17 - Cake et annonce
Je déambule dans les jardins. La conversation avec Elrond m'a chamboulée.
Ainsi Saroumane serait le responsable de la disparition des miens ? Par quel horrible procédé a t'il réussit cela ?
Je repense à mes parents. Avec le temps, leurs visages se sont effacés et leurs voix sont devenus difformes mais je me rappelle que trop bien de leurs morts.
Saroumane aurait il tenté de s'accaparer les pouvoirs de ma lignée avant de, devant son échec, préférer les tuer ?
C'est une hypothèse qui tient la route, malheureusement...
Je grimpe dans un arbre pour rallier les toits où je m'allonge pour regarder les étoiles. Je reste un moment étendu mais mes pensées voguent vers mon frère et ça me serre le cœur.
Je redescends donc. Les jardins sont déserts, au loin flâne les douces voix des Elfes chanteurs, tout est si calme, comme coupé du monde.
Je décide de prendre par la partie la plus sauvage des jardins. Je déambule sous le couvert des arbres hors des sentiers, je n'aime pas suivre les voies toutes tracées.
Je rigole de moi même quand soudain j'aperçois deux silhouettes drôlement proche l'une de l'autre. Je reconnais Aragorn et Arwen. J'hésite, je ne veux pas les déranger, mais soudain ils s'embrassent et je ne sais plus où me mettre.
Je tourne les talons et je pars dans l'autre sens. Je remonte mes pas d'une manière trop rigide pour être naturelle.
Pourquoi suis je troublée de voir deux personnes s'embrasser ?
Et pourquoi je pense à Elrohir ?
Je rougis et mon cœur s'emballe. Un mélange d'émotion m'envahit, de l'envie, de la crainte...
Le plan était d'apporter les écrits au Seigneur Elrond, pas de s'enticher d'un de ses fils.
Je file dans ma chambre et je suis contente de ne croiser personne.
Je saute sur mon lit et je m'y roule en boule.
Elrond trouve que je suis trop dure avec moi même, mais comment ne pas l'être ?
Je dois oublier Elrohir. On est pas du même monde et même si... je risquerai de le tuer.
Ma seule option est la solitude.
Ma nuit a été agitée et je suis d'humeur solitaire aujourd'hui.
Je me suis levée tard pour être tranquille au petit déjeuner, ce qui est plutôt réussit. Je suis toute seule.
Je mange lentement en me demandant ce que je vais faire aujourd'hui. J'aimerai aller m'isoler au fin fond de la forêt mais la menace est encore trop présente dans mon esprit, sans compter que je dois aussi aider les Elfes à réparer la tenture.
Remarque, ça sera un bon prétexte pour ne pas passer de temps avec Elrohir...
Des bruits de pas me sortent de mes songes. Je suis tentée de me cacher mais les pas me sont étrangers, ce qui attise ma curiosité.
Surprise, je vois Sam débouler dans la salle. Il me fixe un instant puis me sourit.
- Dame Isil, je vous cherchais.
- Ha bon ? m'étonné je avant de me reprendre. Que puis je pour vous ?
- Vous pouvez garder un cake ?
Je mets quelques secondes à assimiler l'information, mais l'air si sérieux de Sam m'empêche de douter de mes oreilles.
- Vous pouvez répéter ? Demandé je le plus calmement du monde.
- Je vous explique, je voudrais faire un cake pour le goûter, ça ferait plaisir à Monsieur Frodon, mais ce Touque et ce Brandebouc sont de vrais ventre à pattes. Si je fais mon cake et que je le laisse dans les cuisines, pour sûr qu'il n'en restera rien ! Alors je me disais que vous pourriez le protéger de ces voraces ? Vous êtes un gardien, non ?
Je suis si surprise que je mets un temps à répondre.
- Oui, je garde des arbres... mais bon, je peux aussi garder un cake... Si ça peut vous aider.
Sam me sourit, l'air ravi.
