Chapitre 4
Egrim prenait son temps pour retourner à la boutique. L'esprit un peu embrumé des nombreux sorts utilisés, il souriait bêtement tout en marchant dans les rues de la ville de Wondor, avec son style pittoresque de maisons de bois, de magasins en devanture de pierre et d'enfants de toute race courant sur le sol de brique saupoudré de neige fraiche.
Les mains dans les poches, Egrim s'arrêta en faisant face à la grosse fontaine en forme de poisson, au milieu de la place centrale. L'eau ne coulait pas de la bouche de l'animal, comme il le faisait généralement ; une petite couche de glace recouvrait la bassine.
Est-ce qu'elle est brisée, ou simplement hors service pour l'hiver ? Maintenant, au moins, je sais que j'arriverais à la réparer...
Un enfant nain lui fonça soudain dans les jambes, déstabilisant Egrim qui avait son attention ailleurs. Il s'appuya contre la fontaine pour éviter de tomber, puis lança un regard noir vers l'enfant qui était déjà loin, courant vers ses amis en riant. Egrim soupira, amusé malgré lui. Les jeunes se poursuivaient l'un l'autre en zigzaguant parmi les passants qui les laissaient faire, ou au contraire les encourageaient à aller plus vite.
Ça faisait presque un mois qu'Egrim habitait Wondor et ce phénomène continuait de l'étonner, détonnant totalement avec le caractère des gens de Stanmore, où il avait grandi. À Stanmore, ça n'aurait pas été long que les enfants se soient fait gronder, ou peut-être même intercepter par les policiers.
En suivant les jeunes des yeux, pourtant, Egrim remarqua quelque chose, ou plutôt quelqu'un. À une table extérieure d'un resto, un elfe et un homme, assis l'un en face de l'autre, discutaient à voix basse tous en mangeant leur diner. Ç'aurait pu être totalement anodin, si ce n'était que l'elfe en question lui semblait étrangement familier. Egrim s'avança de quelques pas, faisant attention aux enfants qui courraient toujours. Quand il ne fut plus qu'à cinq mètres d'eux, l'elfe tourna la tête et leurs yeux se croisèrent.
Egrim ouvrit bêtement la bouche et cligna des paupières à répétition, complètement ébahi. L'autre éclata de rire en le pointant de sa fourchette, un morceau de laitue piquer dessus :
— En dirait que t'essaies d'imiter le poisson sur la fontaine, dit Tys avec un large sourire.
— Euh... non...
Tys pouffa encore, puis mangea sa laitue. Egrim se permit de s'approcher de quelques pas supplémentaires.
— Tys, fit-il lentement. Je n'en reviens pas... qu'est-ce que tu fais ici ?
— Tu n'es pas content de me voir ? dit-il avec innocence.
— Mais oui ! Bien sûr que oui !
Surpassant le choc, Egrim sourit à son tour. Tys était à Wondor ! Son meilleur ami était là !
— Eh, tu te souviens de Nuvem ? dit Tys en pointant sa fourchette sur l'homme assis en face de lui.
Celui-ci mangeait le contenu de son assiette sans s'intéresser à Egrim, découpant le steak et en dévorant des petits bouts avec une vitesse impressionnante. Les yeux d'Egrim s'écarquillèrent à nouveau ; le natif de Thrasryall avait complètement changé de look. Il se souvenait de lui comme portant des linges étrange, tels plusieurs châles couleur de terre, et des cheveux long, emmêlé et sale. La personne en face de lui était vêtue d'habits tout à fait normaux ; jeans, manteau, un bonnet de laine gris sur la tête et quelques courtes mèches brunes en dépassant. Quand Nuvem leva enfin les yeux sur Egrim, celui-ci remarqua qu'ils semblaient briller de par sa gaieté.
— Nuvem, fit Egrim avec lenteur. Tu as l'air beaucoup mieux que dans mes souvenirs.
— Je le suis ! répondit Nuvem, la bouche pleine. Votre pays est vraiment... magnifique. (Il posa une main devant sa bouche, le temps d'avaler, puis reprit :) J'adore le fait qu'en presque un mois, je ne me suis pas fait attaquer une seule fois par un monstre.
