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21 - Solitude

Je me réveille brusquement.
Assise dans mon lit, je vois mes rideaux voleter sous une légère brise. Tout est calme, l'eau continue sa chute éternelle et les étoiles brillent au dessus des arbres.
J'ai rêvée de l'étrange vision que j'ai eut en rentrant à Imladris après avoir accompagné la Communauté jusqu'aux frontières des terres du Seigneur Elrond.
Je ne lui en ai pas parlé et je me demande si je n'aurai pas dut...
Je me rallonge mais le sommeil me fuit.
Je ferme les yeux et je me concentre pour visualiser une flamme dans mon esprit. Je la fait amplifier et diminuer comme Elrond me l'a demandé. Ça me détend mais une partie de mes pensées restent obnubilées par la vision.
C'est étrange mais elle me paraît floue à présent, comme si je ne l'avais pas vraiment eut...
Je ne sais pas comme l'expliquer.
Je cherche l'esprit d'Équinoxe. Il n'est pas si loin mais j'ai un peu de mal à me concentrer sur lui. Il s'éveille. Je m'excuse d'avance puis je lui demande de repenser à la vision. Il obtempère sans discuter, mais elle s'avère aussi flou que la mienne.
Déçue, je m'excuse et je le laisse tranquille.
Je me redresse et je m'assois au bord du lit.
Je me sens angoissée sans savoir pourquoi ce qui m'agace.
Je vais à la fenêtre. La nuit est fraîche et le ciel dégagé. Tout est si calme. Je pense à la Communauté. Où sont ils maintenant ? Comment se passe leur expédition ?
En reviendront ils ? Tous ?
Je soupire, j'ai trop de questions et aucunes réponses.
Je me tâte à aller voir Elrond, mais je ne veux pas le déranger pour rien.
Je me rallonge et je continue mon exercice mental.

Je me rendors sans m'en rendre compte et quand j'ouvre de nouveau les yeux, le soleil peine à se hisser dans le ciel délavé.
Il est encore tôt mais c'est une heure décente pour se lever.
Je vais me laver puis j'enfile une robe cintrée de couleur vert pâle. Je n'ai plus vraiment l'habitude de porter une robe mais j'en ai envie aujourd'hui.
Je vois tous les jours de belles Elfes qui resplendissent dans des robes toutes simples, je peux essayer de faire pareille. Sauf que je n'ai pas leurs grâces...
Dans le miroir, avec mes cheveux courts et mon air de gamine boudeuse, j'ai l'impression de voir le vilain petit canard...
Je sors en trombe de la salle d'eau et je file dans celle du repas.
Au détour d'un couloir j'entends des voix que je reconnais de suite : Elladan et Elrohir.
Ils sont donc déjà rentrer ?
Ça me réjouit autant que ça m'inquiète...
Je m'avance à pas de loup et je m'arrête au coin du mur. La voix d'Elrohir à un étrange effet sur moi mais je ne sais dire si c'est déplaisant... par contre les jumeaux ont l'air tendus.

- C'est tout ce qu'il t'a dit ? Demande Elrohir l'air surprit.

- Oui, il veut qu'on reste à Imladris mais il ne m'a pas donné plus d'explications.

- C'est étrange... Il interrompt notre mission en nous sommant de revenir puis il nous demande de rester ici sans rien faire. Ça ne lui ressemble pas ?

- C'est aussi ce que je me dis mais tu connais Père, répond Elladan en soupirant. Il doit avoir une idée derrière la tête.

- Tu as raison, il nous le dira en temps voulu.

- Je n'aime pas plus que toi rester sans rien faire, surtout avec tout ce qui se trame... Bonjour, Isil.

Je m'empourpre. Je me suis penchée pour les regarder mais Elladan a tourné la tête à ce moment précis.

- Bonjour, bredouillé je en m'avançant.

Elrohir se retourne alors. Ses yeux me balayent de bas en haut ce qui me fait encore plus rougir.

- Comment allez vous ? Me demande t'il avec son éternel sourire.

