[CHAPITRE 11] La méthode Slughorn.
Hermione,
Je sais que cela va faire pratiquement une semaine que je ne t'ai pas donné de mes nouvelles, mais il faut au moins admettre que ta demande m'a surpris. Elle m'a surpris bien plus que je ne l'aurais imaginé.
Et après, j'ai ressenti de la colère. Une forte et incompréhensible colère et je me suis demandé si tu tenais si peu que ça à ta vie. Te souviens-tu de la promesse que tu m'as faite, ce jour-là, avant de monter dans le train ? Tu as promis de faire attention, de ne rien faire de stupide. Tu as promis, et pourtant j'ai l'impression que cette promesse n'a aucune valeur à tes yeux.
Je ne te demande pas de me répondre, car je suis certain que tu ne le feras pas. Mais pense à tout ça. Demande-toi si ça vaut vraiment la peine de t'attirer des ennuis pour un être aussi abjecte que Malefoy.
On se revoit bientôt,
Fred.
L'envie de pleurer est si brusque que je ne réalise pas vraiment que mon visage est constellé de larmes salées.
A l'instant où Hedwige s'envole dans le ciel, il regrette d'avoir écrit ces mots.
Ginny relève un regard désolé vers moi, que je ne perçois même pas. Je sens juste une boule se former dans ma gorge, et je réalise alors que j'ai commis une erreur en m'adressant à toi.
A-t-il fait le bon choix de lui répondre ? Et comment va-t-elle réagir en lisant les mots durs qu'il a écrit ?
" Tu as promis, et pourtant j'ai l'impression que cette promesse n'a aucune valeur à tes yeux. " Non ! Non ! C'est faux !
Il s'en veut d'avoir été si méchant, mais maintenant qu'il est loin de Poudlard, il ne peut plus la protéger comme avant. Il ne peut être à ses côtés si quelqu'un tente de lui faire du mal.
Avais-je seulement imaginé la force de ta colère ? Jamais il n'a été question de mettre ma vie en danger, seulement de protéger celles des autres.
Tu es le pire des idiots, Fred Weasley !
Il va se calmer, me réconforte Ginny. Mon frère n'est pas rancunier pour un sous.
George a raison. Il est tellement con. Car au fond, sa réponse n'a fait qu'envenimer les choses, il le sent. Foutue guerre de merde !
[...]
Debout devant son miroir, Hermione observait d'un œil sceptique la robe que Ginny lui avait conseillé de mettre pour la soirée qui l'attendait. D'un léger rose pâle, elle descendait jusqu'à ses genoux, au grès de quelques couches de tissus qui virevoltaient au moindre de ses mouvements. Le décolleté, visible mais quand même assez discret, mettait parfaitement sa poitrine en valeur, et le collier de nacre accrochait à son cou embellissait le tout, sous le regard satisfait de la rouquine.
—Tu es magnifique ! s'enthousiasma Ginny en frappant dans ses mains.
Hermione rougit sous les compliments de son amie et observa une dernière fois son reflet dans le miroir avant de laisser la place à la rouquine, qui avait encore ses cheveux à coiffer avant de se rendre aux cachots, pour rejoindre la soirée de Noël organisée par le professeur Slughorn.
—Est-ce que tu as dis aux garçons qui venait avec toi ?
La Préfète, entrain de lire un livre pour faire passer le temps, sursauta lorsque la voix de son amie résonna à nouveau, après quelques minutes de silence qu'elle comptait mettre à profit pour canaliser l'angoisse qu'elle sentait monter en elle à mesure que l'heure de partir approchait. En croisant le regard de la rouquine à travers le miroir, elle sentit son visage s'embraser et une moue inquiète défigura ses traits, arrachant un léger rire à son amie.
—J'en connais deux qui vont faire la tête... ah non ! trois !
—Très drôle, marmonna Hermione en sentant son rythme cardiaque augmentait.
