entre les savoirs des Nains et des Elfes.
Gandalf fait passer la pierre afin que tous puisse la voir.
- J'en ai entendu parler mais je n'en avais jamais vu, reprend Legolas en contemplant la pierre.
- C'est vraiment du grand art, enchérit Gimli les yeux brillants.
- Il semblerait que votre courage soit récompensé, Isil, ajoute Aragorn en me la rendant.
Je regarde la pierre ovale, lisse etbrillante.
- Quel est son élément ? Demandé je captivée par cette lumière.
- Je l'ignore, me répond Gandalf. A vrai dire, à mes yeux, elle me semble vierge mais un grand seigneur Elfe pourrait sans doute vous en dire plus.
Je rougis en pensant que ça me donne une bonne raison de retourner à Imladris.
Laissant les autres reprendre leur marche, je glisse la petite pierre dans le fourreau de ma lame. Je veux la garder auprès de moi.
Je m'apprête à rattraper la Communauté quand il me semble entendre un bruit de pas léger. Je me retourne, scrute les ténèbres mais je n'entends plus rien. Je suis un peu fatiguée, c'est peut être juste mon imagination ?
Dans tous les cas, je me dépêche de rejoindre les autres.
On marche encore un long moment. J'ai complètement perdue la notion du temps.
On fait des pauses pour manger, d'autre pour se reposer mais je suis bien incapable de savoir depuis combien de temps on se trouve dans ces mines. Des jours, une semaine ?
Aucune idée...
On gravit un énième escalier dans lequel je reste en arrière avec Équinoxe. Arrivée sur le parvis, on voit de la lumière. On traverse une arche ouvragée et on arrive dans une petite salle éclairée par un puits de lumière.
Les Hobbits se pressent pour aller dans le cercle lumineux et je les imite.
C'est fou comme ça fait du bien. Voir des couleurs, sentir la lumière sur ma peau, j'ai l'impression de revivre, telle une fleur qui s'épanouit au soleil.
Je souris béatement et je me fiche que les autres me regardent ou pas.
- Jamais je n'aurais pensé aimer autant la lumière, souffle Merry les yeux clos.
- Pareil, on ne s'en rend pas compte, sauf quand ça nous manque, répondis je.
Le Hobbit me sourit, il a l'air serein tout à coup.
- On va rester un peu ici, lance Gandalf resté dans la pénombre. Profitez de cette lumière.
Équinoxe vient nous rejoindre. La lumière joue sur son pelage noir et je m'en émerveille.
L'ambiance se fait plus sereine et on mange tous ensemble.
Sam m'avoue n'avoir jamais quitté la Comté et je lui apprends que moi aussi je n'avais jamais quitté ma forêt et que je ne connaissais même pas l'existence des Hobbits.
Je lui demande de me parler de sa terre natale et il me la raconte avec tellement de conviction et d'entrain que j'ai l'impression d'y être.
Je parle aussi un peu de moi, de ma vie, ma rencontre avec Équinoxe, mais j'évite les sujets sombres, on en a pas besoin aujourd'hui. Legolas nous conte aussi quelques récits de chez lui, Gimli se prend également au jeu ainsi que Boromir.
Cet échange est aussi intéressant qu'amusant.
La lumière commence à décroître quand je décide de marcher un peu.
Je me lève et je vais vers la pénombre. Je m'aventure un peu plus loin mais je me sens vite oppressée. Il faisait nuit quand on est entré et c'était plus par nécessité que par plaisir, du coup la lumière ne me manquait pas, mais maintenant que je l'ai revue j'ai du mal à m'imaginer à nouveau dans ces dédales sombres.
Je soupire quand soudain je sens quelque chose qui effleure mon esprit. C'est léger et glissant. Je me tourne et je regarde tout autour moi quand je prends conscience d'un bruit d'eau. Je suis le son qui tend à s'amplifier.
Dans la pénombre dense, je discerne une sorte de fontaine d'ornement où coule un filet d'eau. Je mets mes mains sous le filet, elle est froide et vive. Je goûte l'eau, elle a bon goût, elle vient sûrement de la surface et est potable. Une bonne chose pour nous.
Je fais demi tour pour aller avertir les autres quand soudain j'entends à nouveau un bruit de pas, léger. Je me retourne le plus lentement possible.
Au début je ne vois que les ténèbres, puis une ombre se mouvoir. Soudain, elle se fige. J'entends comme un sifflement puis elle semble glisser vers les ombres plus dense.
- Isil, fait alors la voix de Frodon.
Je sursaute puis je me retourne. Le Hobbit se tient avec Aragorn dans l'embrasure de la petite salle. Je jette un dernier regard derrière moi puis je remonte vers eux.
Aragorn vient à ma rencontre et me tend ce qui semble être une vieille torche.
- J'ai trouvée une source, lui appris je.
- Excellent, nous commencions à être court en eau, me sourit le rôdeur.
Frodon file avertir les autres puis il revient chargé de gourdes.
- Restez ici, ne vous éloignez pas de la lumière, fait Aragorn avant de me suivre.