- Très bien, et vous ? Vous êtes rentrés tôt ?

- Père nous a rappelé, répond Elladan.

- Sans aucune raison, ajoute Elrohir.

Je suis surprise qu'il le prenne aussi mal.

- Vous n'êtes pas content d'être rentré ? m'étonné je en m'arrêtant à leur niveau.

Elrohir rougit tout à coup.

- Si, bien sûr que si, s'empresse t'il de reprendre.

Elladan se marre dans son coin tandis que je comprends le sous-entendu de ma question.

- Vous allez manger ? Me demande Elrohir en s'agitant.

Je hoche doucement la tête, honteuse de me mettre toute seule dans ce genre de situation.

- Oui, vous voulez venir avec moi ?

Mais pour quoi je fais ça ? Je cherche les ennuis ou quoi ?
Stupide langue plus rapide que mon cerveau !

- Avec plaisir, me répond aussitôt Elrohir.

- On vous suit, enchérit Elladan.

Je reprends la direction de la salle des repas. Elrohir marche à mes cotés tandis que son frère reste en retrait derrière nous.
Elrohir me parle de diverses choses et ignore complètement tout les Elfes que nous croisons, ce qui m'étonne mais je suis ravie qu'il ait retrouvé sa bonne humeur contagieuse.
La salle est déserte et nous nous asseyons près de l'entrée. La présence des jumeaux a chassée mon angoisse et mes cauchemars, je me sens de nouveau bien.
Je mange tout en discutant avec eux de tout et de rien.
Alors que j'avale mes dernières gorgées de thé, Elladan, assit face à moi, se redresse et regarde un point dans mon dos.

- Je viens de voir Glorfindel passer, fait il. Je vais voir s'il ne sait pas quelque chose.

Il se lève d'un bond et sort de la salle sous le regard de son frère.

- Vous ne savez vraiment pas pourquoi vous êtes rentrés ? Demandé je, mal à l'aise de ce tête à tête.

- Non, mais Père ne nous dit pas toujours tout, sous prétexte de nous protéger.

Moi aussi j'ai tendance à faire ça.
Laisser dans l'ignorance pour protéger...
Je me sens triste tout à coup. Pour me donner de la consistance, je me lève, rassemble nos couverts et je vais les déposer avec la vaisselle sale.
Alors que je reviens vers la table, Elrohir me fixe avec intensité.

- Un problème ? m'empourpré je.

- Vous êtes ravissante aujourd'hui.

Il se lève et s'avance vers moi. Je sens mes joues s'embraser et je crains de mettre le feu à autre chose. Je me concentre et je tente de faire diminuer le feu sans réel succès.

- Merci, balbulté je en baissant le regard.

Je suis sûre qu'il sourit.
Je me risque à un coup d'œil. En effet, il sourit mais il y a autre chose dans ses yeux, une chose que je n'avais jamais vu encore.
Il est tout près à présent. Il me fixe toujours et j'arrive à rassembler assez de courage pour soutenir son regard.

- J'ai quelque chose pour vous, reprend t'il après un temps.

Je suis surprise, on m'offre rarement des choses.
Il fouille ses poches et en sort un bracelet. De couleur rouge, finement tressé, il aborde un mélange de runes Elfiques en argent. Elrohir me le tend en guettant ma réaction.
Je suis émue, seul mon frère m'offrait des choses, et encore... Je le prends délicatement.

- Il est magnifique, soufflé je.

- Je l'ai fait pour vous.

Mon cœur rate un battement. En plus de me l'offrir, il l'a fait lui même ?
Je ne sais pas comment le remercier.
Je mets le bracelet à mon poignée gauche puis je le regarde sous différents angles.

- Merci, Elrohir.

Je ne sais pas quoi dire de plus. Je repose mon regard sur lui, il a l'air soulagé. Mes yeux s'attardent alors sur ses lèvres.
La situation est en train de m'échapper et il est de plus en plus proche...
Gênée, je recule d'un pas. Elrohir n'avance pas mais continu de me fixer. Je le sens hésitant.

