La porte de la salle de Défense contre les Forces du Mal s'ouvrit brusquement, et Rogue sortit dans le couloir, le visage cireux encadré par deux rideaux de cheveux noirs et graisseux. Le silence tomba aussitôt dans la file d'élèves qui attendaient, et du coin de l'œil, Hermione vit son meilleur ami relevait effrontément la tête et fusillait le professeur du regard, avec une haine si perceptible qu'elle semblait enveloppée Harry comme un manteau épais.

―Entrez, leur ordonna-t-il sèchement.

En pénétrant dans la salle, Hermione constata que Rogue n'avait pas mis longtemps a imposé sa personnalité à la pièce. Elle était plus sombre qu'à l'ordinaire, à cause des rideaux qui masquaient les fenêtres, et éclairée par des chandelles flottant au-dessus des tables, comme dans la Grande Salle. De nouvelles images étaient accrochées aux murs ; la plupart montraient des gens qui souffraient, exhibant d'horribles blessures ou des parties du coprs étrangement déformées. Personne ne fit le moindre commentaire, et la jeune fille s'installa à une table, l'estomac noué, prêt à rendre le maigre petit-déjeuner qu'elle avait réussi à avaler.

―Je ne vous ai pas demandé de sortir vos livres, fit froidement remarquer Rogue en refermant la porte.

Hermione rougit violemment en croisant le regard perçant et cynique du professeur, et s'empressa de remettre son exemplaire de Affronter l'ennemi sans visage dans son sac, sous les ricanements de certains Serpentard.

―J'ai certaines choses à vous dire qui exigent une pleine et entière attention, ajouta Rogue.

Ses yeux noirs se promenèrent sur les élèves tournés vers lui, s'arrêtant une fraction de seconde de plus sur Harry, et Hermione remarqua sans peine la haine qui se mit à luire dans les prunelles du professeur - si identique à celle de son meilleur ami.

―Je crois que, jusqu'à présent, vous avez eu cinq professeurs différents pour assurer ce cours...

Il y eut quelques murmures dans la pièce au souvenir de tous les professeurs ayant obtenus le poste d'enseignant de Défense contre les Forces du Mal et qui avaient tous quitté l'école au bout d'une année scolaire - pour diverses raisons, et parfois pas les meilleures, ce qui amenait à se demander si le poste n'était pas manipulé par une malédiction.

―Bien entendu, ces professeurs ont tous eu leurs propres méthodes et leurs sujets de prédilection. Etant donné la confusion qui en a résulté, je suis surpris que beaucoup d'entre vous aient réussi à décrocher une BUSE dans cette matière. Je serais encore plus surpris si vous parveniez à travailler suffisamment pour suivre le programme de l'ASPIC, qui sera beaucoup plus avancé.

Rogue quitta son bureau et entreprit de faire le tour de la salle, parlant maintenant d'une voix plus basse. Les élèves durent tendre le cou pour ne pas le perdre de vue.

―Les forces du Mal, poursuivit-il, sont nombreuses, diverses, toujours changeantes et éternelles. Les combattre, c'est comme combattre un monstre aux multiples têtes. Chaque fois qu'on en tranche une, une autre repousse, bien plus féroce que la précédente.

Un silence pesant planait dans la classe, chaque étudiant semblant écouter avec une attention particulière les propos de Rogue. Son ton caressant, amoureux, témoignait de son adoration, et un instant, Hermione se demanda comment un homme tel que lui avait pu succombé à la noirceur. Certes, il n'avait pas eu une enfance et une adolescence facile, comme Harry leur avait appris suite à son intrusion dans les pensées du professeur, mais dépasser ce point de non-retour sans éprouver le moindre remord ne devait pas être une décision facile.

Elle espérait sincèrement ne jamais être confrontée à ce choix radical.

―Vos défenses, continua Rogue, doivent par conséquent être aussi flexibles et inventives que les forces à vaincre. Ces images donnent une assez bonne idée de ce qu'il arrive lorsqu'on se confronte au Mal pur.

