[CHAPITRE 17] L'ultime combat.
à écouter sur la chanson Sleeping At Last - Everywhere I Go : #=_=
« Tu étais là. Parmi tous ces élèves, tu étais là. Et tu brillais si fort, si intensément, que je n'ai pu que tomber amoureuse. Alors, quoi qu'il se passe demain. Quelle que ce soit l'issue du combat, sache que ma vie n'aurait pas pû être plus belle sans toi. Tu as été mon tout, mon univers, mon premier amour. Tu es mon âme-sœur. Tu es ma moitié, la moitié de mon cœur. Tu es ma vie. Et quoi qu'il se passe, nous vivrons toujours l'un à travers l'autre.
Car c'est ça l'amour. Le pur et véritable amour.
A jamais tienne,
Hermione »
―Drago ?
Ron se tourna vers elle et lui jeta un regard indécis.
―Pardon ? demanda-t-il.
Hermione ne lui accorda qu'un petit regard avant de se tourner vers l'endroit où elle venait d'entrevoir le blond. Mais celui-ci avait disparu. Hors, elle jurerait qu'elle venait de le voir.
―Hermione ? l'appela Ron.
La jeune femme l'ignora et fit quelques pas en direction de la colonne. Drago ne s'y trouvait plus, mais elle remarqua un morceau d'éclat de verre. Le reflet de son visage qu'elle y vit l'effraya et elle releva la tête, repérant un nouveau morceau, une dizaine de mètres plus loin.
Elle était en train d'aller dans cette direction lorsque la main de Ron s'enroula autour de son bras, l'obligeant à lui faire face.
―Hermione, ça va ?
―Tu ne l'as pas vu ? demanda-t-elle en jetant un regard par dessus son épaule. A Drago ?
―Malefoy ?! répéta Ron. Non, non, pas du tout...
―Il faut que je le trouve, s'exclama-t-elle en se dégageant. Je reviens !
―Attends ! fit-il.
Mais la jeune femme disparaissait déjà à l'angle du couloir et il n'eut pas la force de la rattraper.
Peut-être aurait-il dû...
―Drago ? répéta-t-elle après avoir trouver un troisième morceau de verre. Drago, je t'en prie...
Elle ne le vit pas sortir de l'ombre.
Elle ne vit pas non plus l'éclat de folie dans son regard.
Elle ne vit pas la lueur des rayons de la lune sur le manche incrusté de diamants.
Elle ne vit pas le rictus sur les lèvres de Lucius Malefoy alors qu'il plantait le poignard profondément dans sa poitrine.
La douleur survint une seconde plus tard, déferlant en elle avec la puissance d'une vague s'écrasant contre des rochers.
Son corps se mit à trembler, sa vue se brouilla et elle se sentit tomber en arrière, encore et encore, et encore...
―Pour m'avoir pris ce que j'avais de plus cher au monde, siffla Malefoy. Pour m'avoir privé de l'amour de...
―HERMIONE !
Malefoy se redressa et un courant d'air froid balaya son visage.
―Hermione !
[...]
quelques minutes auparavant...
Le cœur étrangement serré, Fred observa Hermione et Ron quitter la Grande Salle, accompagnés des gémissements de douleur des sorciers encore vivants.
―Tu crois qu'ils vont le trouver à temps ? souffla Ginny, assise à ses côtés sur un banc. Merlin, il faut...
Elle s'interrompit brusquement. Le jeune homme tourna la tête vers elle et remarqua son regard brillant, les larmes prêtes à couler au coin de ses paupières. Cette vision de sa petite-sœur, qui avait toujours fait attention de montrer l'image d'une jeune adolescente forte et invincible, lui brisa le cœur, et sans répondre, il entrelaça délicatement ses doigts aux siens.
―Merci, renifla-t-elle.
Ils restèrent silencieux durant quelques secondes et le regard de Fred dévia de nouveau en direction de la sortie, avec l'espoir un peu fou d'y voir apparaître le trio. De voir Hermione, franchir le seuil de la pièce, le sourire qu'il aimait tant au coin des lèvres. De croiser son regard, dans lequel il n'y verrait que de la joie et non pas cette lassitude qu'elle traînait avec elle depuis ce matin où ils s'étaient de nouveau séparés, dans la cuisine de la Chaumière aux Coquillages. Il voulait retrouver la fille qu'il aimait, celle qui faisait pétiller sa vie comme personne ne l'avait fait jusque maintenant.
