25 - Une bonne décision ?
Tout à coup, comme alerté par un étrange sens, Aragorn se tourne dans notre direction.
L'Orque tressaute et agrippe son cor mais je suis plus rapide. Ma dague s'enfonce dans sa nuque avec un bruit mou. J'accompagne son corps jusqu'à terre puis je lève le regard.
Ils se sont tous levés, armes en mains, hormis les Hobbits, et me dévisagent stupéfait.
- Isil ? Lance Sam en premier.
Je lui fais signe de se taire et je saute en bas. La chute est plus rude que prévu et je manque d'atterrir dans les bras d'Aragorn qui s'avance vers moi.
- Que faites vous ici ? Me demande t'il à voix basse.
Sa voix est tendue.
- Vous êtes suivi par des Orques, une meute de Wargs et même des Crebains de Fangorn, répondis je d'un ton sec.
Je viens quand même de les tirer d'une sale situation, ils pourraient me remercier.
- Nous avons vu les Crebains, m'apprend Legolas. Ils nous ont survolés sans nous voir.
- Une chance pour nous, poursuit Gandalf. Mais que faites vous ici, si loin d'Imladris ?
Je n'ai pas réfléchi à ce que j'allais leur dire...
Ma gorge se serre tandis que je cherche une excuse valable.
Soudain un bruit se fait entendre et Équinoxe arrive au trot. Il se fige de surprise puis semble content de voir des têtes connues, notamment Merry et Pipin qu'il gratifie d'un coup de tête affectueux.
- Il y a un problème à Imladris ? S'enquit Aragorn.
- Non, répondis je en pensant à Arwen. Tout va bien là-bas, je...
- Comment nous avez vous trouvé ? Me demande Boromir l'air suspicieux.
Il a toutes les raisons de se méfier mais je le prends mal quand même.
- Je connaissais votre route et j'ai suivi la piste des Wargs avant de tomber sur cet Orque.
- Il ne doit pas être seul, lance Gimli en approchant.
- C'est certain, Maître Nain, intervient Gandalf en secouant la tête. Il nous faut nous hâter, les explications attendront.
Je suis ravie de cela.
Ils rassemblent en vitesse leurs affaires et on part sans un mot de plus.
Le chemin est étroit et on marche à la suite.
- Je suis content de vous revoir, Isil, me souffle Frodon qui marche derrière moi. Même si cette expédition n'est sans doute pas le moment idéal pour des retrouvailles.
- Je suis contente de vous avoir retrouvé, surtout à temps...
Je ne sais pas quoi dire de plus et il me faut trouver une explication solide et plausible. Je ne peux pas dire qu'Elrond m'envoie, Aragorn et Gandalf le connaissent trop bien pour savoir que c'est faux.
Je ne sais pas quel prétexte prendre mais il m'en faut un et ce avant notre prochaine halte.
*****
- Comment te sens tu ?
- Bien, Père. Je me suis réveillé cette nuit et je ne suis presque plus engourdi.
Elrond dévisage son fils. Il sait qu'il dit vrai mais aussi qu'il cache une nouvelle blessure. Elrohir n'a pas comprit, personne n'a comprit, le comportement d'Isil, pas même lui.
- Tu seras sur pied demain, reprend t'il.
- A quoi bon, vous ne m'autoriserez pas à partir à sa recherche.
- Elle a trop d'avance à présent.
Elrohir soupire et détourne le regard.
Elrond ne sait pas quoi faire pour le soulager de cette peine, surtout qu'il s'en sent responsable. Isil n'aurait jamais dut l'entendre parler d'elle. Il était certain qu'elle partirait sitôt qu'elle aurait comprit le danger qu'elle représente pour Imladris. Il ne s'était pas trompé.
Pourtant il reste surprit des dernières paroles de la jeune Elfe. Il savait que sous ses airs distants elle cachait un fort caractère mais partir au devant d'un destin que l'on sait sombre dans l'unique but de le changer est aussi courageux qu'incompréhensible.
Bien sûr il a omit de parler de cela à Elrohir.
Lorsque son fils avait été retrouvé inconscient près des écuries il avait craint le pire, même s'il savait qu'Isil ne lui ferait aucun mal.
Quand il avait trouvé la fiole contenant l'infusion de Siffleuse il avait été très surprit, et encore plus lorsqu'il avait comprit comment Isil l'avait administré. Un baiser.
Très ingénieux.
Elrond repose son regard sur Elrohir qui fixe la fenêtre d'un air absent.
- Ça va aller ? Demande t'il.
