J'ai mal dormit cette nuit, enfin ce bout de nuit.
Dés le lendemain de l'annonce de Gandalf, Elrohir est partit pour baliser le terrain. Je m'y attendais et cet éloignement forcé m'a permit de comprendre le problème.
Et c'est un gros problème.
Je suis amoureuse...

Moi, qui ait vécu des décennies en solitaire, qui ne peut toucher un être humain sans le brûler gravement, je suis amoureuse.
Et pas de n'importe qui, non ! Le fils du Seigneur Elrond, rien que ça.
Je ne sais pas pourquoi mais je m'en veux.
Je lui ai déjà brûlé le bras, la prochaine fois ça sera peut être pire ?
Je repense alors à Anar, surtout à son dos, mutilé à jamais parce que je ne sais pas me contrôler...

Je me lève avec l'envie de partir, de suivre discrètement la Communauté jusqu'aux frontières d'Imladris.
Je suis presque surprise de ne pas trouver de gardes devant ma porte. Elrond semble avoir confiance en moi, ce qui me touche plus que ça ne le devrait.
Je retrouve une partie de la Communauté dans la salle des repas, les Hobbits ont l'air soucieux et Aragorn tente de les rassurer.
Je n'aimerai pas être à sa place, dire que ça va bien se passer alors qu'on n'en sait rien...
J'esquive Boromir en allant aux écuries. Équinoxe m'attend et son empressement m'étonne.

-  Qu'y a t'il ? Lui demandé je en lui tapotant l'encolure.

Équinoxe m'envoie des images des Hobbits venus lui donner des pommes et des carottes.
J'ignorai qu'une telle complicité s'était installée entre eux et lui. En tout cas, Équinoxe veut les accompagner mais je crains que ça ne soit mal interprété.
Je promets à Équinoxe de tout faire pour satisfaire son envie et je file dans les bâtiments.
Je me repère sans problème maintenant et je trouve facilement ce que je cherche : le bureau d'Elrond.
J'hésite, comme à chaque fois, puis je frappe.

- Entrez.

Je pousse doucement la porte.
Elrond me jette un regard avant de soupirer.

- Je me demandais quand est ce que vous alliez venir...

- Je ne vais pas partir avec eux, le coupé je. Je veux juste les accompagner un peu. Je resterai sur vos terres et je reviendrai dés qu'ils les auront quittés. Je vous le promets.

Elrond semble surprit mais j'espère qu'il voit à quel point je suis sincère. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, mais je sais que je dois le faire.
Il me regarde un long moment, trop longtemps à mon goût. Il semble si indécis que j'en suis surprise. Je n'ai pas la patience d'attendre.

- Vous avez le don de clairvoyance, ne voyez vous pas que je reviendrai ?

Elrond me sourit, amusé.

- Je vois bien des choses, Isil. Des choses qui se sont produites, des choses qui vont se produire mais jamais rien n'est gravé dans le marbre. Mes visions changent, elles évoluent en fonction des choix de chacun. Je ne peux affirmer que ce que je vois est la vérité.

- Vous répondez par une énigme, soupiré je. Que voyez vous sur moi ?

Elrond me dévisage à nouveau avant de se lever.

- Rien de bien précis, reprend t'il d'une voix calme. Vous êtes comme caché par un voile et vos choix changent constamment, rien n'est moins sûr que votre avenir.

Je n'aime pas vraiment sa réponse mais je passe outre.

- Alors faites moi confiance. Juste une fois...

Elrond sourit à nouveau.

- Vous n'êtes pas en prison, Isil. Vous pouvez aller et venir sans que j'ai mon mot à dire. Je vous demande seulement de ne pas partir avec la Communauté car elle va au devant de grands périls. Vous avez déjà fait votre part, reposez vous à présent car votre repos ne sera peut être que de courte durée.

- Imladris est menacée ?

- Comme tout les lieux habités par les peuples libres, je le crains. J'ai besoin de vous ici, puis je dois aussi vous apprendre à vous contrôler, vous vous en rappelez ?

Là, il joue sur la corde sensible. Je n'ai pas oublié que je lui ai demandé de l'aide et je vois qu'il l'utilise pour me garder ici, mais je ne sais pas pourquoi.
En fait, je m'en fiche.
Je n'ai nul part où aller alors rester ici ne me pose aucun problème. Là, je veux juste accompagner la Communauté sur un petit bout de chemin pour Équinoxe et parce que je sens que je dois le faire.

- Je vais aller avec eux jusqu'aux frontières de vos terres, après je reviendrai.

