XIII - L'Alliance.
Le silence se fit dans la pièce, et chacun orienta son regard en direction du Survivant, placé près de l'entrée, encadré par ses deux meilleurs amis. La jeune fille debout à ses côtés esquissa un sourire en remarquant les rougeurs sur les joues du brun à lunettes -sourire qui s'accentua lorsqu'elle croisa le regard du garçon qui faisait battre son cœur. Elle rit doucement lorsqu'il lui fit un clin d'œil, avant de reporter son attention vers Harry qui s'apprêtait à annoncer le programme de la séance.
—Bien, alors aujourd'hui, pour que chacun puisse prendre ses marques, nous allons revoir le sortilège de Désarmement que tout le monde connaît, indiqua-t-il avec de légers tremblements dans la voix. Vous travaillerez en binôme pour faciliter l'apprentissage. Les groupes qui réussiront le mieux iront aider ceux qui ont plus de difficultés.
—Est-ce que c'est vraiment nécessaire ? soupira Zacharias Smith. Ce n'est pas vraiment un sortilège de défense.
—Il m'a été très utile l'année dernière lorsque j'ai du faire face à Voldemort, répliqua sèchement Harry.
Cela eut le mérite de clouer le bec au Poufsouffle qui ne prononça plus le moindre mot de toute l'heure, du moins, à personne d'autre que son partenaire. Hermione fronça les sourcils et jeta un regard noir à son condisciple qui fixait Harry avec tant d'amertume qu'elle regretta instantanément d'avoir donner son accord pour qu'il participe à la réunion. Mais Hannah Abbott avait assuré que Zacharias était quelqu'un de bien et qu'il ne vendrait pas la mèche à Ombrage. Il semblerait que ce n'était pas de ça dont ils auraient dû se méfier le plus.
—Quoi qu'il en soit, c'est un sortilège très utile. Il n'est pas très compliqué à apprendre, mais la précision du lancer est le plus important si vous voulez être sûr de désarmer votre adversaire du premier coup. Bon, et bien, si tout le monde a compris, on va pouvoir faire les groupes. Je passerai voir chacun d'entre nous pour vous aider si vous en ressentez le besoin.
Hermione était en train de se retourner vers Ron, songeant à se mettre en équipe avec lui alors qu'Harry prenait place avec Neville, lorsqu'elle sentit une main se poser sur son épaule, lui arrachant un léger sursaut. Un sourire se dessina doucement sur ses lèvres lorsqu'elle se retourna pour faire face à Fred, qui souriait de toutes ses dents, le rendant encore plus beau.
—Puis-je ? s'enquit-il.
Amusée, la jeune fille acquiesça avant de le suivre à l'autre bout de la salle, près du groupe formés par Angelina et George. Elle fut très surprise de les voir aussi proches, ne s'étant jamais rendue compte qu'il semblait y avoir plus que de l'amitié entre eux. Mais un sourire naquit peu à peu sur ses lèvres lorsqu'elle remarqua la lueur brillante dans les yeux du rouquin, et elle fut très heureuse pour lui.
—Il y a de l'amour dans l'air, souffla doucement Fred à son oreille en désignant son jumeau d'un geste discret de la main.
—On dirait bien, répondit-elle tout en lui faisant face.
—C'est cool, ajouta-t-il avec une nonchalance feinte.
—Très cool, acquiesça-t-elle avec un signe de tête.
Elle voyait bien qu'il essayait de faire comme si de rien était avec elle, peut-être pour donner le change face aux autres, mais ce n'était franchement pas une réussite. Un rire lui échappa, gonflant de bonheur le cœur du rouquin face à elle, qui ne parvenait plus à se passer de ce son qui résonnait comme une douce mélodie à ses oreilles. Un sourire s'étira peu à peu sur ses lèvres lorsqu'une idée lui vint en tête.
—Je te propose un marché, Miss Parfaite, lança-t-il avec humeur, ayant très envie de s'amuser pour faire rougir la fille face à lui.
