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2 - Le feu d'un souvenir

Je suis réveillée par le soleil.
Un bon rayon ardent en plein dans les yeux.
Je cligne des yeux en regardant tout autour de moi. Je suis allongée, une couverture sur moi, près des restes du feu de la veille.
J'ai dormi. Je ne suis plus une enfant, je ne dors plus depuis des années, je me contente de somnoler. Là, j'ai carrément piqué un somme.
Elladan et Elrohir ont du bien se marrer...
D'ailleurs où sont-ils ?
Je me redresse en grimaçant. La couverture glisse et tombe à mes côtés. Elle est en un étrange tissu fin et léger, mais elle m'a tenu au chaud et je ne connais pas les emblèmes qui l'orne. Elle doit être à l'un d'eux.
Je prends le temps de m'étirer avant de me hisser sur mes jambes. J'ai l'impression de peser une tonne.
Je sors de la grotte juste à temps pour voir mon idiot de cheval charger Elladan. Il lui fonce dessus avant de se stopper en frappant ses sabots au sol puis de se secouer mécontent.

- Équinoxe, lancé je en passant une main dans mes cheveux.

Mon destrier redevient doux comme un agneau et trotte à ma rencontre. J'extirpe ma main du sac de nœud qui me sert de chevelure et je lui gratte derrière les oreilles.

- Votre cheval est pire qu'un chien de garde.

Je lève la tête et je vois Elrohir assit nonchalamment sur le toit de la grotte, son arc à portée demain.

- Il y a eut du mouvement cette nuit, m'informe Elladan en entrant dans la grotte. Des Orques probablement, mais ils ne nous ont pas trouvés.

Je rougis, je n'ai strictement rien entendu...
Elrohir saute et atterrit à mes côtés sans bruit.

- Vous avez bien dormi ? Me demande-t-il avec un sourire.

Cette fois je dois prendre une belle couleur cramoisie. Il se moque de moi ou quoi ?
Je parviens à garder mon calme. Mettre le feu à mon guide ne m'aidera sûrement pas.
Je lui rends son sourire.

- Admirablement bien.

Il rigole et va rejoindre son frère. Je souffle, je n'ai plus l'habitude de côtoyer des gens et j'ai passé ces dernières décennies à laisser exploser mes flammes quand bon leur semblaient. Je me rends compte que j'ai perdu le peu de contrôle que j'avais put acquérir en présence de mon frère et Feaurl.
A me laisser aller, je ne sais plus que faire cela.
Je baisse le regard et je vois que l'herbe à mes pieds a roussit. Il faut vraiment que je prenne sur moi.
Je rejoins les deux frères et Elladan me tend une décoction odorante.

- Tenez buvée. L'Athelas est plus efficace en application directe mais en infusion ça devrait déjà vous soulager.

Je prends la tasse sans le remercier.
Athelas. Ce mot résonne avec douleur en moi, mais il ne peut pas comprendre.
Je bois sans discuter. Au mieux cela va me soulager, au pire il a mit quelque chose dedans qui va me faire somnoler pour tout le reste du voyage, ou me tuer...

- Nous serons à Imladris dans quelques jours, reprend Elladan.

- J'étais sur la bonne route ? M'étonné je.

- Pas vraiment, me répond Elrohir en dépliant ma carte. La route se trouve ici maintenant, bien plus au nord que ce tracé, il faut suivre les montagnes sur des lieux. Vous, vous avez coupé comme ça et vous êtes allé bien trop à l'Ouest. Quelques semaines de plus et vous vous retrouviez dans la Comté.

- C'est une destination en vogue en ce moment.

Les deux frères échangent un regard amusé mais je n'en comprends pas la raison.

- On est à peu près ici, reprend Elrohir en désignant un point au milieu de nul part. Il va nous falloir prendre au Nord puis légèrement à l'Est pour rallier une route vers Imladris. Le problème, c'est que nous jouons à cache-cache avec une troupe d'Orques...

- Soit ils suivent vos traces, soit ils étaient déjà là avant, ajoute Elladan. Quoi qu'il en soit, il vaut mieux pour nous qu'on les trouve les premiers. Nous ignorons leur nombre et leur puissance de frappe.

- Tu penses à un Troll ? S'enquit Elrohir.

- Ils ne sont pas censés sortir de jour mais ces Orques le font bien...

- Sans compter les Nazgûl, ajouté je.

