[CHAPITRE 1] Soirée d'été.
Aujourd'hui est le plus beau jour de notre vie, car hier n'existe plus et demain ne se lèvera peut être jamais. Le passé nous étouffe dans les regrets et les remords, le futur nous berce d'illusions. Apprécions le soleil qui se lève, réjouissons-nous de le voir se coucher. Arrêtons de dire : " il est trop tôt " ou " il est trop tard " ; le bonheur est là : il est l'instant présent.
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Dans une maison biscornue du village de Loutry Ste-Chapsoule, nichée entre les collines s'étendant à perte de vue à l'horizon, et ces immenses hectares de plaines verdoyantes, une jeune fille, l'air serein, dormait profondément, profitant de cette dernière journée au sein du Terrier pour se reposer ; avant le début d'une nouvelle année scolaire à Poudlard, l'école des sorciers d'Angleterre.
Les traits de son visage étaient détendus, et un petit sourire avait naquit sur ses lèvres, témoin du rêve agréable qu'elle était entrain de vivre en cet instant, sous le regard rayonnant du garçon installé à ses côtés, et qui ne se lassait jamais d'observer l'adolescente endormie, un air angélique la rendant encore plus belle qu'à l'accoutumée.
Doucement, comme si l'arrivée du garçon l'avait réveillé, Hermione Granger remua entre les draps de son lit, installé dans l'ancienne chambre des aînés de la famille Weasley, partis depuis longtemps, avant de poser ses yeux sur le rouquin assit à ses côtés. Son regard s'illumina et elle se redressa pour lui faire face, souriant aussi, appréciant particulièrement ce genre de réveil, même si elle les savait interdit.
Mais c'était ça que Fred Weasley aimait. Braver les interdits.
―Bonjour, souffla-t-il pour ne pas rompre la quiétude de la chambre.
―Bonjour, répondit Hermione.
―Tu as bien dormis ?
―Très bien, confirma-t-elle. Et toi ?
―J'aurais mieux dormi si tu avais été avec moi... répondit-il d'un ton innocent.
Hermione rougit en l'entendant prononcer cette phrase, et détourna le regard, jugeant préférable de regarder ailleurs que dans la direction du rouquin, qui souriait, amusé de voir la jeune fille aussi gênée. Il aurait très bien pu éviter de faire ce commentaire, qu'il répétait sans cesse tous les matins, mais il aimait la voir rougir, embarrassée par sa petite réflexion. Il aimait voir son nez se retrousser légèrement, ses yeux se mettre à pétiller, sa bouche se tordre en une moue dubitative qui ne la rendait que plus belle encore.
―Fred... soupira-t-elle, le regard toujours rivé sur les manuels posés sur son bureau.
Le rire du garçon rompit le silence de la pièce et elle se décida enfin à lui faire face, ne pouvant s'empêcher de s'émouvoir de la joie qu'elle faisait naître chez lui. De l'amusement dans ses prunelles. Du sourire en coin qui étirait ses lèvres.
―Ta mère va finir par t'entendre si tu continues de rire aussi fort, lui fit-elle remarquer.
―Et alors ? rétorqua-t-il, une lueur de défi dans le regard.
Hermione soupira, comprenant que le combat était perdu d'avance. Car lorsque Fred avait une idée en tête, il était peu probable de lui faire changer d'avis. Et il avait passé les deux derniers mois à la convaincre de le laisser dormir avec elle, malgré l'interdiction de ses parents. Et elle n'avait dérogé qu'une seule fois à cette règle, le soir du douze juillet, lorsqu'elle avait réalisé que c'était la date d'anniversaire de sa mère.
De sa mère qu'elle avait perdu l'année passée.
Mais après ça, elle avait refusé de le laisser venir. En dépit de son insistance parfois agaçante, en dépit des arguments apportés par George et Ginny. En dépit de ses sourires charmeurs, de ses " je t'aime " tout mielleux, de ses cadeaux coutumiers. Ce n'était pas tant le fait de se retrouver seule avec lui qui l'inquiétait, mais la colère de Molly Weasley si elle venait à apprendre que les deux amoureux avaient dormis dans le même lit. Et Hermione ne voulait pas abuser de son hospitalité et désobéir à ses règles.
Et même si Fred le comprenait très bien, il aimait s'amuser de la gêne de la jeune fille.
―Tu m'agaces, souffla-t-elle en se levant.
