Numinomachie XII
Kiine aida Lefko à rassembler la nourriture sur un morceau de tissu que la jeune opaline replia ensuite avec le plus grand soin, avant de le porter dans ses bras avec autant de douceur qu'on porterait un nouveau né. Elle s'avança jusqu'au bout de la petite cour, proche de l'étable dans laquelle broutaient paisiblement les chevaux, et glissa le léger paquetage derrière une planche de bois qu'elle recouvrit ensuite de foin - non sans avoir vérifié à deux fois que personnes d'autre que Kiine ne l'observait.
Cette dernière s'approcha avec délicatesse de la jeune opaline courbée sur sa tâche. La jeune nordique apprécia longuement la courbure féminine de ses épaules, l'amincissement marché de ses hanche, la perfection de son chignon couvrant le point d'attache des légers tissus couvrant l'avant de son torse, laissant son dos parfaitement à nu. Au milieu de celui ci, entre les deux omoplates, se trouvait une marque qui semblait gravée à même la chair de Lefko, comme un tatouage indélébile, ou plutôt... comme les pyrogravures de la tribu d'Olson, marques de leur vénération pour le dieu du feu et de l'été, Törr. Une marque semblable au tatouage porté par Actée, au milieu du dos, et que Kiine avait pu observer et toucher à de multiples occasions. Elle tendit machinalement la main et la posa sur le dos nu de Lefko, qui tressaillit et s'écarta aussitôt.
-Oh! Euh... pardon! S'excusa maladroitement Kiine. Jeee me demandai.. euh... si toute cette sécurité était vraiment nécéssaire. Cacher la nourriture, tout ça.
Le rougissement de Lefko était rendu extrêmement visible par le teint pâle de sa peau. Elle savait où Kiine l'avait touchée, et se doutait qu'une question inévitable sur la nature du marquage dans son dos allait venir. La jeune femme s'y résigna. Elle savait bien qu'elle ne pouvait pas le cacher éternellement, après tout.
-Je ne suis pas autorisée à conserver ou manger la nourriture destinée aux clients. Expliqua-t-elle. Je préfère être... prudente.
-Et si tu es prise?
-Alors Maître Algamaque prendra plaisir à me punir pour vol. Peut être m'enfermera-t-il dans la cave, peut être me frappera-t-il, ou me fera-t-il fouetter, je l'ignore.
-Je... vais peut être m'occuper de cette distribution moi même, qu'en pense tu?
-Non, tu as dit que demain, une mission de première importance t'attendais. Ne laisse pas tes responsabilités être entravées par ma personne. Répondit Lefko avec passion.
Ce a quoi Kiine répondit par un sourire.
-Tu m'as tutoyée... fit-elle remarquer. Quant à tout cela, si ils touchent à un seul de tes cheveux, ils sauront de quoi est capable une guerrière Nordique!
Lefko laissa échapper un rire joyeux, et guida Kiine jusqu'à sa chambre où cette dernière s'effondra sur son matelas, l'invitant à en faire autant. Avec un sourire attendri, l'Opaline ferma la porte et s'approcha de la jeune Nordique.
-Dis moi, Kiine... commença-t-elle, jouissant de la proximité du tutoiement. Jusqu'ici, tu as réussi à me prouver que tous les stéréotypes que j'avais au sujet des Nordiques étaient faux. J'imagine donc que... le dernier que j'ai... sera faux, lui aussi.
-Très probablement. Répondit Kiine avec assurance. Dis moi donc.
-On dit que... si les Pontois sont les plus beaux, et les Miniens les meilleurs parleurs... c'est au lit que les Nordiques sont les meilleurs...
En disant cela, Lefko s'approcha du matelas où était allongée Kiine avec une démarche féline et aguicheuse, faisant rouler ses formes avantageuses auxquelles les yeux de la guerrière restaient comme agrippés. Arrivée au pied du matelas, elle s'agenouilla avec la lenteur calculée d'une professionnelle puis, avançant à quatre patte avec un sourire au lèvre vint placer son corps au dessus de celui de Kiine, figée, toute sa répartie et ses bonnes paroles disparues.
Lefko s'en amusa un peu.
-Tu as la beauté d'une Pontoise... tes traits si doux, tes fossettes si attirantes, tes cheveux aussi blancs que ma peau et tes yeux d'un violet si profond... tu as le beau-parler d'une minienne, mais auquel il faut encore ajouter un coeur d'or et une candeur à faire frémir les plus saints des habitants de cette cité... pourtant, tu fais mentir le stéréotype, pas vrai?
Kiine hocha presque imperceptiblement la tête, ses yeux comme aspirés par le décolleté plongeant trônant juste sous son nez.
-Eh bien, Kiine... voilà le seul stéréotype que je veux te voir réaliser.
Sans attendre un instant de plus, son visage descendit lentement, ses lèvres rouges comme le sang s'approchèrent de celles, livide, de la guerrière nordique.
-A-arrête, Lefko. Dit Kiine en détournant la tête. Tu... tu n'es pas obligée de faire ça. Tu te souviens de ce que je t'ai dit? Ce soir, tu n'as pas à travailler. Pas avec moi.
Lefko resta immobile, sa bouche juste au dessus de l'oreille de la guerrière Nordique. Elle se mit alors à lui chuchoter à l'oreille.
-Je ne travaille pas... je rends service à une amie qui a plus fait pour moi en quelques heures que le reste du monde en toute une vie... et je le fais parce que j'en ai envie, Kiine. Parce que tu le fais envie. J'ai envie de te faire l'amour jusqu'au petit jour, avant que tu reparte à jamais dans ta lointaine contrée... je veux te laisser un souvenir impérissable, je veux que chaque jour que tu passera en compagnie de celle ou de celui que tu auras choisi, tu te souvienne de moi, la pute de Mines-sous-pont, celle qui t'aura tout appris...