Hermione arqua un sourcil, surprise. Elle remarqua aussitôt la lueur d'amusement dans les yeux du garçon, et comprit qu'elle n'allait sûrement pas apprécier ce qui allait suivre. C'était peut-être une déformation de son statut de Préfète, mais elle avait l'impression qu'à chaque fois que Fred ou son frère ouvraient la bouche pour parler, elle n'allait pas aimer les paroles qui en sortiraient. Ce n'était pas toujours le cas, mais lorsqu'ils avaient en général un sourire amusé, c'était ce qu'il se passait. Préférant laisser le bénéfice du doute au rouquin, elle l'invita à poursuivre d'un signe de la main, alors qu'autour d'eux résonnaient déjà les premiers cris de leurs amis et le bruit que faisait les baguettes en tombant au sol.
—Le premier qui arrive à désarmer l'autre à le droit de faire ce qu'il veut de lui toute la soirée, ricana doucement Fred.
Rougissant jusqu'à la racine des cheveux, Hermione détourna le regard, s'attirant un nouveau rire de la part du rouquin. Ce n'était pas tant l'idée de parvenir à battre le rouquin, au contraire elle était certaine d'avoir toutes ses chances, c'était plutôt l'idée d'être à son service toute la soirée qui la mettait mal à l'aise. Elle avait un peu peur de ce qu'il pourrait lui demander de faire. Elle allait refuser lorsqu'elle croisa de nouveau son regard.
Ses yeux brillaient. Presqu'autant que ceux d'un enfant le matin de Noël alors qu'il avait enfin le droit d'ouvrir les cadeaux déposés au pied du sapin. Ils brillaient intensément, d'une lueur amusée, révélant l'insouciance qui caractérisait tant les jumeaux Weasley. Ils scintillaient de milles feux à l'idée qu'il puisse avoir une petite chance de battre l'élève la plus douée de l'école. Ils pétillaient car il voulait tant qu'elle accepte, qu'elle s'amuse et qu'elle rit. Encore. Indéfiniment.
—Très bien, accepta-t-elle finalement avec un grand sourire, désireuse de lui faire plaisir. Que le meilleur gagne !
Le sourire de Fred s'accentua et il recula de quelques pas alors qu'elle en faisait autant pour agrandir la distance les séparant. Elle prit une profonde inspiration et ferma les yeux un quart de seconde. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas participé à un duel, pourtant les réflexes qu'elle avait acquis durant sa troisième année revinrent instantanément, lui permettant de voir les choses d'un autre point de vue. Rouvrant les yeux, elle croisa une dernière fois le regard malicieux du garçon avant de lever sa baguette et de prononcer tout aussi vite sa formule magique.
—Experlliarmus ! s'écria-t-elle sans laisser le temps à Fred de faire le moindre mouvement.
Un sourire ravi se dessina sur ses lèvres lorsque la baguette du rouquin atterrie habillement dans sa main. Elle éclata vivement de rire, suivie de près par George et Angelina qu'elle n'avait pas entendu approcher, en remarquant l'expression indignée se peignant peu à peu sur les traits du visage de Fred.
—Bravo Hermione ! la félicita vivement le jumeau. Et beh alors, Freddie, on se fait battre par une fille ?
Le garçon leva les yeux au ciel en approchant pour récupérer sa baguette. Hermione la lui rendit avec une satisfaction immense, ne cherchant même pas à faire semblant d'être désolée pour lui. Elle lui adressa un clin d'œil avant de lui proposer de prendre sa revanche. Le sourire revint aussitôt au garçon qui accepta vivement, quasiment certain de s'en sortir cette fois-ci.
Mais Hermione fut toujours plus rapide. La première, la deuxième et la sixième fois aussi.
[...]
Après une heure d'entraînement, Harry consentit enfin à les libérer et Hermione attendit patiemment que la plupart de ses camarades aient quitté la Salle sur Demande, pour se retourner vers son meilleur ami, impatiente d'entendre son ressenti sur leur première séance.