Le soleil avait déjà pointé le bout de son nez, et le bruit des casseroles s'activant dans la cuisine lui parvint alors. Ainsi que le bruit d'une discussion, dans laquelle elle reconnut le timbre de voix chaleureux d'Arthur, et celui plus enjouée de Ginny, sa meilleure amie.
―Tu peux sortir le temps que je me prépare ? demanda-t-elle.
―A vos ordres, mademoiselle ! s'exclama Fred en lui faisant une révérence.
Elle sourit lorsqu'il déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant de quitter la chambre, la laissant planter au milieu de la pièce, un sourire ravi au coin des lèvres, les joues légèrement roses. Il lui fallut quelques instants pour se ressaisir et prendre le chemin de la minuscule salle de bains du premier étage, par chance vide à cette heure de la matinée.
Un instant, elle croisa son regard dans le miroir fissuré, et s'étonna de faire face à une Hermione aussi heureuse. Aussi épanouie, comblée et réjouie. Aussi souriante. Aussi confiante. Aussi belle. Aussi amoureuse.
Car c'était ce sentiment, cette joie, ce bonheur qui l'avait sauvé de la tristesse et la souffrance. Le manque persistait encore, jour après jour, mais le temps avait fait son œuvre. Ses parents avaient laissé une place vide dans son cœur que personne ne pourrait jamais prendre, pourtant, la douleur s'était apaisée. Les souvenirs s'étaient adoucis.
Et maintenant, elle pouvait profiter de chaque instant sans craindre de sombrer. Car les Weasley étaient là pour la soutenir, l'accompagner. La guider.
Fred était là pour l'aimer.
―Bonjour, lança-t-elle quelques minutes plus tard en pénétrant dans la cuisine.
Un sourire du patriarche des Weasley l'accueillit, accompagné du salut enthousiaste de sa meilleure amie et de l'étreinte maternelle de Molly, qui s'empressa de déposer une assiette garnie à ras bord devant elle, dès qu'elle s'installa aux côtés de Ginny autour de la table bancale.
―Tu t'es levée tard, lui chuchota la rouquine à l'oreille.
Hermione rougit violemment en croisant le regard entendu de son amie, affichant un rictus amusé qui aurait pu mettre la puce à l'oreille des parents Weasley s'ils avaient entendu les propos tenus par leur fille. Mais à son grand soulagement, Arthur continua de lire son journal et Molly ne se retourna pas brusquement en la fusillant du regard.
―Ginny ! s'indigna-t-elle dans un murmure.
―Quoi ? ricana la plus jeune.
―Tes parents pourraient entendre !
―Oh Hermione... sourit Ginny en secouant la tête. Tu me feras toujours rire !
Elle quitta la cuisine sur ses mots, laissant la brune complètement perplexe. Parfois, il lui arrivait de ne pas comprendre les propos de la jeune fille, comme si Ginny savait des choses qu'elle était la seule à connaître et que cela l'amusait grandement de se jouer ainsi du reste du monde. Et ça irritait particulièrement Hermione, surtout lorsque la rouquine se permettait ce genre de petit commentaire en présence de ses parents.
―Bonjour, bonjour chère famille ! firent les jumeaux d'une même voix en arrivant à leur tour.
―Alors, Pa', les nouvelles sont bonnes ? enchaîna George.
La jeune fille esquissa un sourire en observant les jumeaux prendre place sur les chaises libres autour d'elle, sous le regard à la fois amusé et larmoyant de Molly, qui avait eu bien du mal à se faire à la relation entre Hermione et Fred, malgré les explications apportées par les principaux concernés. Elle qui avait toujours cru voir l'adolescente finir dans les bras de Ron... quelle avait été sa surprise en apprenant que ce ne serait pas le cas. Et en les voyant évolués tous les deux au fil de l'été, aussi amoureux l'un que l'autre, elle avait comprit qu'ils étaient fait pour être ensemble.
« ―Pas vraiment non, soupira Arthur en relevant la tête de son journal, ses lunettes rondes légèrement de travers sur son nez. Les attaques de Mangemort envers les moldus ne font que s'intensifier. »
Hermione fronça les sourcils en apprenant la nouvelle. Bien entendu, ce n'était pas la première fois que ce genre d'article était publié depuis le retour de Voldemort, mais l'augmentation des attentats l'inquiétait beaucoup. Car elle trouvait les défenses de Rufus Scrimgeour le nouveau Ministre de la Magie suite au départ de Fudge, un peu inefficaces face à la montée en puissance des Mangemort.