Un frisson parcourut l'échine de l'adolescente lorsque son regard s'attarda un court instant sur l'image d'une sorcière qui hurlait de douleur sous l'assaut d'un Doloris. Deux ans auparavant, ils en avaient eu la démonstration en direct, et Hermione avait mis de nombreux jours à s'en remettre, ne pouvant effacer de son esprit l'image de cette araignée gémissant de douleur, essayant de se soustraire à cette force noire qui la broyait de l'intérieur.

―Il y a bien des façons de s'en prendre à quelqu'un. A présent, j'imagine que vous êtes de parfaits novices en ce qui concerne les sortilèges informulés ? Quelqu'un peut me dire quel est l'avantage d'un sort informulé ?

La main d'Hermione fendit l'air aussitôt, sous les ricanements de certains élèves, mais Rogue fit mine de ne pas l'avoir remarquer et parcourut la salle du regard pendant de longues minutes avant de se tourner vers elle, résigné à l'idée de devoir compter sur elle.

―Granger ? fit-il d'un ton sec.

―Votre adversaire ne sait pas quel genre de magie vous allez utiliser, répondit-elle timidement, perturbée par la froideur dans les yeux de l'homme. Ce qui vous donne une fraction de seconde d'avance sur lui.

―Et tout ceci copié mot pour mot dans Le Livre des sorts et enchantements niveau 6, ricana cyniquement Rogue. Vous savez, Granger, à trop vouloir paraître pour la meilleure, vous allez finir aussi vaniteuse que Parkinson. Votre façon d'exhiber vos réponses apprises par cœur est terriblement agaçante.

Hermione aurait vraiment voulu paraître indifférente face aux propos de Rogue, comme si ses remarques désobligeantes à son égard ne l'atteignaient pas, mais elle n'avait la force de Harry pour y parvenir. Elle n'avait pas ce courage de tenir tête, de répliquer et de jouer le masque de l'impassibilité. Elle sentit ses yeux se mettre à picoter dangereusement, et honteuse, elle baissa la tête, alors que des rires s'élevaient du côté des Serpentard, certainement mené par celui de Drago Malefoy.

―Hermione était la seule à avoir la bonne réponse, intervint brusquement Harry. Ce n'est pas la peine de la rabaisser de cette façon alors que c'est la seule qui savait.

―De quoi vous mêlez-vous, Potter ? siffla Rogue. Il ne me semble pas vous avoir donner l'autorisation de parler.

―Je...

―Je ne veux rien entendre de votre part, le coupa l'homme. Peut-être qu'une heure de retenue avec Rusard vous fera le plus grand bien, Potter. Ce soir, avant le dîner.

Hermione se retourna à demi vers Harry, pour constatait qu'il était rouge de colère, et qu'une veine battait furieusement sur sa tempe, et d'un regard, elle lui intima de ne pas protester. Il avait suffisament fait de ravage pour aujourd'hui, et il était hors de question qu'il soit puni plus sévèrement. Surtout par sa faute. Elle le vit hésiter, avant qu'il ne pousse un profond soupir de dépit, découragé par le manque de révolte de son amie.

―Ceux qui parviennent à user de magie sans formuler d'incantations bénéficient donc de surprise lorsqu'ils jettent leur sort, continua Rogue, parfaitement imperturbable. Tous les sorciers n'en sont pas capables, bien sûr. C'est une question de concentration et de force mentale dont certains... manquent singulièrement.

Cette dernière phrase était vraisemblablement destinée à Harry, et Hermione craignit un instant que son ami ne saisisse l'occasion pour parler, se moquer ouvertement de Rogue comme il aimait le faire, et recevoir les remarques acerbes de ce dernier, mais à son plus grand soulagement, il n'en fit rien, et le cours se poursuivit dans une ambiance si tendue qu'elle rappelait les cours de Dolores Ombrage, l'ancienne professeur de Défenses.

Cela promettait une longue, très longue année...

[...]