- On sait qu'il y en a au moins cinq entre la Comté et Imladris, quant aux autres...

Je frissonne mais je ne sais pas s'ils le remarquent. Si oui, ils se passent de commentaire.

- Que comptez-vous faire alors ? Rallier la route ?

- Au contraire, on y serait des cibles faciles, me répond Elrohir. On va continuer par les chemins oubliés, c'est plus sûr.

Soudain je tique. Je ne sais pas si l'infusion m'éclaircit les idées mais je viens de me rendre compte d'un truc.

- Sans indiscrétion, que font deux Elfes si loin de chez eux ?

Elladan me sourit.

- On pourrait vous retourner la question, Fangorn n'est pas à côté, raille t'il. Pour être honnête, nous cherchons un ami qui doit escorter des personnes importantes jusqu'à Imladris. Ils ont aussi dut prendre ce genre de chemin, mais maintenant nous devons nous hâter de rentrer chez nous. Entre vous, les Nazgûl, les Orques qui pullulent et les Ténèbres qui s'étendent, père doit avoir besoin de nous.

Je hoche la tête, son discours est censé.
L'infusion m'a vraiment fait du bien, je me sens plutôt pas mal et la douleur dans mes côtes est tout à fait gérable.
Elrohir répartit les cendres dans la grotte avant de nous rejoindre dehors.

- En route, fit il en rangeant sa couverture.


Je grimpe sur Équinoxe et on repart sur les sentiers à moitié effacés.
Elladan et Elrohir s'y orientent avec une facilité déconcertante mais on joue la carte de la prudence. Par moment, ils partent en avant et je les rejoins quand ils m'indiquent que la voie est libre.
J'ai l'impression de progresser vite mais je ne sais pas si c'est le cas. A intervalle régulier Elladan me propose une infusion. Froide elle est moins bonne mais je la bois avec plaisir.
Je suis devenu accroc aux infusions d'Athelas...
La journée se déroule sans heurt, mais alors que le soleil décroit des bruits inquiétants nous parviennent.

- Ils ne sont pas loin, souffle Elrohir. Nous devrions aller les trouver avant la nuit.

- Je suis d'accord, acquiesce Elladan. Ça nous fera une menace de moins.

Je parcours des yeux le relief accidenté, un bon point pour les Elfes, mais si on ne les trouve pas avant la nuit, ça sera un bon point pour les Orques...
On, enfin Elrohir et Elladan. Je me sens mieux mais pas au point d'aller combattre.
Je m'empresse d'en informer mes guides.

- Je ne m'attendais pas à ce que vous vous battiez à nos côtés, me lance Elladan d'une voix calme.

- Je haïs les Orques ! Répliqué je piquée au vif.

- Pas autant que nous, soupire Elrohir à mes côtés.

- Bien plus encore ! Ils ont tués mes parents.

Les deux Elfes échangent un regards urprit puis peiné. J'ai l'impression d'avoir touché une corde sensible sans le faire exprès. Elrohir me lance un regard compatissant et ma colère s'évapore.

- Restez sur le sentier, reprend t-il. Il y a des ravins escarpés et cachés dans ce relief tourmenté. Avancez doucement, nous vous rattraperons. Si vous voyez des Orques mettez-vous à couvert.

- Compris.

Ils m'adressent un hochement de tête simultané puis ils commencent à s'éloigner.

- Bonne chance, soufflé je.

Elrohir, arc en main, se retourne et m'adresse un sourire.
Pourquoi j'ai dit ça ?
J'attends un peu puis je remets Équinoxe en marche. Je suis docilement le sentier mais le fait d'être de nouveau seule m'angoisse un peu.
Moi qui ai vécu des décennies en solitaire me voilà inquiète face au silence... Pitoyable.
Elrohir n'a pas mentit, des crevasses pouvant avaler un cheval entier s'ouvrent de manière imprévu, et bien souvent, je ne les vois que lorsque je passe tout à côté.
J'en regrette presque mes landes herbeuses et ma forêt sordide.
J'arrive à un passage particulièrement escarpé, la pente est rude et le terrain instable. Équinoxe piétine en cherchant des appuis fixes. Je résiste à l'envie de me pencher sur le côté pour voir où il pose ses gros sabots. Je dois lui faire confiance et rester en arrière pour équilibrer les charges.
Il souffle en descendant avec prudence. Soudain, les pierres instables se dérobent et on part sur le côté. Équinoxe parvient à éviter la chute en se mettant de biais sur le sentier.

