«... Mais ceux qui rêvent le monde sans le voir ne vive jamais véritablement. »

Les mots que j'avais écris me repassaient sans cesse dans mon esprit. Ce n'était pas ceux que j'avais voulu écrire, ce n'était pas ceux que j'avais voulu lui faire entendre. Je ne savais même pas pourquoi ils m'avaient échappés du stylo, mais je m'en voulais.
Et pourquoi je m'en voulais, c'était ridicule. Je voulais l'éloigner, n'est-ce pas?
Et pourtant, plus j'y pensais et plus ça me tordait le ventre. Je m'imaginais sans cesse la tête qu'Heather avait dû tirer, et la petite moue qu'elle devait arborer encore maintenant.

Peut-être même avait-elle pleuré. Peut-être même avait-elle décidé de jeter l'éponge. Peut-être qu'elle avait enfin compris que je n'en valais pas la peine, tout compte fait. Honnêtement, je ne savais pas comment cela lui avait pris autant de temps.

—Je vais devenir fou, grommelai-je en laissant tomber mon front contre la table de la salle à manger.
—Tu n'as que ça à faire, la sieste?

Je relevais alors un regard noir vers mon père, et aux papiers qui débordaient de ses bras. Ses cheveux poivre et sel étaient complètement ébouriffés comme
s'il avait couru pour arriver à temps pour le repas. Et ça ne m'étonnerait même pas, en fait. Cela faisait quelques temps que papa passait plus de temps au bureau qu'à la maison. A croire qu'il fuyait quelque chose.

Et je n'étais pas idiot au point de croire que ce n'était pas moi, cette chose.

—On ne peut pas tous être de riches politiciens qui passent leur vie dans la paperasse, mordis-je immédiatement.
—Je travaille autant pour vous donner une vie convenable. Tu semblais heureux, lorsque cela te permettait d'avoir une PS4 à Noël.
—J'ai passé l'âge, merci.
—Ah oui, j'oubliais. Maintenant, tu es un adulte. Tellement responsable et intelligent, répliqua-t-il avec un rire faux.
—Qu'est-ce que tu veux dire, hein? Vas-y, balance, le tentai-je aussitôt en me relevant.

Ma mère entra alors à ce moment-là dans la cuisine, et s'arrêta net en nous voyant. Il fallait être incroyablement distrait pour ne pas sentir la tension qu'il y avait dans la pièce.

—Qu'est-ce vous avez, tous les deux?
—Caleb critiquait mon travail. Il pense probablement qu'il pourrait faire mieux.
—J'ai pas dit ça!
—Alors qu'est-ce que tu dis, hein?
—Je dis juste que t'es jamais là quand on a besoin de toi, explosai-je alors que ma mère essayait de s'intercaler.
—Ah oui, parce que c'est de ma faute bien entendu...
—Je dis juste que t'en as strictement rien à faire de ce qui se passe à la maison!
—C'est faux!
—Tout ce qui te préoccupes ces derniers temps, c'est ton travail et les dix mille raisons qui te permettent de ne pas me fixer dans les yeux!
—Et tu veux quoi? Que je rentre plus tôt?!
—On veut que tu sois là, explosai-je en claquant les poings sur la table, et je m'en voulus lorsque ma mère sursauta.
—Excuse-moi, Cal, je pensais que tu étais assez grand! Je pensais qu'on pouvait te laisser seul deux minutes sans que tu ne fasses de conneries!
—Henry...
—Je pensais qu'on pouvait te laisser deux minutes seuls sans que tu ne risques de devenir père à dix-sept ans, ou de te choper le sida, éclata-t-il à son tour, le visage rouge et les cheveux encore plus ébouriffés qu'avant.

Je restais une minute sans bouger, pas certain d'avoir bien entendu. Il dût avoir la même réaction que moi, car le silence tomba sur nous en un instant. Ma mère nous regardait à tour de rôle pour savoir lequel réagirait en premier.

Mais je me sentais anesthésié.

—C'est ce que tu penses, hein? Tu penses que j'ai fait exprès. Tu penses que je l'ai cherché, à coucher avec cette fille, réalisai-je alors en faisant un pas en arrière.

Mon père ne rétorqua rien, et je secouai la tête.

—Non, Cal. Ton père ne pense pas ça, intervint immédiatement ma mère, mais le mal était fait.
—Bien sûr que si. Regarde-le, il pense que c'est ma faute!
—Caleb!
—Tu crois que je m'en veux pas assez? C'est ma vie que j'ai gâché, c'est moi qui ne pourrait plus jamais serré une fille dans mes bras sans avoir peur de la blesser, hurlai-je alors en tentant d'obtenir une réaction.
—Caleb, s'écria à son tour ma mère, choquée.
—Bah quoi? Vous vouliez que je parle, non? Vous vouliez que je m'exprime? Vous croyez que j'avais besoin de le dire à voix haute que j'ai détruit ma vie? continuai-je tout aussi fort.

Mon père quitta la pièce sans un mot de plus, mais je n'étais même pas surpris. Il avait toujours été très doué pour ignorer les problèmes. Je le savais, parce que j'avais hérité cela de lui. Moi aussi, je voulais oublier et faire comme si cela n'existait pas. Moi aussi, je voulais juste partir de la pièce et oublier cette conversation.
Moi aussi, je m'en voulais. Je savais qu'il m'en voulait aussi. Je savais que plus rien n'allait depuis que j'avais reçu les résultats. Je savais que ma mère était terrifiée.

Merde, j'étais terrifié moi aussi. J'avais peur d'où j'en serais dans dix ans, j'avais peur d'attraper un rhume et de mourir d'une pneumonie. J'avais peur de me réveiller un matin pour me rendre compte que les médicaments ne marchaient pas.
Ce fut les pleurs de ma mère qui me tirèrent de mes pensées.

—Maman?
—Tout va s'arranger, Cal. Un jour, tu ne verras plus cela comme ça, je te promets mon chéri, glissa-t-elle alors en tentant de cacher le tremblement de ses mains.

Je soupirai, et m'avançais pour la serrer dans mes bras. Je ne la croyais pas, mais elle en avait assez vu aujourd'hui pour que je rajoute une couche.

—Je vais demander au Docteur Smith si elle peut te recevoir demain.
—Maman, j'ai rendez-vous dans trois jours de toute façon, grognai-je en levant les yeux au ciel.

Toutefois, le regard qu'elle m'adressa me dissuada de causer plus de problèmes.

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Coucou tout le monde!

Bon, voilà un clash, on a hâte que Doc arrive pour tenter de recoller les morceaux. Et qui sait, peut-être que c'était le petit choc dont Cal avait besoin?
Dites-moi ce que vous en penses :)!

Gros bisouuuuuuuus ❤️!