—On se voit plus tard, lui chuchota Fred en partant.
La jeune fille rougit légèrement mais acquiesça néanmoins, ayant déjà une petite idée de ce qu'elle lui demanderait. Elle avait parfaitement conscience qu'en gagnant ce petit duel, elle empêchait Fred de lui faire devenir une adepte du " j'enfreins le règlement " dont lui et son frère faisaient partis depuis leur première année. Elle s'était imaginée devant faire des choses qu'elle devait ordinairement punir comme vendre les créations des jumeaux, dire des choses affreuses sur les professeurs et encore tant d'autres qu'elle ne pouvait énumérer.
—Alors ? demanda-t-elle au brun à lunettes une fois les jumeaux partis.
—Je ne pensais pas que ça se passerait aussi bien, admit Harry avec un léger sourire. Tout le monde a réussi à désarmer son adversaire avec plus ou moins de facilité.
Non pas tout le monde, pensa-t-elle en songeant à un certain rouquin et à son amertume de ne pas avoir réussi une seule fois à désarmer Hermione. Elle n'en fit cependant pas part à ses amis, et en silence, ils quittèrent la pièce par une porte dérobée qui les conduisit non loin du couloir menant à la salle commune des Gryffondor. Il restait encore une heure avant le dîner, si bien qu'Hermione décida de se rendre à la bibliothèque pour y faire ses devoirs. Elle promit au brun qu'elle les rejoindrait pour manger avant de bifurquer dans un autre couloir.
Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas les trois personnes marchant en sens inverse et percuta violemment un garçon massif qui s'écarta d'elle en poussant une exclamation de dégoût, avec tant de force qu'Hermione percuta douloureusement le sol. Un gémissement de douleur lui échappa et elle sentit les larmes lui monter aux yeux alors qu'une brûlure remontait le long de sa colonne vertébrale.
—La Sang-de-Bourbe, gronda la voix hautaine de Drago Malefoy.
Se relevant difficilement, Hermione croisa le regard dégoûté du Serpentard, encadré par ses deux gardes du corps habituels. Elle aurait préféré paraître plus forte devant les trois garçons, mais ses yeux larmoyants et la grimace qu'elle fit en se levant ne leur échappa pas. Crabbe et Goyle ricanèrent comme des gorilles tandis que leur chef s'approchait de la lionne à pas lents, un sourire froid défigurant son visage pâle.
—On ne t'a jamais appris à t'excuser face à tes supérieurs, Granger ? siffla Malefoy, une lueur malsaine dans le regard.
Bien malgré elle, la jeune fille fit un pas en arrière, prête à fuir à toutes jambes, en réalisant qu'elle ne ferait pas le poids face à trois adversaires en même temps, mais la main du Préfet la rattrapa rapidement et sans ménagement, il la jeta contre le mur le plus proche, lui arrachant un nouveau gémissement. Paniquée, elle sentit quelque chose de chaud couler le long de son cou.
Mais, la bravoure n'était pas la qualité principale de Gryffondor pour rien. Relevant fièrement la tête, en dépit de la douleur qui ciselait son corps, Hermione offrit un sourire hypocrite au garçon qui rougit de colère, raffermissant sa prise autour du bras de la lionne.
—Tu te crois malin de t'attaquer à moi alors que je suis seule, Malefoy ? souffla-t-elle lentement. Tu penses qu'en agissant ainsi, tu te montres fort ? Mais c'est de la lâcheté que d'attaquer une fille sans défense.
—Je ne suis pas seul, lui rappela-t-il en désignant ses acolytes d'un signe de tête.
—Tu penses vraiment qu'ils savent se battre ? ricana-t-elle. D'ailleurs, j'ai beaucoup de doutes sur toi aussi... vu la façon dont je t'ai battu en troisième année...
