Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Numinomachie XXII

Ce jeu de cache cache dura les trois jours du voyage menant jusqu'aux Rives Blanches. Sur la route, le petit groupe ne croisa pas moins de deux champ de batailles, trois tribus calcinées, et une autre bande comme celle du premier jour. Il semblait clair que c'était dans le sud de la Taiga d'Odin que s'étaient concentrés la grande partie des combats de la guerre civile, ce qui semblait naturel au vu du fait que les capitales des deux camps, la Tribu d'Odin et la Tribu d'Inam, se trouvaient relativement au sud. Il semblait également clair que les draconistes ne comptaient pas prendre part au conflit, puisqu'aucune trace de leur passage ne fut relevée par la petite équipe. Bien loin de les rassurer, ce fait augmenta encore la pression qui pesait sur leurs épaules. Le petit jeu de séduction de Kiine et Yuriana semblait bien mal placé dans leur situation, et toutes deux en avaient pleinement conscience.

-Foutus Draconistes... grommela Yuriana, alors que les premières falaises des Rives Blanches apparaissaient au loin et que le groupe traversait la troisième tribu carbonisée. Ils comptent laisser les deux factions s'entretuer tout en grignotant du territoire loin des champs de bataille. Les deux factions se réveilleront bien trop tard.

-Ils s'imaginent sans doute que l'autre fera l'erreur de s'en prendre aux draconistes en premier. Fit remarquer Elpa. Sur ce point, le deux factions sont à égalité. Les tribus supportent l'une ou l'autre et envoient leur guerriers au sud, laissant leur tribus bien peu défendues. Mais il est vrai que celui qui rendra les coups en premier sera sans doute désavantagé dans la guerre.

Elpa cachait bien le mépris et la colère qu'elle ressentait vis à vis de ces deux factions aveugles menées par des sourds. Cependant, l'arrivée aux Rives Blanches apporta une aura encore plus sombre sur la petite troupe. Là, les premières traces des horreurs des draconistes se faisaient sentir... elles tombèrent sur un immense buché dont les braises luisaient encore, et dont l'odeur de brûlé ne pouvait camoufler celle de la chair carbonisée. Yuriana aperçu les restes d'un squelette noirs entre les restes de buches, arrachées aux huttes de la tribu dans lequel le bucher avait été monté: c'était celui d'un enfant. Yuriana ne dit rien aux autres, mais son regard s'assombrit et son sang bouillonna. Au loin, dépassant au delà des hautes falaises blanches, les hauts pics des Monts d'Alduin tout proches s'élevaient vers les cieux. Et en longeant les Rives vers le nord-ouest, les soeurs tomberaient sur ce qu'il restait de leur foyer - la tribu de Kynareth, les Portes des Monts Draconistes... là où leur mère avait donné sa vie pour ralentir les ennemis et les affaiblir.

La petite troupe arriva au pied des Pierre Dressées dans une ambiance lugubre. Les hauts monolithes s'élevaient sur une corniche surplombant la vallée, et il leur fallut encore plusieurs heures dans l'obscurité pour y accéder et, exténués, enfin s'y installer. Personne ne souffla mot pendant qu'ils montaient le campement et mangeaient les rations helienne, froide, évidemment. Hors de question d'allumer un feu alors que l'ennemi pouvait être n'importe où.

La nuit était froide, comme toutes les nuits dans la Taiga, mais les odeurs de pin, le tapis de mousse et d'aiguille, et le hululement des chouettes harfang étaient autant de détails familiers qui avaient longtemps manqué à Elpa , Actée et Kiine. Pourtant, cette dernière ne trouvait pas le sommeil. Elle se retournait sans cesse dans son sac de peau, sur son matelas d'aiguilles, fixant les étoiles lointaines, l'esprit envahi de multiples pensées dont la teneur était rarement positive - et dans lesquelles les longs cils et la tresse de Yuriana étaient omniprésents. Elle ne savait pas vraiment où elle en était... en fixant le tissu blanc attaché à son poignet, elle pensa à Lefko, et se demanda pourquoi cela lui avait semblé si simple de l'embrasser, de la toucher, et de se laisser aller au plaisir. Peut être était-ce parce que c'était Lefko qui la guidait? Partiellement... mais pas seulement. Affirmer l'inverse aurait été se mentir, Kiine le savait. Kiine savait la vérité... elle aimait Yuriana, ce n'était pas plus compliqué que cela. La portée de ses sentiments pour elle étaient bien plus grande que ne le seraient jamais celle qu'elle avait pour Lefko. Yuriana l'avait trouvée dans la forêt, sauvée de la mort, et guidée sur la voix de la puissance. Elle l'avait entrainée jusqu'à lui faire cracher du sang, mais avait bandé ses plaies avec autant d'attention qu'Actée. Elle l'avait écoutée parler comme Kynareth avait l'habitude de l'écouter, elle avait été à ses côtés tous les jours pendant plusieurs mois, du lever au coucher. Elle était comme... inévitable.