CELUI-DONT-ON-NE-DOIT-PAS-PRONONCER-LE-NOM EST DE RETOUR ! LES MASSACRES S'INTENSIFIENT !

Ce n'est plus un secret pour personne, le terrible sorcier, connu sous le nom du Seigneur des Ténèbres, est de retour, comme l'a confirmé il y a quelques mois l'ancien Ministre de la magie, Cornelius Fudge. Comme le clamaient déjà Albus Dumbledore et Harry Potter suite à l'événement tragique survenu durant le Tournois des Trois Sorciers à Poudlard, où un élève de Poufsouffle a perdu la vie.

Depuis, les menaces envers les sorciers ne cessent d'augmenter, ainsi que les massacres perpétraient à l'encontre des moldus. A la fin du mois de juillet, dans une édition spéciale de la Gazette, nous vous faisions part de l'attaque du pont, survenue en plein cœur de Londres, et faisant des centaines de victimes. Les autorités moldues ont conclues à un mauvais entretien de l'infrastructure, mais le Ministère de la Magie confirme qu'il s'agit bien d'une œuvre des Mangemort.

Le respect des conseils de sécurité qui sont donnés dans chaque édition de la Gazette est primordial pour assurer la sérénité de notre communauté. Le Ministre, Rufus Scrimgeour, rappelle que des centres de soutien sont ouverts tous les jours au sein du Ministère, et que toute aide y est apportée.

HARRY POTTER : L'ELU ?

La vérité n'a pas encore été mise à jour concernant la présence de Harry Potter et certains de ses camarades au Département des Mystères. Cependant, des sources bien informées dans les hautes sphères du Ministère ont confirmé que les élèves avaient eu pour but la légendaire salle des Prophéties.

La question se pose donc. Qu'est-ce que Harry Potter était venu y faire ? La rumeur voudrait qu'une prophétie le concernerait, et serait en lien direct avec Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, également aperçu là-bas selon nos informations. Les raisons de la présence de Potter restent flous, mais certains commencent même à le surnommer " l'Elu ", pensant que la mystérieuse prophétie le désigne comme le seul qui sera jamais capable de vaincre le Seigneur des Ténèbres. On ignore toutefois où se trouve actuellement la prophétie, même si certaines hypothèses affirment qu'elle aurait disparu.

―C'est de pire en pire... commenta faiblement Hermione en reposant le journal sur la table.

L'atmosphère festive qui régnait dans la Grande Salle contrastait fortement avec les mauvaises nouvelles quotidiennes apportées par la Gazette du Sorcier et un instant, Hermione aurait voulu ne pas recevoir le journal. Elle aurait voulu qu'Hedwige ne franchisse pas les alcôves situées un peu partout dans les murs. Elle aurait voulu que Harry ne se soit pas abonné au quotidien, qui selon elle, faisait plus de mal que de bien en cette période de troubles.

―Les choses n'iront pas en s'arrangeant, répondit Harry. Pas tant que Voldemort sera en vie, en tout cas.

Hermione lui jeta un regard par-dessus la carafe de lait placée entre eux, et s'inquiéta un instant de l'éclat rougeâtre dans ses prunelles, qu'elle avait déjà aperçu à de nombreuses reprises au cours de l'année passée. Et après ce qu'il s'était passé au Ministère, elle comprenait d'où venait cette lueur, ce rayonnement sinistre qui la faisait frissonné chaque fois qu'il s'attardait sur elle.

Elle venait de Lord Voldemort.

―S'il-te-plaît, ne dis pas ça, le supplia-t-elle avec une grimace.

―Pourquoi ? s'étonna son ami.

―Parce que ça te fait lui ressembler plus... souffla-t-elle. A Voldemort.

Elle vit la surprise se peindre sur le visage de Harry, mais l'arrivée de Ron, habillé de sa tenue de Quidditch l'empêcha de répondre et Hermione s'empressa de se tourner vers le nouveau venu, lui demandant comment il se sentait face aux sélections qui auraient lieues dans quelques minutes.