Elle détourna aussitôt les yeux pour que Ginny ne puisse pas voir les larmes prêtes à couler et qu'elle retenait avec difficulté depuis deux jours maintenant. Depuis qu'elle avait reçue cette fichue lettre qui avait jeté un terrible froid entre elle et Fred, dont elle n'avait pas eu la moindre nouvelle depuis. Elle avait plusieurs fois tenté de le contacter par le biais des miroirs à double-sens, mais seul son reflet lui avait fait face, durant ces longues minutes à attendre le moindre signe du rouquin.
Pourquoi fallait-il que la guerre se manifeste précisément à cette période ? Pourquoi fallait-il que les choses prennent une tournure qu'elle ne parvenait plus à contrôler ? Pourquoi fallait-il que Drago Malefoy montre un intérêt nouveau pour sa personne, au point de lui faire oublier ses priorités et son sens du devoir envers les professeurs et gardiens du château ? Pourquoi fallait-il que Fred Weasley soit entré dans sa vie avec la force et l'importance d'une comète ?
Ces questions n'avaient de cesse de la tirailler depuis qu'elle avait envoyé la lettre qui avait visiblement changé la donne entre elle et Fred. D'une façon dont elle n'aurait jamais pensé, au vu de tous ces mois de bonheur dont ils avaient joui. D'une façon qu'elle pensait ne jamais pouvoir les atteindre, au vu de la symbiose qui unissait leur couple. Pourtant, la guerre, de plus en plus imminente à mesure que les jours s'écoulaient, assombrissait leurs esprits, leurs cœurs, leur avenir. Déliait des amitiés, en forgeait de nouvelles.
Ses griffes si acérées avaient une telle emprise sur chacun, qu'Hermione ne pouvait s'empêcher de voir sans cesse le mauvais côté des choses. De perdre l'espoir qui caractérisait son cœur, de craindre pour ses amis. De craindre pour la famille Weasley. Pour Fred. Et cette crainte constante l'étouffait, l'amenait à faire des choix parfois mauvais, parfois néfastes pour elle et autrui. Mais comment s'en rendre compte, quand on avait l'impression qu'une force obscure était entrain de tirer les ficelles de notre vie ? Cette impression, tenace, était presqu'aussi suffocante que sa crainte de perdre un être cher. Elle s'était confiée à Ginny sur le sujet, mais son amie n'était pas parvenue à faire décroître son angoisse.
Et voir le mauvais côté des choses semblait communicatif, d'après le silence et l'ignorance dont Fred faisait preuve à son égard. Mais comment faire comprendre à l'autre les raisons de ses agissements ? Comme lui expliquer qu'elle ne faisait uniquement ça dans l'idée de protéger les âmes innocentes qui peuplaient le château ? Comment pouvait-il lui faire comprendre que seule sa vie avait de l'importance à ses yeux ? L'éloignement était une fois de plus entrain de creuser un fossé entre eux, mais ils étaient bien trop enlisés dans leurs propres problèmes pour s'en apercevoir. Fallait-il seulement espérer qu'ils le fassent à temps...
—Je suis prête ! annonça Ginny au bout de quelques minutes, tirant Hermione de ses sombres pensées. Allons-y, avant de faire attendre nos cavaliers trop longtemps.
En pensant au garçon qui l'attendait au bas des escaliers, la Préfète réalisa alors pour la première fois l'erreur qu'elle venait de commettre en acceptant son invitation. A ses yeux, il ne serait qu'un ami qui avait eu la bonté de venir avec elle, mais qu'en serait-il réellement de son côté ? Hermione connaissait bien les pensées de son cavalier à son égard, ayant peu à peu finit par ouvrir les yeux sur son comportement en sa présence, et elle craignait d'être le sujet des discussions du lendemain. Que dirait-on lorsqu'on apprendrait qu'elle s'était rendue à cette soirée au bras de Cormac McLaggen, séducteur de ses dames ?
Soudainement plus inquiète, elle laissa la rouquine descendre en première et attendit une minute entière avant de l'imiter, essayant de se souvenir des techniques de relaxation que sa mère avait tenté de lui apprendre, l'année de sa quatrième année, après avoir reçu une invitation de Viktor Krum pour le bal de Noël. Elle prit plusieurs grandes inspirations avant de poser le pied sur la première marche des escaliers, ne percevant même pas l'agitation qui régnait dans la salle commune, bien trop focalisée sur sa descente, rendue périlleuse par les petits talons qu'elle était contrainte de porter.
