Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 1

Leerian ne comprenait absolument rien à ce qu'il était censé faire.

Assis à la table de la petite pièce servant de bibliothèque aux murs bordés de livres du sol au plafond, dans ses appartements du quarantième étage de la tour des djinns, Leerian observait d'un air lunatique les papiers qui s'étendaient en désordre devant lui. L'un contenait l'alphabet, alors que toute une pile, à côtés, était des copies de sa propre version gribouillée. Il y avait des b à la place des d, des p à la place des q, des w à la place des v et des m à la place des n.

Il y avait déjà presque un mois que Danayelle lui rendait visite, tous les jours ou presque, pour lui tenir compagnie, parler, rigoler... et surtout, lui apprendre à lire. Danayelle avait beau assurer qu'il se débrouillait bien, pourtant, Leerian s'était rarement senti aussi nul. Lire était beaucoup plus compliqué que ce qu'il s'était imaginé ; jusqu'à maintenant, il était à peu près sur du son que devait avoir chaque lettre. Mais c'était, selon lui, très peu pour autant de temps.

Leerian avait pris le défi d'apprendre la lecture de la même façon qu'il serait parti à l'aventure. Plein de difficulté en tout genre, mais le tous seraient réglé en plus ou moins deux semaines. En un mois, forcément qu'il pourrait réciter le dictionnaire en entier. Leerian était complètement dépité que ça ne se passe pas exactement comme il l'avait imaginé.

— J'abandonne. Je n'y comprends rien.

Un petit ricanement se fit entendre depuis le fond de la pièce. Leerian se retourna sur sa chaise, lançant un regard ennuyé à Danayelle. La grande blonde était étendue dans un canapé brun et vieillot, une couverture à carreaux sur les genoux, un bouquin flottant devant elle et une tisane entre les mains.

— Depuis quand t'es du genre à abandonner ?

— Depuis toujours, je crois.

Danayelle lâcha un nouveau rire. Elle posa sa tasse sur une table basse, glissa un signet dans son livre et se leva pour s'approcher de Leerian. Arrivée à ses côtés, elle se pencha au-dessus de son épaule pour observer tous les papiers emmêlés devant lui. Le texte qu'elle lui avait donné pour qu'il le lise était toujours là. Il ne comprenait qu'une dizaine de lignes, avec une écriture exagérément grosse. C'était, en fait, le résumé d'un conte pour enfants.

Elle pointa le tout premier mot.

— Ça, qu'est-ce que c'est ? La première lettre.

Leerian plissa les yeux, puis regarda l'alphabet pour tenter de le retrouver. Il parcourut la liste en entier avant de la trouver et de la tapoter du doigt.

— C'est... un U.

— Bravo. Ensuite ?

Leerian se mordit la lèvre, s'efforçant de s'empêcher de sourire. Il avait en réalité réussi à déchiffrer plusieurs mots, surtout ceux avec moins de quatre lettres. Mais ça faisait une heure qu'il n'avait pas conversé avec Danayelle, qui avait le nez plongé dans son livre depuis qu'elle lui avait donné ce devoir. Leerian s'ennuyait ; il voulait parler avec Danayelle, peu importe le sujet. Peu importe s'il se faisait passer pour plus idiot que ce qu'il était.

— Une. Le mot, c'est « une ».

— Merveilleux, un bon début ! fit Danayelle en lui tapotant l'épaule. Le prochain est plus difficile. Vas-y une lettre à la fois.

Leerian se cala plus confortablement dans son fauteuil. Danayelle prit une chaise de la même table et l'attira pour s'asseoir aux côtés de Leerian, puis posa le coude sur les papiers pour ensuite s'appuyer le visage dans la main. Leerian sentait le souffle chaud de la blonde dans sa nuque, faisant onduler une mèche de ses cheveux qui lui chatouillait le cou.