Elle sut qu'elle était allée trop loin en remarquant la lueur menaçante dans les yeux gris de Malefoy qui fit un pas de plus vers elle, venant coller son corps tremblant de colère contre celui de la jeune fille. Tant bien que mal, elle essaya de ne rien laisser transparaître, mais à mesure que les secondes passaient, elle sentait du sang couler de plus en plus de la plaie à sa tête. Sa vue était brouillée, et elle était certaine qu'elle allait s'évanouir d'une seconde à l'autre, et elle pria qui voulait bien l'entendre pour qu'elle ne le fasse pas devant Malefoy, ne voulant pas lui donner la moindre occasion de se réjouir de lui avait fait du mal.
—Misérable vermine, eut-il le temps de lui cracher au visage avant qu'une poigne de fer ne l'arrache soudainement à sa victime.
Hermione gémit lorsque le sang remonta soudainement jusqu'à son épaule, ne s'étant pas rendue compte que la prise de Malefoy sur son bras avait été si brutale. Malgré l'absence de lumière dans le couloir, elle n'eut aucun mal à reconnaître la chevelure flamboyante des jumeaux Weasley qui poussèrent le Serpentard jusqu'à qu'il se trouve lui-même coincé contre le mur. S'il faisait le malin dix secondes plutôt, ce n'était plus le cas à présent. La colère avait laissé place à la peur et son visage était devenu aussi pâle que la lune.
—Franchement Malefoy, fit George avec un ricanement glacial, tu n'as pas honte de t'attaquer à une fille ? Sans défense en plus ?
—Il n'y a que les lâches pour faire ça, ajouta Fred d'une voix tremblante de colère.
—Vous ne me faîtes pas peur, bafouilla le Serpentard.
Les jumeaux éclatèrent de rire avant d'échanger un regard qui en disait long sur ce qu'ils allaient faire au garçon. Paniqué, Malefoy jeta un regard par-dessus l'épaule de ses bourreaux, mais Crabbe et Goyle avaient pris leurs jambes à leur cou en voyant apparaître les jumeaux Weasley. Le bruit de leur course effrénée se faisait encore entendre au bout du couloir.
Soudainement, Hermione sentit ses jambes céder sous son poids et elle percuta le sol une nouvelle fois. La tête lui tournait, sa vue devenait de plus en plus floue et un bourdonnement résonna à ses oreilles, avec tant de force qu'il lui arracha un nouveau gémissement. Elle sentit une main se poser sur son front mais elle ne put identifier à qui elle appartenait. Son corps bascula, et quelques secondes plus tard, elle se retrouva appuyée contre le torse de Fred, qu'elle reconnut à son odeur.
Elle ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne franchit la barrière de ses lèvres, et sur le chemin menant à l'infirmerie, elle perdit connaissance plusieurs fois, alors que la douleur se répandait peu à peu dans tout son corps. Elle percevait la respiration saccadée du rouquin contre son visage, signifiant qu'il était en train de courir, ainsi que la vitesse folle à laquelle battait son cœur. Cela lui arracha un sourire, et au moment où ils franchissaient le seuil de l'infirmerie, elle perdit de nouveau connaissance.
Il faisait déjà jour lorsqu'elle se réveilla, sans pour autant ouvrir les yeux . La douleur avait totalement disparu, ne persistant qu'un léger désagrément à la base de son crâne qui lui rappela les événements de la veille. La colère l'inonda lorsque le visage de Malefoy lui revint en mémoire, vite remplacé par l'étonnement lorsqu'elle sentit quelqu'un lui caresser doucement le dos de la main, la poussant à ouvrir les paupières.
Un sourire se dessina sur son visage lorsqu'elle croisa le regard inquiet de Fred. Et à en juger par les cernes encadrant ses yeux, il n'avait pas du beaucoup dormir et elle se demanda s'il avait passé la nuit à son chevet. Comme s'il avait lu dans ses pensées, il secoua négativement la tête avec une moue exaspérée.
—Pomfresh a refusé que je passe la nuit près de toi, bougonna-t-il avec amertume. Elle a dit qu'elle pouvait très bien te surveiller toute seule, et que c'était elle l'infirmière.