Elrond me fixe un instant avant de hocher la tête.
Je lui souris et je file à la porte que j'ouvre à la volée.

- Merci, soufflé je en la refermant.

Je marche aussi vite que possible vers les écuries. Au détour d'un couloir, je manque de percuter Glorfindel.

- Où allez vous de ce pas décidé ? Me demande t'il avec un sourire.

- Je vais seller Équinoxe pour accompagner la Communauté jusqu'aux frontières d'Imladris.

Je vois la surprise puis le doute se peindre sur son visage.

- Je viens d'en avertir le Seigneur Elrond, enchaîné je pour couper court à tout doute. Dés qu'ils ont franchis la limite, je rentre.

Glorfindel m'adresse un sourire mais je sens que quelque chose le dérange.
Pourquoi ont ils si peur que je partes ?
Je commence sérieusement à me poser la question.

- A tout à l'heure, lancé je en repartant pour les écuries.

Je partage mes soupçons avec Équinoxe qui pense que je m'imagine des choses. Je le selle rapidement et je vais à l'arche d'où la communauté doit partir.

Je n'ai pas à attendre longtemps avant qu'une troupe s'y forme. J'ignore les Elfes qui parlent de moi comme si je n'étais pas là et je regarde la Communauté sortir du bâtiment.
Frodon est en tête, il prend sur lui pour afficher un air sûr mais je sens sa peur. Derrière lui marche Sam qui semble énumérer des choses en comptant sur ses doigts. Gandalf marche dans son dos à coté de Merry et Pipin, puis vient Gimli, Boromir et Legolas. Aragorn est un peu en retrait. Je ne sais pas si c'est moi qui imagine des choses mais j'ai l'impression qu'il échange un long regard avec Arwen.
Comme ils arrivent à mon niveau, je m'avance.

- Où allez vous Isil ? Me demande Gandalf.

Voilà qu'il s'y met aussi...

- Je vous escorte jusqu'aux limites d'Imaldris, répondis je.

- C'est très gentil à vous, gente dame, fait Frodon. Je me sens rassuré par votre présence guerrière.

On voit bien qu'il ne me connaît pas...
Elrond arrive accompagné de Glorfindel et d'Erestor.

- Voilà mon dernier mot, dit il d'une voix grave. Le Porteur de l'Anneau part en quête de la Montagne du Destin. C'est sur lui seul que pèse une responsabilité : ne pas rejeter l'Anneau, ni le remettre à aucun serviteur de l'Ennemi, ni en fait le laisser toucher par quiconque d'autre que les membres de la Compagnie et du Conseil, et cela seulement dans le cas de la plus urgente nécessité. Les autres l'accompagnent comme compagnons libres pour l'aider en route. Vous pouvez rester, ou revenir, ou vous écarter dans d'autres chemins, selon l'occasion. Plus loin vous irez, moins il vous sera facile de vous retirer ; cependant aucun serment ni aucune obligation ne vous oblige à aller plus loin que vous ne le voudrez. Car vous ne connaissez pas encore votre force d'âme, et vous ne sauriez prévoir ce que chacun pourra rencontrer sur la route.

- Déloyal est qui dirait adieu quand la route s'assombrit, dit Gimli.

- Peut être, dit Elrond. Mais que ne jure pas de marcher dans les ténèbres qui n'a pas vu la tombée de la nuit.

- Pourtant parole donnée peut fortifier cœur tremblant, dit Gimli.

- Ou le briser, répond Elrond. Ne regardez pas trop loin en avant. Adieu, et que la bénédiction des Elfes , des Hommes et de tous les Gens Libres vous accompagne. Que les étoiles brillent sur vos visages !

Plusieurs Elfes présents s'inclinèrent et j'en fait tout autant.
Le discours d'Elrond vient de me révéler la noirceur et l'incertitude du voyage dans lequel tous s'embarquent.
Frodon part en tête suivit de Gandalf et des autres. J'emboîte le pas à Aragorn quand j'entends le Hobbit murmurer.

-Le Mordor c'est à droite ou à gauche, Gandalf ?

