
31 - La Moria
Le silence me surprend.
Je suis allongée, je crois, sur quelque chose de dur et d'irrégulier. Lentement, je parviens à me mettre à genoux et j'entends des bruits non loin.
Je me sens sale, comme huileuse, et j'ai l'impression que la puanteur que je sens provient de moi. Je crois même que quelques algues gluantes ornent mes cheveux... J'ai froid aussi.
Je sens quelque chose d'un peu mou et sentant le pourri sous ma paume gauche, sûrement une vieille torche. Je la prends à pleine main et je tente de l'allumer. J'ai dut mal à faire venir le feu, je suis éreintée.
J'y parvins après plusieurs tentatives en même temps que Gandalf qui illumine son bâton.
- Je crains que le bruit n'ai attiré l'attention, souffle t'il courbé en avant. Mais nous n'avons plus vraiment le choix...
- Au moins personne ne pourra nous suivre par là, ajoute Aragorn en secouant ses vêtements.
Sous la pâle lumière, la Communauté prend des airs lugubres mais tous le monde semble être là et en entier.
Merry et Pipin se tournent alors vers moi et le second a un hoquet de surprise avant de me fixer, l'air apeuré.
- Isil, vous... commence Merry en tentant le doigt vers moi.
Surprise, je tourne la tête et je vois que je tiens ce qui semble être un bras momifié auquel j'ai mit le feu. Je pousse un cri de stupeur en le lançant plus loin avant de remarquer que je me trouve sur un tas d'ossement. Je me lève d'un bond et je recule avec précipitation.
- Il semble avoir eut une violente bataille ici, commente Boromir en regardant tout autour de nous.
- Ce sont des flèches de Gobelins, renseigne Legolas en n'en examinant une.
- Ces corps sont vieux et momifiés, lance Gimli. Ils doivent être là depuis bien longtemps. Je suis sûr que Balin doit s'être installé avec les siens dans une des somptueuses salles de la cité.
- Cette ambiance n'est guère celle des vivants, tempère Gandalf sceptique.
Aragorn soupire puis se tourne vers moi.
- Vous allez bien ?
- Aussi bien que le peut cette situation, répondis je en haussant les épaules. Merci d'être venu à mon secours.
- Ce n'est rien mais...
Le rôdeur laisse sa phrase en suspend car on vient de me pousser sur le coté et je reconnais sans peine ce coup de tête indélicat. Je pivote, perdu entre colère et soulagement. Équinoxe me dévisage impassible mais je sens sa fierté dans son esprit.
- Les mines c'est pas pour les chevaux, grondé je.
Mais il s'en fiche et préfère se pavaner devant les autres : le premier cheval à braver les mines de la Moria...
Je voudrais être en colère contre lui mais je ne peux pas, j'ai eut bien trop peur.
- Nous n'avons plus vraiment le choix, me souffle Aragorn. Mais si vous le permettez, nous devrions couvrir ses sabots afin d'atténuer le bruit de ses pas.
Résignée, je hoche la tête tout en me promettant de bien faire comprendre à Équinoxe ma désapprobation.
- Avant ça vous devriez aller vous changer, reprend Aragorn en me tendant mon sac. Vous tremblez comme une feuille.
J'aimerai lui dire que c'est de colère mais ça serait un mensonge, j'ai vraiment froid.
Je fais signe à Équinoxe de venir et je me sers de son corps comme d'un pare-vent pour me changer.
J'ouvre mon sac qui, étant resté sur la berge, est sec. D'ailleurs, je me demande qui a pensé à le récupérer ? Sam peut être ? Oui, il est bien du genre à penser à ce type de détail.
Je souris et je fouille le contenu. Dans ma précipitation je n'ai pas pris beaucoup de vêtement, par contre j'ai une serviette.
Je jette un coup d'œil aux autres qui se sont amassés au pied de l'escalier avant de me déshabiller.
Je balance mes vêtements au loin, leur puanteur me donne la nausée. Je me sèche avec vigueur ce qui me réchauffe. J'insiste surtout sur mes cheveux, heureusement court, puis je sors l'armure de Saroumane. Son éclat lugubre me fait frisonner, elle est associée à tellement de mauvais souvenir mais je n'ai pas vraiment le choix.
En fait, je suis loin de leur niveau, j'ai même l'impression d'être un poids, la demoiselle en détresse qu'il faut toujours secourir. Cette pensée m'indigne. Je m'étais toujours considérée comme forte, une Elfe avec du caractère et un mental de guerrière mais je ne suis qu'une gamine qui essaye de jouer dans la cour des grands, sans en avoir vraiment les capacités...