- Vous me sauvez la vie, Dame Isil. Venez le chercher vers un heure de l'après-midi dans les cuisines. Il sera encore chaud mais Monsieur Frodon veut qu'on fasse encore le tour des jardins, on doit se maintenir qu'il dit.
J'acquiesce et Sam repart ravi. C'est plutôt simple de contenter un Hobbit...
Je passe ma matinée à aider les Elfes à réparer la tenture brûlée. Il y en a pour des jours de travail et ma tâche consiste à tenir et changer les bobines de fils.
Passionnant...
Je suis presque contente d'aller manger mais Elrohir m'intercepte avant que j'arrive dans la salle de réception.
- Vous voulez manger en tête à tête ? Me demande t'il, le bras en appuis contre le mur.
Je le déteste. Je veux lui sauver la vie mais lui vient se jeter dans la gueule du loup.
Je ne sais pas quoi répondre. Je n'ai pas vraiment envie de manger dans la salle, surpeuplée à mon goût, mais j'aimerai mettre de la distance entre Elrohir et moi.
Il doit voir mon dilemme car il reprend.
- Quelque chose ne va pas ?
J'hésite... puis je cède.
- Non, tout va bien. Allons manger dans les jardins.
Il me sourit et m'indique galamment le chemin vers les cuisines.
On prend deux assiettes bien garnies sous le regard meurtrier du chef cuisinier et on file sous le grand saule.
On mange tout en discutant. Elrohir m'avoue être inquiet pour Imladris, il craint que la traîtrise de Saroumane ne mette la cité en grand danger. J'acquiesce ses paroles mais je ne parle pas vraiment.
Il enchaîne sur le départ prochain de la communauté puis me demande si je souhaite rentrer chez moi prochainement.
Je rougis, son ton a prit des accents d'inquiétude et je ne peux qu'en être flattée.
- Je ne sais pas si je rentrerai à Fangorn un jour, avoué je. J'ai tout abandonnée, plus rien ne m'attend là-bas, puis Saroumane veille. Je doute qu'il me laisse passer sans rien dire.
- J'en doute aussi mais Fangorn est votre patrie, ne la reniez pas trop vite. Puis... je suis certain que votre frère pourra comprendre.
Je hoche la tête.
- Comprendre, oui. Se protéger des Ténèbres, je ne sais pas... Tant qu'il me pense avec eux, il restera sur ses gardes.
Elrohir acquiesce doucement. Il ne semble pas à l'aise, à moins qu'il voit combien je n'aime pas parler de ça ?
Je contemple mon assiette vide puis soudain je me rappelle de ma promesse.
- Je dois aller aux cuisines récupérer le cake de Sam, dis je en me levant.
- Pardon ?
Je souris devant la surprise d'Elrohir.
- Sam a fait un cake pour le goûter et j'ai promis de le surveiller pour qu'il ne tombe pas entre les mains de Merry et Pipin.
- Je comprends mieux, rigole Elrohir en se levant à son tour. Allons donc aux cuisines.
Il ramasse nos assiettes et je lui emboîte le pas.
Nous arrivons juste quand Sam sort son cake du four.
- Ça sent très bon, le complimente Elrohir en posant nos assiettes sur un des plans de travail.
- Merci, Messire, s'empourpre Sam avant de se tourner vers moi. Pile à l'heure, Dame Isil. Je peux vous le laisser maintenant ? Monsieur Frodon veut faire le tour complet des jardins.
- Allez s'y, je veille sur votre cake.
Sam me remercie avant de filer dans le couloir.
- C'est vrai que ça donne envie, reprend Elrohir en se penchant sur le cake.
- Bas les pattes, répondis je en recouvrant le cake d'un tissu.
Je l'emmitoufle dans plusieurs épaisseurs ce qui rend l'Elfe hilare.
- Vous comptez l'étouffer ? Me demande t'il en riant.
- Je ne veux pas que Merry et Pipin le sentent.
- Les Hobbits ont un odorat si développé que ça ?