— C'est clair que c'est un avantage, dit Egrim en riant.
Nuvem hocha la tête avec conviction, puis se remit à manger. Egrim se tourna vers Tys.
— C'est drôle que ses lèvres bougent en rythme avec ses mots. Tu t'es améliorée avec la télépathie ?
— Je n'ai rien fait, dit Tys d'un air faussement innocent. Je lui ai juste proprement appris le français.
— Wow ! Il se débrouille bien ! Il n'a même pas d'accent.
— Merci ! fit Nuvem entre deux bouchées.
— J'avoue que j'ai un peu triché... Il assimile dix fois plus vite quand je mêle la télépathie dans mes leçons.
Tys piqua un morceau de concombre de sa fourchette. Egrim profita du moment de silence pour prendre une chaise vide de la table voisine pour s'asseoir.
— Qu'est-ce que t'es venu faire ici ? C'est pour des vacances ? Ou affaires ?
— Un peu des deux. Les vacances, c'est parce que j'avais promis de te rendre visite à Wondor, tu te souviens ? Même si, à l'époque, j'étais convaincu que mon patron allait me renvoyer... C'est plutôt le contraire. J'ai eu un beau bonus.
Tys fit un clin d'œil entendu.
— Ton fameux article sur Leerian, hein, dit Egrim. Je l'ai lu.
—Je t'avoue que je n'avais pas prévu que sa sorte de Nocksor. En un rien de temps, ça a fait le tour de pays. Merde... Mais ça paye. Du coup, j'ai eu droit à un mois. Il m'a fallu près d'une semaine de voyage pour me rendre jusqu'ici, donc c'est deux semaines de perdus en tout. J'ai l'intention de faire ce que je veux faire en trois jours, mais j'ai appris de mes erreurs, tu sais. Puisque ça te concerne, je suis conscient du risque qu'un truc horrible se produise soudainement et que je sois coincé à Wondor plus longtemps que prévu. Je préfère dire a mon patron que je prends un mois et revenir après deux semaines, que le contraire.
Egrim sentit ses joues s'empourprer à la remarque de Tys. Mais il ne pouvait rien répliquer ; il avait parfaitement raison.
— Et la partie affaires, elle consiste en quoi ?
Tys mangea son morceau de concombre avec lenteur avant de répondre. Il en avait perdu son sourire. Même Nuvem avait levé les yeux de son plat, observant Tys avec inquiétude.
— C'est parce que j'ai quelque chose de très important à te dire...
Nuvem repoussa soudainement son assiette devant lui. Il n'en restait plus que l'os de son steak.
— Ah, bon sang que c'était délicieux ! Eh, tu permets que je visite un peu l'endroit ?
— Oui, tiens...
Tys plongea la main dans sa poche et en sortie une poignée pleine de pièce d'or. Egrim écarquilla les yeux au montant qu'il tendait au natif.
— Reste dans la ville. Essaie de te souvenir de la route pour retrouver cette fontaine, dit Tys en pointant le gros poisson de pierre.
Nuvem empocha l'or, se leva de table et s'éloigna parmi les passants. Un enfant lui entra dans les jambes à pleine vitesse et continua sans chemin sans jamais s'arrêter.
Tys et Egrim le regardèrent partir.
— Quand tu disais que ton article t'avait valu un beau bonus... tu n'exagérais pas.
— Non, fit Tys avec un sourire de travers. Et t'imagines... j'habite encore chez mes parents. J'ai presque quinze ans. Je ne sais vraiment pas quoi faire de tout cet or.
— Économiser, peut-être.
— Connais pas.
Egrim pouffa de rire. Se détournant enfin de Nuvem qui avait disparu parmi la foule, il reporta son attention à Tys. Il se pencha légèrement vers lui et demanda dans un murmure :
— Qu'est-ce que t'as de si important à me dire ?
Tys rougit en fixant son regard sur son assiette.
— Est-ce que... tu as révélé ton petit secret à Sin ?
Egrim crispa ses mains sur ses cuisses.