- Oui.
Le ton est amer, mais Elrond sait qu'il ne peut rien faire pour l'instant.
- Je reviendrais plus tard, reposes toi.
Elrohir ne répond pas mais le contraire l'aurait étonné.
Voir son fils ainsi lui rappelle de mauvais souvenirs, il était si soulagé de le retrouver jovial et plein d'entrain.
Elrohir attend que son père sorte de la pièce pour se reposer sur son oreiller. Il se sent encore un peu somnolant, l'infusion était très puissante et lui n'a rien vu venir.
Il s'en veut de s'être laissé avoir si facilement et pourtant il n'arrive pas à oublier ce baiser qu'il désirait tant.
Des coups légers à la porte le sortent de ses songes.
Il a envie de rester seul mais son visiteur ne lui laisse pas le choix. La porte s'ouvre et Elladan entre dans la chambre.
- Comment te sens tu ? Demande t'il.
Elrohir en a déjà marre de cette question.
- Très bien, soupire t'il.
- Je ne parlais pas de ton corps.
Il ne peut rien cacher à son jumeau.
- Ça va...
Elladan vient s'asseoir au bord du lit.
- Je n'ose imaginer ce que tu ressens mais elle a fait ça pour te protéger, j'en suis certain.
- Mais pourquoi ? Elle n'a pas confiance en moi ?
- Mets toi à sa place...
- A sa place, je lui aurai demandé de partir avec moi.
- Tu l'aurais fait ?
- Bien sûr !
Elladan sourit. Les sentiments de son frère envers Isil sont forts ce qui rend la situation encore plus compliqué.
- Au moins elle t'a embrassée, se hasarda t'il.
- Oui, pour m'endormir...
- Là, tu es de mauvaise foi, rigole Elladan. Son baiser n'était pas sincère ?
Elrohir rougit malgré lui.
- Si, je crois...
- Alors, ne t'inquiète pas. Elle voulait juste te protéger, elle reviendra.
- Je pense qu'elle est partie rejoindre la Communauté.
- Alors, elle sera avec Aragorn qui reviendra aussi.
- Elle va au devant de grands dangers, Elladan.
Elladan ne sait pas quoi répondre. Il voudrait remonter le moral de son frère mais il ne sait pas comment s'y prendre.
- Elle te manque ? Reprend t'il après un temps.
- Beaucoup... et le pire c'est que je suis certain qu'elle pense que je lui en veux, qu'elle est en train de se tirailler à ce sujet, alors que non. Comment je pourrais lui en vouloir ?
Elladan hoche la tête. La situation est tout sauf simple.
Isil est partie sur une route des plus sombres, Elrohir est resté malgré lui et se morfond, et lui à l'intime conviction qu'on lui cache bien des choses.
*****
L'heure des explications est arrivée.
On s'est arrêté peu après la montée de la lune, à l'abri d'un bosquet d'arbres tordus. Durant cette marche silencieuse mes pensées ont vagabondées vers Elrohir. Comment va t'il ? M'en veux t'il ?
Mais la réalité m'a vite rattrapée, tous le monde veut savoir pourquoi j'ai quittée Fondcombe et rejoint cette Communauté.
J'y ait un peu réfléchie, juste assez pour savoir que je n'ai aucune histoire à leur raconter, puis si je veux changer mon destin, autant commencer ici en disant la vérité...
- Depuis la fin du Conseil j'avais envie de venir avec le porteur de l'anneau mais je ne pouvais pas pour diverses raisons, avoué je. Je suis rentrée après vous avoir escorté jusqu'aux frontières des terres du Seigneur Elrond. J'ai ensuite demeuré à Imladris, où je me sentais plutôt bien mais des visions sont venues troubler ma quiétude...
- Des visions ? Note Gandalf l'air intéressé.
- Celles du Seigneur Elrond... Il m'a vu plonger dans les Ténèbres et devenir un danger pour sa cité. J'ignore comme cela devait se produire mais j'ai préférée quitter sa demeure plutôt que mettre ses occupants en danger. Certains d'entre vous savent que je peux être un danger, alors j'ai décidée de me mettre au service d'une cause que je soutiens et qui pourrait avoir besoin d'aide.
D'accord, j'ai un peu modifiée les choses mais je crains qu'ils aient peur de moi si je leur dis tout...
Aragorn et Gandalf échangent un long regard et j'attends leur verdict.
Je pensais que c'était le magicien qui allait me le donner mais c'est Aragorn qui se tourne vers moi.