―J'aurais dis bien s'il n'y avait pas ce crétin de McLaggen, marmonna-t-il.

La jeune fille remarqua alors son teint blême et l'absence de nourriture dans son assiette, ce qui ne présageait rien de bon. Car Ron ne se refusait à manger que lorsqu'il était terriblement malade ou lorsqu'il était très angoissé. Et à cet instant, la deuxième option paraissait la plus plausible.

―Je suis certaine que tu es plus doué que lui, le rassura-t-elle en souriant.

―Tu ne l'as vraiment pas vu jouer alors ! répliqua le rouquin.

Hermione préféra ne pas répondre, jugeant que la discussion dérivait sur un terrain bien miné, et elle ne voulait pas mettre Ron de mauvaise humeur ce jour-là, car il y aurait alors de fortes chances pour qu'il joue très mal, et que Cormac McLaggen, l'autre prétendant au poste de gardien prenne sa place dans l'équipe de Gryffondor.

Soudainement, elle vit Harry sortir une petite fiole de la poche de son pull et l'ouvrir, sans que Ron ne s'en rendisse compte. Hermione fronça les sourcils en le voyant servir un verre de jus d'orange à leur ami... avant d'y verser le contenu de Felix Felicis.

―Harry ! s'indigna-t-elle lorsqu'il tendit le verre à Ron. Harry, tu pourrais être renvoyé !

―Hein ? fit Ron.

En souriant, l'Elu replaça la fiole dans sa poche, et les yeux du rouquin s'écarquillèrent lorsqu'il comprit ce que son meilleur ami venait de faire. D'un regard, Harry l'encouragea à boire son verre, malgré les protestations de Hermione qui intimait à Ron de ne pas le faire.

―Ron ! soupira-t-elle lorsque le rouquin avala sa tasse d'une traite. C'est de la triche !

―Non, c'est de la chance, répliqua Harry d'un ton serein. On y va ?

Sans lui laisser le temps de répondre, les deux garçons se levèrent, imités par la plupart des élèves de leur maison désirant passaient les sélections pour rejoindre l'équipe des lions. Hermione soupira, et se retourna, prête à les suivre lorsqu'un garçon s'installa près d'elle, et lui offrit un sourire charmeur qui dévoila une rangée de dents étincelante.

―Hermione, susurra Cormac McLaggen.

―Cormac, répondit sèchement la Préfète.

Son camarade lâcha un petit rire en rejetant la tête en arrière, dans un mouvement qui aurait fait fondre n'importe quelle fille de l'école, mais Hermione resta parfaitement imperturbable, accentuant le sourire sur les lèvres de Cormac.

―Je compte bien prendre la place de Weasley, ajouta-t-il.

―Tu n'as aucune chance, répliqua-t-elle.

―Oh, vraiment ?

Il lui offrit un petit sourire amusé avant de se lever, et de traverser la pièce avec grâce, comme s'il descendait d'une famille de la haute société. Hermione le trouva parfaitement ridicule d'agir ainsi, à vouloir se donner des manières de fils à papa qui ne lui allaient pas le moins du monde.

―Qu'est-ce que t'as dis McLaggen ? demanda Ginny une fois qu'Hermione l'eut rejointe dans le Hall d'entrée. Il avait l'air super content en sortant de là.

―Qu'il allait prendre la place de ton frère comme gardien, répondit la plus âgée. Je lui ai dis qu'il n'avait aucune chance et il est partit en ricanant.

―Non mais quel crétin ! pesta Ginny.

―Je suis bien d'accord avec toi, acquiesça Hermione. Allez, dépêchons-nous, sinon je crois que Harry t'en voudra si tu n'arrives pas à l'heure...

Elle vit son amie se tournait vers elle, sourcils froncés, lui arrachant un léger sourire amusé qu'elle ne chercha pas à cacher, jubilant de pouvoir agir de la même façon que Ginny lorsque celle-ci avait commencé à être au courant des changements dans la relation qu'Hermione entretenait avec Fred. C'était sa façon à elle de se venger des remarques de la rouquine, et elle s'en amusait d'avance.