—Mrs Pomfresh, ne put-elle s'empêcher de le reprendre, arrachant finalement un sourire au rouquin qui se pencha pour déposer un baiser sur sa joue.
—Si tu veux, accepta-t-il.
La jeune fille esquissa un nouveau sourire avant de se redresser, non sans mal, pour pouvoir faire face au rouquin, qui souriait de toutes ses dents. Mais une lueur d'inquiétude persistait néanmoins dans ses prunelles, pinçant le cœur de la Préfète qui s'en voulut de lui causer tant de soucis. Doucement, elle posa sa main sur la joue du rouquin et apprécia la chaleur qui se dégageait du contact de sa peau contre la sienne. C'était tellement agréable, reposant et rassurant qu'elle se demanda si elle pourrait un jour s'en passer. Face au regard interrogateur du garçon, elle ne put s'empêcher de rougir, se maudissant de s'empourprer sans cesse en sa présence.
—Tu es belle, souffla-t-il avec un sourire charmeur.
Hermione leva les yeux au ciel et son rythme cardiaque s'accéléra brusquement lorsqu'il se pencha pour poser ses lèvres sur les siennes, dans un baiser aussi rapide que l'éclair, lui arrachant une moue dubitative qui dut plaire au rouquin qui l'embrassa de nouveau, avec un peu plus de fougue.
—Tu es beau, reprit-elle à son intention lorsqu'il libéra ses lèvres.
—Je sais, fit-il avec vantardise. On me le dit souvent.
Le rire d'Hermione s'éleva doucement dans la pièce, avertissant l'infirmière de son réveil qui vint aussitôt s'enquérir de l'état de santé de sa patiente. Le regard noir qu'elle jeta à Fred signifia qu'elle n'était pas vraiment contente de le voir ici d'aussi bonne heure, mais le garçon fit comme si de rien était et ne lâcha pas la main de la cinquième année pour autant, sous le regard exaspéré de Mrs Pomfresh et celui amusé et gêné d'Hermione.
—Comment vous sentez-vous ? questionna l'infirmière en agitant sa baguette au-dessus du corps de la jeune fille avant d'afficher un sourire bienveillant.
—Beaucoup mieux, assura Hermione.
—Pas de maux de têtes ? Ni envie de vomir ?
—Non, ça va.
Mrs Pomfresh parut satisfaite par ses réponses puisqu'elle autorisa la jeune fille à quitter l'infirmerie dans l'heure, après qu'elle eut avalé un solide petit déjeuner, et avec pour obligation de revenir immédiatement si une douleur se faisait soudainement ressentir. Hermione promit qu'elle serait prudente et quitta rapidement l'infirmerie, Fred sur les talons. Un instant, elle hésita à lui prendre la main, désirant vouloir retrouver le bien-être qu'elle éprouvait à chaque fois qu'il la touchait, mais la présence de plusieurs de leurs camarades dans le couloir la dissuada de le faire et elle se contenta de marcher à ses côtés, comme si de rien était, alors que lui souriait avec amusement à chaque personne qu'il croisait.
—Il faut que j'aille à la bibliothèque, annonça Hermione lorsqu'ils arrivèrent près de la Grande Salle. Pour faire mes devoirs.
Elle n'eut pas besoin de voir le visage de Fred pour comprendre qu'il n'était pas ravi par cette idée. L'altercation avec Malefoy lui revint en mémoire, mais elle ne pouvait pas se permettre de vivre cachée simplement parce qu'un garçon aussi arrogant que lui aimait passer ses nerfs sur elle. Elle avait très bien réussi à remonter la pente après la mort de ses parents, et il était hors de question qu'un petit crétin comme cette sale fouine la fasse rechuter.
—Va manger, ajouta-t-elle sans lui laisser le temps de parler. On se retrouve plus tard, si tu veux.