Un mois déjà que Danayelle lui rendait visite. Leerian ne l'aurait jamais cru s'il n'avait pu compter sur ses transformations en loup-garou une fois aux trente jours. Qui, d'ailleurs, était il y a trois jours. Le temps semblait s'écouler à toute vitesse ; beaucoup plus vite que les sept derniers mois, quand il n'avait personne d'autre que Chris, le djinn, et ses lutins serviteurs, tous terrifiés de lui. Avec Danayelle, pourtant... il ne voyait même plus de raison à tenter de s'enfuir. Il était bien, ici.

Bien sûr, Mishi lui manquait beaucoup. La sirène, au contraire de Danayelle, ne s'était pas manifestée depuis l'évènement de Thrasryall, le pays voisin où ils s'étaient fait attaquer de tous côtés. Même si ça lui pesait énormément de ne plus avoir de nouvelle de Mishi, il comprenait que ce n'était pas sa faute. Elle était avec son père qui le détestait. Et si elle décidait de s'enfuir pour le trouver à Stanmore... elle ne connaissait pas la ville. Non, Leerian préférait encore la savoir dans la forêt Celeyste, où était sa maison, en sécurité.

— Sorcière.

— Ah, bravo ! s'exclama Danayelle en se redressant d'un coup. Une sorcière !

— T'es sûr que c'est un conte pour enfants ? C'est plutôt glauque de parler de sorcière...

— Disons que c'est le genre de conte qui démontre une version beaucoup moins horrible de ce qu'est réellement une sorcière. Tu préfèrerais un conte sur les loups-garous, peut-être ?

Leerian lança un regard torve à Danayelle, qui répondit d'un éclat de rire.

— Oh, ne le prends pas comme ça ! Je rigole !

Leerian esquissa un sourire à son tour, puis lâcha un bref soupir. Peu importe le sujet, tout me ramène toujours au fait que je suis un monstre.

— Allez, continue, insista Danayelle. Je veux que tu lises toute la phrase.

— C'est une longue phrase, fit Leerian qui sentit sa joie de vivre diminuer d'un cran.

— Je sais que tu en es capable.

Leerian et Danayelle s'échangèrent un regard. Leerian était ennuyé ; Danayelle lui faisait un sourire confiant. C'était le concours du premier qui cligne des yeux a perdu.

Leerian reporta son attention au conte. Ses joues s'empourprèrent malgré lui.

— Salut, les tourtereaux !

Leerian sursauta violement sur sa chaise, son cœur faisant une embarder. Danayelle lâcha un bref hurlement avant de se couvrir la bouche de ses mains.

Devant eux, de l'autre côté de la table, Chris venait d'apparaître, aussi soudainement que pouvaient le permettre les pouvoirs d'un djinn. Habillé de son habituel costume trois pièce noire, la cravate au cou et le mouchoir dans la poche de poitrine, il affichait un large sourire, le blanc de ses dents détonnant avec le bleu turquoise de sa peau.

— Alors, vous vous amusez bien, tous les deux ? Tu sais que tu te rapproches dangereusement du couvre-feu, Danayelle ?

— Oh... euh, je suis désolée, je m'en vais.

— Non, attends. Reste encore une minute.

Danayelle s'était déjà à moitié levée de sa chaise. Elle s'arrêta dans son mouvement, puis, lentement, s'assit à nouveau. Leerian lui lança un regard de côté, s'assurant qu'elle n'allait pas surréagir à peu importe ce que Chris avait en tête – car il avait toujours un coup tordu à faire. Il adorait faire peur à Danayelle. Un jour, il l'avait menacé de l'envoyer à Werisor, la prison pour doté – ce qui était la pire crainte de Danayelle – rien que parce que, justement, il savait que c'était une phobie. Chris avait arrêté qu'une fois que Danayelle s'était mise à pleurer, et après, surtout, que Leerian s'était si énervé que ses yeux avaient viré au rouge.

