Chapitre 53
Au large de la plage de Thrasryall, un énorme trois-mâts pointait cinq canons vers le groupe d'amis, prêt à tirer. Pourtant, personne n'y prêtait attention ; tous regardaient soit à gauche, soit à droite, où il y avait des pirates d'un côté et toute une bande de natifs enragés de l'autre. Sans parler de la forêt, derrière eux, d'où s'échappaient des rugissements plutôt inquiétants.
— Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Danayelle après quelques secondes de silence pleines d'angoisse.
— C'est toi la meilleure, pour ce genre de situation, dit Mishi. Retire ta bague et fais tout péter, comme la dernière fois.
— Non, pitié, fit Egrim dans un marmonnement plaintif.
— Toi, fais quelque chose, alors.
— Pourquoi moi ?
— Parce que t'es un magicien, peut-être ?! s'exclama Mishi, s'énervant pour de bon. Tu pourrais bien servir à quelque chose, pour une fois !
Egrim serra les poings. Il était conscient d'avoir cherché la colère de tout le monde, même si son but était d'embarrasser Leerian et pas spécifiquement tous les autres. Mais le petit commentaire de Mishi toucha une corde sensible. Elle croyait vraiment qu'il n'avait servi à rien depuis le début de cette aventure désastreuse ? C'était grâce à qui que Leerian s'était évadé de chez les djinns ? Grâce à qui qu'il avait pu quitter le pays ? Qui l'avait soigné après l'attaque de la goule ? Tous les petits caprices du roi Celeyste avaient été exaucés par lui, au détriment de sa propre existence. Mais il suffisait qu'il s'énerve une fois pour que, soudainement, tout ce qu'il avait fait avant ne compte que pour du beurre ?!
— Qu'est-ce que tu penses faire, au juste ? dit Adan d'un ton de défi.
Je devrais lui balancer une boule de feu dans la tronche. Peut-être bien que je vais le faire.
— Hé, on se calme ! Pitié ! s'exclama Tys. Vous avez oublié le plus important ? Ce n'est pas la peine de s'entretuer, on est déjà sur le point de se faire attaquer ! Et on a besoin d'un plan !
— On pourrait... se laisser mourir.
Toutes les têtes se tournèrent vers Leerian, qui avait marmonné cette fatalité d'un air un peu trop désintéressé. Danayelle lui envoya une claque sur l'épaule, mais il réagit à peine.
— Hé, les elfes !
Les cinq pirates étaient arrivés à eux. Perdus dans leurs conversations, ils n'avaient pas remarqué qu'ils étaient déjà cernés. Danayelle serra les poings, mais Leerian choisit ce moment pour revivre ; il se leva lentement, grimaçant sur ses jambes, avant de faire face au pirate le plus près. Il semblait fatigué et l'un de ses bras était couvert de sang.
— Nous sommes quatre elfes dans un groupe de onze... douze si on compte Jean. Ce n'est pas la peine d'en faire une généralité.
Le pirate pouffa de rire à ce commentaire inutile. Il leva l'arme qu'il avait à la main ; l'épée de Leerian. Celui-ci fronça les sourcils, puis releva les yeux vers le pirate.
— Je crois que tu n'as pas réalisé que la partie est finie. Regarde derrière toi ; tu vois, tous ses villageois ? Ils nous aiment bien. Et au premier signe d'agressivité de ta part, je te transperce. Et ils vont attaquer et vous allez tous crever.
— Ah, c'est cool...
Leerian se rassis au sol, lâcha un gros soupire, puis se laissa tomber dans le sable et ferma les yeux, la tête sous les mains. Danayelle l'observait d'un air incertain, convaincu qu'il avait perdu la raison.
— Ça veut dire que si je ne fais rien, reprit Leerian, personne ne va attaquer.
Les pirates s'échangèrent des regards entre eux, perplexes.
— Ce n'était pas censé être aussi facile, non ? fit l'un d'entre eux.
— C'est probablement un piège, dit un autre.
— Faites comme vous voulez, je n'en ai plus rien à cirer, dit Leerian.