Profitant du fait qu'ils se trouvaient cachés par une des statues encadrant les immenses portes de la Grande Salle, Hermione déposa un rapide baiser sur les lèvres du rouquin et se détourna, prenant la direction des escaliers. Elle sentit son regard rivé sur ses omoplates jusqu'à qu'elle disparaisse totalement de son champ de vision. Un soupir de soulagement lui échappa et ce fut sans la moindre crainte qu'elle poussa les portes de la bibliothèque, quasi déserte à une heure aussi matinale en ce samedi matin. Repérant une table libre au fond, elle s'y dirigea et salua Mrs Prince qui ne parut pas enchantée par sa présence, mais elle ne s'en formalisa pas. Poussant un nouveau soupir, elle sortit son livre de métamorphose et se plongea corps et âme dans le travail, qui était pour elle le meilleur moyen d'oublier tous ses soucis.
Elle en était à la moitié de son devoir lorsque Ginny vint la rejoindre. Un sourire naquit sur ses lèvres et elle accueillit la nouvelle venue avec enthousiasme avant de remarquer la mine exaspérée de la rouquine qui fixa son regard sur les rouleaux de parchemins remplis avant d'oser enfin relever la tête pour croiser le regard interrogateur de sa meilleure amie.
—Micheal et moi avons rompu, expliqua-t-elle avec un soupir qui en disait long sur ce qu'elle ressentait. C'est dur, mais je crois que c'était mieux pour nous deux. On arrêtait pas de se disputer.
—Je suis désolée, avoua Hermione avec un sourire compatissant. Je sais que tu tenais beaucoup à lui.
La plus jeune haussa des épaules comme si ce n'était pas important. Sauf qu'Hermione savait que cette relation avait beaucoup compté pour sa meilleure amie. Micheal et elle s'étaient écrit tout l'été, mais les choses étaient devenues plus sérieuses à la rentrée, et la joie de la rouquine à chaque fois qu'elle parlait du garçon exprimait à elle seule son attachement.
—Peut-être que vous avez simplement besoin de faire une pause, ajouta la plus âgée.
—Je ne pense pas, rétorqua Ginny. Mais ce n'est pas grave. Il faut bien aller de l'avant.
Avant la mort de ses parents, Hermione aurait essayé de convaincre la rouquine qu'elle pouvait toujours être avec le garçon qu'elle aimait, mais perdre une personne qu'on aimait faisait voir le monde d'un point de vue différent. Apprécier à sa juste valeur les moments les plus importants était tout ce qui comptait, et pousser Ginny à retourner vers Micheal ne ferait que la faire souffrir d'avantage. Le temps ferait son travail, lui permettant de se libérer de ce qu'elle ressentait. Et puis qui sait, peut-être trouverait-elle son prince charmant ailleurs...
—Mais assez parlé de moi ! fit-elle en secouant la tête. Raconte un peu ! Toi et mon frère ?
La Préfète sentit son visage prendre feu en entendant la question de la rouquine qui lui offrit un sourire étincelant pour toute réponse. Elle s'assura que Mrs Prince ne se trouvait pas dans les environs avant d'ouvrir la bouche pour répondre à la question de son amie, sans pour autant raconter l'histoire dans son ensemble, préférant passer certains moments sous silence. Au fur et à mesure de son histoire, elle eut le plaisir de voir le regard de Ginny se mettre à étinceler et elle fut soulagée de lui avoir parler. Harry et Ron avaient beau être ses meilleurs amis, elle ne se voyait vraiment pas leur raconter ses histoires de cœur, aussi proches soient-ils.
—Il t'a embrassé ? la coupa Ginny en écarquillant des yeux. Oh Merlin ! Hermione, c'est merveilleux !
La jeune fille leva les yeux au ciel face à tant de sentimentalisme. L'espace d'un instant, elle eut l'impression de se retrouver face à Lavande Brown, une de ses camarades de maison, qui ne vivait que pour et par les ragots de l'école. Et ce n'était pas le genre de filles avec qui Hermione s'entendait bien. Cependant, venant de Ginny, cela la fit sourire, puisque ce n'était pas dans les habitudes de son amie d'agir ainsi.
—Et c'était comment ? continua-t-elle sur le ton de la confidence.