Kiine se leva, et, sans faire de bruit, marcha du campement jusqu'aux Pierres Dressées, dont les ombres mystérieuses recouvraient le ciel nocturne autant que le panorama sur la vallée des Rives Blanche. La guerrière s'avança jusqu'au bord du promontoire rocheux, et s'y assis. De là, elle faisait face aux noirs Monts d'Alduin. Elle pouvait presque deviner l'endroit où devait se trouver sa tribu natale parmi la mer d'arbres, dont les collines étaient comme les vagues immobiles. Une nouvelle fois, la tristesse, la douleur et la fureur emplirent son coeur, et Kiine tenta d'y résister. Elle se força à occulter ses pensées sombres, et pensa plutôt à Yuriana. Oui... la simple pensée de sa présence suffisait à apaiser les craintes de la guerrière. Elle faisait fuir les mauvais souvenirs, enterrait la haine et la colère, enlevait le poids du stress, la pression des évènements et des responsabilités... Kiine pensa qu'elle ne l'avait pas embrassée avant de dormir, contrairement aux soirs précédents, et cela la peina. Elle se rappela de leur première rencontre, lorsqu'elle s'était réveillée sous un ciel semblable à celui qu'elle observait, persuadée qu'elle était au paradis de guerrier. Elle se souvint de ces bras solides qui l'avaient soulevée avec toute la douceur dont ils étaient capables pour l'approcher du feu... elle se souvint de son mantra, calme, régulier, parfaitement maîtriser, comme elle. Elle savait lire les variations mineures que Yuriana y cachait cependant: son attention pour elle, ses craintes, son caractère si beau. Kiine se surprit à soupirer...

Elle tendit sa conscience derrière elle. Elle savait que Yuriana était un peu loin pour pouvoir sentir cette pulsation si familière qui parvenait toujours à la calmer, mais elle voulait tout de même tenter...

Elle se retourna immédiatement. Camouflée dans l'ombre d'un des monolithes, Yuriana sursauta en croisant son regard et chercha autour d'elle un moyen de justifier sa présence, moyen qui, évidemment, n'existait pas.

-Je pensais pas que tu sentirai ma présence... finit-elle par marmonner dans sa barbe en détournant le regard. Tu avais l'air perdue dans tes pensées.

-C'est que tu m'as bien entrainée, non? Répondit Kiine sans détourner le regard, cette fois ci.

Au contraire, elle apprécia d'un long regard détaillé la tunique noire et blanche de celle qui était désormais plus que son amie - mais quoi, au juste? Kiine admira le col large de son haut blanc à manches courtes, sur lequel était tissé un corbeau noir, ainsi que son pantalon noir épousant à la perfection les formes de ses hanches, de ses larges cuisses si musclées... Kiine se rappela que cette tunique servait avant tout à être portée sous l'armure de son la guerrière d'Hel, mais qu'elle appréciait sa légèreté et ses couleurs.

-Tu... peux arrêter de fixer mes seins? Demanda Yuriana, rouge comme une tomate, les yeux aussi détournés qu'ils pouvaient l'être.

-Oh... d... désolée. S'excusa Kiine en détournant les yeux, seulement pour les poser sur les hanches de Yuriana, avant de se ressaisir. Ils... sont très beaux.

Kiine grimaça en réalisant la maladresse de ce qu'elle venait de dire. Comment Lefko faisait-elle, au juste?

-Euh... merci, je suppose. Répartit la Guerrière d'Hel.

Le silence gêné se prolongea. Brisé par Yuriana.

-Pourquoi... tu me dis ça, comme ça?

Il était évident qu'elle souhaitait rebondir, mais ne savait pas mieux que Kiine comment s'y prendre. Cela permit à la jeune fille de se détendre considérablement.

-Tu n'aimes pas?

-Ça... me gêne.

-Je sais.

Kiine détourna son visage de Yuriana pour le fixer sur les étoiles lointaines, avant d'ajouter, camouflant ainsi le rouge lui montant aux joues:

-Tu es vraiment mignonne quand tu es gênée.

Kiine sentit le mantra de la Guerrière d'Hel s'emballer comme un cheval face à un ours, et imagina sans peine son visage cramoisi et le regard assassin qui devait être fixé sur son dos. Elle se retint avec peine de se retourner pour profiter du spectacle.

-La grande Guerrière d'Hel, toujours droite, sérieuse, impassible, à la morale si droite, aux exploits si grands... peut aussi avoir ce genre d'expression. Continua Kiine. Mais je suis la seule à les voir. Et je crois que j'aime bien ça.

-D-Décidément, on apprend de bien étranges choses, à Mines-sous-pont. Bafouilla Yuriana.

-Et tu n'as encore rien vu. Rit Kiine en réponse.

Un long silence retomba, mais il n'était plus gêné. Kiine entendit Yuriana s'approcher d'elle dans son dos pour venir à ses côtés - ou tout du moins, était-ce à quoi elle s'attendait. Les bras de Yuriana enlacèrent son cou par derrière, et les longs cheveux noirs de la guerrière vinrent se mêler aux blancs de Kiine. Son souffle chaud électrisa sa nuque, le contact de sa peau brûlante alluma un incendie dans sa poitrine, et des picotements parcoururent le bas de son ventre.