— Qu'est-ce que vous préparez, encore ? fit Leerian dans un grondement. Laissez Dana partir si elle le souhaite.

— Non, fit Chris avec un large sourire.

Il laissa aller un court moment de silence, rien que pour s'amuser de Danayelle qui commençait doucement à paniquer, avant de reprendre :

— Tu te souviens, Leerian, quand je t'avais dit qu'un évènement allait probablement se produire, et qu'il suffisait d'attendre ? Eh bien, il s'est réellement produit.

— Je croyais que vous plaisantiez. C'était il y a presque un mois, déjà. Vous m'avez dit plusieurs fois que vous ne voyez le futur qu'à une distance d'une semaine.

— Oh, ne commence pas à jouer les pessimistes, Leerian, fit Chris en lâchant un énorme soupire. Il faut vraiment que je t'explique ? J'ai vu un évènement dans le futur, qui, à ce moment, était à six jours précisément. Et la personne concernée semblait très convaincue par sa propre idée, et j'ai parié sur le fait que ce quelque chose allait provoquer quelque chose d'autre. Et j'ai eu raison.

Danayelle et Leerian s'échangèrent un regard perplexe. Danayelle ne comprenait rien de ce que le djinn disait ; Leerian ne lui avait jamais révélé cette conversation, tout simplement parce qu'il était rapidement venu à la conclusion que ce n'était que du vent. Une tentative comme une autre de calmer sa frustration, quand il avait découvert que son voyage à Thrasryall n'avait rien changé à sa vie misérable.

— Danayelle, reprit Chris en se penchant légèrement vers la blonde. Est-ce que tu suis l'actualité ?

Danayelle se mordit la lèvre tout en secouant la tête de gauche à droite. À son humble avis d'adolescente de quinze ans, l'actualité n'était pas quelque chose qui valait son attention.

— Non ? Pas même un peu ? Tu ne lis pas le journal ? Tu n'écoutes pas la télé ? Ni les magasines sur les célébrités ?

— Non, monsieur, dit-elle d'une petite voix. Désolée.

Chris pouffa de rire, amusé de sa politesse. Il tourna la tête vers Leerian, comme pour échanger un regard complice avec son protégé. Celui-ci lui le dévisageait d'un œil noir, prêt à défendre Danayelle aussitôt que le djinn dépasserait la limite. Ce qui finissait toujours par arriver.

— Elle est tordante, ta copine, Leerian. Tout ce qu'elle fait pour t'aider, et elle n'a même pas remarqué ce qui te pendait sous le nez...

— De quoi vous parlez, au juste ? Venez-en au fait.

Chris posa un journal sur la table, au-dessus de l'alphabet, ses gribouillis d'écriture et le conte de sorcière pour enfant. Leerian grimaça ; les mots étaient minuscules, et le texte interminable.

— Tu sais lire, maintenant ? Prouve-moi ça.

— Je... c'est trop long. Je ne peux pas...

— Je vais le lire pour toi, dit Danayelle en tendant la main vers l'article.

— Non ! s'exclama Chris. Laisse-le faire.

Leerian leva un regard ennuyé vers le djinn.

— Je ne peux pas, j'ai dit ! C'est trop long !

— Ah, tu m'énerves ! s'écria Chris. Si c'est si dur de lire, peut-être que je devrais t'arracher les yeux ! Comme ça, tu n'auras plus besoin d'essayer !

Leerian se tordit la bouche pour s'empêcher de répliquer. Il le savait, le terrain commençait à être glissant. Même si ça sonnait comme une menace en l'air, Chris n'appréciait pas particulièrement quand on lui répondait. Le djinn pourrait bien lui arracher les yeux en lui enfonçant les doigts dans les orbites, rigolant à s'en péter les côtes et laisser Leerian pleurer des larmes de sang pendant une heure ou deux avant de se lasser du spectacle et de lui rendre la vue comme si rien ne s'était passé.

Vaut mieux éviter.