Lâchant un rire, la Préfète secoua négativement la tête, précisant qu'elle ne se voyait pas décrire ce qu'elle avait ressenti quand Fred l'avait embrassée. Surtout pas à sa sœur. Si Ginny fut déçue, elle n'en fit pas la remarque. Et la poussa même à finir son histoire, affichant un sourire extatique qui ne la quitta pas de la journée.
—Alors, on peut officiellement dire que tu es ma belle-sœur maintenant, lâcha-t-elle en tapant dans ses mains.
Son geste ne passa pas inaperçu aux oreilles de la bibliothécaire qui rappliqua aussitôt, tel un vautour, pour leur rappeler qu'elles se trouvaient dans une bibliothèque où le silence était de mise. Si elles ne comprenaient pas ça, alors elles étaient gentiment priées d'aller rire comme des oies ailleurs.
—Vieille peau, ragea la rouquine une fois Mrs Prince de retour à son bureau. Non mais pour qui elle se prend, celle-là !
—La bibliothécaire, lança la voix amusée d'Harry.
Lui et Ron étaient entrés dans la pièce à l'instant même où la vieille femme s'était approchée de la table de travail des filles pour les réprimander et ils n'avaient pas loupé une miette de la scène, riant silencieusement de leur côté. D'ailleurs, Ronald ne manqua pas de se moquer de sa sœur qui lui jeta une remarque acerbe au visage avant de quitter la pièce au pas de course.
Hermione fusilla le rouquin du regard, se demandant comme elle parvenait encore à supporter sa maladresse.
—Quoi ? grommela-t-il en surprenant le regard de sa meilleure amie.
—Tu n'étais pas obligé de te moquer d'elle, le gronda-t-elle en ramassant ses affaires.
—Oh ça va ! s'énerva-t-il. Si on peut plus rire maintenant !
—Il y a rire et rire, Ronald, rétorqua-t-elle sèchement. Et toi, tu n'as pas encore compris lequel il fallait utiliser !
Le visage du garçon s'empourpra et Harry eut la présence d'esprit de changer de sujet avant qu'une nouvelle dispute éclate entre ses deux amis, qui étaient aussi têtus l'un que l'autre. Furieuse, Hermione quitta rapidement la pièce, suivie de près par ses amis et elle fit mine de ne pas entendre les marmonnements du rouquin lorsqu'ils pénétrèrent dans la Grande Salle pour dîner. Elle se laissa lourdement tomber sur son banc, s'attirant un regard étonné de la part de Fred assis non loin, avec ses amis de septième année. Mais la jeune fille ne le vit pas, trop occupée à pester contre Ron.
—Hagrid est de retour, fit alors Harry, espérant détendre l'atmosphère.
Hermione suivit son regard en direction de la table des professeurs et se rendit compte qu'effectivement, le demi-géant était bien assis à sa place habituelle, près du professeur McGonagall. La chaise au centre était vide, ce qui n'étonna pas vraiment les Gryffondor. Selon leur directrice de maison, Dumbledore avait dû quitté l'école pendant quelques jours pour raison personnelle, mais aucun d'eux ne croyaient vraiment les excuses du professeur de métamorphose. Le regard de la jeune fille dériva vers la droite, et comme à son habitude, Dolores Ombrage était en train d'observer les élèves avec un petit sourire contrit, détaillant chacun d'entre eux. Hermione tourna la tête avant de croiser le regard de vipère de la femme et reporta son attention sur son meilleur ami.
—On pourrait aller le voir après manger ? proposa le brun.
Hermione accepta vivement, très curieuse de savoir où était passé le garde chasse pendant la semaine précédente. Et elle voulait aussi comprendre les cicatrices toutes récentes sur son visage ainsi que le masque de fatigue sur ses traits. Elle espéra que rien de grave ne s'était produit durant son périple.
—C'est une bonne idée, accepta-t-elle alors que près d'elle, Ron acquiesçait avec mauvaise humeur, tirant un soupir d'exaspération à sa meilleure amie.
