Les mois se sont succédés. Aasgar se remet de ses plaies petit à petit. Ses liens avec Orgès cependant se ternissent de plus en plus. Omans et Kala se côtoient de plus en plus, l'amour semble au rendez-vous. Mais dans le cœur de l'elfe, quelque chose lui intime de s'éloigner du roi humain.
Elle constate l'autorité et les demande de plus en plus pressantes de la part de Omans envers la nouvelle reine d'Aasgar, l'héroïne Sidia, qui auprès de son dragon aux écailles rouges, a permis à la paix de revenir. Il ordonne à la reine et son peuple de lui livrer les denrées, les pierres précieuses et la main d'œuvre nécessaire et selon Omans, due au peuple dAarions pour son aide il y a presque un an face au tyran.
***
   Rien ne va. Omans semble habité par un spectre. Il est devenu fou. Lors d'un immense banquet, il a annoncé que les être non-humain n'étaient plus les bienvenues sur les terres d'aarions. Seuls les hommes ont le droit de vivre, circuler et commercer en Orgès. Les autres risqueront la peine capitale s'ils enfreignent cette loi.
  Aasgar est en conflit avec Aarions et des attentas s'organisent entre les deux nations. Les frontières avec Iberion et Isus sont closes et quand à Aaspen, contrée du Nord, seuls les hommes des tribus sauvages ont l'autorisation de venir en Orgès.
   Rien ne va, ça l'elfe le sais bien. Mais Omans ne la laissera plus partir à présent.
   Le bal qui suit le banquet est magnifique. Mais Omans n'a pas envie de danser. Il emporte la belle Kala en tirant sur son bras. Les appartements royaux sont bien plus calmes. Il s'arrête dans l'une des chambres et le roi s'empresse d'embrasser l'elfe au corps fin et musclé.
   - Omans... je vous en prie... supplie la belle.
   Mais l'homme ne lui laisse pas le choix. Sa force est colossale, aussi il empoigne sa conquête et la jette sur le lit qui grince en réceptionnant la jeune elfe. Il défait ses vêtements, puis d'un œil aussi perçant que celui d'un aigle, fixe Kala du regard.
   - J'ai besoin d'un héritier fort. Toi, une autre, je garderais l'enfant le plus doué, celui qui sera digne de me succéder, tranche le roi d'un ton froid.
   L'horreur se lit dans les yeux de Kala, mais elle est prise au piège.
   Omans exerce son corps sur le sien et pendant que le lit grince en donnant l'impression de se briser à chaque coup de reins, l'elfe hurle et sanglote sans retenue.
***
   Les mois sont passés. Confinées dans des appartements luxueux et à la fois prisonnière des murs du château d'Aarions, l'elfe caresse sont ventre rond, prêt à donner la vie. Cinq femmes ont été choisies par Omans pour lui donner un héritier. Une elfe, une sorcière, une metamorphe, une femme-chat et une nymphe. Toutes prêtes à enfanter.
   Hélas, la grossesse de la femme-chat fut difficile et celle-ci perdit son enfant avant d'être elle-même exécutée. La nymphe mourut pendant l'accouchement. La metamorphe mis au monde une fille. Seule l'elfe et la sorcière donnèrent naissance à des garçons.
   Les trois bébés restants ont grandit près de leurs mamans, sous la surveillance accrue du roi.
***
- Bien, j'ai pu grandement observer les progrès de cette progéniture, commente Omans avec dédain. Je dois avouer que je suis un peu déçu finalement.
L'homme aux pas lourds scrutent les bambins avec intérêt. Puis il s'arrête.
- La fille est remarquable, mais cette, comment tu l'appelles déjà? Sélénia ? N'est qu'une gamine qui peut se changer en corbeau. Pas d'intérêt donc à me succéder.
Un garde s'approche. Grand, fort, vêtu de la tenue des gardes du roi d'Orgès, il saisit l'enfant qui ne comprend pas ce qui se passe tout en se lâchant chez sa mère un cri d'effroi. Mais Omans, sans pitié, lui retourne une gifle si puissante qu'elle envoie la jeune femme à terre. Son crâne vient frapper le bord d'un meuble si violemment, qu'elle ne s'en relèvera jamais. La petite ayant vu la scène pleure.
Les deux autres femmes viennent encercler leur bébés, agenouillées, devinant que l'un d'eux restera et deviendra roi, tandis que l'autre disparaîtra.
Omans se place entre les deux garçons et observe leur minois.
- Toi, tu es doué. Tu possèdes une magie guérisseuse, mais aussi capable d'empoisonner ou d'entraver tes adversaires. Tes capacités physiques sont aussi remarquables et je dois dire que je n'en attendais pas moins d'un enfant conçu avec une elfe, commente Aldini.
Les yeux de Kala ne peuvent s'empêcher de verser une larme silencieuse en retour. Les deux femmes ont le cœurs qui tambourine si fort dans leur poitrine que cela leur fait mal.
- Toi, en revanche, tu excelles dans l'art de la magie, mais tu n'es pas vraiment taillé pour le combat. Dommage.
La sorcière semble horrifiée.
Omans se lève. Sa décision est prise de toute évidence. Un sourire s'étire sur ses lèvres.
- La mère de l'enfant que je vais choisir deviendra mon épouse, déclare le roi, l'autre, je la baiserais autant que je le souhaiterais.
Sa phrase tombe comme un couperet. Il aurait mieux valu la potence, plutôt que cette atrocité.
Alors que Kala se détend en voyant Omans approcher de son petit, c'est au dernier moment qu'il saisit Jorgünd, l'enfant de la sorcière en faisant sursauter sa mère au passage.
- Tu seras donc mon fils, lache Aldini. Tu porteras mon nom et je vais te présenter au peuple dès que ta mère et moi seront mariés.
La terreur se lit dans les yeux de Kala.
- Maïs pourquoi, proteste Narva, vous étiez clairement prêt à choisir Alban!
   Omans ne daigne même pas regarder la sorcière avant de lui répondre:
   - Ton rejetons à la vie sauve car il me ressemble beaucoup plus que l'autre. Il n'a pas les oreilles pointues. Mais je regrette cependant qu'il ne soit pas plus doué. Et puis, j'aime bien jouer avec l'elfe...
   D'un hochement de tête, le roi ordonne que l'on se saisisse du petit demi-elfe. Mais Kala le tient bien fort dans ses bras. Alors, comme pour la femme metamorphe, Omans lui assène une gifle si forte qu'elle se retrouve allongée sur le sol, sans son bébé.
***