Egrim pouffa de rire et Tys lui envoya un coup de poing sur l'épaule. Danayelle, en revanche, regardait chaque pirate avec inquiétude ; peu importe le comportement douteux de Leerian, elle était prête à bondir sur ses pieds dès le moindre mouvement suspect. Elle l'avait compris rapidement ; même s'ils donnaient l'impression qu'ils ne souhaitaient pas attaquer, elle savait qu'en réalité, il ne rêvait que de les tuer. Ils leur avaient causé trop de problèmes pour les laisser filer encore une fois. C'était sur cette plage, à ce moment précis, que ça allait se terminer. Soit en tuant tous les pirates et tous les natifs – sauf Nuvem -, soit qu'eux-mêmes allaient mourir aujourd'hui. Très bientôt.
— Leerian... commença Danayelle.
Elle s'interrompit, d'abord parce que Leerian ne semblait pas vouloir lui prêter attention, et ensuite parce que, du coin de l'œil, elle remarqua les pirates reculer lentement. Mishi aussi l'avait vu ; elle s'était redressée, dévisageant les pirates avec inquiétude. Qu'est-ce qu'ils préparaient, au juste ?
Ce fut pourtant Tys qui comprit le premier ; il lâcha une brève exclamation de panique avant de se lever d'un bond et partir en courant.
— FUYEZ ! fit-il d'une petite voix aigüe.
Une seconde plus tard, une explosion éclata tout près du groupe, les soufflant tous de côté sur plusieurs mètres en les ensevelissant sous le sable. Narsa hurla, Mishi s'effondra contre son père. Egrim fut balancé directement vers les arbres de la forêt ; il se cogna la tête contre un tronc et tomba dans un banc de neige. Jean eut tout juste le temps de s'envoler de ses épaules avant de se faire écraser.
Tys avait échappé de justesse à l'explosion. À genoux au sol, il se releva lentement et lança un regard derrière lui, la peur de découvrir tous ses amis morts. Le boulet de canon n'avait touché personne ; seule l'onde de choc les avait atteints. Il souffla, mais le soulagement fut bref. Malgré la distance, il entendait au loin la voix des pirates qui étaient toujours sur le bateau, le capitaine ordonnant de charger un deuxième projectile.
Tys prit une grande inspiration, puis ferma les yeux malgré le danger et se concentra de toutes ses forces sur le capitaine.
Dans le bateau, près de quatre-cents mètres plus loin, le capitaine était dans la cale, accompagné d'une quinzaine de ses hommes et nains. En groupe de trois à chaque canon, ils chargeaient la poudre et préparaient les boulets. Le capitaine avait un large sourire au visage.
Cette fois, ils sont cuits, pensa-t-il, et Tys l'entendit très clairement.
Dis-leur d'arrêter.
— Euh... arrêtez, dit-il soudain. Arrêtez...
Ses hommes s'immobilisèrent aussitôt.
— Pourquoi on arrêterait ? Ils sont à notre merci, fit l'un avec un gros boulet entre les bras.
— Oh, non ! Il faut continuer ! Souvenez-vous, ils ont un télépathe !
— Oui, il est juste là ! fit un autre qui tenait une longue-vue près d'une fenêtre.
Tys s'échappa de l'esprit du capitaine pour sauter à celui du matelot qui venait de parler. Il regarda avec ses yeux dans la longue-vue ; il se vit lui-même, debout sur la plage, semblant inutile alors qu'une bataille était sur le point de se lever tout près de lui. Les natifs d'un côté, quelques pirates de l'autre, tous en courant pour atteindre les elfes aux centres avec leurs armes. Et surtout, il vit l'un des pirates s'élancer derrière lui avec l'épée de Leerian.
— C'est bon, dit le pirate avec un petit ricanement. Le télépathe n'en a plus pour très longtemps...
Tys retomba dans son propre esprit avec brutalité, le souffle coupé. Il entendit soudain tous les bruits qui l'entouraient ; tous criaient, hurlaient, paniquaient. Tys se retourna à demi, remarquant le pirate qui courrait vers lui avec l'épée de Celeyste.
Tys s'écarta d'un bond ; juste assez, du moins, pour que l'arme vise sa hanche plutôt que son cœur. La lame s'enfonça jusqu'à la garde comme dans du beurre. La douleur irradia instantanément ; sa bouche s'ouvrit en un cri muet, ses jambes flanchèrent et il s'effondra à genoux dans le sable.