Mais les minutes s'écoulèrent et aucun des trois ne refit son apparition. Sans même la voir, Fred perçut l'agitation et l'inquiétude qui envahirent sa petite-sœur, qui se mit à gesticuler nerveusement près de lui. George les rejoignit et le questionna silencieusement du regard, mais son jumeau se contenta de secouer négativement la tête, tout un lâchant un profond soupir de dépit.
Son cœur se serra davantage à l'idée qu'il ait pu leur arriver quoi que ce soit. Qu'Hermione ait été blessée.
―Malefoy ! s'écria soudainement Ginny en se redressant d'un bond. Vous l'avez vu ?
Elle se tourna si vivement vers eux que George sursauta.
―Malefoy ? répéta Fred. Qu'est-ce qu'il ferait ici ? Je croyais que l'Ordre l'avait aidé à se cacher avec sa mère...
―Pas lui, contredit sa sœur. Lucius Malefoy !
Hermione, où es-tu ? songea-t-il aussitôt en s'élançant à travers la pièce.
Il perçut le cri de son frère qui lui demandait de rester, mais Fred continua sa route et s'empressa de rejoindre le Hall d'entrée. Il perçut des bruits de course dans son dos et ne fut guère surpris en voyant Ginny et George.
―Par où est-il parti ? questionna aussitôt Fred.
―Par là.
D'un geste de la main, Ginny indiqua le couloir qui menait aux escaliers. Sans attendre, ils suivirent cette direction.
Le silence les enveloppa d'un seul coup, et Fred ne put réprimé un frisson d'horreur en levant son regard vers la centaine d'escaliers qui se trouvait au-dessus de leurs têtes. Hermione et ses amis étaient là, quelque part, sans avoir conscience du danger qui approchait. Sans savoir que Lucius Malefoy se trouvait également ici.
Et pour quelle autre raison, si ce n'est pour se venger de ceux qui avaient détruits sa vie ?
―Séparons-nous, fit George. Il faut couvrir le maximum de surface pour le trouver avant qu'ils ne les trouvent...
Fred ne fut guère surpris en comprenant que son jumeau était parvenu à la même conclusion que lui.
―Je prends les tours et vous les autres étages, lâcha-t-il.
―Sois prudent, fit Ginny.
―Vous aussi.
Il échangea un rapide regard avec George avant de se mettre en route, la poitrine si serrée qu'il avait l'impression d'être en train de suffoquer.
Merlin, faites qu'elle aille bien... pria-t-il.
Cette partie du château semblait complètement hors du temps, bien loin de la bataille qui avait fait rage peu de temps auparavant. On avait déplacé les corps des morts, seules subsistant des traces de sang sur les murs et les dalles du sol. Une odeur nauséabonde flottait dans l'air, remuant ses entrailles. Et ce silence... si effrayant, si déroutant...
Ron apparut brusquement au détour d'un couloir et Fred manqua de se cogner contre lui. Son cœur s'emballa aussitôt lorsqu'il nota l'absence de Hermione à ses côtés.
―Hermione n'est pas avec toi ? s'exclama-t-il.
―Non, souffla Ron en secouant la tête. Pourquoi ?!
Fred ne prit même pas la peine de répondre et se mit à courir vers la direction d'où venait son frère.
Son cœur battait atrocement vitre contre ses côtes.
La peur lui nouait le ventre.
La terreur paralysait ses sens.
Des images plus affreuses les unes que les autres défilaient dans son esprit.
Non.
Non.
Non.
Hermione ne pouvait pas mourir. Non, c'était impossible.
Il se refusait de croire à une telle chose.
Il s'y refusait.
Il...
Il les trouva au détour d'un couloir.
―Hermione ! hurla-t-il à l'instant où Malefoy plantait le couteau profondément dans sa poitrine.
[...]