- On devrait essayer de rejoindre votre frère, non ? Demandé je en sortant la première chose qui me vient à l'esprit.

Elrohir fronce un instant les sourcils avant de sourire.

- Après vous, fait il en m'indiquant la porte.

Je me retourne, ravie d'échapper à cette situation que je ne contrôle pas.
Je ne sais pas ce qui allait se passer mais j'avais peur de le blesser. Physiquement...
Je franchis la porte et je m'aventure dans les couloirs. Elrohir reste un moment derrière moi puis il vient marcher à mes cotés. Comme il est silencieux, j'ai peur de l'avoir blessé.
Voulait il autre chose ?
Sûrement...


On arrive dans les jardins sans que je m'en rende compte. Elrohir descend les marches et regarde autour de lui. Visiblement Elladan n'est pas là.
Je ne peux réprimander un frisson quand il remonte. Je dois me l'avouer, il est beau, très beau.
J'aime son sourire, sa nonchalance...
Mais je ne veux pas lui faire du mal, ou pire...

- Vous avez l'air pensive, souffle Elrohir en s'arrêtant à mes cotés.

Sans le vouloir, j'effleure son bracelet ce qui le fait sourire.

- Je... Je n'ai pas vraiment l'habitude qu'on m'offre des présents. Ça me touche, c'est tout.

Quelle idiote je fais...
Elrohir m'adresse un sourire et s'avance encore.

- Je vous apprécie vraiment, Isil.

Mon cœur rate un nouveau battement. Je ne sais pas quoi répondre et je n'ai pas envie de passer pour une idiote.

- Moi aussi, mais...

Comment finir cette phrase ?

- Je sais, Isil, reprend Elrohir pour moi. Je connais vos pouvoirs mais... je suis prêt à prendre des risques pour...

- Je pourrais vous tuer, tranché je choquée de ses propos.

La peur s'immisce en moi sans que je puisse la contrôler. Je sais ce que je suis et à quoi ma condition me condamne : la solitude.
J'ai envie de pleurer mais pas devant lui. Il ne comprend pas le danger qui le guette.
Je sens mes jambes flancher et je frisonne. J'en profite pour me défiler.

- J'ai froid, je rentre.

Je me retourne et je grimpe les marches aussi vite que ma robe me le permet. J'entends alors Elrohir me suivre mais je ne peux pas l'en empêcher, il est chez lui quand même.

- Isil, attendez, lance t'il en m'attrapant le bras. Je suis désolé, je ne voulais pas...

- Lâchez moi ! Paniqué je, horrifiée à l'idée de lui faire encore du mal.

J'ai criée sans le vouloir.
Surprit, Elrohir me lâche et recule d'un pas. Il a l'air peiné et je m'en veux mais c'est nécessaire.
D'un geste vif, je lui remonte sa manche dévoilant la brûlure qui a dut mal à s'effacer.

- Dois je vous rappeler ce que je vous ai fait ? Demandé je plus doucement.

Mon cœur bat à tout rompre et me fait étrangement mal. J'ai envie de pleurer, de fuir et de me jeter dans ses bras, tout ça en même temps. Je dois me contrôler.
Je dois contrôler mon don mais aussi mes sentiments, il le faut.

- J'ai une blessure bien plus douloureuse que ça, me répond sèchement Elrohir en dégageant son bras.

Je suis surprise de son changement de ton.
Je ne sais pas de quelle blessure il parle. Sa mère ? Peut être.
Je sens une larme couler sur ma joue. Je suis perdue. J'ai mal moi aussi mais je ne sais pas comment le montrer et je crois que je suis devenue imperméable à l'amour.
L'amour...
Elrohir me dévisage toujours, il a l'air attristé de la tournure de cette discutions. Soudain son regard part vers le hall puis revient sur moi.

- Je suis désolé, sincèrement. Je ne voulais pas cela. Essuyez vos larmes, nous parlerons plus tard.

Je hoche la tête sans savoir pourquoi.