Merde, pensa-t-il bêtement. Les larmes montèrent à ses yeux malgré lui et il serra les dents pour s'empêcher de gémir.
Le pirate ricana, amusé de voir le télépathe à sa merci. Il lui fit un large sourire, puis se pencha pour reprendre l'épée qui était toujours en travers du corps de Tys. Et Tys le savait ; dès que l'arme sera retirée, l'hémorragie sera instantanée.
— SALAUD !
Le pirate releva la tête. Une seconde plus tard, il fut balayé à travers la plage pour atterrir dans l'eau dans une grosse éclaboussure. Egrim s'avança de quelques pas supplémentaires, les mains en l'air témoignant de la magie qu'il venait d'utiliser.
— Egrim, fit Tys dans un couinement. Aide-moi...
Egrim courut vers Tys et s'agenouilla près de lui, les yeux écarquillés en dévisageant l'épée qui traversait sa hanche. Il déglutit, puis leva ses mains devant lui.
— Shiernelt !
Ses mains s'illuminèrent aussitôt d'une faible lueur. Il en mit une de part et d'autre de la blessure, entourant la lame d'un côté et le manche d'un autre. Tys grimaça, puis lâcha un bref soupir. Le sortilège semblait dégager une froideur qui l'engourdissait.
— Tiens le coup, Tys. Le plus dur s'en vient... Meïrv.
L'épée se mit à bouger d'elle-même, reculant lentement dans la chaire de Tys, alors qu'Egrim maintenait ses mains sur les plais. Un gémissement déchirant s'échappa de Tys, qui ferma les yeux en serrant les dents.
— Merde ! Arg... Fait vite...
— Choisis, Tys, s'énerva Egrim. Sois je fais vite, sois je fais bien. C'est l'un ou l'autre.
— Vite ! Les pirates...
Tys n'eut le temps de terminer sa phrase ; Egrim avait compris l'important. Faire vite. Il retira l'épée d'un seul coup, et Tys hurla au même moment qu'un second boulet de canon s'écrasait sur la plage, une dizaine de mètres plus loin. Tout près d'où se trouvait Danayelle, occupée à se défendre au mieux de ses capacités contre toute une bande de villageois. Du sable et du sang revolèrent sur la blonde, qui fut balayée encore une fois par l'onde de choc. Egrim écarquilla les yeux en observant la scène alors qu'il réalisait l'évidence ; ils ne s'en sortiront pas.
Dans un coin, les trois hommes, accompagnés de Mishi, se battaient aux poings contre des natifs. Un peu plus loin, Leerian et Nuvem faisaient de même, mais ils étaient cernés ; l'un ou l'autre allait bientôt se prendre un coup dans le dos. Et Narsa... Egrim dut plisser les yeux pour la trouver ; elle était perchée au sommet d'un arbre, pratiquement caché, et envoyait des boules de magie vers un ennemi à la fois, ce qui le sonnait instantanément. Egrim esquissa un sourire à la technique, avant que son moral ne retombe dans ses chaussettes. Ils étaient beaucoup trop nombreux.
— On va mourir, dit Egrim.
— Ouais, je sais, grommela Tys. Ne compte pas sur moi pour ta prochaine aventure.
Egrim haussa platement les épaules, résigné, puis continua de soigner Tys. Il ne voyait pas ce qu'il pouvait faire d'autre.
Danayelle s'était relevée de l'onde de choc qui l'avait balayé. Le souffle court, les cheveux éclaté et couvert de sang, la bouche pleine de sable. Ce boulet de canon était passé dangereusement près de la pulvériser et elle savait trop bien qu'elle ne devait qu'à la chance d'être toujours en vie. Elle ne pouvait pas se battre ainsi éternellement ; peut-être que, s'ils se regroupaient tous ensemble... non. Les pirates, au bateau, n'auraient plus qu'à les atteindre tous d'un seul coup. Ils étaient mieux dans leur position actuelle ; tous éparpillé sur la plage. Tous désorganisé, sans la moindre stratégie.
On va mourir, pensa Danayelle en même temps que, à vingt mètres de là, Egrim répétait ces mots à Tys. Après seulement que je me serais battu jusqu'au bout.