- Vous avez assisté au Conseil, vous savez quelle est notre tâche et sa dangerosité. Êtes vous sûre de vouloir nous épauler ?
- Le Seigneur Elrond a dit que les membres n'étaient liés par aucun contrat, chacun peut quitter la Communauté quand bon lui semble mais il n'a rien dit au sujet de ceux qui veulent la rallier en cours de route.
Aragorn a un léger sourire, ma réponse semble l'amuser.
- Et si nous refusons votre présence, qu'allez vous faire ? Questionne Boromir.
Décidément, il ne m'aime pas beaucoup...
- Je vous suivrais à distance, répondis je avec un sourire forcé. Je ne rentrerais pas à Imladris.
- Nous ne pouvons vous empêcher de nous suivre, intervient Gandalf. Nous ne rejetons pas votre présence mais comprenez notre méfiance. Vous arrêterez vous à Fangorn ?
- Je l'ignore, je ne me suis pas projeté si loin. Puis la présence des Crebains m'inquiète... Saroumane a sans doute étendu son pouvoir sur ma forêt et j'avoue craindre de voir ce qu'il en est...
- Nous sommes deux, alors. Je crains également que la trouée du Rohan ne soit fermée à présent.
- Quand j'y suis passé, il n'y avait aucun signe de l'Ennemi, renseigne Boromir.
- Idem pour moi, ajoute Legolas perché sur un rocher.
Je tique. Je ne sais pas quand est ce qu'ils sont passés mais j'ai le net souvenir des barricades en train de se monter.
- Des Orques travaillaient à bloquer l'accès quand j'ai quittée Isengard, leur dis je. Ils n'avaient pas encore terminé mais je pense que c'est le cas maintenant.
- Pourquoi ne pas l'avoir dit avant ? S'agace Boromir.
- Vous ne m'avez rien demandé.
- Du calme, lance Aragorn en se plaçant entre nous. Isil, vous êtes la bienvenue si vous acceptez de prendre quelques précautions.
- Lesquelles ?
- Garder le contrôle de vous même, suivre les directives de la Communauté et ne pas rester à coté du porteur.
C'est censé, bien qu'offensant.
- D'accord, acquiescé je. Je suivrais vos décisions quel qu'elles soient.
- Très bien, reprend Gandalf. Maintenant, il nous faut décider du chemin à suivre.
- La trouée du Rohan nous est interdite mais ce n'est pas le seul chemin vers le Sud, intervient Gimli. Il existe un chemin sous la montagne, il est...
- Nous allons envisager toutes les possibilités, le coupe Gandalf. Bien que peu de choix s'offre à nous à présent.
Son ton sec me surprend, on dirait qu'il redoute quelque chose. Je frisonne, si Gandalf craint une chose, c'est sûr que c'est grand danger.
Legolas descend alors de son perchoir et vient vers moi.
- Vous n'avez pas prit d'arc ? Me demande t'il en examinant mes armes.
Je rougis.
- Je n'en ai pas, puis vous êtes meilleur archer que moi.
- Deux flèches valent mieux qu'une. Mais au moins cette Communauté aura deux pairs d'yeux attentifs, ça ne sera pas de trop.
- Qu'insinuez vous là, oreilles pointues ? S'exclame Gimli alerte.
- Rien de plus que ce que j'ai dit, maître Nain, et vous ne devriez pas crier ainsi.
- Crier ? Je ne fais que parler, mon brave.
- Alors une pairs d'oreilles en plus ne sera pas de trop non plus, soupire Legolas.
L'Elfe se détourne et remonte sur son rocher sous les jurons étouffés de Gimli.
Je ne sais pas si je dois m'inquiéter ou rire de cette animosité ?
Aragorn et Gandalf discutent à voix basse un peu plus loin et je me retrouve seule avec Boromir qui me fixe avec noirceur.
Serait il rancunier ?
Je me retourne vers les Hobbits. Merry et Pipin sont assis, le regard dans le vide, Sam examine les sangles de son sac tandis que Frodon fixe le sombre ciel qui peine à se dégager.
Je n'ai plus le droit de m'approcher de lui et du coup je me retrouve isolée. Équinoxe vient me réconforter.
- Je pressens que ça ne va pas être une partie de plaisir...
Équinoxe se frotte à moi. Je lui caresse le front et je vois scintiller le bracelet d'Elrohir. La peine m'envahit de nouveau. C'est horrible combien je m'en veux.
Je sors ma cape-couverture et je vais m'asseoir dans un coin. Autant ressasser mes souvenirs tranquille.
