- Allons-y, me presse Emeraude dont les yeux sont mouillés et près à déverser leur larmes.

Je me retourne vers Nyx et ces amies en les saluants grandement, le cœur lourd de les quitter, mais aussi plein d'une énergie nouvelle qui me donne envie de connaître l'issue finale de l'association que nous formons désormais, Émeraude et moi. Qui sais, peut-être qu'un faible métisse et le dragon le moins puissant peuvent quand même faire changer les choses?
J'empoigne la dragonne devenue humaine et l'entraîne avec moi vers le cœur de la forêt.
Diego, le chien de la meute nous attendra non loin de là pour nous guider au travers de cette épaisseur verte, jusqu'à la porte sud d'Aarions. Je dois avouer que j'ai hâte de rentrer après ces péripéties pour retrouver un train de vie plus routinier et me reposer, au moins un pendant moment car n'étant pas habitué à autant de voyage et d'aventures aussi folles, la nostalgie de mes journée à la plonge de l'auberge -où a voler les soldats du roi-, Me saisit.

- Tu sembles pensif, Alban.

Émeraude me tire de ma rêverie. Je la regarde un peu hébété.

- Désolé, je suis assez pressé de retourner à l'auberge à vrai dire. Mes amis me manquent, ainsi que le quotidien que je menais jusque là.

   Elle me répond simplement d'un « hummmm », puis tourne son visage. La forêt dense qui nous entourent nous encercle rapidement après avoir quittés la clairière. Très vite, tous nos repères sont engloutis par cette enfer vert.
Nos pas sont lents car le sol est jonché de plantes toxiques, épineuses ou abritant des espèces animales tout aussi dangereuses. Un aboiement résonne non loin de là et je reconnais ce son immédiatement.

   - C'est Diego, je m'exclame.

   « Chuuttt, me lance mentalement Émeraude, tu imagines si une bête ou je ne sais quoi de féroce nous entendais? »

   À vrai dire, hormis ce qu'il y a déjà de potentiellement mortel autour de nous, mon attention ne c'est pas vraiment portée sur ce qui pourrait être encore pire.

   - C'est souvent dans ces situations, quand on parle de ce qui pourrait être encore plus grave que cela se produit, dis-je en informant la belle brune et ces yeux verts qui se détachent de celui de la nature environnante.

   Je sens que ma remarque lui déplaît. Un je-ne-sais-quoi se dégage d'elle, comme une aura mécontente et qui déclenche chez moi une t action épidermique me faisant frissonner.

   « Il y a quelque chose près de nous ».

   Au moment même où cette phrase se termine, une sorte de rugissement retentit dans mon dos. Je n'ai pas le temps de me retourner que la dragonne a plongée dans ma direction, la bouche grande ouverte et prenant une profonde inspiration.  Je m'abaisse aussitôt et un jet de flamme puissant me grille quelques mèches avant de s'abattre sur la créature inconnue, qui retombe. Lorsque je réussi à me stabiliser pour observer la chose, une sorte de varans géant avec des ailes nous fait face, son regard jaune-vert qui nous scrutes.

- Maudites wyvernes, peste Émeraude.

- Ton feu ne peux rien contre moi, magicienne, gronde la grosse voix de la bête.

La dragonne semble bouillir intérieurement. Son visage rouge et son regard mauvais en disent long sur la relation qu'elle entretient avec cette espèce de reptiles.

   - Tu ne sais pas à qui tu t'adresses, lézard, s'énerve mon amie dont la posture prête au combat n'évoque rien de bon.

   - Calme-toi.

   Je tente de lui faire entendre raison. La wyverne est certes moins impressionnante que la dragonne sous sa forme originelle, mais elle n'en reste pas moins plus grande qu'un homme de bonne taille et bien plus forte physiquement que nous deux réunis, sans compter qu'elle résiste au feu. La seule chose qui m'étonne c'est de voir ce corps musclé et dénué de toute écaille. J'en déduis qu'elle doit être rapide, mais bien plus fragile que Émeraude.

   - Calme-toi, je répète en posant une main sur l'avant-bras de mon amie, tout en fixant du regard le reptile au mauvais rictus.

   - Je dirais même, prosterne toi, gibier, si tu veux la vie sauve.

   C'est la goutte qui fait déborder le vase. Émeraude saute en direction de la wyverne, comme un dragon le ferait avec ces dents et ces griffes prêtes à déchirer la chair. Je m'élance à sa poursuite quand Nyx apparaît juste avant que le contact entre le reptile et la dragonne ne se fasse, puis une lumière blanche et éblouissante nous enveloppes.
    Lorsque l'éclat lumineux disparaît, je me retrouve sur une route pavée. Près de moi se tient Émeraude qui cherche partout autour d'elle la créature menaçante. Mais rien. Nous sommes parfaitement seuls, enfin pas tout à fait puisque Diego, le grand chien noir de notre bande nous rejoint en sortant subitement de la forêt. Il aboie méchamment, comme s'il nous criais dessus, de la bave s'envolant même autour de lui.

- Calme toi, à la fin!

Émeraude reste muette, son regard de tueur toujours présent, puis souffle très fort par le nez avant de se diriger sans un mot vers la ville.
Le chien se calme et la suit en grognant, puis il lui bloque le passage.

- Quoi à la fin, hurle la dragonne a son intention. Fiche moi la paix!

Au moment où elle s'apprête à donner un coup de pied à mon ami, je lui attrape les poignets et bloque son acte par un jeu de jambes habile.

- Mince à la fin, mais qu'est-ce qui t'arrive d'un seul coup, je m'emporte.

Elle se débat violemment, tentant de défaire mon étreinte.

- Émeraude!

- Cette wyverne, cette... saleté, je vais la cramer! Comment ose t'elle me défier, se moquer ainsi de nous? Je vais retourner dans la forêt et lui broyer ces os, lui...

Je bloque les mots de rage qui se déversent de sa bouche en embrassant la jeune femme qui se tient devant moi. Je n'ai pas vraiment réfléchi, mais mon corps étant déjà bien occupé avec dragonne qui se débat, il ne me reste plus que cette option pour la stopper. Et je dois dire que c'est très efficace. Elle se calme instantanément, me fixe les joues rouges et les yeux écarquillés puis fini sur une baffe qui claque fort sur ma joue en me donnant la sensation qu'elle a pris feu.

- Désolé...