- Je vais descendre, le préviens-je.

Je me laisse glisser à terre mais une douleur remonte dans ma jambe meurtrit. Je serre les dents, maudissant les pauvres pierres, quand une ombre se dresse derrière moi.
Je me retourne m'attendant à voir Elrohir ou son frère avec leur sourire moqueur. J'ai un hoquet de surprise quand je vois un Orque qui me regarde, tête penché de côté.
Il ne me laisse pas le temps de me remettre de ma surprise, déjà il est sur moi. Dans un réflexe très héroïque, je pivote et je me glisse derrière Équinoxe mais l'Orque le percute et nous pousse dans la pente glissante.
Je fais une remarquable glissade sur le dos et je la conclu dans un gentil buisson de buis. Je peste en me redressant, mes côtes me font un mal de chien.
Équinoxe a aussi glissé mais il est toujours sur ses pattes, même s'il n'a pas l'air à l'aise sur ces pierres glissantes. L'Orque est tombé, il est juste devant moi. Je porte ma main à mon épaule mais mes doigts ne trouvent pas ma lame.
Avec horreur, je constate que je l'ai perdu dans ma chute. Je la cherche des yeux mais trop tard, l'Orque s'est déjà relevé, et lui il est armé.
Je suis entourée de végétation sèche et de buissons, faire un feu ici serait trop dangereux. Alors, je fuis.
Je cours. Chaque pas m'arrache une douleur lancinante sur tout mon flanc droit mais je ne ralentis pas, puis soudain il n'y a plus de sol.
Je me stoppe en battant des bras et le conseil d'Elrohir me revient en pleine face « Restez sur le sentier, il y a des ravins escarpés et cachés dans ce relief tourmenté ».
Je vois aussi son sourire mais ça n'a pas d'importance.
Je cherche désespérément une issue, une arme, n'importe quoi mais l'Orque me percute dans le dos. Je ne sais pas s'il m'a chargé avec son bouclier ou par accident, mais on dégringole une pente raide.
Je parviens in-extremis à arrêter ma chute au niveau d'un goulet mais ma situation est pour le moins...compliquée.
Je me retrouve le dos contre une paroi, les mains agrippées sur une micro corniche où mes fesses sont-elles même posées en un précaire équilibre mais ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus. Mes jambes sont repliées, j'ai mes genoux presque sous le menton, et mes pieds reposent sur le bouclier de l'Orque qui s'est retrouvé sur une petite corniche dans la paroi d'en face. Je pousse sur mes jambes pour me maintenir mais l'Orque ne semble pas apprécier que j'essaye de l'encastrer dans la roche.
Il grogne, siffle et se débat ce qui rend le bouclier instable.
Je pousse aussi fort que possible sur ma jambe droite et de la gauche j'assène des coups de talons dans le métal grossier du bouclier.

- Tu vas crever ! Pesté je en assénant mes coups.

L'Orque fait autant de bruit qu'un cochon que l'on égorge et je glisse de plus en plus vers le bas.
Je me risque à jeter un coup d'œil dans le précipice. Je le regrette aussitôt : je n'en vois pas le fond, juste des pierres de toutes parts.
Je ré-appuie mes deux jambes pour garder le peu d'équilibre qu'il me reste et je regarde tout autour de moi. Le feu ne sert à rien, je dois trouver autre chose.
J'aperçois un arbre non loin et je projette mon esprit vers lui. Il est réceptif, je lui demande alors de l'aide. Il hésite... puis refuse totalement.
Saleté d'arbre égoïste !
Je lui renvoie l'image de lui en train de brûler et il oriente ses feuilles à l'opposé de moi. Quel lâche !
Je reporte mon attention sur l'Orque qui s'agite de plus belle, je suis dans le pétrin.
Soudain je vois un truc sortir de la paroi et se tendre vers moi. Je mets quelques précieuses secondes à comprendre ce que c'est : une racine.
Je lève la tête et je vois un petit arbre rachitique à l'air instable sur le rebord d'en face.
J'hésite mais je sais que je glisse. Je tends mon esprit vers mon nouvel allié. Il veut m'aider et il étend autant qu'il peut sa racine.
J'inspire, j'expire, j'ai peur, je souffre, je saute.
J'attrape à deux mains la racine alors que l'Orque, qui n'a plus de poussée sur son bouclier, bascule en avant. Il tente de se retenir sur la corniche en poussant des gémissements mais dans sa débandade il lâche prise et chute.
J'entends plusieurs de ses os se briser mais un autre bruit m'inquiète. Mon allié ploie sous mon poids et il penche dangereusement vers le vide. Je tente de grimper sa racine mais la roche se brise et je chute de quelques dizaines centimètres. Mes pieds trouvent la corniche de l'Orque et je plaque mon dos contre la paroi.
La pierre déchiquetée me rentre dans les côtes mais c'est le dernier de mes soucis. Je suis en équilibre instable sur une corniche ridicule au-dessus d'un précipice et un arbuste menace de me tomber sur la tête.
Quelle belle journée...


