28 - Traqué
La descente est plus aisée mais je la trouve très longue. Il faut dire que je n'arrête pas de me retourner pour guetter nos arrières, à croire que je m'attends à voir Saroumane nous suivre.
- Rassurez vous, le danger est passé, me souffle Aragorn alors que je jette un énième coup d'œil par dessus mon épaule.
- Pour l'instant... soupiré je.
Aragorn a un léger sourire qui chasse durant quelques secondes l'inquiétude qui s'est emparé de son visage.
- Qu'allons nous faire ? Demandé je alors.
- Il nous faut nous décider tous ensemble. J'ai demandé votre confiance en vous guidant dans la montagne mais je me suis trompé, maintenant il nous faut trouver un autre chemin.
Il élude ma question mais je n'insiste pas. Je sens bien la tension qui plane à présent.
Assez vite la neige se fait moins épaisse puis finit par disparaître du paysage. Équinoxe est content de retrouver de l'herbe et je me réjouis pour lui.
- Nous allons nous arrêter ici pour la nuit, fait Gandalf en nous indiquant une colline bossue non loin.
Je frisonne en resserrant mon manteau trop grand. La nuit commence à tomber et la température en fait de même. L'hiver approche et son givre mordant commence à recouvrir les plaines en altitude.
- Vu pour vu autant faire un feu, lance Boromir en s'arrêtant.
On est sur le versant sud de la colline qui nous offre un léger promontoire nous abritant un peu du vent.
- Un petit alors, répond Gandalf d'une voix las.
Je regarde les Hobbits s'activer pour ramasser du bois et, à ma grande surprise, ils le déposent à mes pieds. Sam me regarde avec des yeux brillants d'excitation et je sens mes joues s'empourprer.
- Allez s'y, allumez le feu, m'encourage t'il.
Je lève les yeux vers Aragorn qui hoche la tête. Je m'accroupis près du petit foyer puis je me concentre. J'y arrive plus facilement que dans la tempête. Émerveillés, les Hobbits se pressent autour du feu.
Je remarque alors que Boromir me fusille du regard, à ses yeux je dois être une sorcière ou un truc du genre, bon pour le bûcher.
C'est marrant comme idée, qu'on me mette moi, qui créé le feu, au bûcher... Et est ce que j'y brûlerai ?
Gandalf me tire de mes réflexion tordues par l'échec et la fatigue, en se levant.
- Il faut que nous nous décidions à présent, lance t'il l'air grave.
- Ne pourrait on pas attendre demain, une fois reposé ? Demande Boromir.
- Non, nous nous reposerons qu'une fois notre décision prise, reprend le magicien.
Tous le monde est fatigué mais on l'écoute néanmoins.
- Quel choix nous reste t'il ? Demande alors Frodon.
- Le Caradhras était notre meilleure option, répond Aragorn. Malheureusement, ce fut un échec pour nous... Comme Isil l'a dit la Trouée du Rohan doit déjà être fermée et sous le contrôle ennemi. Il ne nous reste guère de choix...
- Autre que la Moria, ajoute Gimli.
Ses yeux luisent comme des pierres brillantes sous la lumière de la lune. Deux points de lumière fixe.
- C'est quoi exactement la Moria ? M'aventuré je.
Boromir émet un petit rire mais Gandalf l'interromps d'un geste.
- Autrefois une de ses galeries ralliait vos terres mais elle fut détruite il y a fort longtemps, m'explique le magicien. Vous devez connaître cette ancienne porte sous le nom de Atalantë, l'effondrement, c'est maintenant qu'une grande fissure dans la racine de la montagne.
- Oui, je connais mais que de nom.
- La Moria était autrefois une mine géante grouillante autant de vie que de trésor. A son apogée, elle était le centre de toutes les attentions et nombreux venaient pour y commercer. Des Nains, des Hommes mais aussi des Elfes. Elle a subit moult attaques mais rien ne parvint à ébranler ses épais murs de roche, pourtant l'avidité des Nains la fit tomber à disgrâce. Ils creusèrent trop profondément et finirent par éveiller un mal ancien et les mines durent être abandonnées.