Je galère avec le corset et les attaches de métal, il me faut de l'aide, encore...
Je remets mes bottes qui, étrangement, sont à peine humide.
Je me frotte une dernière fois la tête avant de jeter la serviette puante au loin.
- J'ai... besoin d'aide pour ajuster le corset, lancé je en sortant de derrière Équinoxe qui s'est tenu sage.
Les autres se retournent et me dévisagent une seconde avant qu'Aragorn ne s'avance.
Ils ne m'ont jamais vu ainsi. Le juste-au-corps noir fait ressortir la pâleur de ma peau et le métal gris foncé n'est guère engageant.
Mon armure se constitue d'un plastron soulignant de manière désagréable mes seins sur le devant et représentant les os de la colonne vertébrale sur l'arrière. Les parties sont reliées par des attaches de cuir sur mes épaules et des liens sur mes côtés, à la manière d'un corset, et terminées par des attaches de métal ressemblant à des griffes. Les épaulettes qui couvrent les liens représentent aussi des pattes griffues, protégeant mes épaules comme si une bête se tenait sur moi.
Le bas se compose d'une succession de plaques de métal articulées qui forment comme une jupe métallique.
Aragorn resserre les liens de cuir puis enclenche une à une les attaches qui claquent dans le silence.
- Tenez, buvez ceci, me fait il après avoir terminé.
Il me tend une petite gourde finement ornée de motif argenté.
- Qu'est ce que c'est ? Demandé je méfiante.
Aragorn me sourit, comme pour m'apaiser.
- C'est du miruvor, répond t'il. C'est le seigneur Elrond qui l'a préparé. C'est une boisson rare aux grandes vertus, elle réchauffera votre cœur et apaisera votre esprit.
J'hésite. Je n'ai rien contre Aragorn, au contraire, mais je suis méfiante. Finalement, je décide de lui faire confiance. Je bois une gorgée et j'en ressens aussitôt les effets.
Je remarque alors que Boromir me dévisage l'œil mauvais. Il doit voir en moi une créature des Ténèbres, rien de plus...
Gandalf s'approche à son tour, il tend les mains et les déplace à quelques centimètres de moi. Ne sachant pas ce qu'il fait, je préfère rester immobile.
- Cette armure a des propriétés magiques, sûrement lié au feu, souffle t'il les yeux clos. Mais rien de dangereux pour nos affaires.
Il se détourne comme si je ne l'intéresse plus. Je baisse les yeux et je regarde les lueurs de son bâton se refléter sur le métal terne.
- Voilà, ça ne devrait pas le gêner pour marcher, reprend alors Aragorn.
Je me tourne et je vois qu'il a entouré les sabots d'Équinoxe de tissu pour étouffer le bruit de ses pas.
Je le remercie d'un sourire quand Gandalf nous dit de nous hâter.
Je reste à l'arrière du groupe avec Équinoxe et on se met à grimper les escaliers.
C'est l'escalier le plus étrange que j'ai jamais emprunté. Les marches sont tantôt étroites, tantôt larges, parfois peu hautes et parfois trop. La montée est laborieuse, on se traîne et je me demande si les Nains qui ont construit cet édifice l'ont fait exprès.
Arrivée au sommet, je suis à bout de souffle. Équinoxe peine aussi mais refuse de l'avouer. On s'arrête sur le parvis où l'obscurité règne, seulement perturbée par le bruit de courant d'air invisible.
- Mangeons un peu, proclame Gandalf en se tournant vers nous. Il me faut réfléchir, le chemin est un peu trouble dans ma mémoire.
Ce n'est guère encourageant mais bon... On sort nos réserves de nourriture et Boromir insiste pour qu'elles soient réparties entre nous tous, au cas où.
Les autres acceptent sans plus le questionner sur le « au cas où »...
- Nous devrions trouver de l'eau potable ici, reprend Gandalf après avoir rangé sa part. Pour la nourriture, il va falloir nous rationner.
- Combien de temps prendra la traversée de... ces mines ? Demande Frodon.
Gandalf soupire mais consent à lui répondre.
- Quatre jours au plus, je l'espère. Je ne suis pas venu depuis bien longtemps et les choses étaient bien différentes en ce temps... mais moins nous restons sous terre, mieux ça sera.
De plus en plus encourageant...
Je mange en regardant l'escalier qui descend dans les ténèbres, en fait, je me demande ce que je fous ici... Comment j'ai put m'embarquer dans cette histoire ?