Je me force à respirer calmement. Je suis dans la m...
J'entends du bruit au-dessus de moi et je sens la curiosité dans son esprit.

- Équinoxe, va les chercher. Vite !

Il comprend de suite de qui je parle. J'adore ce cheval !
La maigre racine me maintient contre la paroi, merci petit arbre. Pour ne pas voir le vide à mes pieds je me concentre sur l'esprit d'Équinoxe.
Je le vois courir, il est sûr de la direction, il sait où aller mais comment, je l'ignore.
A travers ses yeux, je vois Elladan qui se retourne, arc en main. Il est surprit puis il fronce les sourcils. Je le vois s'approcher de son frère qui achève un Orque au sol. Il lui donne une tape sur l'épaule puis lui indique le cheval. Elrohir est perplexe, il s'approche d'Équinoxe qui recule. Ils comprennent et l'inquiétude apparaît sur leur visage.
Équinoxe leur montre le chemin, je dois tenir bon.
Je reviens à moi et je trouve que le précipice est encore plus impressionnant maintenant.
Je sens Équinoxe juste avant que de la poussière me tombe sur la tête.

- Isil ? Fait la voix d'Elrohir. Comment vous êtes-vous retrouvez là ?

- C'est une longue histoire, je crie. Je vous promets de vous la raconter si vous me sortez de là !

Je l'entends se marrer.

- Ne bougez pas, ajoute Elladan.

- Ne vous inquiétez pas pour ça...

J'entends une série de bruit puis une corde se balance sous mon nez.

- Attrapez la corde et nouez là à votre taille, reprend Elladan. On va vous aider à remonter.

Je hoche la tête alors que je sais qu'ils ne peuvent pas me voir.
Lentement, je lâche une main de ma copine racine et j'attrape la corde. Je la glisse sur mes hanches où elle se prend dans ma jupe de métal mais je ne parviens pas à faire un nœud. J'ai besoin de mes deux mains.
Le gentil arbuste resserre encore sa racine et me plaque fermement contre la paroi. J'arrive enfin à faire ce satané nœud.

- C'est bon, je suis attachée, crié je.

- Tournez-vous contre la paroi, fait la voix d'Elrohir.

Je lève la tête et je l'aperçois au-dessus de moi.
J'obtempère avec lenteur en prenant appuie sur la racine. La corde se tend et j'ai mal aux côtes mais je grimpe. Je n'ai qu'un peu plus d'un mètre à faire mais j'avance prudemment.
Mes mains agrippent enfin le bord de la crevasse. Elrohir attrape mes épaulettes de métal et me hisse avant de me tirer en sécurité.
Je me retrouve glorieusement à plat ventre, la face dans les graviers, alors que lui est tranquillement agenouillé à mes côtés.

- Je vous avais dit de ne pas quitter le sentier, me fait-il.

Je me redresse à genoux.

- Votre sentier avait une pente bien glissante qu'un Orque m'a fait débouler avant de me sauter à nouveau dessus et de me faire tomber dans cette crevasse où je me suis retrouvé en équilibre précaire sur son satané bouclier. J'ai demandé de l'aide à ce lâche d'arbre là-bas qui a refusé et ce gentil arbuste m'a tendu une racine amicale pour m'éviter une chute jusqu'aux tréfonds de la terre ! Là, Équinoxe est partit vous chercher et la suite vous la connaissez !

J'inspire une grande bouffée d'air qui m'arrache une grimace de douleur.

- Je n'ai pas tout compris, avoue Elrohir tout sourire. Mais vous êtes dans un sacré état.