Je frisonne mais j'espère que les autres pensent que c'est à cause du froid. Cet endroit ne m'a pas l'air très accueillant et je redoute de savoir pourquoi il nous en parle.
A coté de moi, Gimli s'agite.
- C'est peut être vrai mais c'est un temps révolu à présent, lance t'il un ton trop haut. Mon cousin Balin a monté une compagnie de Nains aussi valeureux que courageux pour reprendre la Moria. Ils sont parvenu à y entrer et envoient de manière régulière de bonnes nouvelles aux nôtres.
Gandalf paraît pensif tout à coup et je crois voir une lueur d'espoir sur son visage.
- En avez vous reçu récemment ? Demande t'il.
Gimli s'agite de nouveau.
- Pas depuis que je suis parti de chez moi pour assister au Conseil, répond t'il mal à l'aise. Mais je suis certains qu'ils en ont envoyés d'autres et que tout va bien pour eux. Ils ont dut s'installer dans les beaux quartiers et seront ravis de nous y accueillir.
L'espoir s'envole comme une feuille morte.
Le silence retombe et je crois que tout le monde, y comprit moi, vient de comprendre où nous allons devoir aller.
- J'ai choisi de vous guider dans la montagne, reprend Aragorn après un temps. Vous m'avez suivit sans discuter, ni même vous plaindre malgré la dureté du voyage et au final son échec. A présent, Gandalf, je m'en remets à vous pour nous guider.
- Ne soyez pas trop dur avec vous même, Aragorn, répond le magicien. Je vous ai soutenu et suivit dans cette voie parce qu'elle restait notre meilleur espoir. A présent, nous devons décider si nous tentons la traversée de la Moria ou pas. Je propose un vote. Je suis pour.
- Passons par les mines, lance aussitôt Gimli.
- Je vous suis, mon ami, ajoute Aragorn.
- Cela ne m'enchante guère mais nous n'avons pas vraiment d'autre choix, soupire Boromir. Je viens aussi si la Communauté est unanime.
- J'ai confiance en vous Gandalf, et en votre jugement, fait timidement Frodon. Allons dans les mines.
- Moi, je suis Monsieur Frodon.
- Comme l'a dit Boromir, nous n'avons pas vraiment le choix, enchérit Merry. Nous venons.
- Dans quelle galère on se fourre encore... souffle Pipin tout bas.
- Je ne souhaite pas passer par les mines mais je suivrais l'avis de cette Communauté, conclu Legolas l'air indifférent.
Sa nonchalance me fait penser à Elrohir et mon cœur se serre tout à coup... Jusqu'à ce que je remarque que tous me dévisagent, attendant ma réponse.
- Je... Je vous suis, bredouillé je surprise. Quelque soit le chemin et les dangers, je vou ssuis.
Aragorn me sourit et je me détends. Ça me fait bizarre qu'ils me demandent mon avis, c'est comme si... Oui, je fais parti de la Communauté maintenant.
Ça serait plaisant si on ne se trouvait pas au milieu de nul part, traqué par un magicien fou et ses armées, abrité par une colline tordue sous les mugissements du vent.
Les mugissements du vent ?
Mes sens entrent en alerte, il y a dans le vent un bruit qui n'a rien d'habituel. Je trésaille en le reconnaissant.
- Des Wargs, lancé je alarmée. J'entends leurs hurlements dans le vent.
La Communauté se fige, oreilles aux augets.
- En effet, nous voilà de nouveau traqué ! S'agite Aragorn.
- Éteignez le feu ! Lance Boromir.
Je le regarde accourir pour étouffer les petites flammes de ses grands pieds d'Homme.
- Ils ne chassent pas à vu mais à l'odeur, renseigné je avec ironie.
Je m'imagine sans peine son regard meurtrier mais je m'en fiche. S'il croit qu'éteindre le feu va nous préserver d'une attaque, il se trompe, pire, nous ne les verrons qu'au dernier moment.
Un hurlement déchire le silence de la nuit à présent bien installée.
- Ils se rapprochent, soufflé je.
Équinoxe en fait de même et me pousse sans ménagement. Il veut galoper mais je l'en dissuade. Courir devant un prédateur est tout sauf une bonne idée.