J'ai le cœur lourd sans vraiment comprendre pourquoi. C'est peut être cet endroit ?
J'en sais rien mais je suis fatiguée et j'ai pas les idées claires...
On mange en silence, chacun plongés dans ses pensées.
Alors qu'on repart, je me demande si on verra la différence entre le jour et la nuit ?
On est entré de nuit et il était assez tard. J'ai un peu perdu la notion du temps depuis mais je doute que le jour se soit déjà levé. Par contre, je suis certaine que la lumière naturelle va vite me manquer, surtout celle de la lune et des étoiles. J'espère que ça ne va pas me rendre plus « instable »...
Je vagabonde dans mes pensées quand je prends conscience que les autres se sont arrêtés. J'avance à leur niveau et je comprends pourquoi : nous sommes devant un immense gouffre, qui semble sans fond.
Je plisse les yeux pour voir de l'autre coté mais je ne distingue quelque chose que lorsque Gandalf tend son bâton vers l'avant. Il y a bien cinq mètres de distance entre les bords.
- Voilà, un sérieux soucis, soupire le magicien. Je m'en rappelle vaguement, même si le passage était ouvert à ce moment là.
- Comment ça ? Demande Sam. Je vois difficilement comment on peut franchir ce gouffre.
- C'est un système de défense, répond Gimli. Bien que je ne l'ai jamais vu en action. En fait, il y a un pont entre les bords qui s'actionne de l'intérieur, une fois replié, comme c'est le cas ici, le passage est impraticable.
- Donc quelqu'un l'a activé pour se protéger, résumé je.
- Sûrement Balin et les siens, acquiesce Gimli avec un hochement de tête.
Je me retiens de lui dire que ça tourne à l'obsession et je regarde autour de nous.
- Il n'y a rien de ce coté, me devance Legolas qui a eut la même idée. Tout le mécanisme se trouve de l'autre coté.
- Il nous faut trouver un autre chemin ? Demande Frodon las.
J'ai l'impression que les mines lui pèsent sur le moral, comme à nous tous d'ailleurs.
- Nous n'avons pas le temps, répond Gandalf. Et je ne suis même pas sûr qu'il en existe un autre... Il nous faut passer ce gouffre.
- N'auriez vous pas une formule pour nous faire voler par dessus ? Demande Pipin avec espoir.
Gandalf lui jette un tel regard noir que je crains qu'il ne le lance par dessus l'abysse. Pipin doit se dire la même chose car il recule prestement.
Équinoxe m'informe que même lancé au grand galop sur une bonne distance, il ne serait pas capable de sauter ce gouffre. Ça tombe bien, je n'avais aucune envie de le tenter...
Je regarde à nouveau autour de nous. L'obscurité est dense et je me tâte à user de mon feu.
- Je crois apercevoir un levier là-bas, lance Boromir penché en avant. Mais il est hors de notre portée...
Gandalf tend un peu plus son bâton quand je ressens une pression sur mon esprit.
- Éclairez par là, fis je en indiquant la droite.
Le magicien s'exécute, dévoilant une sorte de colonne plate faisant face à sa jumelle de l'autre coté du gouffre. Entre les deux est tendue une corde aux airs fragiles mais surtout sur le mur se trouve un lierre d'une espèce particulière.
Ça me rappelle mes escapades avec mon frère dans les grottes souterraines où, privée de lumière, la vie s'était adaptée de manière insolite.
Il s'agit là d'un lierre albinos, ses feuilles verts pâles sont capables de capter la moindre lumière afin de procéder à la photosynthèse indispensable à sa survie. Celui-ci est de bonne taille, l'endroit est vraiment abandonné depuis longtemps. Je m'approche du mur et je vois qu'il descend d'un trou dans le plafond, ce qui est plutôt inhabituel, les plantes poussent normalement vers le haut...
Je me concentre sur lui. Il est plutôt réceptif, bien qu'endormit.
Je lui demande si des gens, des Nains notamment, sont passés par ici. Il met un temps infini à me répondre : Des choses sont bien passées, elles faisaient un bruit de ferraille et elles ont fermées le pont en braillant.
Aucun doute, c'étaient bien des Nains...
Je lui demande quand est ce qu'ils sont passés mais le lierre n'en a aucune idée, il n'a pas de notion du temps.
Je refais surface.
- Visiblement c'est bien la compagnie de Balin qui a fermé le passage, lancé je. Mais impossible de dire quand.
- Impossible donc de dire si c'est une bonne chose ou pas, soupire Aragorn. Puis cela ne règle pas notre soucis, comment passer ce gouffre ?