Contrairement à ce que Harry croyait, il y avait foule sur le terrain de Quidditch, et même quelques élèves s'étaient installés dans les gradins pour assister aux sélections, malgré le froid et la pluie qui se préparait. Hermione s'installa sur les rangs les plus en hauteur et fut surprise d'y trouver Lavande, sa camarade de chambre, portant un pull à l'effigie de Ron.

―Allez Ron ! cria-t-elle.

Le garçon ne sembla pas l'apercevoir, mais cela ne perturba pas Lavande le moins du monde, qui se rassit en poussant un soupir attendri, ses yeux ne quittant pas le rouquin du regard. Hermione rit doucement avant de s'asseoir, et vit alors Cormac se rapprochait de Ron, et les deux adversaires échangèrent quelques mots avant que le deuxième ne s'éloigne à pas vifs.

Pendant quelques minutes, il ne se passa rien de bien intéressant, et Hermione regretta de ne pas avoir amener un livre avec elle, pour combler l'ennui. Ou même son miroir à double-sens. Elle avait averti Fred que les sélections sous le capitanat d'Harry avaient lieues aujourd'hui, et les jumeaux s'étaient enthousiasmés à cette idée, et son petit-ami lui avait avoué que cela lui manquait beaucoup de ne plus faire de Quidditch, même un match pour s'amuser, car la boutique leur prenait énormément de temps.

Alors, il lui avait demandé d'emmener le miroir avec elle pour les informer de la composition de l'équipe de Gryffondor, mais elle avait vivement refusé, craignant qu'un autre élève ne mette la main sur précieux sésame interdit. Comme la plupart des inventions Weasley, pensa-t-elle en souriant.

Une dizaine de minutes passa avant que tous les élèves venus pour rejoindre l'équipe n'enfourchent leur balais un à un, s'envolent dans les airs pour faire des tours de stade. Ils étaient si nombreux qu'il était impossible de reconnaître Ron dans la foule, en dépit de son casque sur la tête, ou même Ginny et sa chevelure de feu. Seul Harry était facile à reconnaître, volant lentement pour mieux observer les joueurs.

Ils firent quelques tours de terrain avant de rejoindre le sol, et d'après ce qu'Hermione savait des joueurs, Harry commença par demander aux batteurs de montrer ce qu'ils valaient et s'ils avaient les qualités requises pour rejoindre l'équipe. L'Elu lâcha les cognards une fois que les six garçons en course se soient élancés dans les airs, et il ne fallut que dix secondes à une des balles pour mettre à terre un jeune garçon.

Hermione n'avait jamais compris l'engouement de ses amis pour ce sport si barbare, et elle ne put s'empêcher de grimacer chaque qu'un cognard passait trop près d'un élève, qui soit, parvenait à l'éviter de justesse, soit, tombait comme une mouche et allait rejoindre ses camarades dans les gradins. La violence qui découlait de cet exercice l'indignait profondément, et elle se demanda même comment le Quidditch, pourtant sport national, pouvait être autorisé à l'école alors même qu'il mettait en danger la vie de ses pratiquants.

Lorsqu'il ne resta que deux balais parvenant encore à échapper à la balle infernale, Harry les rappela vers lui et d'après la poignée de main qu'il échangea avec eux, Hermione comprit que les deux élèves venaient d'être pris comme batteurs.

Puis, ce fut au tour des poursuiveurs, et une dizaine de d'adolescents se placèrent en hauteur, notamment des filles, parmi lesquelles la Préfète reconnut Ginny et Katie Bell, faisant déjà parties de l'ancienne équipe, et elle se douta que les deux filles n'auraient aucun mal à reprendre leur place. Ce que lui confirma Harry quelques minutes plus tard, lorsque les deux Gryffondor parvinrent à marquer des buts tout en évitant les cognards. Une autre les rejoignit, semblant plus jeune que Ginny, et les trois poursuiveuses rejoignirent les batteurs sur le banc.