La lame du poignard brille sous l'assaut des rayons de lune qui passent à travers les alcôves du couloir. Elle s'illumine malgré le sang qui constelle chaque diamant, chaque pierre précieuse. Je ne sais pas comment je fais pour remarquer ce détail, mais il envahit mes pensées avec la force d'un boulet de canon.
Mon cerveau capte d'autres détails, mais je suis incapable de détacher mon regard de Hermione. De Hermione qui se tient debout, immobile, les yeux exorbités, le poignard à la main. De Hermione, couverte d'ecchymoses, si pâle sous l'astre lunaire. De Hermione que je n'ai pas vu depuis un petit moment.
De Hermione que j'aime plus que je n'ai jamais aimé personne.
Je ne sais pas comment, mais lorsque je la vois chavirer en arrière, mon corps se met à courir et je la rattrape in-extremis, avant que son corps à elle ne vienne percuter les dalles de marbre qui jonchent le sol. Elle s'écroule dans mes bras et le choc expédie un filet de sang à travers ses lèvres sèches. Je la serre contre moi de toutes mes forces et plonge mon regard dans le sien.
L'amour que j'y lis est vite remplacé par la douleur. Une douleur atroce que je ne peux pas retirer de chaque parcelle de son être.
—Fred... murmure-t-elle.
Sa voix est si faible que j'ai du mal à l'entendre en dépit du silence effrayant qui règne autour de nous. Le silence ne m'a jamais parut plus suffocant qu'en cet instant.
—J'ai si mal...
—Tiens bon, dis-je en me relevant.
Mais un gémissement lui échappe et je me rends compte qu'elle est incapable de faire le moindre mouvement. Le bas de son corps semble paralysé, ses jambes sont parfaitement immobiles alors que son torse est parcourut de tremblements incontrôlables. Ou bien est-ce moi qui tremble ?
—Ne pleure pas... sourit-elle.
Sa main se pose sur ma joue avec la douceur d'une plume et alors seulement à cet instant, je me rends compte que je pleure. Je pleure parce que je crois que je sais ce qu'il va se passer. Je crois que je le sais, mais je ne suis pas prêt à admettre la vérité. Je le sais, mais je refuse d'y croire. De baisser les bras, de perdre espoir maintenant alors que la lumière se dessine doucement au bout du chemin.
—Non...
Ma voix se brise et un sanglot obstrue ma gorge. Je voudrais me montrer fort devant elle, lui dire que tout ira bien, sauf que j'en suis incapable. Mon cœur cogne douloureusement dans ma poitrine. L'étau dans ma poitrine se resserre de seconde en seconde.
—Tout va bien, reprend-elle.
Je voudrais lui demander de ne pas mentir, de ne rien dire même, mais le son de sa voix s'échappe déjà de mes souvenirs. Mes bras se resserrent autour de son corps et son visage, de plus en plus pâle, se colore de noir lorsque le poison qui coule à l'intérieur d'elle se répand dans ses veines. Sa beauté est dévastée par la magie noire qui la ronge.
—Je... je t'...
—Chut, dis-je en posant un doigt sur ses lèvres ensanglantées. Ne dis rien. Ne dis pas ça comme si tu me disais au revoir.
C'en est un, je le lis dans ses yeux, mais je ne suis pas prêt à l'admettre. Je ne serais jamais prêt.
—Fred...
Elle tremble, plus fort que les fois précédentes, et une marre de sang recouvre complètement son pull. Du mieux que je peux, j'essaie d'endiguer l'hémorragie, mais mes tentatives sont toutes vouées à l'échec et le sang continue de couler. De sa bouche. De son nez. De ses oreilles. De ses yeux.
—Tiens bon, je répète avec hargne. Reste avec moi, Hermione !
Elle tente de me sourire, de m'offrir ce que j'aime le plus chez elle, mais ses traits se tordent en une grimace qui dévoile toute sa douleur. Il me semble que son corps devient de plus en plus froid, alors je la colle encore plus à moi. L'air qui s'échappe de mes lèvres chatouille son cou et elle lâche un petit rire cristallin.
Le dernier.
—On se reverra, dit-elle. On se reverra.