Je somnole à moitié quand Aragorn et Gandalf reviennent vers nous. Ils ont l'air soucieux de ceux qui ont pris une grave décision sans savoir si c'est la bonne.
- Désolé de cette longue attente, mes amis, fait Aragorn alors qu'on se rassemble autour de lui. Nous avons décidé de la route à prendre, nous allons passer par le col. Ça sera certes difficile mais cela reste notre meilleure option.
- Ça j'en doute, soupire Gimli. Pourquoi aller crapahuter dans la montagne quand un autre chemin existe ?
- Vous ne savez pas de quoi vous parlez, maître Nain, s'agace Gandalf. La route du col est longue mais reste moins périlleuse pour cette Communauté.
- Moins périlleuse, je ne crois pas, intervient Boromir. Nous ne sommes pas équipés pour affronter les sommets. Cette route sera longue et très éprouvante, surtout pour les semi-hommes.
- Qu'est ce quelle a cette route ? Ne pus je m'empêcher de demander.
- Êtes vous resté cloîtré entre vos arbres au point de ne pas savoir ce que l'on trouve au sommet des montagnes ? Me lance Boromir narquois.
Je m'empourpre en comprenant et je sens ma peau devenir ardente. Aragorn doit le voir, ou le pressentir, car il me fixe avec insistance.
- Isil est très jeune, même pour la race des Hommes, répond Legolas volant à mon secours. Elle n'a sans doute jamais traversé de col et ignore donc la dureté d'un climat en altitude, cela n'a rien d'anormal.
- En tant qu'Oreilles pointues, elle ne craindra pas l'ardeur du froid, tranche Gimli.
- Détrompez vous, elle n'est guère plus âgée qu'un de vos adolescents, rétorque Gandalf. Elle dort encore et craint le froid tout comme vous.
Heu... Ça va là ?
- Vous pouvez arrêter de parler de moi comme si je n'étais pas là, balbutié je.
Mais personne ne semblent vraiment faire attention à moi...
- Le sujet n'est pas de savoir qui résistera le mieux au froid mais de s'y préparer, rappelle Aragorn. Nous avons de la nourriture en quantité suffisante et des vêtements chauds, que nous manque t'il ?
- De quoi nous réchauffer une fois prit dans la neige, répond Boromir. Il y aura peu de bois pour faire du feu là haut, il nous faut en prendre dés maintenant.
- Faire un feu au sommet reviendrait à signaler notre présence, relève Gandalf. Cela pourrait nous conduire à notre perte.
- Mourir de froid sera aussi notre perte, maintient Boromir.
- Nous allons prendre du bois mais nous n'allumerons de feu qu'en tout dernier recours, propose Aragorn. Cela vous va t'il ?
Chacun des membres hoche la tête puis un autre problème se pose alors.
- Comment allumer un feu si nous sommes prit dans les neiges ? S'inquiète Sam. J'ai bien un briquet qui traîne dans mon sac mais je doute que ça soit suffisant.
- Je m'en occuperai, lancé je sans vraiment réfléchir.
Aragorn me lance un regard attendu puis se tourne vers Équinoxe.
- Pouvons nous utiliser votre cheval pour porter le bois ? Cela évitera de devoir décharger Bill et répartir son fardeau sur nous tous.
Je me tourne vers Équinoxe qui accepte de suite.
- Il est d'accord, leur appris je. Mais il faudra quelque chose pour protéger son dos et des sangles aussi.
- Nous avons tous ce qu'il faut, me rassure Aragorn avec un sourire. Sam vous allez venir avec moi, nous allons chercher une plante bien particulière pour faire une baume qui nous protégera de la morsure du froid.
Sam acquiesce en bondant le torse. Ils partent en premier puis toute la Communauté se met en marche.
Alors que je passe à coté de Gandalf pour m'engager sur le chemin sinueux, celui-ci me bloque le passage avec son bras.
- Serez vous capable de vous contrôler ? Me souffle t'il.
Mon ventre se serre même s'il a raison de me le demander.
- Elrond m'a enseigné quelques petites choses, je suis capable d'allumer un petit feu sans danger pour ceux qui l'entoure.
Gandalf hoche la tête. Il n'a pas l'air inquiet pour moi, juste prudent.
Je le regarde s'engager sur le sentier en effleurant mon bracelet.
Je ne peux pas dire que je suis heureuse d'être ici, mais au fond de moi je pressens que c'était la meilleure chose à faire.
Du moins, je l'espère...
Fin du chapitre
Pas facile pour Isil de s'intégrer. Qu'en pensez vous ? ^_^
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