Et finalement, vint le tour des gardiens ; poste pour lequel Ron et McLaggen étaient les seuls à se présenter. Hermione, de là où elle était placée, pouvait sentir à quel point son ami était stressé, et malgré les matchs déjà jouer l'année précédente, il perdait littéralement confiance en ses capacités, ce qui n'était pas le cas de cet idiot de Cormac qui se pavanait comme un coq devant un groupe de filles qui semblaient gloussées - du moins était-ce ce qu'Hermione croyait voir.

Ron fut le premier à passer, et Ginny fut alors chargée de percer sa défense en lançant le souaffle dans les cages placées derrière lui. Hermione craignit que le rouquin ne parvienne pas à se concentrer, pourtant le premier tir fut contré avec une aisance qui l'étonna et la rassura. Car si Ron, malgré son stress, parvenait à empêcher les cinq tirs de sa sœur, cela voulait dire qu'il avait une chance de battre Cormac.

Même si c'était dû au Felix Felicis.

―Bravo, Ron ! hurla Lavande lorsque le dernier tir fut arrêté. Tu es le meilleur !

McLaggen se positionna à l'opposé, et ce fut à son tour de prouver qu'il méritait lui aussi le poste de gardien. Et avant que Ginny ne lance son premier souaffle, Hermione vit le garçon se tournait vers elle et lui offrir un clin d'œil qu'elle fit mine de ne pas remarquer.

Et elle comprit pourquoi Ron était si inquiet face à lui lorsqu'il arrêta son quatrième but d'une manière spectaculaire, certainement digne d'un grand joueur de Quidditch professionnel. Et même si Harry préférait Ron, la manière de jouer de McLaggen serait sûrement un atout formidable pour son équipe.

Pourtant l'idée que ce crétin de Cormac prenne la place de Ron, indigna fortement Hermione, qui après s'être assurée que personne ne faisait attention à elle, sortit sa baguette magique de sa poche et la dirigea discrètement vers le blond, à l'instant où la main de Ginny lâchait la balle.

―Confundus.

Dirigé par une attraction magique, Cormac s'écarta de sa place d'origine pour venir se positionner à l'exact opposé du souaffle qui entra parfaitement dans une des cages rondes.

Quelques instants plus tard, en croisant le regard indigné du garçon lorsqu'elle rejoignit ses amis sur l'herbe, elle ne put s'empêcher de sourire avec satisfaction.

En pensant que Fred aurait été fier d'elle sur ce coup-là.

[...]

La bibliothèque était calme en ce début d'après-midi, avec pour seules présences, celle de Mrs Pince, Hermione et Neville, installés bien à l'écart de la bibliothécaire et de ses regards perçants. De son ouïe si fine qu'elle portait à débat. De son regard d'aigle qui mettait mal à l'aise n'importe qui. De ses répliques cinglantes envers quiconque osait rompre le silence religieux de la pièce.

Seul le grattement des plumes sur le parchemin venait perturber la quiétude environnante, et ce bruit si délicat avait le pouvoir extraordinaire de détendre Hermione, de l'aider à mieux se concentrer sur son devoir des métamorphose, à mieux discipliner les paragraphes qu'elle écrivait furieusement sur son papier, ayant depuis longtemps dépassé les trente centimètres demandés par le professeur McGonagall.

Assis face à elle, Neville semblait tout aussi concentré, étudiant les dernières nouveautés de la matière si fascinante qu'était la Botanique. Ses yeux parcouraient avidement les revues que sa grand-mère lui avait fait parvenir dans le courrier du matin, et un petit sourire ornait ses lèvres à chaque innovation décrite dans l'article. Et c'était bien la première fois qu'elle le voyait si détendu, si heureux. Si... lui-même. Bien loin de l'adolescent timide qu'il était ordinairement, et ce, même en présence de ses plus proches amis. Et cette nouvelle facette de Neville lui plaisait beaucoup.