—Ne dis pas ça, fis-je en secouant la tête. Quelqu'un va venir nous trouver et on va te soigner. HE ! ON EST LA ! ON A BESOIN D'AIDE !
Mais mon appel au secours restera à jamais sans réponse...
—Ça ne pouvait pas être mieux, ajoute-t-elle.
Je baisse mon regard et constate avec effroi que ses paupières se sont fermées.
—Non... non... NON ! Hermione ! Hermione, je t'en prie, ouvre les yeux !
—C'est bien... chuchote-t-elle. Je ne pouvais pas rêver de... de... meilleure façon pour partir... pour retrouver mes parents...
—Hermione... je sanglote.
—C'est parfait, continue-t-elle et j'ai du mal à percevoir ses mots à travers mes pleurs qui résonnent bruyamment autour de nous. Tu es là, alors c'est parfait... Il y a encore tant de choses... que j'aurais voulu te dire, Fred... oui, tant...
—Tais-toi !
—Tant de choses que j'aurais voulu... que... que nous fassions. Mais il faudra... les... les vivre... sans moi...
—Hermione...
—Je compte sur toi pour... pour... pour mener la plus belle existence qui puisse être. Je compte sur toi pour profiter... de... de chaque instant. Je compte sur toi pour aimer et être aimer en retour. Je compte...
Elle s'interrompt brusquement et je crains qu'elle ne soit partie pour toujours, mais au bout de quelques secondes qui me paraissent durer des heures, ses paupières se soulèvent en un horrible bruit de succion. Des larmes rouges s'en échappent et un voile noir recouvre sa pupille.
—Si tu savais combien j'ai été heureuse de vivre ces deux années à tes côtés, Fred Weasley.
Je voudrais qu'elle continue de parler. Je voudrais l'entendre me dire combien elle m'aime. Combien elle est heureuse d'avoir vécue cette vie-là, malgré les obstacles placés sur son chemin. Je voudrais qu'elle me parle, encore et encore. Qu'elle me raconte ses plus beaux souvenirs d'enfances et ceux qu'elle a vécu ici. Je voudrais qu'elle me dise tout et n'importe quoi, juste pour continuer d'entendre sa voix. Je voudrais qu'on se retrouve à Tintagel. Je voudrais revenir en arrière, à cette nuit fabuleuse. Je voudrais revivre notre rencontre, notre premier baiser. Je voudrais revoir son premier sourire. Son premier rire. Notre premier je t'aime. Je voudrais être capable d'effacer les disputes, les craintes et les silences. Je voudrais tout remplacer par le bonheur, l'amour et sa chaleur. Je voudrais voir notre futur. Ensemble. Heureux. Vieux et toujours aussi amoureux.
Je voudrais, oui.
Mais sa voix se brise peu à peu. Son souffle devient chaotique. Sa poitrine se soulève de plus en plus difficilement. Ses paupières se ferment définitivement. Son visage perd cet éclat si lumineux.
Il me semble qu'une éternité s'est écoulée lorsqu'on finit par nous retrouver. C'est George qui arrive en premier et son visage est déjà baigné de larmes. Ginny le suit de près et pousse un hurlement déchirant en apercevant Hermione, que je suis incapable de lâcher. Je voudrais la garder près de moi éternellement.
Je voudrais, oui.
Et je voudrais aussi que le faiblement battement de son cœur que je perçois ne s'arrête jamais.
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Mon dieu, comme j'appréhendais de poster ce chapitre ! J'espère que vous l'aurez apprécié... en dépit de la triste fin qu'il annonce. Car oui, vous l'aurez compris, ce n'est pas Fred qui risque de mourir au bout du compte... vous étiez nombreuses à vous en doutez, et ça n'a pas été facile de garder le secret.
J'espère en tout cas que vous ne serez pas déçus par cette fin.
On se retrouve donc mercredi (même si j'aimerai vraiment tout poster d'un coup) pour l'ultime chapitre et l'épilogue final. En prime, un petit bonus pour conclure cette histoire sur une note moins triste.
N'hésitez pas à me donner vos impressions sur ce chapitre et c'est le cœur serré que je pense au peu de temps qu'il reste avant de fermer définitivement cette page de ma vie.
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