7. Caleb
« Nous ne savons jamais ce qu'on veut. Lorsqu'une personne nous cherche, on se cache d'elle. Lorsqu'elle nous fuit, on ne sait plus s'en passer.»
C'était ridicule, mais je n'avais pas su me séparer de la photo qu'Heather m'avait laissé chez moi. Elle se trouvait toujours dans la poche arrière de mon pantalon, comme si ce simple cliché était la preuve que ma meilleure amie m'avait compris à un certain degré.
A toutes ces choses qu'on croie perdues et qui finisse par renaitre... Je savais qu'elle pensait à notre amitié, et à la façon dont je m'échinais à la piétiner. Seulement, je ne pouvais pas m'empêcher de prendre la phrase plus personnellement.
Mais c'était ridicule, parce que j'avais perdu plein de choses que je ne récupérerais jamais. Et j'avais tout jeté au feu à cause d'une fille qui ne répondait même plus à mes messages.
J'étais tellement en colère, et je ne pouvais m'en vouloir qu'à moi-même. C'était moi qui avait accepté sa demande d'ami. Moi encore qui lui avait posé la première question en-dehors du forum sur lequel on parlait. C'était moi aussi qui lui avait dit que je l'appréciais beaucoup, qu'il y avait une fête et que je voulais qu'elle y aille.
Je ne savais même pas pourquoi j'avais cru qu'elle s'intéressait à moi, alors qu'elle n'avait clairement jamais fait la moindre action. J'avais cru qu'elle était timide, et que c'était à moi de faire le premier pas. J'avais été sacrément stupide.
Mes pensées devenaient de plus en plus sombre et je soupirais en refermant mon casier. Heather se tenait trois mètres plus loin, et elle rigolait à quelque chose que Rachel avait dit.
Je ne savais même pas pourquoi j'étais jaloux. Qu'est-ce que ça pouvait me faire qu'elle m'ait déjà remplacé? Qu'est-ce que ça pouvait me faire que je n'étais plus celui qui la rattrapait, ou la faisait rire?
C'était ma faute.
Alors je savais que je devais arrêter de chercher son regard. Je savais que je devais l'éviter.
Mais j'avais tellement l'habitude qu'elle soit là que, parfois, je ne pouvais pas m'empêcher que de tourner la tête pour lui demander son avis, ou lui glisser une petite remarque sarcastique.
Nos après-midis passées à balader dans la ville avec son Polaroïd me manquait. Nos soirées Netflix dans mon fauteuil me manquait.
Heather Johnson me manquait, même si je n'étais prêt qu'à l'avouer à moitié.
Je ne savais pas pourquoi le fait qu'elle me tende cette saleté de stylo m'avait tant touché. C'était juste... Heather était diablement curieuse, et cela m'avait marqué qu'elle s'était retenue de me poser la moindre question.
Et je la connaissais, ma meilleure amie. Je savais qu'après avoir tenté dans tous les coins possibles du bahut, elle aurait forcément changé de tactique. Je ne pensais juste pas qu'elle partirait avec celle-là.
Je m'étais attendu à devoir m'expliquer à Adam, voire même à être bloqué pendant un travail de groupe, ou des cours particuliers.
Je n'avais certainement pas pensé recevoir la photo d'un vieille arbre presque mort et un stylo. Mais c'était aussi pour cela que je l'aimais bien, mon Heather. Elle me connaissait plus que moi-même.
Même si ce n'était pas si difficile que ça, ces derniers temps. J'avais souvent du mal à me reconnaitre.
Je soupirais une fois de plus, et tentai à nouveau de changer l'orientation de mes futurs pensées.
Je n'aimais pas réfléchir à Orlana, ou à ce qu'elle m'avait refilé. J'aimais encore moins réfléchir à pourquoi elle avait fait ça, et si elle s'était jouée de moi. C'était le genre de pensées qui me donnaient envie de me recroqueviller sur moi-même et de ne plus jamais sortir de mon lit. Et, dès que je me laissais aller, ma mère se mettait dans la tête que je tombai en dépression.
Je pouvais presque entendre mon père lui rétorquer que la dépression n'existait pas, complètement exaspéré.
Je savais que ma mère avait peur, et j'en avais assez entendu lorsque j'avais été voir Doc la première fois pour savoir que ce genre de chose existait. La dépression, les idées noires... C'étaient des maladies, et ça se soignait.
Honnêtement, il manquait plus que je me chope un truc de ce genre, et j'aurais le bouquet. Bizarrement, cette phrase n'avait pas du tout fait rire ma mère, ou ma psy.
Souvent, Doc me laissait faire ce que je voulais. Elle me laissait dessiner des caricatures grotesques, et lui racontait des dizaines de petits détails insignifiants.
J'étais vraiment venu à l'apprécier, cette psy. J'admirais sa patience, surtout. Je n'étais pas sûr d'avoir la même, si j'étais à sa place. Je me serais probablement déjà claqué sur un mur en m'ordonnant de parler.
Je ne savais même pas ce qu'elle attendait de moi. Il était bien claire que je ne parlerais jamais, et je ne pensais pas que Doc était naïve au point de croire le contraire.
Ma mère, oui. Ma mère voulait que je parle. J'avais toujours été sarcastique et plutôt bon observateur. J'écoutais plus souvent que je ne parlais dans les conversations, je ne voyais pas pourquoi cela devait changer maintenant.
Et j'ignorais pertinemment le fait qu'on voulait me forcer à parler d'un sujet bien précis.
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Coucou les Wattpadiens ❤️!
Voilà 2 chapitres assez courts, et plutôt transitoire pour la suite de l'histoire. Désolé d'avoir encore une fois oublier le chapitre hier après-midi, j'ai du mal à retomber dans le rythme 😅!
Dites-moi ce que vous en pensez, que vous l'ayez adoré ou détesté, toutes les critiques sont les bienvenus 😘!
Gros bisouuuuuuuus ❤️
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