Il y eut un léger silence lorsqu'elle pénétra dans la pièce, regard fixé au sol, dans l'espoir de ne pas rougir, si bien qu'elle vit sans peine les chaussures brillantes de son partenaire apparaître devant elle, et cette fois, ne pouvant plus reculer, elle releva la tête et croisa le regard pétillant de McLaggen, et elle se sentit rougir violemment lorsqu'il s'inclina pour lui faire un baisemain.
—Tu es radieuse, Hermione, sourit-il avec charme.
—Merci, Cormac, souffla-t-elle en rougissant de plus belle.
Le doux visage de Fred se dessina un instant devant elle et elle comprit qu'elle aurait milles fois préférée se rendre avec lui à cette soirée plutôt qu'avec Cormac, aussi gentil et attentionné puisse-t-il être pendant quelques heures. En dépit de son silence, en dépit de sa colère, en dépit de la bêtise qu'elle avait pût commettre, elle aurait voulu l'avoir près d'elle en cet instant. Elle aurait voulu rire à ses côtés, danser à son braser, dîner avec lui, entourés par tous ces étudiants bénéficiant de l'attention de Slughorn. Elle aurait voulu que ce soit lui qui la complimente sur sa tenue, elle aurait voulu que ce soit lui qui lui adresse ce sourire enjôleur. Elle aurait voulu l'embrasser, l'entendre dire qu'il l'aimait et qu'elle était la plus belle.
Oui, elle aurait voulu.
Sept jours, pensa-t-elle. Sept jours et nous serons réunis. Pour le meilleur ou pour le pire.
—On y va ? proposa Cormac.
Hermione acquiesça et glissa doucement son bras autour du sien. En pensant près des canapés, elle remarqua Ron, assis près de Lavande et à en juger par l'étonnement qu'elle lut sur ses traits, il paraissait plus que surpris par son choix de partenaire. Surprise qui fut vite remplacée par de la colère lorsque McLaggen se retourna à demi vers le rouquin pour lui offrir un sourire triomphant qu'elle ne remarqua pas.
—Ce n'est pas trop tôt ! s'écria Ginny qui patientait en dehors de la tour des lions, en compagnie de Dean qui complimenta sa camarade à son tour. Allez, on y va !
[...]
La salle n'avait absolument plus rien à voir avec celle qu'Hermione et ses amis avaient l'habitude de voir en se rendant aux réunions du club de Slug. Pour l'occasion, les tentures vertes, les bibelots et les cadres aux murs avaient été enlevés, pour être remplacés par des voiles plus claires, dans les tons jaunes et verts clairs. Des lampions rouges pendaient du plafond, contenant tous une bougie qui avait la capacité magique de ne pas s'éteindre.
Des branches de gui avaient été disposées un peu partout dans la pièce, et Hermione espéra que Cormac ne les ait pas remarqué. Des tables rondes, assez petites, étaient positionnées dans la seconde pièce, celle de l'autre côté de la voûte avec les mots en runes. Quelques élèves y étaient accoudés, dégustant des canapés par dizaine, offerts par des serveurs en costume blanc impeccable.
Le professeur Slughorn, debout près de l'entrée, un verre d'hydromel à la main, leur sourit grandement lorsqu'ils arrivèrent tous les quatre, et leur fit la conversation pendant quelques minutes avant d'être interpeller par un autre homme de petite taille.
—Photos ! s'écria une voix aiguë. Une photo de groupe, les jeunes ?
Hermione sursauta en posant son regard sur un sorcier au chapeau si pointu qu'il semblait pouvoir vous transpercer le doigt. Ses lunettes rondes, aussi grosses qu'un Scrutuscope, faisaient office de loupe et grossissaient ses yeux bleus d'une façon assez effrayante. Sa barbe, longue et ronde, lui chatouillait le haut de l'estomac. Un appareil photo, retenu par des lanières, pendait à son cou et sans attendre la moindre approbation de leur part, il les plaça face au mur.
—Souriez ! reprit-il. Vous êtes jeune, la vie est belle et l'amour est à votre portée ! Allez, Miss, un petit sourire !