— Non, dit-il d'un ton grognon. Jamais. Et pourquoi je le ferais ? Il ne se doute de rien, et il n'a pas essayé de me soustraire d'informations depuis au moins deux semaines. Il va bientôt oublier, si ce n'est déjà fait.
— Oh, Egrim... fit Tys en soupirant. S'il n'insiste plus, c'est parce qu'il a un autre moyen de savoir. Et si tu ne lui dis rien... ce sera fait dans deux jours. Je suis là pour ça ; te convaincre de lui parler avant qu'il l'apprenne de la mauvaise personne.
Egrim en perdit le souffle. Il sentit son cœur s'emballer, en proie à la panique.
— Qui... qui connait mon secret ? Qui va le faire ?
— C'est moi.
Cette fois, Egrim était totalement figé. Il serra les poings, mais Tys intervint le premier :
— Reste calme, et laisse-moi parler !
Au contraire, Egrim n'avait qu'une envie ; hurler contre son ami. Mais il avait usé de son pouvoir télépathique sur lui. Egrim fut incapable de dire quoi que ce soit, et Tys profita de l'occasion pour enchainer :
— Écoute, je ne veux pas le faire, il faut que tu me croies. C'est pour ça que j'essaie de te convaincre de parler le premier. Mais je n'ai pas le choix ; j'ai promis ! À un mage, qui plus est ! Je dois honorer ma parole !
— Je suis un mage, moi aussi, figure-toi. Et je veux que tu abandonnes le projet !
— Je ne t'ai rien promis, à toi.
Malgré les pouvoirs de Tys, Egrim sentait que la colère remontait en force. Il prit plusieurs grandes inspirations, s'efforçant de se calmer lui-même. Ce n'est pas le moment de craquer.
— S'il te plait, Tys... qu'est-ce que je peux faire pour te convaincre de ne rien dire à Sin ?
Tys haussa banalement les épaules, les yeux rivés à sa salade.
— Parler le premier.
— Est-ce que tu as pensé à moi, dans tout ça ? Est-ce que tu as conscience que ça ne te concerne absolument pas, toute cette histoire ? Je t'ai révélé mon secret parce que je t'aime bien... t'es mon meilleur ami. Mais tu vas franchement prendre une claque dans le palmarès de mes personnes préféré, si tu fais ça.
Tys soupira platement.
— Je sais.
Tys leva des yeux tristes sur Egrim. Celui-ci sentit un peu sa colère s'apaiser, rien que par le regard du télépathe. Il semblait sincèrement désolé.
— La tache bleue, sur ta main... elle est toujours là ?
Egrim leva sa main gauche par réflexe. Son gant de cuir était en place. Lentement, il le retira et tendit sa main à Tys, qui la prit entre les siennes. Ses yeux d'azur s'écarquillèrent en voyant ce qu'était autrefois une petite tache, s'étendre sur le pouce tout entier, la moitié de l'indexe et une bonne partie de la paume.
— Oh, par les djinns...
— C'est le cas de le dire...
— Pourquoi tu insistes à ne rien dire à Sin ? Ça grossit... un jour ou l'autre, il le découvrira.
— Non. J'arrive à en changer l'apparence, si je me concentre.
Tys regarda à nouveau la main d'Egrim qui, soudainement, semblait tout à fait ordinaire.
Egrim remit le gant sans attendre qu'elle redevienne bleue.
— Tu vois ? Je maitrise. Sin n'a pas besoin de savoir.
— Mais j'ai promis, dit Tys d'une voix plaintive. Je ne peux pas me dérober.
— Bien sûr que si. Retourne à Nocksor.
— Et si Sin décide de me traquer pour avoir les informations ?
— Les gens de Nocksor te protégeront. Vous avez vraiment l'esprit d'équipe, là-bas.
— Pas contre un mage. Surtout pas contre Sin. Il a sa réputation, tu sais. Il a la mèche courte.
Egrim serra les poings. Il commençait à croire qu'il n'y avait rien qu'il pourrait dire qui convaincrait Tys d'abandonner son projet.
S'il veut honorer sa promesse parce qu'il a peur de Sin... peut-être que la seule solution, c'est de lui prouver que je suis plus à craindre que mon maitre.
— C'est une impression qu'il se donne. Il est parfois malpatient et antisocial, c'est vrai, mais il n'a jamais été foncièrement méchant... contrairement à moi. Secaertun.
Tys laissa échapper une exclamation incrédule en entendant son ami prononcer une formule. Il tenta de l'apaiser, mais c'était déjà trop tard ; il n'arrivait plus à bouger, ni même à parler. Il était scotché à sa chaise, totalement impuissant, alors qu'Egrim se penchait légèrement vers lui, une lueur inquiétante dans ses yeux pâles.
— Tu ne vas rien dire à Sin, est-ce que c'est clair ?
Tys grogna ; c'était le mieux qu'il pouvait faire, dans sa situation.
— Je ne veux pas te faire de mal, Tys... mais si tu insistes, franchement, je n'hésiterais pas.
Lâche-moi ! entendit-il comme un écho dans sa tête. Ou tu vas voir que t'es pas le seul à faire de la magie, mon pote.
Egrim eut un sourire en coin. Il était conscient que Tys était plutôt doué en télépathie, mais pour ce qui était de s'en servir comme d'une arme... ce n'était pas son fort.
— Ah, ouais ? Alors, montre-moi ce que tu sais faire.
À peine la provocation prononcé qu'Egrim sentit tout son corps se crisper, son cœur s'emballer, sa respiration se bloquer dans ses poumons. Son cerveau fut traversé d'un éclair de douleur pure, si intense qu'il crut que la foudre venait de s'abattre sur lui.
Egrim hurla, bondit de sa chaise et s'effondra au sol, entrainant sur lui les regards inquiets des gens dans la rue.
Tys, libéré du sortilège, se leva et s'approcha Egrim, l'observant de haut.
— La télékinésie pour m'empêcher de bouger, c'était bien, dit-il d'un ton neutre. Mais la télépathie, c'est toujours mieux. Abandonne, Egrim... S'il te plait.
Egrim se mordit la lèvre au sang pour retrouver un peu de contrôle et prononcer une formule :
— F... Fale !
La douleur s'arrêta aussitôt. Il se laissa choir au sol, les membres en croix et le souffle court.
— T'es plus fort que t'en a l'air, Tys, dit-il après un moment.
— Je me suis un peu entrainé, depuis les évènements de Thrasryall. Tu vas abandonner ?
Les muscles tremblants après s'être autant crispé, Egrim se redressa sur les genoux, faisant un petit sourire épuisé à son ami.
— T'es fort, répéta Egrim. Mais ne sois pas idiot, en plus du reste. Aghes !
Egrim tendit la main vers Tys ; un puissant jet de flamme en jaillit, fonçant droit vers le visage ahuri du télépathe. Il plongea de côté juste à temps ; le jet s'écrasa contre la vitre du restaurant autrefois derrière lui, qui éclata en mille morceaux. Les gens à l'intérieur hurlèrent de panique.
— Oh, t'exagères ! s'exclama Tys en se redressant.
— C'est toi, qui exagères ! Aghes !
De nouvelles flammes foncèrent vers Tys, qui renversa des tables sur son chemin en courant pour s'enfuir. En se penchant, le feu passa au-dessus de sa tête. Les gens dans la rue s'étaient mis à paniquer, à hurler.
Egrim se redressa et s'avança vers Tys, sans s'inquiéter du mouvement de terreur qui s'élevait autour de lui.
— Egrim, s'il te plait ! fit Tys. Tu vas trop loin. Arrête !
— Tu vas renoncer à parler à Sin ?
Tys serra les poings, son regard filant de gauche à droite en quête d'une échappatoire. Tout autour d'eux, des gens observaient la scène avec angoisse. Même les enfants s'étaient immobilisés.
Tys s'avança d'un pas vers Egrim et présenta ses mains, comme pour tenter de l'apaiser.
— Tu vas blesser quelqu'un, si tu continues... Bon sang, Egrim, calme-toi...
— Renonce.
Tys secoua la tête en signe de dénégation.
— Je ne peux pas.
— Alors, j'espère que tu ne m'en voudras pas. Repiliz !
Tys écarquilla les yeux en sentant l'apesanteur s'emparer de son corps. Comme si un géant venait de lui enfoncer un puissant coup de poing dans le ventre, il fut projeté vers l'arrière, faisant un impressionnant vol plané de plusieurs mètres. Seule une exclamation incrédule sortit de sa bouche. Le temps qu'il se rende compte de ce qui se passait, il avait déjà atterri dans la fontaine, la glace à l'intérieur se brisant à l'impact. Tys tomba sous l'eau et l'avala à grande gorgée. La panique s'empara de lui, le froid le paralysa, alors même qu'il baignait dans tout juste cinquante centimètres de liquide.
Des hurlements retentirent dans la rue alors qu'Egrim s'approchait de la fontaine. Il entendait vaguement des gens crier entre eux « que quelqu'un va chercher Sin ! » Tout ce qui lui importait, sur l'instant, c'était Tys. Il en avait oublié tout le reste.
En arrivant au bord de la fontaine, Tys en ressortait à tête, respirant à grande goulée et crachant le liquide de ses poumons. Ses cheveux châtain étaient plaqués à son visage, faisant jaillir ses longues oreilles.
Egrim posa ses mains sur ses épaules, le repoussa sous l'eau, et murmura la formule qu'il avait apprit de lui-même, à peine une heure plus tôt :
— Myurdet ahk.
La glace se reconstitua aussitôt au-dessus du corps de Tys. Egrim retira ses mains, et la matière devint solide derrière lui. Tys écarquilla les yeux, frappa contre la surface dure, de grosses bulles d'oxygènes sortant de sa bouche. Son visage virait au rouge, son regard était dément.
Aide-moi !
Egrim sourit à la voix de son ami dans sa tête. Simplement assis contre le bord de la fontaine, il éprouvait un certain plaisir à voir le télépathe dans une telle situation d'impuissance.
— Dis-moi que tu ne diras rien à Sin.
D'accord ! Je ne dirais rien ! Pitié, sors-moi de là ! Je vais me noyer !
Egrim ouvrit la bouche ; avant même qu'il ne pût répéter la formule, il sentit quelque chose la plaquer au sol avec la force d'un ours. Il eut tout juste le temps de voir que c'était Nuvem, revenu de son expédition ou bien attiré par les cris des passants. Puis il l'agrippa par le col de son manteau et lui enfonça un puissant coup de poing à la mâchoire alors qu'Egrim s'efforçait de prononcer un sort. Sa lèvre se fendit, le sang gicla et dégoutta sur son menton.
Nuvem envoya un deuxième et un troisième coup. Au quatrième, il lâcha Egrim qui se laissa retomber mollement au sol, une douleur abrutissante pulsant dans tout le visage. Un bruit sourd sifflait à ses oreilles alors qu'il se tournait de côté pour cracher le sang qui lui emplissait la bouche. Quand il réussit enfin à se lever sur un coude, cependant, Nuvem n'était plus là ; il était près de la fontaine, avec Tys, sortie de la glace et le souffle court.
Egrim se redressa sur les genoux. Il était étourdi, il avait même du mal à comprendre la scène qui se déroulait sous ses yeux. Pourquoi tout le monde le regardait-il comme ça ? Pourquoi Tys était-il trempé, frigorifié et haletant, les deux pieds dans la fontaine ?
— Egrim !
Egrim tourna lentement la tête. Sindruid venait tout juste d'apparaitre par une téléportation, portant son costume d'occasion et un manteau au-dessus. Il semblait tout autant perdu que son élève.
— Egrim... qu'est-ce qui se passe ? Tu saignes... Pourquoi...
Egrim et Tys se dévisagèrent l'un vers l'autre, se demandant qui allait réagir le premier. Tous deux étaient sonnés des coups qu'ils s'étaient récoltés.
Egrim ouvrit la bouche, mais Tys s'écria le premier :
— Endors-toi !
Les yeux d'Egrim se révulsèrent et il s'effondra face au sol, sombrant aussitôt dans l'inconscience.
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