- Alors ? Lance Elrohir en direction du hall.

J'entends alors des pas venir dans notre direction. D'un geste vif, j'essuie mes joues.
J'ai aussi envie d'ôter cette robe et d'aller me perdre dans la forêt...

- Il m'a dit ne rien savoir, fait Elladan en nous rejoignant. Mais je pense qu'il cache aussi quelque chose.

- Je vais aller voir Père et...

- Isil, vous allez bien ? S'enquit alors Elladan.

Je redoute qu'il ait remarqué mes yeux empilent de larmes. Je cligne rapidement des paupières et je lève le regard vers lui.
Mais tout à coup, je sens quelque chose heurter mon esprit avec force.
Je me retrouve alors au milieu d'une plaine grise et aride. Devant moi se tient une immonde porte disproportionnée. Je la reconnais, je l'ai déjà vu dans une autre vision.
Des cors se mettent à sonner et je vois de l'agitation sur le chemin de ronde. Des cris rauques s'élèvent et dans un grondement la porte s'entrouvre. Je suis effrayée sans savoir pourquoi. Quelque chose d'immonde et de malsain s'échappe des montants qui coulissent dans un bruit de fin du monde.
J'entends alors un cheval souffler dans mon dos.
Je me retourne et mon sang se glace.
Je reconnais Équinoxe, il est paré d'une armure lugubre dégorgeant de magie noire. Il porte aussi un étrange cavalier, forme flou qui gagne en netteté au fur et à mesure de son approche.
Abordant une horrible armure d'os et de ténèbres, je ne distingue que ses yeux, d'un bleu éclatant.
C'est moi !
Je hurle de toutes mes forces et cette horreur me répond par un rire moqueur.
Je me sens tomber et je me retrouve sur le parvis de la demeure du seigneur Elrond.
Elladan et Elrohir sont face à moi et me dévisagent l'air très inquiet.
Mes jambes me lâchent et je glisse à terre. Ils se précipitent vers moi.

- Isil, que se passe t'il ? Me demande Elrohir en dégageant une mèche de mon visage.

Mais il retire vivement sa main, ma peau est ardente, je le sens. Ma gorge me fait mal aussi, j'ai hurlée si fort qu'elle me semble à vif.

- C'était moi, murmuré je le souffle court.

- Quoi ? S'enquit Elladan penché vers moi. Que dites vous ?

- C'était moi, répété je plus fort.

Les jumeaux échangent un regard des plus inquiets.

- De quoi parlez vous ? Reprend Elrohir après un temps.

Ils n'ont pas vus, j'étais seule...
Je me racle la gorge ce qui me fait encore plus mal.

- J'ai criée et...

Elrohir dégage une autre mèche avec précaution.

- Personne n'a crié, me souffle t'il. Vous êtes devenue toute pâle et vous avez reculée comme si vous aviez vu un fantôme puis vous vous êtes effondrée à terre.

Là, je ne comprends plus rien. C'était juste une vision ou une hallucination ?

- Vous voulez aller voir Père ? Me demande Elladan.

- Non ! Ça va mieux.

Je suis affolée à l'idée de raconter cela au seigneur Elrond, il me prendrait pour une folle, ou pire... Je me redresse avec difficulté.

- Isil, vous... tente Elrohir.

- Je vais bien, le coupé je.

J'ai parlée d'un ton sec et autoritaire et il se résigne.

- Laissez moi vous raccompagner à votre chambre.

- Non, je... j'ai juste eut un étourdissement. Ça va, je vais voir Équinoxe.

Piteuse excuse mais je n'ai rien trouvé d'autre.
Je descends les escaliers et je prends la direction des écuries.
Je n'ose pas me retourner. J'ai peur, peur de ce que j'ai vu et je ne sais pas comment le prendre, ni à qui en parler.
Dois je seulement en parler ?

A nouveau, je me retrouve seule...


Fin du chapitre
Les choses s'accélèrent pour Isil
Des propositions pour la suite ? ^_^


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