«―Pourtant, je croyais que Scrimgeour était plus efficace que Fudge, commenta Fred.
―C'est ce que tout le monde pense, admit son père. Mais il a encore besoin de temps pour se faire à son nouveau poste.
―Et pendant ce temps-là des innocents se font tuer... répondit amèrement George.
Un silence s'installa entre eux, seulement rompu par le bruit de la vaisselle qui se faisait toute seule dans l'évier, sous l'œil vigilant de Molly. Hermione n'osa pas lever les yeux vers le garçon assit à ses côtés, craignant de retrouver cette lueur de colère dans ses prunelles, la même qu'elle avait déjà croisé et qui lui faisait terriblement peur. Encore plus maintenant que les jumeaux s'étaient engagés dans l'Ordre.
Encore plus maintenant que son départ pour Poudlard était imminent.
[...]
―Qu'est-ce que c'était que ça ? s'exclama vivement Molly.
Le hululement d'une chouette résonna de nouveau dans toute la maison, et les habitants présents dans la petite cuisine se tournèrent vers Ron, mais le garçon secoua négativement la tête, précisant que Coq n'était toujours pas revenu de sa précédente commission.
―C'est Hedwige ! s'exclama Ginny en se précipitant dans le salon. Toutes les affaires de Harry sont là aussi !
―Harry ? répéta sa mère. Mais enfin je le saurai si Harry était ici !
Hermione, toute aussi surprise, suivit le mouvement dans la pièce adjacente et constata qu'effectivement, la chouette et les affaires personnelles de son meilleur se trouvaient là, rangées dans un coin du salon, cependant, il n'y avait pas la moindre trace de leur propriétaire dans la pièce.
―Salut ma belle, souffla-t-elle doucement en caressant le doux plumage blanc de la chouette. Tu sais où est Harry ?
―Ici, s'éleva alors la voix du principal concerné.
Un sourire naquit sur les lèvres de la jeune fille, et en souriant, elle se rapprocha de son ami, constatant qu'il avait encore grandi durant l'été, la dépassant à présent d'une bonne tête. Il lui sourit, heureux de la retrouver, et la laissa l'étreindre.
―Je suis contente de te voir, dit-elle en s'éloignant.
―Moi aussi Hermione, sourit-il.
Elle se retint de lui demander comment il allait, jugeant le moment inopportun, en dépit de l'inquiète qu'elle avait ressenti ces deux derniers mois, sans avoir la moindre nouvelle du garçon, retourné dans son horrible famille à Privet Drive. Terriblement seul pour faire face à la disparition soudaine de son parrain, Sirius Black, décédé avant les vacances, durant une rude bataille au Ministère de la Magie, où Voldemort avait fait son grand retour dans le monde des sorciers.
Perdre Cedric Diggory deux années auparavant avait déjà beaucoup affecté son ami et elle craignait que cette nouvelle perte le fasse basculer du mauvais côté. Car, même s'il n'en éprouvait pas encore le besoin, Hermione était certaine qu'un jour où l'envie de vengeance de Harry serait puissante, et le pousserait à commettre des actes irréparables. Et par cela, elle s'inquiétait de le voir perdre son humanité.
Comme Lord Voldemort avant lui.
―Harry, mon chéri ! fit Molly en l'embrassant à son tour. Oh Merlin, mais tu as encore maigri ! Ta tante ne te donne donc jamais à manger ? s'indigna-t-elle.
La jeune fille rit doucement en croisant le regard mi-exaspéré mi-amusé de Harry, contrait de suivre Mrs Weasley dans la cuisine, où elle comptait bien lui servir une assiette digne de ce nom. Hermione allait leur emboîter le pas lorsqu'elle sentit un bras s'enrouler autour de sa taille, la forçant à s'asseoir sur le canapé, avec une expression de surprise reprise en écho par le rire tonitruant de Fred.
―Hé ! s'indigna-t-elle en levant les yeux vers lui. Je voulais aller voir Harry !
―Non, fit le garçon, la tête dans son cou. Tu restes avec moi.
―Et pourquoi ça ? essaya-t-elle de ne pas sourire malgré la course effrénée de son cœur.
―Parce que Harry pourra te voir pendant les prochains mois, grogna-t-il. Pas moi.
