11.Heather
« Etouffer la personne n'est pas l'aimer. On l'aime lorsqu'on la laisse s'en aller...»
J'étais déçue. Je pensais qu'on avait avancé, tous les deux. Je me rendais compte qu'on n'avait fait tout le contraire.
Et cette photo que j'avais tant apprécié semblait désormais beaucoup plus sombre. J'avais l'impression d'avoir donné à Cal une photo de son sourire et qu'il m'avait répondu en échange qu'il ne sourirait plus jamais de cette façon.
Et je voulais comprendre pourquoi, merde. Je voulais savoir ce qui s'était passé. Je voulais savoir pourquoi il avait ressemblé à un véritable zombi ce matin dans la cour.
J'avais cru sentir son regard se poser sur moi, me chercher. Mais pour une fois, c'était moi qui avait fui.
Parce que je n'aurais pas été capable de le regarder et de ne pas le frapper, cet imbécile.
Je fis même exprès d'arriver pile à l'heure pour l'heure d'anglais, et de rentrer à peine quelques secondes avant le professeur.
—Presque en retard, mademoiselle Jonhson. Ce n'est pas tellement votre genre, me glissa-t-il alors que je regagnais ma place.
—Excusez-moi, Monsieur, répondis-je en gardant les yeux en face de moi.
J'entendis Caleb se raclait la gorge à côté de moi, mais je l'ignorais totalement. Je ne savais pas trop ce que j'aurais pu lui dire, de toute façon.
Ce fut l'heure d'anglais la plus longue et la plus pénible du mois. J'avais du mal à tenir en place, et je devais avoir fait tombé ma trousse deux fois de trop. Le prof m'avait lancé un regard noir lorsque je m'étais levée la troisième fois pour ramasser mes affaires.
Et je savais que je devais rendre Cal fou, à l'ignorer comme ça après avoir passé tant de temps à essayer de lui parler.
Tant mieux. Peut-être qu'il comprendrait, ainsi.
***
—T'as l'air drôlement en rogne, me fit remarquer Rachel alors qu'on choisissait mon repas à la cafet'.
—En rogne? Je dirais qu'elle a juste très faim, et qu'il vaut mieux la nourrir si on ne veut pas qu'elle nous mange tout cru, se moqua Adam en tenant mon plateau.
—Je sais porter mes affaires, m'exaspérai-je en lui reprenant mon plateau des mains.
—Permets-moi d'en douter. Mais, bon, je suppose qu'il va falloir une preuve supplémentaire pour te convaincre, rétorqua-t-il en me rendant mon repas, et je glissais une bouteille d'eau dessus.
Et alors que je me retournais pour aller chercher une plat chaud, mon pied se prit dans l'anse de mon sac que j'avais laissé à terre à mes côtés. Je jurais déjà mentalement que je haïssais Adam pour avoir eu raison, et je senti un bras nous rattrapait un peu brusquement, mon plateau et moi.
—Jonhson ne tiendra jamais sur ses jambes, apparemment, déclara-t-il d'une voix un peu rauque, mais j'étais incapable de répondre.
Je me contentai de fixer ses yeux verts en me demandant pourquoi il m'avait rattrapé cette fois-ci. Il se pencha alors pour ramasser ma bouteille, et me la tendit.
—Merci, marmonnai-je en tentant de ne pas le dévisager encore davantage.
—De rien, répondit-il d'un ton neutre, avant de s'écarter pour aller chercher son propre plateau.
Et je savais qu'Adam et Rachel me regardaient, mais je restais bloquée juste un moment supplémentaire sans savoir quoi répondre.
—Bon, j'avais raison: on ne peut pas te faire confiance pour ne pas renverser ton déjeuner. Je prends le plateau, point final, finit par déclarer Adam.
Rachel me lança un petit sourire et passa une main dans mon dos.
—Il finira par se rendre compte que tu es une trop bonne amie pour qu'il te laisse filer aussi simplement, attends juste un peu.
—Merci, Rachel.
Elle m'adressa un clin d'oeil et partit payer son repas. Et, alors que je me sentais seule à nouveau, Adam m'interpella:
—Tu préfères l'hachis Parmentier, ou les spaghettis bolonaises?
—Les pâtes, assurément, déclarai-je avec un léger sourire.
J'adore vraiment mes amis. Et j'avais de la chance de les avoir.
***
J'allais une dernière fois à mon casier pour récupérer quelques livres avant de rentrer chez moi. J'avais hâte de pouvoir me plonger dans ma couverture avec un chocolat chaud, et de raconter à ma mère comment j'avais failli renverser mon plateau. Encore.
Et je lui raconterais aussi comment j'avais cartonné le test de sciences, en grande partie grâce à l'interrogation qu'elle m'avait faite ce matin. Et peut-être qu'on pourrait ensuite manger devant la télé, et regarder des épisodes de notre série préférés jusqu'à s'endormir dans le canapé.
J'étais tellement dans mes pensées que je failli rater le bout de papier. Je m'accroupis pour le saisir, et fut surprise de trouver une photo.
Elle ne provenait pas de mon Polaroïd, et j'étais prête à parier tout ce que j'avais que Cal l'avait faite imprimer le matin même. Elle était un peu cornée, comme s'il l'avait serré un peu trop fort, ou s'était dépêché de la glisser dans mon casier.
Je retournai alors la photo et tombai sur moi-même, à peine un an plus jeune. J'avais encore toujours le même carré blond assez court, les mêmes yeux bleus et exactement la même monture de lunette rectangulaire. On aurait pu croire que la photo avait été prise hier.
A part que sur celle-ci, Cal était à côté de moi. Il avait un bras posé nonchalamment sur mes épaules, et on souriait tous les deux face à la caméra.
Je ne me rappelais plus exactement quand on avait prise cette photo. Je savais que c'était un selfie de l'un de nos nombreux moment passé à deux. Je ne pourrais même jamais compter le nombre d'heures qu'on avait passé à faire nos devoirs assis à la même table, le nombre de ballades qu'on avait faite alors que je cherchais de nouvelles choses à photographier.
Je retournais alors la photo, et soupirais de soulagement face à l'inscription.
« Je suis désolé de ne plus savoir utilisé mes mots comme avant. »
Et j'avais de lui dire que, vraiment, je m'en foutais. Je m'en fichais, qu'il trébuche sur ses mots, qu'il ne puisse jamais plus m'aligner deux phrases. Je m'en fichais qu'il dise des choses, et les regrette ensuite. Tout le monde faisait des erreurs et, Diable, Cal en avait déjà fait.
Mais ce n'avait jamais été ce qui comptait, auparavant. Ce n'était pas le moindre mot qu'on se disait, le moindre geste qu'on faisait, qui importait. Ce que j'aimais chez nous, c'était les soirées qu'on passait à deux alors même qu'on s'était disputé dans la journée.
Caleb avait toujours dit qu'il ne fallait jamais se quitter fâché, parce qu'il serait beaucoup plus difficile de se revoir ensuite.
Et cette simple phrase, ce simple cliché... Il me démontrait que mon Cal tenait assez à notre amitié pour revenir, malgré tout. Il était parti fâché, mais il était revenu.
Et je voulais lui prouver que, moi aussi, j'étais capable de revenir. Je reviendrais, encore et encore.
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Bonsoir tout le monde ❤️!
Désolé du retard, j'ai eu un examen la semaine passée et clairement, j'ai été un peu dépassée 😅!
J'espère quand même que vous ne m'en voulez pas trop, et que le point de vue de notre petite Heather rattrape un peu l'attente 😘!
Gros bisouuuuuuus ❤️❤️!
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