Mais un villageois l'avait approché sournoisement, alors qu'elle était toujours sonnée. Il lui balança un puissant coup de poing à la mâchoire, la renvoyant aussitôt au sol.
Mishi était un peu plus loin, protégé par son père, Helm et Ehdi, qui formaient un bouclier autour d'elle. Mishi était agrippée au teeshirt d'Adan, sachant pertinemment que sa participation à cette bataille n'y changerait rien ; l'ennemi était trop nombreux pour ses faibles capacités.
— Mishi, sauve-toi dans la mer, proposa Adan tout en menaçant un pirate de ses poings. On va t'escorter, OK ?
— Ah non, la petite ne va aller nulle part, fit le pirate avec un large sourire.
Adan lui balança un coup, mais le pirate esquiva pour lui renvoyer un crochet au menton. Adan tangua sur ses jambes, la lèvre en sang après se l'être mordu. Mishi cria à la vue de son père en difficulté ; elle voulut ensorceler le pirate, mais elle savait qu'elle risquait surtout d'atteindre Adan et les deux frères du même coup, ce qui était particulièrement contreproductif. En clair, il n'y avait rien qu'elle ne pouvait faire pour aider la situation. Elle n'avait pas d'arme, et son seul atout magique était à éviter.
On va mourir !
Leerian se roulait dans le sable avec un natif. Il avait un petit canif à la main, la pointe ensanglantée provenant de sa propre cuisse. Il était déjà à bout de force au commencement de cette bataille et ignorait totalement où il trouvait le courage de continuer. Nuvem l'avait un peu aidé, mais il s'était pris un coup qui l'avait sonné ; Leerian était livré à lui-même, déterminé à éloigner la lame qui se rapprochait toujours plus de son visage. Ses bras tremblaient sous l'effort, les dents serrées et la larme à l'œil. Malgré ce qu'il avait dit plus tôt, il n'avait pas envie de mourir, mais au point où il en était, il avait la forte impression que personne ne lui demanderait son avis avant de se faire tuer sur cette plage. Ce qui se produirait probablement d'ici une ou deux minutes, au bas mot.
Qu'est-ce que j'ai fait pour en arriver là ?! pensa-t-il en désespoir. Et malgré tout, il était parfaitement conscient de la réponse à cette question : il avait énervé un djinn.
Et si tous avaient de la difficulté contre un adversaire à la fois, il y avait encore une cinquantaine d'ennemis qui attendaient patiemment de se trouver une proie.
Narsa, pour sa part, ce l'était joué antisocial comme à son habitude. Perchée au sommet d'un arbre, elle envoyait ses étincelles de magie aux natifs, s'efforçant toujours de ne pas être remarquée. Elle n'avait aucune envie de se mêler réellement à cette bataille ; elle savait que c'était perdu d'avance. En voyant tous ses compagnons d'infortune se faire défoncer la tronche à chaque coin de la plage, il était évident qu'elle était celle qui survivrait quelques minutes de plus.
Au loin, elle apercevait le bateau pirate. Elle l'observa un instant, se demandant si ce serait une bonne idée d'y aller seule pour attaquer les ou si les risques étaient trop grands. Celui-ci cracha un nouveau boulet de canon, qui atterrit tout près d'Egrim en le balançant face contre sable. Tant pis pour lui ! pensa Narsa avec un sourire diabolique, avant d'envoyer un rayon laser à la tête du natif qui avait profité du moment pour l'approcher sournoisement.
Narsa en vint rapidement à sa conclusion ; aller seule sur le bateau serait trop dangereux. Mais elle pourrait entrainer Egrim avec elle, ce qui serait déjà un peu mieux. Après tout, ce trois-mâts était leur unique chance de quitter le pays, et surtout d'éviter de se faire tuer à l'instant.
Narsa se leva sur sa branche, accroché au tronc d'arbre. Elle était convaincue. Et alors même qu'elle déployait les ailes et se préparait à sauter, elle vit, sous ses yeux écarquillés, l'eau de la mer reculer, se rengorger en une vague immense et remballer le bateau pirate, qui coula presque instantanément, emporté dans un tsunami.