J'allume la torche puis on marche dans le silence où je guette les bruits de pas.
- Qu'avez vous vu ? Me souffle Aragorn tout bas.
Je suis surprise, m'as t'il vu ?
J'hésite mais j'ai confiance en lui.
- J'ai d'abord entendu des bruits de pas, ce n'est pas la première fois, puis j'ai vu... une ombre dans les ombres... Ça s'est figé en voyant que je regardais dans sa direction puis c'est partit.
Aragorn a l'air embêté. Il fronce les sourcils en fixant les ténèbres.
- J'ai également eut pareilles visions, avoue t'il après un temps. Je n'étais pas sûr mais maintenant je le suis : quelque chose nous suit.
Je m'arrête mais il me fait signe d'avancer.
- Qu'est ce que c'est ? Demandé je inquiète.
- J'ai pensé à Gollum, il est suffisamment furtif et sa détermination est grande... J'espère que c'est lui, car dans le cas contraire, je n'ai aucune idée de ce que ça peut être.
- Est il dangereux ?
- Oui et non... Il n'agira pas s'il n'est pas certain d'avoir le dessus. En restant groupé, il n'est pas vraiment une menace. Restez sur vos gardes mais n'alarmez pas les autres... Pas encore du moins.
- D'accord, soufflé je résignée.
On remplit les gourdes en silence puis on remonte. Frodon nous attend toujours à la porte, j'ai du mal à faire comme si tout allait bien alors que je le sais en potentiel danger, mais en même temps il sera toujours en danger tant qu'il portera ce maudit anneau...
J'ai confiance en Aragorn et en son jugement, alors je fais ce qu'il me dit.
On marche à nouveau durant une longue période, des jours peut être, entrecoupé de pause mais je suis tendu. Je guette le moindre bruit, m'attendant presque à voir une « chose » jaillir des ténèbres à tout moment...
Décidément les Nains ont une affection particulière pour les escaliers. Alors qu'on en grimpe un particulièrement raide, on arrive, essoufflée pour ma part, sur un parvis desservant trois portes.
Gandalf nous intime une pause afin de décider de la route à prendre.
On s'assoit en silence. La nourriture circule mais on se retreint pas mal, il ne nous reste plus beaucoup de vivre.
- Vous croyez encore qu'on va croiser des Nains ? Demande Merry en me passant du Lembas.
- Bien sûr, répond Gimli. Ils doivent s'être retirés dans un étage pour y vivre.
Je trouve qu'il a l'air moins sûr qu'auparavant.
- Le soleil me manque, soupire Sam. Le bruit du feu qui crépite aussi et l'odeur enivrante d'un pot à feu qui mijote...
Je souris, avec les Hobbits on en revient vite à la nourriture.
- C'est comment la Comté ? Demandé je pour le détourner de ses sombres pensées.
- C'est un des plus beaux endroits qu'il soit, me répond Sam les yeux brillants. Des collines, des champs et de bonnes maisons douillettes.
- Comment elles sont vos maisons ? Enchéris je. J'ai crut comprendre qu'elles étaient creusées dans la terre.
- Ce ne sont pas des mines non plus, rigole Frodon. Nous aimons la rondeur et l'aspect chaleureux du bois. Nos maisons ressemblent un peu à des chalets enfoncés dans la colline.
- Mais c'est plus lumineux qu'ici, ajoute Merry. Il y a de grandes fenêtres et la lumière circule même jusque dans les pièces les plus reculées.
- Chez moi c'est aussi très grand, intervient Pipin. Je viens d'une famille nombreuse où l'on a rassemblé plusieurs trou en un seul.
- C'est vrai, acquiesce Sam. J'y suis allé une fois avec mon vieux, j'ai ressenti ce que doit vivre un lapin dans un grand terrier.
Je rigole alors que Pipin lance un regard noir à Sam.
- Et vous, Isil, comment est votre maison ? Me demande alors Frodon.
Je rougis.
- Je vis dans un fort à l'abandon, avoué je. Il est en pierre et autrefois il était couvert de végétation mais maintenant il n'y en a plus trop... Sinon les dépendances sont faites de pierre et de bois comme les habitations des Hommes.
- Si vous vivez seule qui gère ces dépendances ? Demande Boromir.
Je suis surprise, pas tant par la question mais plus par le fait qu'il semble vouloir discuter avec moi.
- Elles sont gérées par mon frère. Elles étaient aussi à l'abandon, il a restauré celles qui restaient puis en a construit d'autre au fur et à mesure.
- Pourquoi le fort et les dépendances étaient à l'abandon ? Demande Sam.
- J'ai apprit cela à Imladris, avant mon peuple étaient aussi nombreux que prospères puis il est tombé dans l'oubli. Actuellement, nous ne sommes plus que trois. Difficile donc d'entretenir tout les bâtiments.
- A Fondcombe, Gloin a dit qu'il y avait un refuge très agréable à Fangorn, se rappelle Frodon. C'est celui de votre frère ?
Je suis surprise qu'il se souvienne de ça.