Je souris tandis que le magicien lui souffle la réponse.
J'attends d'être sous les arbres pour monter en selle. La Compagnie est silencieuse. Chacun est dans ses pensées, chose que je peux comprendre.
Je chevauche en tête, regardant autour de moi bien que je sache qu'aucun danger ne peut se tenir si près de la cité.
On suit un chemin sinueux qui grimpe vers les contre forts rocheux. Alors qu'on émerge du couvert des bois, Imladris se dévoile dans la vallée qui s'inonde doucement d'un pâle soleil hivernal.
Je stoppe Équinoxe pour regarder ce sublime paysage.
Les tours ressemblent à s'y méprendre à des troncs de pierre et les bâtiments audacieux se confondent avec la falaise d'où jaillit les eaux tumultueuse de la rivière.
Si je n'en venais pas, je penserai que c'est une hallucination tant la cité semble irréelle.

- Que c'est beau, souffle Sam à coté de moi. On dirait une illustration d'un conte.

Je suis d'accord avec lui. Il plane ici un air de légende.

- Je crois que je ne me lasserai jamais de cette vue, répond Frodon tout bas. Je comprends pourquoi Bilbon a tenu à revenir ici.

- Nous s'y reviendrons nous aussi, lance Merry avant de se tourner vers Gandalf. Nous reviendrons n'est ce pas ?

Le magicien me semble bien las tout d'un coup. Il remonte sa cape sur ses épaules comme un vieillard frissonnant dans l'hiver.

- Je l'espère, maître Merry. Je l'espère.

Je trouve sa réponse guère encourageante... Ils ont besoin d'être rassurés pas d'être mis devant le fait.
On reprend notre route mais je suis songeuse à présent. Je sais que la Communauté part pour le Mordor, à la Montagne du Destin pour être précise, mais j'ignore la distance à parcourir et surtout ce qui se passera ensuite.
En admettant qu'ils réussissent à l'atteindre et à détruire l'anneau, que se passera t'il ensuite ?
Je doute qu'ils rentrent tous tranquillement chez eux, comme si rien ne s'était passé.
S'ils restent tous en vie, du moins...

Je prends conscience que cette expédition est tout aussi périlleuse que suicidaire. Ce n'est, en fait, qu'un allé simple.
Équinoxe se stoppe alors. Surprise, je regarde les autres me devancer.
Savent ils vers quoi ils avancent ?
Aragorn s'arrête à mon niveau, il caresse Équinoxe avant de lever le regard vers moi.

- Vous voici aux frontières d'Imladris, m'indique t'il en désignant une vieille pierre gravée. Notre voyage en commun s'arrête ici.

Je hoche la tête, Équinoxe sait que j'ai promit de ne pas quitter ces terres.
Je regarde tour à tour les membres de la Communauté qui me dévisagent.
Certains ont l'air confiance, d'autre songeur ou encore inquiet.
Il y a de quoi.
Ils partent dans l'inconnu, vers des dangers que je n'ose même pas imaginer et peut être même vers leur mort.
Je me force à leur sourire.

- Vous quittez les terres du Seigneur Elrond, mais peut être trouverez vous d'autres refuges lors de ce long voyage. Il y a des gens biens dans ce monde, ne vous fiez pas aux apparences, et écoutez seulement ce que votre cœur vous dit. Le mien me dit que nous nous reverrons, tôt au tard.

Sam me sourit, il avait besoin d'entendre ça.
Je mens, encore... je ne sais pas ce qui va leur arriver mais je préfère les quitter en les sachant sereins, au moins pour quelques jours.

- Rentrez, Isil. De grandes choses vous attendent à Imladris, répond Gandalf avec un sourire. Vous êtes la preuve vivante qu'avec de l'audace et de la bonté on peut changer les choses, aussi noires soient elles.

Je rougis, ce n'est pas tous les jours qu'un magicien me complimente.

- Faites bonne route et guettez notre retour, me lance Merry.

- Prenez aussi soin de Bilbon, ajoute Frodon. Je sais qu'il brûlait de l'envie de m'accompagner.

- C'est entendu, répondis je. Faites bon voyage et démontrez que les peuples libres peuvent toujours s'unir et s'entraider quand le danger les menace.

- Prenez soin de vous, me souffle Aragorn en reculant.

- Vous aussi.

Équinoxe se retourne, il se cabre avant de s'élancer vers la vallée.

Je n'ai pas le cœur à me retourner car je ne sais pas si je reverrai leurs visages un jour.
J'admire leur courage, ou leur folie...
En fin de compte, ces deux capacités ne sont pas si éloignées l'une de l'autre, mais pour l'heure je dois rentrer.
Je sais que le Seigneur Elrond me surveille et je compte bien tenir parole.

J'ai fait ma part, à la Communauté de faire la sienne maintenant.

Fin du chapitre
L'intrigue est en place mais que va t'il se passer ensuite ?
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