Bill s'avance aussi et me marche sur les pieds.
- Dites leur de rester ici quoi qui se passe, me souffle Gandalf sur ma droite.
- Les Hobbits au milieu avec Équinoxe et Bill, lance Aragorn. Les autres, autour.
Je tressaille mais je m'exécute.
On attend un long moment dans un silence angoissant. Soudain un autre hurlement s'élève mais plus loin. On attend encore puis les cris redeviennent un bruit de fond.
- Ils sont partis, souffle Aragorn, Ils ne nous ont pas trouvés.
Je pari que Boromir pense que c'est grâce à son intervention sur le feu... et ça me fait sourire.
- Il serait trop dangereux de repartir dans le noir, lance Gandalf. Nous allons rester ici cette nuit avec une garde renforcée et nous repartirons dés le levé du jour.
J'acquiesce, ça me paraît être la meilleure solution.
Alors que les autres s'affairent à sortir les vivres ou à organiser les tours de garde, je me penche sur Bill. Son esprit est réceptif bien qu'emplit de peur. Je le rassure et il me renvoie des images d'Imladris. Je serre les dents quand je me vois marcher en discutant avec Elrohir, il a l'air si insouciant, si serein... Voyeur de poney.
Je tente de le convaincre de rester ici quoiqu'il se passe cette nuit car la fuite serait synonyme de mort pour lui. Malgré sa peur, il accepte et sa bonne volonté me fait plaisir, c'est une brave bête.
Je le caresse affectueusement tout en faisant la même demande à Équinoxe qui accepte sans broncher. Loin du danger il est nonchalant mais j'espère qu'il saura faire preuve d'auto-contrôle en cas de soucis cette nuit.
Je ne sais pas pourquoi mais je sens que cette nuit ne va pas être de tout repos.
On mange un repas léger et froid dans une atmosphère pesante. Le moindre bruit un peu suspect suffit à nous alerter.
Aragorn m'informe que je prendrais le second quart de garde avec Gimli. J'acquiesce et je vais m'allonger près de Bill et Équinoxe.
Je m'endors sans même m'en rendre compte.
*****
Elrohir remonte le couloir. Les chants lui parviennent mais il les trouve lancinant et trop triste. Il ne peut supporter plus de tristesse.
Passé la colère, l'incompréhension est venu hanter son esprit et maintenant c'est la tristesse.
Isil lui manque. Sa présence, sa façon d'être, sa maladresse, son rire... Tout en elle lui manque.
Il s'arrête devant une porte sans signe distinctif. Il regarde des deux cotés du couloir avant d'entrer discrètement.
La chambre est plutôt petite, le lit défait et les inscriptions au plafond luisent doucement.
Elrohir inspire et captent quelques fragrances de son odeur, l'odeur d'Isil.
La fenêtre est ouverte et les rideaux se mouvent au rythme du léger vent de la nuit. Les placards sont fermés mais il voit sans peine qu'elle est parti avec précipitation. Sur le bureau trône le verre où elle a fait infuser la Siffleuse. L'infusion qui lui a permit de l'endormir.
Elrohir secoue la tête, c'est encore une pensée désagréable pour lui. Maintenant il sait qu'Isil est parti sur un coup de tête, sans préméditation, après avoir entendu Elrond parler de ses visions sur elle.
Il se l'imagine sans peine sous le coup d'une émotion trop violente pour son cœur déjà ébréché. Il la voit, les joues en larmes, attraper un sac et mettre autant d'affaire que possible dedans avant de s'en aller sans un regard en arrière.
Il ne peut s'empêcher de se demander ce qui se serait passé si elle n'avait pas eut l'infusion pour l'endormir. Serait elle simplement partit en courant en le voyant ?
Peut être... Une fois sur Équinoxe, rien n'aurait put l'arrêter...
L'aurait elle embrassé ?
Il n'a pas la réponse à cette question et ça le frustre. Elle lui a volé un baiser mais a t'elle aimé cela ?
Elrohir secoue la tête en soupirant, Isil est à la fois un mystère et une évidence pour lui.