-Alors... montre moi. Chuchota Yuriana à l'oreille de Kiine, et ce fut au tour de cette dernière de devenir cramoisie.

D'une torsion de la tête, Kiine rencontra les lèvres de Yuriana et le colla longuement aux siennes. Elles restèrent longtemps ainsi, deux statues enlacées, immobiles à l'exception de leurs lèvres et de leur chevelures, que le vent léger faisait voleter tout en les emmêlant, emportant une douce effluve mentholée.

Finalement, Yuriana se sépara, visiblement à regret, et s'assis - mais pas au côté de Kiine, comme elle s'y attendait. Elle s'assis derrière elle, passant ses jambes de chaque côté du corps de Kiine, et collant le sien contre son dos. Ses bras vinrent se glisser sur son ventre pour resserrer encore son étreinte, et elle posa sa tête contre celle de la fille de Kynareth.

-Kiine... il faut qu'on parle.

Le sourire de Kiine se brisa. Elle savait ce qui allait être dit.

-...oui.

-On ne peut... pas se laisser aller à ça. Pas encore.

-Parce que je suis trop jeune pour toi? Pas assez mature? Répondit sèchement Kiine.

-Ne dis pas de bêtise. La rabroua Yuriana avant de resserrer son étreinte. Tu sais que ça n'a rien à voir avec toi.

Kiine ne répondit pas, alors Yuriana continua.

-Nous sommes à l'aube d'une bataille... décisive, Kiine. On ne peut pas continuer à se chercher, à se déconcentrer, à avoir la tête à autre chose que nos préparatifs. On ne peut pas continuer à veiller en se torturant tandis que nos corps ont besoin de repos. Tu comprends?

-Qui pense cela? Yuriana la Guerrière d'Hel, ou Yu, celle que... que...

Kiine ne sut que dire. Il y avait trop de choses à dire.

-C'est Yu, ton entraineuse qui parle. Celle qui s'inquiète pour toi, et qui sait que tu as besoin de te reposer pour te préparer. Souffla Yuriana. Qui sait que je ne dois pas être... un obstacle à ça.

-Tu n'es pas un obstacle! S'écria Kiine.

-Si je suis blessée sur le champ de bataille, répondit alors Yuriana, m'ignoreras-tu pour mener à bien ta mission? En seras-tu seulement capable?

-Et toi?

-Je suis chargée de te protéger, Kiine. Tu es chargée d'executer un Dragon.

-Non. Répondit Kiine. Non, ce n'est pas vrai. Nous sommes chargés de tuer un Dragon. Toi. Moi. Actée. Et pleins d'autres.

-Mais c'est toi qui...

-Yu... j'en suis incapable, seule. J'en... suis incapable, sans toi... je ne t'ai toujours jamais vaincue, tu te souviens?

-Cela viendra, Kiine... et cette gloire sera ta gloire, car tu es la descendante du Dragonicide, tu es la fille de Kynareth la Dragonne, et que tu y es destinée.

-Peu importe la gloire, elle vient après le combat. Opposa Kiine. Peu m'importe ma descendance, car quand je serai face au monstre, elle ne me sera d'aucune aide. Contrairement à toi. Alors, si tu es blessée, je te couvrirai de mon corps, car tu en ferai autant.

-Kiine...

-Je comprends ce que tu veux dire... murmura Kiine. Je sais que je dois me concentrer, et que ce petit jeu détourne notre attention... il a permit aux sans-honneur de nous attaquer par deux fois. Alors... j'accepte de réfréner ces pensées jusqu'à la bataille. Mais uniquement parce que j'aurai l'esprit apaisé., car je ne pourrai me forcer à ignorer ces pensées qui me taraudent. Yu... je t'aime.

Kiine ressentit le frisson parcourir les bras qui l'enserraient. Bras qui se resserrèrent lentement contre son ventre, alors que Yuriana enfonça son visage au creux de son épaule.

-Moi aussi, Kiine... moi aussi.

Le souffle court, la concernée mit plusieurs minutes à calmer le battement incontrôlable de son coeur. Elle posa ses mains sur celle de Yuriana.

-Depuis combien de temps? Demanda-t-elle dans un souffle.

-Longtemps. Es-tu apaisée?

-Oui... oui, je crois. J'ai... envie de t'embrasser, Yu.

Elle sentit les secousses du rire de Yuriana dans son dos et le bas de son ventre.

-Je croyais que tu pourrai cesser d'y penser jusqu'à la bataille?

-C'est... plus dur que ce que j'imaginais... et un baiser n'a jamais tué personne.

-Tu connais la légende de Medrovir et de la Cheffe...

-Oui, oui, ça va... souffla Kiine. Mais dans ce cas, laisse moi te promettre une chose...

-Laquelle?

-Quand la bataille seras terminée, que nous soyons mortes ou vivantes, que ce soir dans ce monde ou auprès des dieux, je viendrai te trouver, et je te ferai vivre une nuit que tu n'oublieras jamais.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro