
Le testament
Le lundi où devait avoir lieu la lecture du testament de son père, Gwendoline trouva la force de venir, ne serait-ce que pour rassurer sa mère qui commençait sincèrement à douter de la santé de sa fille.
La fillette s'habilla devant le miroir, où elle découvrit en son reflet un visage morne, des poches profondes s'était creusées sous ses yeux rougis, les coins de sa bouche étaient plus tombant que jamais, Gwendoline elle-même peinait à se reconnaître tant elle avait l'impression d'avoir prit en trois jour 20 ans de plus que son âge.
Tandis qu'elle boutonnait la légère veste qu'elle devait porter noire, comme tout son accoutrement, en signe de deuil, elle réalisa que c'était une autre vie qui commençait, une vie sans le papa qu'elle chérissait tant, qui faisait des parties endiablées de poker, de bridge, qui lui apprenait toutes les mains possibles, qui s'amusait à tester son attention en dissimulant des cartes dans sa manche, elle revoyait sa famille, quand ils étaient tous réunis, ensembles, tel une famille...
Quignon, dont la robe était également noire apparût, d'abord n'osant s'adresser à Gwendoline, ce qui était, en raison des circonstances, tâche extrêmement difficile, puis hasardant quelques phrases pour tenter de distraire son esprit tourmentée.
« -Bonjour, Gwenie...Tu...Tu as bien dormi?
-Non, lui répondit la fillette en évitant le regard de sa gouvernante-poupée d'une voix qui était aussi vide que si Gwendoline n'avait aucune âme, comment tu pourrais dormir, toi, si tu venais de perdre un des trois êtres qui te sont les plus chers au monde?
-Je comprends...Et je compatis à ta douleur, ma chérie...Mais le temps guérit tous les maux, tu verras... »
Gwendoline ne répondit pas et sortit de sa chambre, toujours en ne croisant pas le regard de sa gouvernante.
Dans la calèche qui devait les mener, elle et sa mère chez le notaire, Gwendoline regardait le paysage morose des rues de Londres, ou en passant devant le petit square qu'elle aimait tant, elle repensa à tout ces petits moments de sa vie qu'elle y avait passé avec sa famille, à tous leurs pique-niques, à la première fois qu'elle avait fait du poney, à tous les trous qu'elle avait creusé sur les pelouses interdites...Toute sa vie d'enfant défilait devant ses yeux, qui se emplirent à nouveau de larmes...
Quand ils arrivèrent enfin chez le notaire, Gwendoline s'essuya les yeux. Elle savait qu'elle ne serait pas la seule à pleurer son père et elle voulait donner du courage aux autres, en espérant que cela lui en donnerait.
Il y avait peu de personnes dans le bureau où devait avoir lieu la lecture du testament, ce qui étonna Gwendoline, car son père était, malgré les airs un peu trop pompeux de gentleman qu'il tenait de sa mère, très social et empathique, sa capacité à comprendre les gens et à jouer le rôle d'un grand frère lui avait valu tant d'amis que le fait qu'uniquement cinq personnes soit conviées à la lecture du testament rendait la fillette perplexe.
Les gens qui était présent saluèrent tous Lucia et sa fille, mais cette dernière ne les écoutait pas.
La lecture du testament aurait dû être une tâche affreuse pour Gwendoline, mais un événement assez peu singulier l'arrachât aux morbides pensées qui trottait encore et toujours dans son esprit.
«Moi, commença le notaire, le document à la main, Jack Charles Lucius Rowerscream, ceci est mon testament, rédigé en ce jour, le 25 mars 1863:
À ma chère mère, Tiphaine Pricsilor-Rowerscream, je lègue...
-DÉSOLÉE, JE SUIS EN RETARD! »
Gwendoline se retourna en sursaut et vit une femme à forte carrure, les jupons froissés, mal coiffée, maquillée de travers, toute essoufflée faire précipitamment irruption dans le bureau du notaire, contrairement à toutes les autres personnes dans la salle, Gwendoline ne l'avait jamais vue.
« -Mon pauvre, pauvre cousin! Dit d'une voix forte et gloussante la femme,mourir si jeune...Enfin, pas trop vieux, je...HO, MAIS QUELLE JOLIE PETITE FILLE! »
Elle se dirigea vers Gwendoline et lui tripota les joues comme à un bébé.
« -Ton papa ne m'avait pas menti, tes cheveux sont BLANCS! Je n'avais jamais vu d'albinos en vrai! Tu es TELLEMENT CHOUE! Gloussa la femme que Gwendoline n'arrivait toujours pas à identifier. Et quels beaux yeux gris!
-Ve ne vous ai vamais vu, bégaya Gwendoline, les joues toujours tripotées par la femme, est-fe ke vous vetes de ma famiy?
-Ho, ton papa ne t'a pas parlé de moi? Parbleu, C'est assez décevant, enfin, bon. Je m'appelle...
-MADAME ROWERSCREAM! Rugit le notaire, je vous en prie, retournez à votre place! Ceci est la lecture d'un testament, et non les portes ouvertes d'une garderie!
-Je suis désolée, s'excusa la dame, je retourne à ma place. »
Elle lâcha les joues de Gwendoline, qui remarqua qu'elle tenait sous son bras un journal dont elle évitait soigneusement de montrer le contenu.
« Mamie? demanda la petite à sa grand mère, assise derrière elle, qui c'est, celle là?
-Elle? Oh, ma chérie, lui répondit la lady, les yeux au ciel, l'air outré, c'est la cousine de feu ton père, Hortense Rowerscream! Ses manières sont depuis toujours, parmi les plus laides que je n'ai jamais vu, une rustre qui passe tout son temps en Arabie, en Égypte, où je ne sais où, loin des gens civilisés, une vraie pataude, comme tu peux le voir!
-L'Arabie? L'Égypte? Mais c'est super loin, ça! Pensa Gwendoline qui n'avait, aussi loin qu'elle se souvienne quitté l'Europe. Wouaah! Elle doit en voir, des nouvelles choses! »
-À mes enfants, Wildneo Charles Theophile Rowerscream et Gwendoline Alice Marianne Rowerscream, je lègue...
Gwendoline se sortit brusquement de ses rêveries, elle était si occupée à se demander ce qu'il pouvait bien y avoir dans ces pays lointains, qu'elle avait failli ne pas remarquer qu'on avait appelé son nom, et celui de son frère, qui, ne pouvant pas être à Londres pour le testament, était représenté par sa petite sœur.
« ...La propriété qui est dans ma famille depuis le moyen-âge, le domaine de Salvarosa, et tout ce qu'il contient.
- Salvaquoi? Se demanda l'intéressée, jamais entendu parler...une fois de plus. »
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