La Préfète se retint de lui jeter un regard noir et se colla un peu plus à Ginny, dans l'espoir que ça tiendrait éloigné la main baladeuse de Cormac qu'elle sentait glissée dans son dos un peu plus à chaque contact et tenta de sourire au photographe. Le flash blanc de l'appareil l'aveugla quelques secondes, avant que le rire de sa meilleure amie ne la ramène à la réalité.
—Merci ! s'exclama vivement Ginny en récupérant le cliché. Ne t'en fais pas, ajouta-t-elle plus bas pour que seule Hermione puisse entendre, je supprimerai ce crétin de McLaggen.
Après un dernier regard complice, la rouquine suivit son cavalier sur la piste de danse aménagée dans un coin, où quelques élèves se dandinaient au son d'une musique envoutante. Hermione elle, se retrouva contrainte de suivre Cormac vers la table où se trouvait le professeur Slughorn, de nouveau accompagné par un autre sorcier, à l'allure bien plus hautaine que le précédent. Il leur jeta à peine un regard avant de retourner au bar qu'elle n'avait pas vu au premier abord. Son regard rencontra alors celui de Neville, affublé d'un costume de serveur. Il lui offrit un timide sourire avant de se fondre dans la foule.
—Ah ! fit le professeur des potions en les apercevant. J'espère que vous profitez de la soirée comme il se doit. J'aurais quelques personnes à vous faire rencontrer plus tard, Monsieur McLaggen. En attendant, je vous laisse profiter de votre charmante cavalière.
—J'y compte bien, sourit Cormac.
Hermione passa l'heure suivante à éviter toutes les branches de gui que le garçon avait finalement remarqué après leur courte discussion avec le directeur de Serpentard. Il semblait prendre un malin plaisir à lui faire faire des choses qu'elle ne souhaitait absolument pas faire, et si la première fois, elle ne réagit qu'à la dernière seconde, à l'instant où les lèvres du Gryffondor allaient entré en contact avec les siennes, l'attention de la Préfète s'était à présent décuplée, et elle ne prêtait plus attention à l'agitation environnante. Elle ne revit ni Ginny ni Neville, bien trop occupée à essayer de faire faux bond à son partenaire.
—Tu comptes m'éviter comme ça toute la soirée, Hermione ? s'amusa Cormac après un nouveau refus de la part de la jeune fille.
—Oui, confirma-t-elle avec un regard déterminé. Et maintenant, si tu permets, j'aimerais me rendre aux toilettes... sans toi.
Il lui offrit un sourire carnassier, comme s'il comprenait qu'il ne s'agissait-là que d'une ruse pour lui échapper, mais il obtempéra néanmoins, promettant qu'il l'attendrait-là. Hermione ne perdit pas une seule seconde pour déguerpir, et une fois certaine qu'elle se trouvait hors du champ de vision de Cormac, elle se cacha derrière des rideaux verts, poussant un profond soupir de soulagement lorsqu'elle se retrouva enfin seule, sans la présence constante et étouffante du garçon à ses côtés.
—Merlin, que t'ais-je fais pour mériter un tel calvaire ? marmonna-t-elle en observant les convives à travers les rideaux.
Une ombre se dessina soudainement devant ses yeux, lui arrachant un cri de surprise qui se mua en un soupir de soulagement lorsqu'elle constata qu'il ne s'agissait que de son meilleur ami.
—Oh c'est toi ! fit-elle.
—Qu'est-ce que tu fais là, Hermione ? demanda Harry avec une expression de sincère surprise.
—J'essaie de me cacher de Cormac ! souffla-t-elle. Il n'arrête pas d'essayer de m'embrasser à chaque fois que nous passons sous du gui !
—Cormac ? répéta le brun. C'est lui, ton cavalier ? Ron le sait ?
—Oui, confirma-t-elle en rougissant. Il ne t'avait rien dit ?
—Non, réfuta Harry. Mais ça explique sa mauvaise humeur quand je suis parti.