Son rire résonna dans toute la pièce, interrompant les discussions se tenant dans la cuisine, dans laquelle chacun sourit en reconnaissant le timbre de la jeune fille. Si délicat, si envoûtant. Si vivant. Et chacun pensa au chemin parcourut cette année, durant laquelle ils avaient fait face à des sentiments nouveaux. La colère, la peur, la tristesse. Une année durant laquelle ils avaient tous ressentis le besoin de se rapprocher, de se soutenir. De s'aimer.
Le besoin d'être une famille.
―Tu es jaloux, souffla-t-elle après s'être calmer.
―Pas du tout, nia Fred en secouant la tête. Mais je voudrais quand même que tu restes ici. Avec moi.
―Tu sais bien que ce n'est pas possible.
―Je suis sûr que tu n'as pas besoin de retourner à Poudlard pour obtenir tes ASPIC !
Hermione esquissa un sourire avant de venir poser sa main sur la joue du garçon, s'amusant encore et toujours de ses tentatives pour la retenir, la garder près de lui. Bien sûr, elle redoutait ces prochains mois sans lui, et aurait tout donner pour les passer à ses côtés, mais retourner à l'école et obtenir ses examens lui paraissait tout aussi important. Déterminant pour son futur.
―On se reverra à Noël, souffla-t-elle. Et puis, tu seras très occupé avec la boutique.
Un sourire naquit sur les lèvres du garçon en l'entendant parler du magasin que lui et George avaient acheté au début des vacances, et qui fonctionnait vraiment bien. Même au de-là de leurs espérances. A croire que les sorciers avaient réellement besoin de rire en cette période sombre, où les boutiques fermaient une à une sur le Chemin de Traverse, à cause des attaques de Mangemort.
―Pas assez pour ne pas penser à toi.
―J'espère bien, sourit-elle avant de déposer ses lèvres sur les siennes.
Elle resta avec lui encore quelques minutes avant de suivre Harry dans la chambre de Ron, où elle l'observa déballer quelques unes de ses affaires avant le départ pour Poudlard prévu le lendemain et hésita longuement à lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. L'élu sourit en percevant sa réticence.
―Pose ta question, Hermione, rit-il doucement.
La jeune fille rougit en entendant les propos du garçon, tout en se demandant comment il faisait pour remarquer son indécision, alors qu'elle-même était bien incapable d'en faire autant.
―Comment tu vas ? souffla-t-elle.
Il y eut un moment de flottement entre eux, durant lequel elle croisa le regard tout aussi interrogateur de Ron. Lui n'avait pas osé poser la question à son meilleur ami, pas certain de la bonne façon de faire, et avait secrètement espérer qu'Hermione le ferait à sa place. Et maintenant que c'était chose faite, il était impatient de connaître l'état d'esprit du brun, qu'il n'avait pas vu des vacances, confiné dans sa famille à Londres.
―Je... je vais bien, finit par répondre Harry d'un ton incertain. Je vais mieux.
Ces quelques mots arrachèrent un soupir de soulagement à Hermione. Elle s'était presque attendue à ce que leur ami avoue ne pas être parvenu à faire le deuil de son parrain, et peut être était-ce vraiment le cas, mais le connaissant, il préférait sûrement cacher ses ressentiments plutôt que partager le fardeau sur ses épaules.
Et pour une fois, elle était heureuse de cela. Car elle n'était pas certaine d'avoir tenu une année de plus, enveloppée de souffrance, de peur et de mort. Cette aura prête à englober tout le monde au moindre instant, au moindre faux pas de leur part. C'était peut être égoïste de penser ainsi, surtout lorsque cela concernait Harry et toutes les terribles épreuves qu'il avait vécu, mais la perte de ses parents lui avait ouvert les yeux sur l'importance de l'instant. Et le besoin vitale de le vivre.
―Vous avez lu les journaux ?
Hermione acquiesça avec consternation, alors que Ron se penchait sous son lit pour récupérer une pile de quotidiens qu'il avait gardé depuis le début des vacances, relatant pratiquement tous ce qu'il s'était passé au Département des Mystères ainsi que le retour improbable et pourtant bien réel du Seigneur des Ténèbres.
―La Gazette n'arrête pas de spéculer sur ce que nous faisions là-bas, indiqua le rouquin. Mais je crois que Fudge n'a pas craché le morceau.
―Tu penses bien que Dumbledore a dû lui parler, commenta Harry. Et puis, de toute façon, ils n'auraient rien pu savoir. La prophétie s'est cassée.