―Qu'est-ce que tu lis ? demanda-t-elle après avoir écrit le point final de son devoir.

―Des revues sur la botanique, expliqua-t-il timidement. C'est ma grand-mère qui me les a envoyé.

―Oh ! Et c'est bien ?

―Oui, sourit-il avec une lueur dans les yeux. Enfin, pour quelqu'un qui aime ça, oui.

―Et ta grand-mère n'a rien dit quand tu lui as demandé de t'envoyer tout ça ?

Hermione savait, par le biais de Harry et Ron, que la grand-mère de Neville espérait un jour le voir suivre les traces de son père et intégrait le bureau des Aurors, pour redorer le blason de leur famille, mais ce n'était absolument pas l'ambition du garçon qui se voyait travailler dans la botanique, comme ne cesser de lui répéter le professeur Chourave. Et depuis ce qu'il s'était passé au Ministère, Augusta Londubat n'avait de cesse de clamer haut et fort que son petit-fils deviendrait un excellent Auror, sans savoir cependant que ne serait pas le cas.

―Elle pense que c'est juste une distraction, avoua Neville avec une grimace.

―Et tu comptes lui dire que tu ne veux pas être Auror ?

―Pas tout de suite, répondit-il après quelques instants de réflexion. J'ai encore le temps. Et puis qui sait, peut-être que je me découvrirai bientôt une passion pour ce métier très bientôt...

Hermione lui sourit doucement, avant de baisser la tête sur le parchemin si noirci d'encre, prête à se remettre au travail, pourtant les propos de son ami ne cessaient de tourner en boucle dans sa tête, la ramenant quelques mois en arrière, le jour où elle avait passé son entretien d'orientation avec sa directrice de maison, qui l'avait aidé à découvrir les trois branches pour lesquelles elle était faite.

Elle n'y avait pas repensé depuis, n'en ayant pas vraiment eu l'occasion entre le départ de Fred, l'attaque du Ministère et la mort de Sirius, mais maintenant que le décompte des mois avant les examens finaux revenait sur toutes les lèvres, elle commençait à se dire qu'il lui fallait songer un peu plus à son avenir. Car la décision qu'elle aurait à prendre allait avoir un impact conséquent sur sa vie d'adulte, et certes, il était possible de changer de voie en cours de carrière, mais Hermione ne se voyait pas agir ainsi, préférant la stabilité à l'incertitude.

Le teste d'aptitudes qu'elle avait passé l'orientait dans trois domaines plus différents les uns que les autres. Le premier résultat avait été la médecine, une carrière noble et très utile, surtout en période comme celle qu'ils vivaient actuellement. Mais Hermione n'était pas certaine que ce choix soit le plus judicieux pour elle. Certes, elle aimait le dynamise qui régissait l'hôpital de Ste Mangouste, l'action constante, et l'aide apportée à une tierce personne, mais le contact n'était pas son point fort.

La justice, ensuite. A l'exact opposé de la médecine. Rédiger des lois, les faire appliquer, punir des actes commis avec méchanceté et sans motifs valables, l'intéressait tout autant, mais rester de nombreuses heures assises à son bureau ne l'enchantait guère. Car la mort de ses parents lui avait appris une chose primordiale : il fallait profiter de la vie, aussi courte soit-elle, et ne rater aucun instant.

Et pour finir, il y avait l'enseignement. Suivre les traces de ses professeurs, peut-être un jour devenir leur collègue lui faisait plus envie que tout le reste. Transmettre son savoir à des enfants, les aider à comprendre le monde et à l'appréhender à leur façon. Leur faire découvrir toutes les facettes merveilleuses de la magie, ainsi que les mauvaises, tout ça l'attirait considérablement.

C'était une décision très difficile à prendre, et par chance, il lui restait encore quelques temps avant de faire prendre à sa vie un tournant sans retour possible. Du moins, était-ce ce qu'elle croyait...

***

Je m'excuse du retard que j'ai pris dans la publication... Le prochain chapitre sera posté dans la foulée. <3