— Qu'est-ce que... bredouilla Narsa, avant de se laisser tomber sur sa branche.
Sur la plage, Egrim se remettait à peine après l'onde de choc du boulet de canon qui l'avait balayé comme un malpropre. À genoux, il crachait le sable qu'il avait avalé dans sa chute, sans remarquer que Narsa lui avait sauvé la vie. Il se releva ensuite, regardant le bateau d'un œil noir... mais il n'était plus là ; tout ce qu'il vit, ce fut une immense vague foncer droit sur lui. Son expression changea aussitôt, remplacée par la panique. Il s'élança en courant vers Tys, mais n'eut le temps de faire plus de deux pas ; la mer l'engloba.
Les pirates et les natifs, tout autant que Leerian, Danayelle, Mishi et tous les autres, furent frappés de plein fouet par le tsunami qui était vraiment venu de nulle part. Tous entrainé par les flots, s'efforçant de retrouver le haut et le bas dans cette puissante vague qui les ballotaient dans tous les sens. Alors qu'ils essayaient désespérément de survivre, seule Mishi souriait à sa chance. Elle retira son pantalon, faisant apparaître sa queue de poisson violette, et prit son père par le bras pour lui sortir la tête de l'eau. Puis elle s'élança vers Leerian, un peu plus loin, qui se laissait emporter, complètement sonné.
Elle prit Leerian et nagea vers un arbre alors que la vague semblait déjà se résorber, beaucoup trop rapidement pour que ce soit naturel. L'elfe avait les yeux fermés et le teint blême. Mishi lui envoya quelques claques au visage.
— Réveille-toi, Leerian... Pitié, ne me dis pas que tu t'es encore noyé !
L'eau reculait pour retourner dans la mer. Ils étaient sur le sable, et Mishi réalisa vite dans quelle situation embarrassante elle s'était retrouvé ; soit elle gardait sa queue tout en étant sur terre et qu'elle n'était plus en état de se déplacer correctement, soit elle remettait ses jambes alors que son pantalon s'était laissé emporter par l'océan déchainé.
Mishi grommela pour elle-même, puis se pencha au-dessus de Leerian pour lui faire du bouche-à-bouche sans attendre. Dès le premier souffle, pourtant, il sursauta en se retournant de côté pour cracher une impressionnante quantité d'eau de mer.
— Eh... ça va, Leerian ?
— Hun, ouais, marmonna-t-il d'une voix croissante. On va dire...
Leerian s'agenouilla, soutenu par le bras de Mishi, et observa la plage sans comprendre ce qui s'était produit. Tous les présents étaient au sol ; plus personne ne se battait, ne criait ou quoi que ce soit. Il chercha ses amis et les trouva rapidement, tous en vie et à peine blessé.
— Qu'est-ce qui vient de se passer ? Merde... je l'aurais remarqué, si une vague nous fonçait dessus !
— Elle est vraiment apparue de nulle part, renchérit Mishi. Comme par magie... C'était peut-être Egrim.
Leerian tourna la tête vers Egrim, une trentaine de mètres plus loin sur la plage. Il était à quatre pattes, crachant ses poumons comme un déchainé. Leerian trouva un certain réconfort à voir Egrim en pleine souffrance.
— Clairement pas, dit Leerian en faisant la moue.
— Oh... Leerian...
Mishi avait radicalement changé de ton. Leerian la dévisagea, étonné ; elle regardait la mer, les yeux écarquillés. Là-bas, où était autrefois l'énorme trois-mâts des pirates qui avait coulé, il n'y avait plus qu'un minuscule bateau, bien modeste, faisant tout juste cinq mètres de long. Il avait une peinture bleu ciel écaillé et une inscription sur le côté... Maribella. Juché sur la ridelle de sécurité, défiant toute gravité, quelqu'un était debout, les bras croisés et les sourcils froncés. Cette personne semblait particulièrement de mauvaise humeur, et assez intimidante malgré le petit chat blanc sur ses épaules.
— Qui est-ce ?
Mishi n'arrivait pas à voir son visage, à cette distance. Leerian, au contraire, le reconnaissait très bien. Il se leva, souriant pour la première fois depuis trop longtemps.
— Nous sommes sauvés.
Le mage Sindruid était arrivé.
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