Le lierre me donne une étrange réponse : les autres passent sur la corde.
Quel autres ?
Je lève les yeux pour examiner la corde, elle me paraît bien abîmée. Elle ne supportera pas du poids.
Soudain j'ai une idée. Je m'approche du mur et je tends les mains.
Le lierre s'indigne, refusant ce que je lui propose, mais j'insiste. Après ça il aura plus de feuilles et donc plus de lumière. Il accepte alors.
Je ferme les yeux. J'ai un peu récupéré mais je ne suis pas au meilleur de ma forme non plus... Je me concentre avant de lui transmettre mon énergie. C'est plus long et plus éreintant que je ne le pensais mais ça fonctionne. Lentement, le lierre grandit et s'enroule autour de la corde jusqu'à former un lien assez robuste à mes yeux.
- Je vais passer par là pour rallier l'autre coté, lancé je en rouvrant les yeux.
Ho, le monde tangue... Je cligne des yeux pour que les autres ne remarquent rien.
- Les Hobbits seraient plus légers, lance Boromir.
- Mais je suis plus habile, rétorqué je vexée. Puis je peux me défendre, au cas où.
Je me tourne vers Aragorn et Gandalf qui semblent pensif.
- Si nous avions une corde, nous pourrions vous assurer, intervient Sam à voix basse.
Legolas émet un petit rire.
- De toute cette Communauté hétéroclite, Isil en est bien la plus agile, fait il amusé. Il suffit de la voir se mouvoir dans les arbres pour savoir que cette passerelle de fortune n'est qu'un simple chemin pour elle.
Je rougis mais les autres ont l'air d'accord.
- La colonne est haute, reprend Gandalf en regardant en l'air. Il va falloir vous hisser là haut.
- Sur mon bouclier, enchaîne Boromir en détachant le-dit bouclier. Ça vous servira de promontoire.
Aragorn hoche la tête et vient prendre un bord. Legolas l'imite, non sans lancer un regard moqueur à Gimli qui marmonne dans sa barbe.
J'intime à Équinoxe de ne pas me suivre et il me répond qu'il n'est pas encore prêt à jouer les funambules pour moi. Je souris puis je monte sur le bouclier.
- Si ça ne va pas, faites le nous savoir, me fait Frodon l'air inquiet.
- Soyez tranquille, si je tombe c'est sûr que vous allez m'entendre crier.
Je fais ma maline mais je n'en mène pas large. Boromir, Aragorn et Legolas me soulèvent avec facilité et j'atteins le haut de la colonne sur laquelle je me hisse.
La pierre bouge et grince mais je fais comme si de rien n'était.
Je mets le pied sur la corde recouverte de lierre et j'avance pas à pas. C'est plus rigide que je ne l'aurais cru mais j'ai peur d'être au milieu. Si jamais une des colonnes tombe j'en ferai de même...
Je regarde droit devant moi, concentrée à l'extrême.
Le lierre est serein puis il me fait part de son contentement, d'ici il capte mieux la lumière de la roche. Je comprends pas ce qu'il me raconte et il me répond que la pierre brille et qu'il aime cette lumière, c'est pour cela qu'il est descendu si bas.
Je me risque à jeter un coup d'œil en bas. Avec surprise, je vois que la parois sous mes compagnons brille étrangement, comme si des étoiles étaient coincées à l'intérieur.
Je chasse cette pensée et je me recentre sur ma progression. J'arrive sans encombre de l'autre coté, ce qui m'étonne en fait...
Je m'approche du mécanisme pour l'examiner. Si des Nains ont réussit à le faire fonctionner, je devrais aussi en être capable.
Voilà que je deviens aussi cynique que Legolas...
Gandalf tend son bâton qui m'éclaire un peu mieux. Je vois un levier qui semble bloquer le système puis une sorte de manivelle sur un gros rouage qui s'encastre dans d'autres plus petits.
Je tire le levier ce qui libère le mécanisme puis je prends la manivelle à deux mains et je pousse.
L'engrenage se met lentement en fonction puis se bloque. J'ai beau forcer, rien n'y fait.
J'essaye de faire marche arrière mais un crochet empêche le retour.
- C'est bloqué, lancé je.
Je tentes à nouveau mais rien n'y fait.
- D'ici on dirait que quelque chose coince, me répond Gimli. Regardez les rouages, peut être ne sont ils plus en bonne position ou quelque chose s'est glissée entre.
Bonne déduction.
Je trifouille mais je ne vois pas grand chose. Je fais glisser mes mains entre les rouages en espérant ne pas me les faire broyer.