Je lui adresse un sourire assassin mais il s'esclaffe.

- Est-ce une habitude de vous mettre dans de telles situations ? Enchérit Elladan amusé.

Je vais lui répondre quand j'entends un bruit de course assez loin. Elrohir se lève d'un bond et balaye l'horizon du regard avant de regarder le soleil qui disparaît derrière les montagnes.

- Ils sont trop proches, lance Elladan. Nous devons nous en occuper maintenant !

- C'est aussi ce que je pense.

- Isil, restez ici.

Il veut que j'aille où ?
Je les regarde s'éloigner en silence puis je me tourne vers l'arbre lâche qui fait mime de rien.

- Je devrais te transformer en cure dent, sifflé je.

Ce qui me fait penser que je n'ai plus d'arme. Je me lève et je clopine jusqu'à Équinoxe. Je tire une longue dague noire d'une sacoche latérale, ça ne vaut pas ma lame ciselée mais ça suffira pour me défendre.

- Merci mon frère, soufflé je en effleurant les naseaux d'Équinoxe. Je bénie le jour où nous nous sommes rencontrés.

Équinoxe frotte sa tête contre mon épaule. Je le caresse avant d'aller voir mon copain arbuste.
Il frémit à mon arrivée.

- Je te dois aussi beaucoup et...

Une série de sons me proviennent alors à une vitesse hallucinante.
D'abord le bruit d'armes qui s'entrechoquent, le hennissement surprit d'Équinoxe, le frottement métallique d'armure grossière puis le cri d'Elladan.

- ISIL A COUVERT !!

Je me retourne pour voir une flèche fondre sur moi. Je ne sais pas si je saute ou si je me ramasse sur le côté mais je l'évite de peu.
Je me redresse et je serre le manche de ma dague. Quelques mètres devant, Elladan et Elrohir sont engagés dans un combat furieux. Je ne sais pas quoi faire pour les aider et perdu dans mes plans je ne vois qu'au dernier moment l'Orque qui s'est glissé aux côtés d'Équinoxe, une lame étincelante dans les mains.
Le temps semble ralentit. Je vois l'Orque, le regard avide, viser le cou de mon destrier.

- NON !!

J'accours, dague en avant mais c'est le feu qui jaillit. D'abord de mes mains puis de mon corps tout entier.
Un cône de feu s'abat sur les Orques faisant exploser la pierre sous sa chaleur et un brasier digne d'un démon envahit l'espace.
Je hurle, la douleur est atroce. Je suis en train de me déchirer de l'intérieur : j'ai perdu le contrôle.
Encore...


**Souvenirs**
Troisième décennie

- Que font-ils ici ? Demande la jeune femme.

- Calmes-toi, ma sœur. Ils ne sont qu'égarés et sont venus trouver refuge ici.

- Je ne les crains pas mais j'ai peur pour leur sécurité.

- Contentez-vous d'éviter leur présence, répond Feaurl.

La jeune femme se retourne vers lui alors qu'un des Elfes monte les marches et se dirige vers eux.

- Nous sommes venus pour chasser le nécromancien qui s'est installé entre vos terres et la Lorien mais cette forêt est si dense que nous nous sommes égarés. Merci de votre assistance.

- Il n'est rien, vous êtes les bienvenus ici, répond Anar.

- En émergeant du couvert des arbres nous avons vu un vieux fort en ruine, peut être pourrions-nous nous y installer et ainsi ne pas vous déranger davantage ?

- C'est hors de question, lance la jeune femme. Ce fort est un héritage pas une auberge à voyageur.

L'Elfe est surprit et s'incline.

- Je suis désolé, je ne voulais pas vous offenser. Nous repartirons demain à la première heure.

Il se retire avec empressement.

- Tu étais obligé d'être aussi...agressive ? Soupire Anar.

- Tu n'allais quand même pas leur offrir abri dans le fort ?

- Non, mais je l'aurais dit différemment.

- Tu n'as qu'à parler à ma place alors !

La jeune femme s'éloigne. La peur et le renfermement la rendent réactive, elle craint ce que Feaurl appelle « son don ».
Elle passe la nuit seule dans la forêt comme c'est le cas de plus en plus souvent.
Quand elle revient, en milieu de journée, les Elfes sont partis.
Elle retrouve son frère et Feaurl dans la grande salle de la dépendance.