— Monsieur, dit-il d'un ton posé. Je peux essayer, si vous insistez, mais je suis encore très loin d'avoir le niveau suffisant. Il va me falloir des heures à décortiquer ce texte.

— Pas la peine. Je crois que Danayelle a déjà fini.

Leerian tourna le regard vers son amie. Celle-ci avait profité de l'altercation pour lire au-dessus de l'épaule de Leerian. Ses yeux étaient écarquillés et sa bouche pendante.

— Quoi ? s'étonna Leerian. T'as vu un fantôme ?

Danayelle secoua lentement la tête de gauche à droite, puis se leva de sa chaise pour marcher en cercle dans la petite pièce. Leerian l'observa, inquiet de son comportement. Il en fallait beaucoup pour mettre Danayelle dans cet état – en dehors des menaces de Chris.

Leerian reporta son attention au journal devant lui et s'efforça de lire l'article ; la première chose qui lui sauta aux yeux fut son prénom.

— Ça parle de moi ?

Danayelle marmonna un « hun, hun » affirmatif. Chris, pour sa part, se contenta de lui présenter un large sourire.

— Est-ce que... ce sont de bonnes ou de mauvaises nouvelles ?

— Des bonnes, fit Danayelle avant que Chris ne réponde. Très bonne !

— Alors pourquoi tu tournes en rond comme ça ? Tu me stress !

Danayelle s'arrêta aussitôt de bouger. Elle prit une grande en longue inspiration et expiration, puis s'approcha d'un pas. Elle leva yeux vers Chris, s'attendant à ce qu'il l'empêche de parler. À son manque de réaction, elle se permit d'expliquer :

— Il y a, depuis un temps, une pétition pour te rendre ta liberté. Elle a fait le tour du pays et elle a été signée par près de cinq cent mille personnes.

— C'est plus que la population totale des elfes à Nyirdall, intervint Chris. Qui veut dire qu'un bon nombre de lutins et de fées ont mis leurs noms également.

Leerian cligna bêtement des yeux. Il observa Chris, puis Danayelle, puis à nouveau Chris. Un moment de silence passa.

— Pourquoi ? fit enfin Leerian.

— Ouais, pourquoi ? renchérit Danayelle.

Le sourire de Chris s'élargit encore un peu plus alors qu'il sortait une nouvelle page de journal de sous sa veste.

— Je crois que vous connaissez tous deux un certain Tys Dirimiel...

— Tys ?! s'exclama Danayelle.

— Tys à un nom de famille ? dit Leerian en toute innocence.

Danayelle se tourna vers Leerian pour lui faire de gros yeux.

— Tout le monde a un nom de famille !

— Non, pas tous, dit Chris.

Il déplia soigneusement l'article et la posa au-dessus de l'ancienne, permettant à Leerian de la lire, même si c'était une évidence que Danayelle allait s'en charger.

— Vous savez que Tys est journaliste ? Il a profité de votre aventure pour raconter à tout le pays ce que tu as fait. Bien sûr, ses intentions premières étaient pour Nocksor uniquement. Mais son article a eu plus de succès que prévu et il a rapidement fait le tour de toutes les villes. C'est ainsi que quelqu'un a eu l'idée de faire une pétition pour toi.

Chris reprit la page de journal, dont Leerian en avait à peine réussi à lire trois mots, le plia soigneusement en quatre, puis le tendis à Danayelle, qui le prit avec un temps de retard.

— Je ne comprends toujours pas, dit Leerian.

— Tu ne comprends pas ?

Chris s'appuya de ses poings sur la table et se pencha au-dessus, approchant son visage de Leerian qui se recula dans sa chaise. Tous deux s'observaient, les yeux d'or de Leerian dans ceux bleu et étrangement lumineux du djinn, sous le regard inquiet de Danayelle.

— Ça veut dire que tu dois faire tes valises. Demain, je te ramène à Celeyste.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro