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Chapitre 10

Leerian avait pris la direction du nord. Mais dès qu'il fut assez loin pour que Mishi ne le voie plus, il avait bifurqué pour retrouver le lac de Mishi. De là, il trouva rapidement la route qui menait chez Adan.

Il n'avait pas envie de faire ça, encore moins dans le dos de Mishi. Mais il avait essayé de lui parler et elle n'avait rien voulu entendre. Pourtant, il n'avait pas le choix. Allait-il recréer la même erreur une troisième fois, rien que parce que Mishi s'obstinait ? Non, il en avait eu sa dose de causer tant de souffrance aux gens qu'il aimait. L'heure était venue d'arrêter d'être égoïste.

Quand Leerian releva la tête, la maison d'Adan était devant lui. Le chalet de rondin, avec son grand balcon et ses deux rockingchair, semblait plus délabré que dans ses souvenirs. Les buissons alentour s'étaient mis à grimper sur la ridelle, et la neige s'accumulait sur le perron, ne laissant qu'une petite trace étroite pour marcher. Leerian s'y avança précautionneusement, jusqu'à la porte où il entra sans cogner.

Une douce chaleur l'enveloppa dès qu'il franchit le seuil. Le subtil crépitement d'un feu de cheminée le fit sourire. Soudain, il eut hâte d'être chez lui, d'allumer son propre foyer, de s'asseoir au sol et de regarder les flammes consumer le bois pendant des heures.

— Mishi ? T'es déjà rentré ?

C'était la voix d'Adan. En faisant un pas supplémentaire, Leerian dépassa le bord du mur qui le cachait ; le salon apparut à lui, ainsi qu'Adan emmitouflé sur un canapé, une couverture sur les genoux et une tasse fumante aux lèvres.

L'homme avait meilleure mine que ce que Leerian avait craint, après son enlèvement qui l'avait mené sur un pays démoniaque. Ses joues étaient creusées et son regard un peu terne ; ses bras, qui dépassaient de la couverture, lui semblaient drôlement minces, comme des brindilles. Pourtant, dès qu'Adan reconnut Leerian, sa tasse lui glissa des doigts pour se répandre au sol, ses yeux bruns s'élargirent et il se leva d'un bond en brandissant un petit couteau, prêt à l'attaque.

— Ne t'approche pas ! Ma lame est en argent !

— Moi aussi, dit Leerian d'un ton neutre tout en posant une main sur la manche de son épée.

Adan déglutit, une peur visible dans le regard. Leerian pinça les lèvres, irrité de son comportement. Il savait que ce serait pénible, mais ne s'était pas attendu à tant.

Leerian se souvenait de sa première rencontre avec l'homme ; il était terrorisé, convaincu qu'il allait lui sauter dessus pour le tuer, alors qu'Adan s'était révélé très gentil. Depuis, pourtant, Leerian avait eu l'occasion de se battre et connaitre sa vraie force, et il n'était plus aussi peureux qu'il l'était, presque huit mois plus tôt. Maintenant qu'Adan réagissait enfin comme il se l'était imaginé à l'époque, Leerian ne pouvait penser qu'à une chose ; il ne réussira jamais à me toucher, avec son petit couteau. Je suis beaucoup trop rapide pour lui.

Leerian posa son sac au sol et s'avança d'un pas d'Adan, qui se crispa un peu plus. Leerian s'arrêta et leva les mains en signe de paix.

— Monsieur, je ne vous ferais aucun mal... on se connaît. Et j'aime votre fille. La dernière chose que je veux faire, c'est bien de tuer son père, hein !

Adan fit un petit mouvement de sourcils qui signifiait vaguement « c'est vrai ».

— Adan, continua Leerian d'un ton posé. Je suis ici dans le dos de Mishi. J'ai essayé de lui parler, mais elle s'obstine. Je sais que vous, vous ferez ce qu'il faut faire pour le bien de Mishi.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Est-ce que nous sommes en danger ?

— Oui... de moi.

Adan, qui était sur le point d'abaisser son couteau, le releva aussitôt.

— Pas aujourd'hui ! s'énerva Leerian. La pleine lune est dans trois semaines. Et je compte utiliser ce temps pour vous convaincre de quitter la forêt. Ne serait-ce que provisoirement. Tout ce que je veux, au minimum, c'est que vous ne soyez pas à Celeyste pendant la prochaine pleine lune... ni toutes celles qui suivront. C'est trop demandé ?!

Adan abaissa à nouveau son couteau. Lentement, il s'assit sur le canapé et remonta sa couverture sur ses genoux. Leerian se permit d'avancer d'un pas supplémentaire.

— Tu sais que tu ne ressembles vraiment pas à un loup-garou ? fit Adan au bout d'un moment. D'abord, je ne pensait pas que les elfes pouvaient l'être. Est-ce que tu as une meute ? Il y en a d'autres comme toi, à Celeyste ?

— Celui qui m'a transformé a été tué par mon père, dit Leerian à regret. S'il y en a d'autres dans la forêt, je ne les ai jamais rencontrés.

Adan hocha lentement la tête, semblant perdu dans ses songes. Leerian garda le silence, préférant ne pas le brusquer, tout en prêtant une oreille au bruit extérieur, guettant le retour de Mishi. Ça le mettait mal à l'aise de faire ça derrière son dos, mais s'il n'avait pas réussi à la convaincre de quitter Celeyste, seul son père avait une chance. Il valait mieux, pour l'instant, le laisser gérer ce problème.

— Tu veux donc que, Mishi et moi, nous quittions la forêt, résuma Adan.

— Oui.

— Parce que tu ne souhaites pas nous faire de mal.

— Exact.

— C'est louable. Bien sûr. À la pleine lune, nous ne serons plus à Celeyste.

— Mais Mishi ne veut pas partir. Pas définitivement, du moins.

— C'est ce qu'elle t'a dit ? Ça m'étonne un peu...

Leerian ferma les yeux, fouillant dans ses souvenirs d'une demi-heure plus tôt, avant de reprendre :

— Plus précisément, elle a dit : je te colle au basque, que tu le veuilles ou non. Et même que mon père le veut ou non. En clair... bon, ce n'est pas de la forêt qu'elle parlait spécifiquement, mais de moi.

Leerian fit un sourire désolé. Adan soupira en détournant le regard.

— Si Mishi ne peut pas être convaincu, pourquoi toi¸ tu es revenu ? Tu n'avais qu'à rester où tu étais.

Si seulement ! pensa Leerian, qui s'étonna lui-même. Il prit soudain conscience de regretter d'être ici, à Celeyste. Sans la protection des djinns et, surtout, sans leur potion qui limitait les dégâts de ses transformations.

— Je ne l'ai pas décidé. Les djinns m'y ont forcé.

Adan garda le silence, choqué de cette révélation. Clairement, il ne s'était pas attendu à ce que des djinns se mêlent à cette histoire.

— D'accord, dit-il simplement au bout d'une longue minute. Alors... je convaincrais Mishi. Mais elle sait déjà que tu es ici... Tu aurais dû venir me voir en premier. Bon... oh, Leerian, tu me compliques la vie.

— J'ai compliqué la vie à beaucoup de gens, fit Leerian dans un soupire. Et pourtant, ça n'a jamais été mes intentions. Tout ce qui m'importe, c'est votre sécurité.

Adan hocha la tête, puis fit un sourire triste pour Leerian. Celui-ci ne sut comment réagir ; pour la première fois de cette rencontre, Adan semblait gentil comme il l'avait toujours été. Il posa le couteau qu'il avait encore en main sur une table basse et s'appuya plus confortablement sur le canapé.

— Je te remercie de m'avoir mis au courant, Leerian. Tu aurais très bien pu retourner te cacher chez toi sans un mot, profitant de Mishi dans mon dos, et me laissant totalement dans l'ignorance... jusqu'à ce que, comme tu le prévois, la pleine lune arrive et que tu nous blesses, Mishi ou moi. Pour cette pleine, je te donne la permission de continuer à voir Mishi... pour le temps que nous n'aurons pas encore quitté la forêt.

— Merci ! fit Leerian, la voix montant dans les aigües. Merci... c'est tout ce que je demandais.

— Laisse-moi tout de même la journée pour parler avec ma fille, d'accord ? Tu devrais partir, maintenant. Et ne reviens pas avant demain.

— Merci, répéta Leerian.

L'elfe s'inclina devant son beau-père, puis tourna les talons pour s'avancer vers l'entrée. Il reprit son sac et le passa sur ses épaules.

— C'est dommage que tant de malheur t'entoure, Leerian, dit Adan dans son dos. Ça se voit que tu l'aimes vraiment.

Leerian rougit en reportant son regard sur Adan une dernière fois. Enfin, il quitta la maison de rondin, inspira une longue bouffée d'air frais, puis couru en direction de sa propre maison, quelques dizaines de kilomètres plus loin, vers le nord.

*

Il fallut plusieurs heures à Leerian avant de retrouver sa demeure, tout au centre de la forêt Celeyste. Après huit mois d'absence, elle était juste là, sous ses yeux.

La cabane était plus misérable encore que dans ses souvenirs, peut-être parce qu'il avait grandi. Leerian était debout devant la porte d'entrée, choqué et le souffle court. Après avoir vécu moins d'un an dans la tour des djinns dans ce qui aurait presque pu être un appartement luxueux, après avoir visité une bonne partie du pays, quelques villes, une métropole et une ile paradisiaque, il fut incapable de s'empêcher de grimacer en avisant le taudis qu'était sa maison.

J'ai habité ici toute ma vie... Comment j'ai fait pour ne pas perdre la boule ?

La porte était au sol, couvert de marque de griffure et de trace brunâtre, qui était en réalité de longue coulisse de sang séché. Leerian se rappelait vaguement, à la dernière pleine lune qu'il avait passé à Celeyste, avoir défoncé l'entrée. Il ne l'avait jamais réparé ensuite, car, déjà, il s'était mis à consacrer tout son temps à Mishi. En voyant ce spectacle, pourtant, Leerian sentait revenir en lui le peu de joie de vivre qu'il avait à l'époque. Il était, comme avant, coincé à Celeyste. Mais cette fois, c'était pire. Il savait maintenant à quoi pouvait ressembler une vraie belle demeure... et lui, il avait ça.

Leerian prit une grande inspiration, puis pénétra dans sa maison en marchant sur la porte, dont le bois craqua dangereusement sous son poids. À l'intérieur, la neige s'était rependue au sol et sur les rares meubles. Il s'avança jusqu'à la table à manger, y posa son sac, retira sa ceinture et son fourreau, et s'assis sur la chaise pour enlever ses bottes. Enfin, il soupira et regarda autour de lui. Une seule pièce, bien carré, avec une cuisinière d'un côté et un lit de paille de l'autre. Quelques petites sculptures de bois servaient de décoration. Et c'était tout.

Merde.

Leerian resta immobile un long moment, les yeux dans le vague, avant de se lever et de s'approcher de son lit. La neige ne s'était pas rendue jusque-là et les couvertures semblaient sèches. Leerian les retira dans l'idée d'en secouer un peu de poussière ; ce qu'il découvrit en dessous le laissa sous le choc, puis légèrement embêté.

Sur le lit de paille s'étendait toute une colonie de pixies, dormant collé l'une contre l'autre dans un lourd sommeil d'hibernation. Il devait y avoir près d'une trentaine de ces petites créatures ressemblant à des fées minuscules, pas plus grosse que des papillons. Il y en avait de toutes les couleurs ; rose, bleu, vert, violet, jaune. Tout un arc-en-ciel de pixie, profitant de la chaleur de son lit pour y passer l'hiver. Elles y étaient donc, songea Leerian, depuis plusieurs mois. Je ne peux pas les réveiller. Ce serait trop cruel !

Lentement, sans geste brusque, il réinstalla les couvertures au-dessus des pixies, attendrit malgré lui. Puis, sans plus savoir quoi faire de son corps, il retourna s'asseoir sur l'une des trois chaises de sa table à manger. Il était fatigué, et pourtant, il ne pouvait se résoudre à dormir sur le sol, et encore moins dans le lit déjà occupé par les pixies. Il décida donc de vider son sac ; il y trouva d'abord la bouteille de whisky de Chris, puis les cinq livres de Danayelle. Et enfin, le calendrier magique, qu'il accrocha au mur par un clou qui y dépassait. Tout le reste n'était que des vêtements, qu'il balança pêle-mêle dans le seul meuble de rangement de la cabane. Et voilà qu'il avait déjà épuisé tout ce qu'il pouvait faire de mieux.

Je pourrais lire les livres de Danayelle. Ça m'occupera pendant un long moment, songea Leerian en posant une main sur le conte pour enfants, le plus facile des cinq livres. Mais il était trop fatigué pour faire travailler ses méninges. Lentement, son regard dévia à nouveau vers le lit avec envie. Comment je fais, maintenant ?

Un sourire en coin étira les lèvres de Leerian alors qu'une idée faisait son chemin dans sa tête. S'il ne se sentait plus le bienvenu dans sa propre maison... pas de problème. Il en avait une autre.

Laissons ça pour demain. Je suis sûr que Mishi acceptera de m'accompagner.

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