Une ombre passa furtivement sur le visage de l'Elu, en proie à une grande amertume. Car avoir perdu la prophétie, revenait à dire qu'ils avaient fait tout ceci pour rien. Que Sirius était mort en vain. Et aucun des trois ne pouvaient le concevoir. Ce qu'il s'était passé au Département des Mystères avait failli leur coûter la vie à tous, et ils ne s'en étaient sortis que de justesse et grâce à l'intervention de l'Ordre du Phénix, averti par Severus Rogue.
―On a fait tout ça pour rien, ajouta aigrement le brun.
―Non, Harry, contredit doucement Hermione. Nous n'avons pas fait tout ça pour rien. Nous avons appris de nombreuses choses ce jour-là.
―Et lesquelles ?
―Déjà, que tu es lié à Voldemort bien plus que par le sang de ta mère qui coule en vous deux, répondit-elle. Qu'il a encore des faiblesses, puisque je pense qu'il ne pouvait pas tenir la prophétie en main et que c'est pour ça qu'il t'a envoyé là-bas. Et qu'il a toujours peur de Dumbledore.
―Mais tout ça on le savait déjà, Hermione !
―Oui, mais maintenant on est certain. Il ne reste qu'à nous de savoir faire bon usage de ces informations.
―Elle n'a pas tord, fit Ron lorsque Harry se tourna vers lui, en quête de soutien. Je refuse de penser qu'on est allé là-bas pour rien et que...
―Sirius est mort en vain, acheva la jeune fille d'une voix tremblante. Il ne voudrait pas que tu penses ça, Harry.
Elle le vit prêt à répliquer, mais l'évocation de son parrain sembla le retenir et il détourna le regard, pour se plonger dans la contemplation du jardin au de-là de la fenêtre de la chambre. Hermione soupira doucement avant de se lever, précisant qu'elle serait dans sa chambre s'ils la cherchaient, et quitta la pièce, le cœur serré.
Une boule de poils orange lui sauta dessus lorsqu'elle franchit le seuil de l'ancienne chambre de Bill et Charlie, les deux aînés de la famille Weasley, lui arrachant un sourire attendri. Pattenrond, son chat, se frotta contre sa jambe en ronronnant de plaisir, comme il le faisait chaque fois qu'elle se trouvait avec lui dans la pièce. La présence du hibou de Ron et du boursoufflet de Ginny l'avaient contraints à enfermer l'animal dans la chambre, pour être certain qu'il ne leur ferait pas le moindre mal, au risque de s'attirer les foudres du rouquin.
Heureux de retrouver sa maîtresse, Pattenrond s'allongea sur le lit aux édredons bleus et ferma les yeux, pour se plonger dans une sieste réparatrice que la jeune fille lui envia. Elle aussi aurait voulu s'endormir, pour oublier les problèmes que son monde connaissait et subissait sans relâches depuis quelques années, mais elle n'y parvint pas, et se contenta de laisser son regard dériver dans la chambre, que Molly avait aménagé pour elle dès leur retour de Poudlard.
Les premiers jours s'étaient avérés compliqué car elle avait eu bien du mal à trouver sa place dans cette famille déjà si soudée, et dont chaque membre avait des habitudes bien à lui. Pourtant, elle avait pu compté sur la patience et les encouragements de Fred et Ginny, des sourires maternels et rassurants de Molly qui aimait bien discuter avec elle dans le jardin, à l'ombre d'un grand cerisier. Ron l'avait aidé également, avec ses petites remarques et sa maladresse. Arthur lui avait posé un nombre incalculable de questions sur les coutumes des moldus, à l'abri dans son atelier où il entreposait tout un tas d'objets non sorcier.
Elle avait également fait la rencontre de Bill, et de sa fiancée, Fleur Delacour que tous les enfants connaissaient pour sa participation au Tournois des Trois Sorciers. Charlie était revenu quelques jours, et s'était montré presque plus blagueur que les jumeaux, ne cessant de faire des réflexions sur la relation que Fred entretenait avec Hermione, au plus grand dam de la jeune fille qui ne savait plus où se mettre.
Les liens qui les unissaient tous étaient si forts et si rassurants qu'elle avait fini par trouver son équilibre auprès d'eux. Bien sûr, se retrouver au Terrier lui rappelait sans cesse combien ses parents lui manquaient, et elle avait pu aller au cimetière à de nombreuses reprises. Mais elle savait qu'ils auraient été heureux qu'elle soit ici, entourée par une famille aussi aimante que celle des Weasley, et cela soulagé un peu leur absence.