Je vais laisser tomber quand mes doigts effleurent quelque chose de lisse et rond. Je caresse un instant cette chose qui ne semble pas être à sa place. C'est rond et de petite taille, peut être une pierre ?
Je suis obligée de forcer et de la faire basculer d'un coté puis de l'autre avant d'arriver à la sortir des rouages. C'est une simple pierre un peu ovale mais surtout une petite lueur semble s'est glissée à l'intérieur.
Soudain le mécanisme se déverrouille et la manivelle me revient dans la figure. J'ai à peine le temps de reculer la tête que le manche en bois passe à quelques centimètres de mon nez.
Avec stupeur, je vois un pont se déployer comme un serpent et foncer vers l'autre bord.
- Stoppez le, il va se fracasser ! S'écrit Boromir à juste titre.
Je me jette sur la manivelle qui me frappe douloureusement le ventre et me fait reculer d'une bonne dizaine de centimètres avant que je n'arrive à la stopper. Je regarde le mécanisme et je vois que ce stupide crochet qui permet de bloquer le système a sauté. Je m'appuie de tout mon poids sur la manivelle et je tends le bras pour le rabattre.
Doucement, je relâche le manche de bois. Il recule un peu puis se bloque. Avec des gestes lents, je tourne la manivelle et le claquement du crochet à chaque dent du rouage me semble une explosion dans le silence.
Il me faut que quelques tours pour déployer le pont. C'est un ouvrage simple, fait de bois et de corde mais à l'air solide. Par contre, il est étroit, très étroit.
- Il va falloir être très prudent, lance Gandalf. Marchez bien au milieu et ne regardez pas vers le bas.
Sage conseil.
Je tire le levier pour verrouiller le mécanisme et je m'avance vers le bord. J'ai mal aux côtes et à la main, là où la petite pierre s'est enfoncée dans ma paume lorsque je me suis battue avec la manivelle.
Legolas passe le premier, il est clairement le plus à l'aise.
- C'est rudimentaire mais efficace, commente il en arrivant à mon niveau.
Je lui souris et on attend les autres.
- Le cheval va avoir du mal à passer, clame Boromir. C'est étroit et il est lourd, nous devrions le faire passer en dernier.
- Vous avez raison, acquiesce Aragorn en me lançant un regard.
Mais soudain Équinoxe se dégage d'eux et fonce sur le pont. Le bois craque et s'affaisse mais déjà il est de l'autre coté.
Legolas et moi bondissons sur le coté pour éviter sa charge et ce grand idiot revient fièrement vers moi.
- T'es fou ou quoi ?! M'énervé je à voix basse. Tu veux tomber ?
Pour toute réponse, il m'envoie un coup de tête affectueux.
- Par chance, le pont a tenu, soupire Legolas soulagé.
Les autres nous regardent, l'air incrédule.
Un a un, ils passent. Les Hobbits s'avèrent plus agile que je ne le pensais, c'est vraiment un peuple surprenant.
- Merci, Isil pour votre agilité et votre aide précieuse, me fait Gandalf. Je le redis, c'est une chance de vous avoir avec nous.
Je rougis mais les autres acquiescent, même Boromir dit que je suis efficace.
Pour détourner l'attention de moi, je désigne la roche d'en face et je demande ce qu'est cette étrange lumière.
- Ça, c'est le trésor de la montagne, répond Gimli avec émotion. Du Mithril.
- C'est la cause de l'avidité des Nains, ajoute Gandalf. Ils ont trouvés de nombreux filions dans ces mines et la suite vous la connaissez.
- A vrai dire, cela est magnifique, acquiesce Legolas. Je comprends mieux leur imprudence.
Gimli se tourne vers lui et le regarde avec sérieux.
- C'est un grand trésor, fait il. Dans le temps, Balin avait une côte de maille en mithril, s'il a apporté ici, je lui demanderai de vous la montrer, c'est une chose qu'il faut avoir vu dans sa vie.
- J'en serai très honoré, répond l'Elfe avec un sourire.
- A l'époque de la compagnie des treize Nains, Bilbon en possédait une aussi, enchérit Gandalf. Elle lui avait été donnée mais je doute qu'il n'ai jamais sut sa véritable valeur.
Je me tourne vers Frodon qui me paraît encore plus pâle que d'habitude.
- Allez, replions un peu ce pont et remettons nous en marche, conclut le magicien.
Fin du chapitre
Isil se sent un peu inutile mais quel rôle va t'elle jouer par la suite ?
Vos avis et suggestions en commentaire ^_^
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