Il lui lança un regard noir qu'elle fit mine de ne pas voir. Elle savait parfaitement que cela ne servait à rien de répondre au rouquin, car cela ne ferait que dégrader la situation et il était hors de question qu'elle se prenne la tête avec son meilleur ami maintenant. Et puis, elle n'était pas certaine de pouvoir supporter une autre de ses remarques. Ron avait beau être loyal, courageux, il n'en restait pas moins le garçon le plus têtu de l'univers. Et le plus maladroit également.
Ils dînèrent sans prononcer le moindre mot et à plusieurs reprises, Hermione songea à aller rejoindre Ginny, assise en bout de table avec des élèves de sa classe, et qui riait à gorge déployée. Quiconque la voyait en cet instant ne pouvait se douter que la rouquine venait de rompre avec son petit-ami. Et la Préfète fut sincèrement heureuse pour elle, qu'elle parvienne à surmonter cette perte. Elle se demanda tout de même comment le Serdaigle vivait la situation, mais après un rapide regard en direction de la table des aigles, elle se rendit compte qu'il n'était pas là. Ou alors ne l'avait-elle tout simplement pas vu.
—On y va ? souffla Harry une fois que Ron eut avalé son deuxième dessert.
La jeune fille se leva rapidement, offrit un sourire à Fred qui le lui rendit bien, et quitta la salle aux côtés de ses amis, dont un Ronald aussi bougon qu'avant le repas. Hermione s'en voulut un peu, mais elle n'essaya pas de s'excuser, estimant qu'elle l'avait fait assez de fois au cours de ses cinq dernières années, et que si le rouquin voulait vraiment qu'ils se réconcilient, alors c'était à lui de faire le premier pas.
De la fumée s'échappait de la cheminée en pierre de la cabane de Hagrid, qu'ils virent en dépit de la nuit tombant peu à peu sur le château. La lionne frissonna lorsque le vent se leva, rappelant que la saison froide approchait à grands pas et que les occasions de profiter du parc de l'école devenaient de plus en plus rares. Sans la moindre hésitation, Harry cogna contre la lourde porte en bois, reprit en écho par un aboiement de Crocdur, le colosse du garde chasse.
—Qui est là ? s'éleva la voix bourrue de leur professeur.
—C'est nous, Hagrid, cria le brun à lunettes. Hermione, Ron et Harry !
Il y eut du mouvement à l'intérieur de la cabane, ainsi que le bruit d'une serrure qu'on déverrouille et finalement la porte s'ouvrit quelques secondes plus tard, pour laisse passer un Rubeus Hagrid souriant, qui accueillit les trois élèves avec enthousiasme avant de leur proposer de rentrer dans sa modeste maison. Sans attendre, il leur servit trois grandes tasses de thé et Hermione sourit en caressant le chien noir entre les oreilles lorsqu'il s'approcha d'elle.
—Je ne m'attendais pas à vous voir ce soir, avoua Hagrid, la tête penchée au-dessus d'une marmite dans la cheminée.
—On voulait vraiment vous voir, répondit Harry en haussant des épaules.
—Et puis le couvre-feu n'est pas encore passé, ajouta Hermione, arrachant un sourire aux trois autres.
—On veut surtout savoir où vous étiez cette semaine, développa Ron.
Hagrid releva la tête, manquant de se cogner contre l'âtre de cheminée, pour poser un regard grave sur les trois élèves qui échangèrent des coup d'œil inquiets. La lumière du feu éclairait le visage du demi-géant, faisant d'autant plus ressortir les balafres sur ses joues. Il les fixa de longues secondes sans rien dire, et Crocdur poussa un gémissement effrayant en baissant les oreilles.
—D'accord, soupira Hagrid. Harry, tu devrais aller chercher ta cape d'invisibilité.
—Pourquoi ? s'inquiéta Ronald.
—Parce que nous sortons ce soir, répondit le garde chasse en récupérant sa cape. Nous allons dans la Forêt Interdite.
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