Hermione grimaça et se remit à observer la foule. Quelques minutes étaient passées depuis son départ, et elle remarqua que McLaggen s'était mis à sa recherche, déambulant dans la pièce, questionnant les élèves, observant derrière les tentures pour tenter de l'apercevoir.
—Oh non, le revoilà ! gémit-elle en se cachant derrière son ami qui éclata franchement de rire face à son comportement enfantin.
Elle ne sut si le blond la vit ou non, pourtant, ce fut dans leur direction qu'il arriva et il jeta un regard sceptique à Harry, ne remarquant pas Hermione accroupie dans le dos de son meilleur ami, prête à déguerpir de là dès que l'attention de Cormac serait entièrement focalisé sur Harry. Et cette fois-ci, elle prendrait ses jambes à son cou pour retourner dans son dortoir. Hors de question de passer une minute de plus ici, à devoir subir les yeux doux de McLaggen qui avait définitivement gâché sa soirée.
—Potter, fit Cormac avec un rictus. Tu n'aurais pas vu Hermione ? Je la cherche depuis quelques minutes et elle est introuvable.
La Préfète pinça si fort le mollet de son ami qu'il sursauta, arrachant un froncement de sourcils au blond, qui par chance, ne songea pas à suivre le regard du Survivant, alors que celui-ci se baissait pour masser son membre endolori, tout en prenant bien soin de fusiller son ami du regard.
—Non, répondit-il néanmoins d'une voix courroucée. Tu as été faire un tour du côté des toilettes ?
—Vides, répliqua Cormac.
—Ah... tu as dû la manquer de peu, alors.
—Si elle m'a fait faux bond, je... commença sèchement McLaggen mais la voix cassante de Harry le coupa aussitôt dans son envolée.
—Tu quoi ? fit l'Elu.
—Rien, marmonna le blond en l'assassinant du regard.
Et il les quitta sur ces mots, d'une démarche si lourde qu'Hermione comprit qu'il était en colère. Certainement contre elle, de l'avoir abandonner, pour l'obliger à passer le reste de sa soirée sans cavalière. Et quelle mauvaise image cela faisait à un garçon aussi fier que McLaggen.
—C'est bon, tu peux sortir, grogna Harry.
Hermione se releva lentement, prenant bien le temps de s'assurer que Cormac n'avait soudainement pas fait demi-tour pour revenir dans leur direction et offrit de rapides remerciements à son ami, toujours aussi furieux du geste qu'elle avait eu à son égard, et sortit tout aussi vite de sa cachette, en marchant tête baissée vers la sortie. Fort heureusement, personne ne la vit, et elle ne remarqua pas non plus le garçon appuyé contre le battant entrouvert, occupé à espionner ce qu'il se passait dans les appartements du professeur de potions.
—Aïe ! s'exclama Hermione en sentant ses fesses percuter durement le sol en pierre. Non mais tu...
Le reste de sa phrase mourut au fond de sa gorge lorsqu'elle croisa le regard sombre de Drago Malefoy, en aussi mauvaise posture qu'elle, et l'espace d'un instant, le silence se fit dans le couloir, seulement rompu par les mélodies s'échappant de la porte derrière elle, et qu'elle ne percevait même pas. Non, seule cette colère au fond des prunelles de son ennemi avait de l'importance. Une colère qui ne lui était pourtant pas destinée, mais dont elle apprendrait l'origine que bien plus tard. Une colère qui animait chaque pore du garçon, le faisant trembler si fort qu'il lui fallut deux tentatives infructueuses pour parvenir à se remettre debout.
Hermione allait en faire de même de son côté, veillant à ce que sa robe ne dévoile pas trop le haut de ses jambes, lorsqu'une main pâle se dessina dans son champ de vision. Une main pâle qu'elle voyait pour la première fois de sa vie, mais dont elle aurait reconnu le propriétaire entre milles. Et malgré son appréhension, pensant être la source de haine de Malefoy, elle accepta son offre et il la remit rapidement sur pied.
—Merci, fit-elle froidement.
Malefoy n'eut pas le temps de lui répondre. L'ombre imposante de son directeur de maison se dessina entre eux, arrachant un sursaut de surprise à l'adolescente qui rougit violemment en croisant le regard dénué d'émotions du directeur de Serpentard. Il la regarda à peine avant de se tourner vers son élève, lui intimant d'un ton sans appel qu'ils devaient avoir une discussion tous les deux. Loin d'oreilles indiscrètes, précisa Rogue.