Il avance vers la fenêtre et regarde la cascade se jeter sans fin dans le vide. La lune sort alors de derrière les arbres et inonde le paysage de sa douce lumière.
Isil... La Lune...
- Où êtes vous à présent ? Souffle Elrohir sans même y penser. Faites attention à vous, Isil. Melmë...
*****
Melmë...
Le mot résonne dans ma tête comme si on venait de me le murmurer à l'oreille. Aussitôt l'image d'Elrohir s'affiche sur mes paupières encore closes. Mon cœur se serre douloureusement.
J'ouvre les yeux, il fait nuit noire.
Le sommeil m'a fuit...
Je me redresse doucement, tout le monde semble endormit. A quelques pas devant moi, je vois la lumière de la lune qui s'étale donnant du relief à ce paysage nocturne.
Je me lève sans bruit et j'avance dans cette aura de lumière lunaire. Mon ombre se projette au sol avec netteté et je lève les yeux. L'astre rond semble me sourire et sa lumière est comme une caresse sur ma peau.
Ça fait tellement longtemps que je n'ai touché personne que je ne sais même plus comment est une caresse, mais je me l'imagine comme ça. Douce, légère et rassurante.
L'image d'Elrohir me revient à l'esprit, autant dire que je n'arrive pas à me le sortir de la tête celui là. Je souris et je regarde bêtement son bracelet. Je suis de nouveau sereine et je ne me l'explique pas.
J'avance encore de quelques pas et je vois Legolas au pied d'un arbre rabougri par le dur climat.
- Ce n'est pas encore votre tour de garde, fait une voix sur ma droite.
Surprise, je tourne la tête et j'aperçois Aragorn tout contre un rocher, je ne l'avais pas vu.
- Je n'arrivais plus à dormir, m'empourpré je. Alors si...
Je me tais, j'ai entendu un bruit et visiblement Aragorn et Legolas aussi.
L'Elfe bande son arc et Aragorn tire en silence son épée. Je reste immobile, tout mes sens en alerte, à trier les bruits de la nuit.
D'abord, je n'entends rien puis un haletement semble s'élever dans la nuit : les Wargs nous ont retrouvés.
Je tire aussi silencieusement que possible ma lame et j'attends.
J'attends l'attaque éminente. J'attends une consigne d'Aragorn. J'attends parce que je ne sais pas quoi faire d'autre.
Je pense aussitôt à Bill et Équinoxe, pourvu qu'ils ne s'affolent pas. Je les vois alors s'élançant dans la nuit, la meute à leur trousse...
Soudain un grognement s'élève suivit d'un cri et d'un éclair qui me frôle avant d'exploser dans les broussailles. Je me retourne et je vois Gandalf, debout, les mains tendues en avant. La lumière de la lune découpe une ombre nette à ses pieds et il me semble démesurément grand.
- Isil, à vous, s'exclame alors Legolas.
Je pivote vers lui et je vois qu'il a toujours sa flèche d'encochée. Je ne sais comment mais je comprends sa demande.
Je me concentre et le bout de sa flèche s'enflamme. Il lâche la corde de son arc et le jet part tel une étoile filante. La pâle lumière de mon feu nous révèle alors un immense Warg de couleur sombre avant de s'enfoncer profondément dans son épaule avec un bruit mat.
S'en suit une série de bruit de chute mêlé de jappement puis une course s'éloignant.
- Ils fuient, clame Boromir qui nous a rejoint.
- Détrompez vous, répondis je las. Ils partent juste chercher le reste de la meute...
- Comment le savez vous ? Me questionne Gandalf interdit.
- Je l'ai vu dans l'esprit du Warg blessé, il a baissé sa garde et rendu son esprit accessible...
Je me retourne vers le magicien et les Hobbits restés sur leurs lieux de couchage. Je vois la peur dans leur regard mais je ne veux pas leur mentir.
- Ils vont revenir.
Fin du chapitre
L'étau se resserre autour de la Communauté et Isil en prend de plus en plus conscience tandis qu'Elrohir se morfond dans ses souvenirs.
Comment vont ils faire face à leur avenir ?
Vos idées et avis en commentaire ^_^
PS : Melmë veut dire "mon amour" en elfique.
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