Un soupir lui échappa, et avec surprise, elle constata que le soleil était déjà entrain d'entamer sa descente à l'horizon, derrière les hauts arbres qui clôturaient le jardin arrière du Terrier. Pattenrond s'était installé sur son bureau, trouvant une petite place parmi les manuels scolaires de sixième année qu'elle avait déjà lu, au grand amusement de Fred.
Qui d'ailleurs, ouvrit soudainement la porte, un sourire mystérieux au coin des lèvres qui intrigua fortement la jeune fille. Encore plus lorsqu'elle remarqua la couverture et le panier qu'il avait à la main.
―Qu'est-ce que c'est ? s'enquit-elle.
―Notre pique-nique ! s'exclama-t-il avec joie.
―Notre pique-nique ? répéta-t-elle. Mais il va bientôt faire nuit...
―T'en fais pas, la rassura-t-il avec un clin d'œil. J'ai tout prévu.
A la fois intriguée et agitée, elle le suivit hors de la maison, remarquant les sourires complices de chacun. Molly leur recommanda de ne pas revenir trop tard après s'être assurée que son fils avait pris tout ce qu'il faudrait et Hermione comprit que c'était elle qui avait préparé le panier.
―Il faut qu'on transplanne, indiqua Fred lorsqu'ils se retrouvèrent hors du champ de protection de la maison.
Il lui tendit la main et Hermione s'en empara sans hésiter, fermant les paupières en se sentant aspirer par le nombril, dans une désagréable sensation de claustrophobie.
* mettre la musique Sleeping at Last - Turning Page : #=_= *
Avant même d'ouvrir les yeux, elle perçut un léger vent sur son visage, à la fois doux et salé. Elle entendit le bruit du ressac, imaginant sans peine la mer venir cogner contre les rochers qu'elle sentait sous ses pieds. Le cri des mouettes voletant au-dessus d'elle. Un sourire se dessina sur ses lèvres et elle ouvrit lentement les paupières, son regard se posant sur une ancienne et magnifique fortification en bord de mer, et le coucher de soleil au loin rendait le spectacle encore plus époustouflant. Les derniers rayons de l'astre venaient se perdre une dernière fois sur les pierres, en illuminant certaines. La lumière semblait prendre un malin plaisir à s'y nicher, à colorer le tout, lui donnant des teintes orangées merveilleuses.
Et derrière elle, s'étendant jusqu'à l'infini, il y avait la mer. Aussi bleue et sombre que les couleurs de Serdaigle. Lui donnant cette impression que rien ne se finissait jamais. Qu'il y avait un commencement à tout mais jamais de fin. Que le monde ne s'arrêtait jamais. Qu'il n'y avait pas de limite, pas de fin. Et c'était la chose la plus merveilleuse au monde.
Elle se retourna vers Fred, les yeux brillants, et ne résista pas à l'envie de l'embrasser, comme remerciements de lui avoir fait découvrir le paradis sur terre. Car avec lui à ses côtés, il ne pouvait en être autrement.
―Où sommes-nous ? souffla-t-elle en s'éloignant légèrement mais le bras qu'il passa autour de sa taille la laissa collé à son torse.
―Au château de Tintagel, dans les Cornouailles, répondit-il, fier de sa surprise.
―C'est magnifique.
Pas autant que toi, pensa-t-il avant de l'entraîner vers les hauteurs, d'où la vue était encore plus fabuleuse. Et il en eut la confirmation en voyant les prunelles d'Hermione se mettre à pétiller plus intensément, et un sourire ravi étirait ses lèvres.
―Comment tu as découvert cet endroit ?
―Mes parents nous emmenaient souvent ici avant que Ginny ne vienne au monde, répondit-il en vidant le contenu du panier sur la couette qu'il avait apporté. C'est là que Papa a demandé Maman en mariage.
―C'est tellement beau, répéta-t-elle, des étoiles plein les yeux.
" On dit souvent que le bonheur se trouve à portée de main. Tout près de nous. Qu'il nous faut du temps pour tomber dessus. Avant de rencontrer Hermione, je n'avais pas réalisé combien ces paroles étaient fondées. Je pensais que le bonheur, c'était faire des farces avec mon frère. C'était se moquer des Serpentard. C'était planifier notre vie future grâce à l'argent que Harry nous a donné.