- Ils sont partis, tu es soulagée ? Demande Anar en levant la tête.

- C'est mieux pour tout le monde...

- Ma sœur, je m'inquiète pour toi. Tu vas finir par te couper complètement du monde.

- Je n'ai pas vraiment le choix, petit frère.

- Peut-être pourrais-tu aller demander de l'aide en Lorien ? On dit que la Dame Galadriel est une Elfe très puissante, elle pourrait sûrement t'aider à comprendre et à canaliser ton... tes capacités.

Anar est plein d'espoir. Elle voudrait être comme lui mais elle est différente et chaque jour elle s'enfonce un peu plus sous le poids de ce fardeau.
Le silence s'installe. Anar est mal à l'aise, il était sérieux dans sa proposition et l'absence de réaction chez sa sœur le perturbe.

- Feaurl, comment mère a t'elle apprit à gérer son don ?

Feaurl lève la tête. La question le surprend mais il ressent le besoin d'Anar d'être rassuré. Malheureusement, il ne lui est d'aucun réconfort.

- Par sa mère qui l'avait aussi apprit par sa mère, ainsi de suite...

La jeune femme soupire. Elle, elle est seule.
Soudain une douleur lui vrille le crâne. Il se passe quelque chose et quelque chose de grave.

- Isil, ça va ? S'enquit Anar en se levant.

La douleur est atroce. Elle perçoit des brides d'images : le nécromancien qui se bat avec les Elfes et les arbres alentours qui s'affolent.

- Isil, répond moi ! Cri Anar tout près.

La jeune femme se redresse, elle sent le feu qui court en elle cherchant un moyen de sortir.

- RECULE !

Mais trop tard. Les flammes jaillissent et enveloppent son frère qui se retourne pour s'en protéger.
La chaleur, l'odeur de chair brûlée et les cris.
Les hurlements de terreur, de douleur et de désespoir.
Les flammes disparaissent aussi  vite qu'elles sont apparues. Elles ne laissent que le corps fumant d'Anar allongé sur le ventre.
La jeune femme plaque ses mains sur son visage mais elle ne peut détourner les yeux de l'horreur qu'elle vient de commettre.
Des larmes coulent sur ses joues tandis qu'elle se penche sur le dos brûlé de son frère.

- Regarde ce que tu as fait ! S'écrit Feaurl en la repoussant.

Elle chute en arrière et rampe pour s'éloigner de son frère.

- Il... Il est...

- Il vit mais les brûlures sont très profondes. Va chercher de l'Athelas, vite !!

La jeune femme court dans la plaine, elle sait où en trouver mais elle est hantée par les hurlements de son frère.
Elle arrive près du fort de ses ancêtres tombé en ruine depuis longtemps. Deux choses la heurtent. Le grand arbre contre la tour qui l'avait accueillit à la mort de ses parents n'est plus là et une odeur repoussante : des Orques.
Comment ont-ils osés s'installer ici ? Comment ont-ils put les laisser faire ?
Son frère est plus important qu'une poignée d'Orques. Elle ramassa autant d'Athelas qu'elle le peut et court vers la dépendance.
Feaurl a déplacé le corps d'Anar sur un divan et mit de l'eau à chauffer.

- Tiens, tu en auras pour plusieurs jours.

Feaurl se tourne vers elle mais elle évite son regard et s'en va.

- Où vas-tu ?

- Loin. Je suis... dangereuse. Je dois me tenir loin de vous.

- Et Anar ?

- Je le laisse à tes bons soins, il comprendra.

- Tu quittes nos terres ?

- Non, mais je serais suffisamment loin pour ne plus vous faire de mal.

La jeune femme s'en va sans un mot de plus.
Des larmes coulent sur ses joues et sa vision est brouillée quand elle arrive au pied du fort. Les Orques la voient mais n'ont pas le temps de réagir. Le feu les consument.
Il démarre sur les corps des Orques puis se propage dans tout le bâtiment. La pierre craque et noircie sous l'effet de flamme. Tout brûle.
Isil, exulte.
Elle n'a plus à se contrôler. Elle laisse aller ce feu qui la ronge, elle le laisse sortir et tout détruire. Elle doit tout détruire, si elle veut reconstruire quelque chose de nouveau.
Elle n'a pas le choix. Elle ne l'a jamais eut.
**Souvenirs**

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