Chapitre III
Demeure des Caël, deux semaines plus tard...
Anne Caël soupira en enlevant une petite plaque d'écorce des cheveux de son fils.
- J'aurais préféré que tu m'aides à laver le linge, plutôt que de vagabonder ainsi dans la forêt... se plaignit-elle. Regarde-toi, mon fils, tu es aussi propre que le porcher du village... Et puis, tu risquerais de rencontrer le loup des bois de Gides...
- Ne t'inquiètes donc pas tant, la mère, coupa une voix.
C'était Martin, de six ans l'aîné de Jean.
- C'est de son âge, il faut bien que jeunesse se passe...
- Et si il lui arrivait malheur, y as-tu seulement pensé ?
- Que veux-tu qu'il lui arrive donc ?
- Mais... le loup... bégaya la mère.
- Je suis assuré que Jean n'est point assez galérien pour se jeter dans les crocs d'un loup... C'est-y pas vrai, Jean ? Jean ?
Martin se tut, conscient que ses appels ne servaient plus à rien. Jean avait disparu. Et la porte de la cabane claqua en se refermant.
*********
Le lièvre s'immobilisa, et tomba à la renverse dans la poudreuse, frappé à la tête par la fronde de Jean. Le jeune paysan ramassa la pièce de gibier, et l'accrocha à la taille, où elle rejoignit ses premières prises : un lièvre et une perdrix.
Un mouvement attira soudain l'œil du jeune garçon. Il pivota aussitôt, banda son arme de fortune, et atteignit juste à temps l'écureuil qui s'enfuyait.
"Quatre pièces ! Lupa et ses louveteaux vont avoir un véritable festin !"
Il courut jusqu'aux Roches de Lucifer, et y déposa ses pièces. Lupa sortit le museau, et happa les animaux pour les envoyer un à un à l'intérieur de sa tanière.
"Merci."
"Bon appétit, et restez prudents !"
Jean s'éloigna, prenant la direction de sa petite cabane. Il n'avait guère effectué cinquante pas, que des cris stridents retentirent.
- À moi ! Au secours !
Jean dressa la tête. Les appels venaient de l'ouest de sa position. Et à l'ouest, il y avait... oh, non !
Le lac de Geneviève !
Recouvert d'une fine couche de glace durant la saison des neiges, il étendait d'habitude ses eaux bleutées jusqu'à la frontière du royaume.
- Au secours !
Les appels avaient repris. Jean courut à perdre haleine jusqu'au lac. Et ce qu'il vit lui glaça le sang.
La glace avait cédé !
À plusieurs longueurs de la rive enneigée, une jouvencelle se débattait dans l'eau noire qui cherchait à l'attirer toujours plus profond. Elle tenait à peine une plaque de glace, qui lui servait de sursis. Lorsqu'elle aperçut Jean, elle s'écria :
- À l'aide ! Je n'en puis plus !
Comme pour prouver ses dires, elle lâcha un peu plus la plaque de glace qu'elle tenait déjà à grand-peine.
Jean se précipita, mais un éclair blanc le doubla.
Lupa !
La louve blanche avançait sur la glace à pas lents, ne semblant faire qu'une avec l'étendue gelée. Elle planta ses crocs dans les vêtements de la jeune fille, qui poussa un cri de terreur. Ne lâchant pas prise pour autant, Lupa traîna la jouvencelle jusqu'à la berge, sans même se soucier des craquements qui retentissaient, des fissures qui se formaient.
Elle la tira jusqu'à Jean, qui put admirer les beaux cheveux noirs de la jeune fille, sa longue robe de soie pourpre, sa ceinture aux fils d'or et ses bottes de cuir souple. Une fille de seigneur, sans aucun doute...
La louve se redressa, frotta son museau contre celui de Jean, et s'enfuit, invisible dans la neige.
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563 mots.
Je vous jure, c'est hyper dur de faire en sorte que ça dépasse pas 700 mots !
Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Renars
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