- Concernant la nourriture, je ne veux prendre aucun risque.
Elrohir rit aux éclats ce qui me fait sourire. J'aime son rire et sa jovialité.
Il me propose alors une ballade dans les jardins et, oubliant ma résolution de la veille, j'accepte.
Dans les couloirs je suis sur mes gardes, m'attendant à voir un ou deux Hobbits débarquer mais ce n'est pas le cas.
Nous trouvons Glorfindel qui semblent faire une démonstration de tir à l'arc.
J'apprends qu'il s'agit en fait d'une compétition amicale dans laquelle Glorfindel semble particulièrement briller.
Elrohir se joint à eux et me propose de les rejoindre. N'ayant aucune envie de me ridiculiser en public, je prétends avoir encore mal au bras et aux cotes.
Glorfindel me lance un regard interrogateur mais se passe de tout commentaires.
Je ne pensais pas prendre autant de plaisir à assister à une compétition de tir mais je dois avouer que l'ambiance conviviale et bonne enfant me fait agréablement sourire.
Elrohir se démarque plutôt bien même si je pressens que Glorfindel n'y est pas pour rien.
Lorsque que les convives finissent par partir, nous nous retrouvons seuls tout les trois.
- Alors Isil, vous avez toujours aussi mal ou voulez vous tirer ? Me demande Glorfindel.
Je lui adresse une grimace en attrapant l'arc qu'il me tend. J'encoche la flèche et je me mets en position de tir.
Je vise en essayant de rester concentré quand soudain j'entends deux voix cristallines qui se rapprochent. Je les reconnais aussitôt : Merry et Pipin.
Je lâche la corde en me retournant pour voir que les deux Hobbits arrivent vers nous. J'ai laissé le cake sur le muret où j'étais assise. Je m'apprête à demander à Elrohir de le rapprocher vers moi quand celui-ci émet un sifflement d'approbation.
Surprise, je me retourne. Ma flèche est figée en plein centre de la cible.
J'ai même pas fait exprès...
- Quel tir, s'enthousiasme Glorfindel. Vous vous êtes entraîné depuis la dernière fois ?
Je n'ose pas dire qu'il ne s'agit que d'un coup de chance, mais heureusement Elrohir détourne la conversation.
- Vous venez vous entraîner, jeunes Hobbits ? Lance t'il à Merry et Pipin.
- Pas aujourd'hui, répond Pipin. Nous venons de la part de Sam pour avoir un morceau de cake.
Elrohir me lance un regard interrogateur.
- Que vous a t'il dit ? Demandé je en posant mon arc.
- De venir vous trouver afin qu'on goûte le cake pour savoir s'il est bon.
Je dévisage Pipin. Il a l'air serein et semble avoir bonne conscience ce qui me fait douter. Je tourne alors le regard vers Merry qui l'évite aussitôt.
- Sam m'a dit de veiller sur ce cake, s'il veut que vous en gouttiez un morceau, qu'il vienne me le dire lui même.
Il y a un instant de silence avant que Merry ne craque.
- Je t'avais dit qu'elle ne se laisserait pas prendre comme ça.
- Au moins j'ai tenté... Qu'est ce qui nous a trahi ?
- Vous croyez vraiment que je vais vous le dire ? Rigolé je. Ce cake est pour le goûter, pas avant.
Merry et Pipin prennent un air désolé mais je ne cède pas.
- Allons, il ne vous reste qu'une demi heure à patienter, relève Glorfindel.
Les Hobbits haussent les épaules et repartent penaud.
- Je comprends mieux ceux qui disent que vous êtes un gardien incorruptible, se marre Elrohir.
- Arbres belliqueux ou cake convoité, c'est la même affaire, enchérit Glorfindel amusé.
Je me mets à rire tant cela semble absurde.
Elrohir et Glorfindel se remettent au tir mais je décline leur offre, préférant rester sur mon instant de gloire inopiné.