Je n'avais jamais pris en compte le fait de tomber amoureux. Oh bien sûr, je savais que cela allait m'arrivé un jour, peut être après avoir réussi à réduire Voldemort à l'état de poussière. Mais je n'étais pas vraiment le genre de garçon à me soucier de ça. Je pensais avoir le temps. Qu'avant, je pouvais profité de ma jeunesse comme les autres, à rire, à m'amuser, à découvrir le monde.
Pourtant, alors que je la regarde, en train d'observer le monde magnifique qui nous entoure, enveloppée par les derniers rayons du soleil, je réalise la chance que j'ai. Cette chance unique qui ne se présente véritablement qu'une seule fois dans notre vie. Cette chance après laquelle de nombreuses personnes courent, sans jamais pouvoir la saisir. Ce bonheur, cette joie, ce sourire qui ne me quittent jamais.
Ce sourire qui étire mes lèvres, alors que je ne parviens pas à détacher mon regard de son visage. Elle rougit dès qu'elle remarque que je la fixe, ce qui ne fait que la rendre plus belle encore. J'aime voir ses joues se colorées de rose, son nez se retroussé, un sourire naître sur ses lèvres que je rêve d'embrasser sans cesse. J'aime voir ses prunelles se mettre à pétiller. J'aime sentir la joie qui l'entoure.
En fait, je crois que j'aime absolument tout chez elle. Même ses défauts, qui à mes yeux, sont les plus belles qualités.
Je sais, j'ai l'air niais à penser tout ça. Mais je voudrais bien vous y voir, vous, si vous étiez à ma place, avec la fille la plus intelligente, courageuse et altruiste que le monde ait jamais porté. Si vous pouviez goûté ne serait-ce qu'un quart à ce bonheur qui est le mien.
Bien sûr, je sais que tout n'est pas rose. Que tout n'est pas beau. Les ténèbres qui se préparent me font peur, décuple l'angoisse que j'ai pour Hermione, d'où mon envie de la gardé avec moi pour toujours. Pour pouvoir la protéger. M'assurer que rien de grave ne va lui arrivé. Mais je sais aussi, qu'elle ne voudrait pas de ça. Qu'elle veut vivre sa vie, grandir, découvrir le monde par elle-même, sans que je ne sois collé à elle à tout instant. Je ne lui en veux pas, au contraire, je comprends son besoin, pourtant, la crainte persiste.
Alors, en venant ici, dans cet endroit magnifique, je veux profité d'elle une dernière fois. Lui parler, la faire sourire, l'embrasser. M'imprégner de son odeur, imprimer dans ma tête chaque détail de son visage. Je veux pouvoir me rappeler de la saveur de ses lèvres.
Car, on ne sait pas de quoi est fait demain. "
Le soleil s'était couché depuis longtemps lorsqu'ils retournèrent au Terrier, et Hermione sentit l'appréhension s'emparait d'elle en réalisant qu'il ne restait que quelques heures avant son retour à Poudlard. Quelques heures avant qu'elle et Fred ne soient séparés pendant de nombreux mois, sans, peut-être, avoir l'occasion de se voir. Et cette idée lui était insupportable.
La maison était silencieuse lorsqu'ils en franchirent le seuil, et sans dire un mots, elle observa le garçon ranger le panier dans la cuisine, avant de le suivre à l'étage, leurs mains entrelacées, comme si elles-mêmes refusaient qu'ils se séparent.
―Bonne nuit, souffla-t-il en s'arrêtant devant la chambre de la jeune fille.
Hermione sourit lorsqu'il déposa ses lèvres contre les siennes, accentuant la tristesse qui était sienne à l'idée d'être séparer de lui sitôt, et l'observa s'éloigner de quelques pas avant de le rappeler brusquement, le cœur battant la chamade.
―Reste avec moi cette nuit, le supplia-t-elle.
***
Bonjour,
On se retrouve pour le premier chapitre de cette seconde partie, que j'ai pris énormément de plaisir à écrire, et j'espère que vous en aurez eu autant que moi à le lire !
Pour celles et ceux qui seraient intéressés, en parallèle de cette histoire, j'ai commencé à rédiger une autre fiction HP, sur les Maraudeurs cette fois-ci, et je serai vraiment curieuse de connaître votre avis dessus. Elle s'intitule A la conquête du Passé et se compose d'un prologue et d'un chapitre pour le moment. Vous pourrez la trouver sur mon profil.
A bientôt.
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