Hermione se retint de leur jeter un regard noir à tous les deux, en songeant que ces deux rencontres imprévues n'avaient fait que gâcher plus encore sa soirée, mais elle n'en fit rien. A la place, elle se contenta de remonter en direction de sa salle commune, mais elle eut à peine tourner au premier croisement que la voix de Rogue résonna à nouveau, avec bien plus d'amertume que précédemment. Et la réponse que Malefoy lui offrit l'intrigua fortement. Après avoir vérifié qu'elle était bien seule dans le couloir, elle se colla contre un mur et tendit l'oreille pour pouvoir suivre la suite de la discussion entre les deux Serpentard.
—... pouvez pas vous permettre de commettre des erreurs, parce que si vous êtes renvoyé... disait Rogue.
—Je n'avais rien à voir avec ça, d'accord ? s'exclama Drago.
—J'espère que vous dîtes la vérité, car c'était à la fois maladroit et idiot. On vous soupçonne déjà d'y être mêlé.
—Qui me soupçonne ? répliqua Malefoy avec froideur. Je vous répète que je n'y suis pour rien, d'accord ? Cette Katie Bell doit avoir un ennemi dont personne ne sait rien. Ne me regardez pas comme ça ! Je sais ce que vous êtes entrain de faire, je ne suis pas stupide ! Mais vous n'y arriverez pas, je vous en empêcherai.
Il y eut un silence avant que la voix de Rogue ne s'élève de nouveau :
—Je vois que Bellatrix vous a enseigné l'occlumancie. Qu'est-ce que vous essayez de cacher à votre maître, Malefoy ?
—Rien du tout ! s'offusqua le garçon. Je ne veux pas lui cacher quoi que ce soit, je veux juste que vous, vous restiez en dehors de ça !
—J'ai promis...
—Et bien, je m'en fiche pas mal ! contredit Drago. Alors, maintenant, laissez-moi mener ma mission à bien. Ou je l'en informerai.
La menace du blond sembla refroidir les ardeurs de Rogue puisqu'Hermione l'entendit partir dans un bruissement de cape, malgré les battements effrénés de son cœur qui semblaient résonnés dans tout le couloir. Elle trouvait même surprenant qu'aucun des deux hommes ait remarqué qu'elle était en train de les espionner, au vu du bruit que faisait son cœur.
De longues minutes passèrent, durant lesquelles elle ne parvint pas à esquisser le moindre mouvement pour s'éloigner d'ici, au risque de tomber sur Cormac ou même Malefoy. Son cerveau, dont les rouages tournaient à plein régime depuis le début de la conversation entre les deux serpents, essayait d'analyser tout ce qu'elle venait d'entendre. Essayant de donner un sens logique à ces phrases qui, pour le moment, n'avaient ni queue ni tête. Elle avait juste compris qu'il était question d'une mission et que Rogue avait promis quelque chose qui mettait Malefoy en colère. Mais à qui ? Et surtout quoi ? Comment obtenir des réponses sans dévoiler tout ce qu'elle venait d'entendre ?
Soudainement, ses yeux s'écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit pour former un O parfait. Toute couleur disparut de son visage, et tel un automate, elle fit demi-tour pour s'approcher de Malefoy qui n'avait pas bougé d'un pouce, fixant toujours avec colère l'endroit où s'était enfui son directeur. Il eut un sursaut en apercevant sa condisciple. Un film de sueur recouvrit son front lorsqu'il croisa son regard inexpressif. Lorsqu'il remarqua la blancheur de son visage.
—Granger ? l'appela-t-il.
Il dût s'y prendre plusieurs fois pour capter l'attention de la lionne, et lorsque celle-ci planta son regard dans le sien, un regard si sombre, si froid, si incompris, il sut que ses ennuis venaient de se décupler.
—Tu en es un... souffla-t-elle doucement mais sa voix résonna pourtant contre chaque pierre du couloir. Tu es un Mangemort.
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