A l'approche de l'heure du goûter, Glorfindel se tourne vers moi.
- C'est bientôt l'heure, ne faites passe languir ces pauvres Hobbits affamés.
Je souris, ils ont l'air d'être si affamés ces Hobbits.
J'hésite à les inviter aussi. Je suis torturée entre l'envie de passer du temps avec Elrohir et le besoin de prendre mes distances avec lui.
- Ça ne va pas ? Demande t'il alors que je cogite.
- Si, ça va. Vous venez avec moi déguster ce cake ?
Voilà, ma langue a choisit avant mon cerveau, encore...
- Avec plaisir, me répond Elrohir.
- Et vous, Glorfindel ? Demandé je pour ne pas avoir l'air impoli.
- Ça aurait été avec plaisir mais j'ai quelques choses urgentes à régler.
Il me sourit puis assène une petite tape à Elrohir qui rougit. Je le regarde s'éloigner en me demandant ce que j'ai raté.
On prend rapidement le chemin de la salle du repas, je n'ai pas envie de faire face à des Hobbits affamés et énervés.
Quand nous arrivons, ils sont déjà tous à table et Gandalf est avec eux.
Solennellement, je pose le cake sur la table et je défais l'étoffe qui le protège. Sam le découpe avec délicatesse et dispose des tranches égales dans de petites assiettes que je fais passer.
Je m'assois entre Sam et Elrohir. Le cake sent bon, j'en ai l'eau à bouche.
- Merci mon brave Sam pour le mal que tu t'es donné, lance Frodon.
- Dégustez le bien, ajoute Gandalf. Il faut savoir prendre le temps pour les bonnes choses.
D'un commun accord, nous goûtons le cake.
Il est infecte. Farineux avec un arrière goût fort déplaisant.
- Bon sang Sam, qu'as tu mis dedans ? S'alarme Merry en recrachant.
- Je comprends pas, j'ai bien suivi la recette, s'étonne Sam. De la farine, des œufs, de l'huile, de la levure et des olives...
- Des olives ? Note Elrohir. Nous n'avons pas d'olive à Imladris.
Sam à l'air penaud tout à coup.
- Ben, c'est quoi alors ces petites boules noires qui étaient dans un pot ?
- Je n'en sais rien, répond Elrohir méfiant.
- Dans le doute, recrachez tous ! Conseil Gandalf.
- Empoissonné par un cake, j'aurais tout eut, soupiré je en repoussant mon assiette.
- Dame Isil, je crois bien que vous nous avez sauvé la vie en nous empêchant d'en manger tout à l'heure, me lance Pipin reconnaissant.
Je rigole, il n'a pas tort.
Dépité, Sam récupère les morceaux de son cake et les jette. Je suis presque peinée pour lui, mais j'ai surtout passé une après midi à veiller sur un cake infâme...
- Bon, comme nous n'avons plus de goûter à manger vous pouvez nous dire vos nouvelles, Gandalf, reprend Frodon.
Je tique. Je doute que Gandalf m'apprenne des choses importantes mais j'ai quand même l'espoir d'en savoir un peu plus sur le chemin que la Communauté va prendre.
Le magicien hoche la tête avant d'attraper son verre et de le vider d'une traite.
- La date est enfin connue, nous informe t'il. La Communauté partira dans deux jours, avant le levé du soleil.
- Déjà, soupire Frodon, comme las. J'ai l'impression d'être ici depuis des mois mais ça me semble si court à présent. Nous devons donc préparer nos affaires ?
- Oui, préparez vos vêtements, vos sacs et faites vos adieux.
Je croise le regard de Frodon, il n'a pas l'air très enchanté de partir.
En même temps, je le comprends. Après tous, nous aimons être ici, où nous nous sentons bien. Partir à l'inconnu est un grand changement, inquiétant, et dans son cas, peut être mortel.
Oui, plus j'y pense, plus je me dis que ce voyage pourrait très bien être un allé simple vers le Mordor...
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