- Anar, mon frère, aime tous le monde, il a à cœur d'aider autant de personnes que possible. Il a créé ce refuge pour accueillir ceux qui ont fuit de chez eux, bien que je doute qu'il sache ce qu'ils fuyaient... En tout cas, Anar est très gentil et... il ne sait rien de tout ce que j'ai fait.
Ça me fait bizarre de dire ça... C'est comme de reconnaître qu'on a fait une erreur, mais personnes ne relèvent.
Le silence retombe puis les Hobbits se remettent à parler de la Comté. Je crois qu'on veut tous parler du passé pour éviter de penser à l'avenir.
Frodon finit par monter voir Gandalf qui s'est assit face aux trois portes.
Ils discutent à voix basse et bientôt leurs voix deviennent qu'un bruit de fond. Je somnole tandis qu'Équinoxe cherche de quoi brouter.
Dans mon subconscience je ressens sa faim, ça n'est pas une sensation très agréable. Je m'en veux de lui faire vivre tout ça.
Je ne sais combien de temps je reste dans cet état de léthargie mais je m'éveille alors que la Communauté se relève.
- Gandalf a retrouvé le bon chemin, me fait Sam avec un sourire.
- A moins qu'il n'ait choisi au hasard, soupire Pipin.
- Vous avez raison, j'ai choisi au hasard, lance le magicien alors qu'on s'approche. L'air de celui-ci me semble moins vicié, on va donc par là.
Je souris alors que le Hobbit pâlit.
On s'engage alors dans un couloir qui descend en pente douce. Il n'est pas très large mais de l'air frais le parcourt. Je renifle mais je ne sens rien d'autre que l'odeur de la pierre, s'il vient de la surface elle est encore loin.
Alors que je replonge dans mes pensée, Boromir vient à mes cotés.
- Vous avez l'air de beaucoup tenir à votre frère, me fait il.
- Oui, nous sommes très liés, enfin on l'était...
- J'ai moi aussi un jeune frère, pour être honnête, il correspond à la description que vous avez faites du votre.
Il a un petit rire et je me tourne vers lui, surprise de ce revirement.
- Je dois avouer que je vous ai mal jugée, reprend t'il. Je pensais avoir à faire à une jeune Elfe arrogante et prétentieuse, mais vous n'êtes pas ainsi.
- Je pense que c'est réciproque, répondis je touchée. On se fait une idée des personnes sans réellement les connaître au fond.
- En effet, mais je reste convaincu que nos frère s'entendraient à merveille.
Je rigole, ça me fait bizarre de parler d'Anar mais pour une fois que c'est associé à quelque chose de bien, j'en profite.
- Qui sait, peut être se croiseront ils un jour ? Comment se nomme votre frère ?
- Faramir, il est d'une grande bonté et c'est un ami des bêtes aussi.
- Alors nous sommes fait pour nous entendre, m'enthousiasmé je plus que nécessaire. Peut être aurai je la joie de le rencontrer si en vient à passer par votre cité ?
- Je crois que Gandalf ne souhaite pas passer par Minas Tirith, s'assombrit Boromir. Mais il est évident que nous sommes parti sur de mauvaises bases.
- Je suis d'accord, bien que je ne l'ai comprit que récemment...
- Que voulez vous dire ?
- Vous m'avez rendu mon arme et permit de me défendre, quelqu'un de... mauvais n'aurait pas fait cela. Mais vous êtes aussi, en mon sens, un peu trop influençable...
- Je vois de quoi vous parlez, acquiesce Boromir à mon grand étonnement. Je me suis toujours considéré comme fort mais la proximité de cet anneau me rend fébrile, je souhaiterai tant l'utiliser pour faire le bien et...
- A trop vouloir faire le bien, on en arrive à faire le mal sans le vouloir, le coupé je. J'en sais quelque chose.
Boromir me dévisage un instant avant de hocher la tête.
-Je comprends à présent pourquoi votre cœur n'est pas impacté par les Ténèbres. Vous avez déjà un lourd fardeau à porter.
Je rougis, j'aime pas trop qu'on lise en moi ainsi.
- Je voudrai... j'aimerai l'utiliser pour aider, pour faire le bien mais... je sais aussi le danger que je représente.
C'est pas facile à avouer mais Boromir a l'air d'apprécier l'effort que je fais. Il ralentit puis s'arrête avant de sortir son cor.
Un instant je crains qu'il ne l'utilise dans ce couloir étroit mais il se contente de me le tendre.
- Faute de pouvoir se serrer la main, scellons notre nouvelle amitié sur mon cor.
Je rigole, c'est pas vraiment marrant mais j'ai besoin d'évacuer mes émotions. Je prends l'extrémité du cor et on le secoue comme si on se serrait la main.
Je suis contente d'avoir mis les choses au clair avec lui et c'est sincère et ensemble qu'on repart à la suite des autres.
Fin du chapitre
Isil commence à se faire à la Communauté et des liens se tissent doucement mais résisteront ils aux dangers qui les attendent ?
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