-Tu n'es pas une pu...
L'exclamation indignée de Kiine fut noyée dans un long baiser aux odeurs de lavande. Surprise, la guerrière fut prise d'un mouvement de recul enseigné par ses nombreux entrainements, mais seul le matelas se présenta à l'arrière de sa tête tandis que Lefko approfondit son baiser en laissant son corps tomber petit à petit sur celui de Kiine. Leur jambes nues se touchèrent, électrisant chacune d'elle tandis que les mains désormais libres de Lefko glissèrent jusqu'au visage et aux cheveux de Kiine, les saisissant avec force et douceur à la fois.
La fille de Kynareth était plus tendue que la corde d'un arc, et ce malgré le doux encouragement de sa compagne de couche qui, lorsqu'elle libérait ses lèvres, lui susurrait à l'oreille ses premières leçons. Les appliquant à la lettre comme elle l'aurait fait durant n'importe quelle entrainement, Kiine laissa ses muscle se détendre. Son dos se laissa aller profondément dans le moelleux matelas, ses jambes se laissèrent enlacer par celle de l'Opaline, et ses lèvres accueillirent d'autant plus facilement une petite langue toute aussi rouge que les lèvres ou les beaux yeux en amande de sa propriétaire. Écoutant son instinct autant que son enseignement, la guerrière laissa glisser ses mains sur le matelas pour les faire remonter jusqu'aux hanches de Lefko, avant d'en caresser timidement la peau laissée à nue par le léger accoutrement de la jeune esclave. Chaque instant, Kiine prenait un peu plus confiance dans cet étrange danse qu'elle menait avec l'Opaline, suivant attentivement les directives et conseil, notant la progression de chaque évènement, la façon dont chacun de leur corps y réagissait, et son propre ressenti. Mais tout était fiévreux, et son esprit ne parvenait pas à bien se concentrer, comme obscurci par l'envie poignante de se saisir de ce corps collé à elle pour lui faire moult choses dont elle n'avait pas la moindre idée de la nature. Elle n'arrivait pas à réfléchir correctement, et avait l'impression d'oublier peu à peu chacune des leçons que sa professeure lui susurrait avec douceur à l'oreille.
-Attends... dit-elle finalement, essoufflée sans avoir pourtant fourni le moindre effort. Attends... je n'arrive pas à me concentrer...
Ce à quoi Lefko répondit:
-C'est parfait. Tu apprends vite...
Elle replongea au creux du cou de la jeune femme et la mordilla avec force. Immédiatement, l'esprit de Kiine perdit toute capacité de reflexion... elle n'était plus qu'action, réaction. Les conseils de Lefko atteignaient naturellement son esprit sans qu'elle n'y attache la moindre attention, et pourtant son corps les suivait, comme mu automatiquement par une programme écrit au plus profond de son être. L'étau de ses bras se resserra sur le dos de Lefko, tandis qu'elle cherchait desesperement à retrouver le confort de ses lèvres, occupées à embrasser et mordiller son cou. Alors, mue par son esprit combattif, Kiine renversa Lefko sur le dos et se plaça au dessus d'elle. Loin d'être surprise, cette dernière en joua encore plus, attisant la flamme d'une envie qui montait toujours plus fort dans le coeur de la jeune femme - et au bas de son ventre.
Sans plus de cérémonie, Kiine écarta les bandes de tissus de son passage, lui ouvrant les portes des seins ronds et fermes de Lefko, dont les tétons autant que les auréoles présentaient une belle couleur gris clair contrastant avec la blancheur éclatante de sa peau. Kiine hésita, hypnotisée par la vue s'offrant à elle, incapable de se décider sur quoi faire.
-Suis ton corps, suis ton instinct... que te dit-il de faire? Murmura Lefko.
Pour toute réponse, Kiine se laissa tomber de profil au côté du corps de l'opaline, et commença à caresser sa poitrine avec douceur, tout en l'embrassant jusqu'à en perdre haleine. Leur jambes s'emmêlaient, et chaque fois que leur mouvement les approchaient de son entrejambe, Kiine sentait monter en elle une bouffée de chaleur. C'est suite à l'une d'entre elle qu'elle délaissa les lèvres si tendre et sucrées de Lefko pour mordre dans son sein droit avec douceur, mais suffisamment fort pour y laisser une marque. La réponse de l'Opaline fut un couinement, ainsi qu'une cambrure de son corps qui excita plus que jamais la jeune guerrière. Bientôt, la peau blanche de Lefko fut marquée d'une myriade de petites marques rougeoyantes telles des rubis posés sur un tapis de neige, et la jeune esclave pria sa compagne de couche de continuer.
-Je fais quoi, après... demanda Kiine entre deux souffles.
-Réfléchis... un instant... ô grande... guerrière...
La respiration de Lefko était encore plus hachée que la sienne, et Kiine prit alors conscience de sa propre excitation. Son entrejambe était à la fois humide et en feu, encore plus que ne l'était tout le reste de son corps. Dans un éclair de lucidité, Kiine compris qu'il devait en être autant pour sa compagne, et se laissa donc glisser légèrement vers le bas pour passer une main timide sous le pagne blanc de la jeune opaline. Ses cuisses étaient ferme et attirantes, et Kiine fut prise d'une envie de le mordre. Elle se tourna, présentant ainsi son visage proche des jambes de Lefko, et entrepris de lécher ces magnifiques cuisses, tout en descendant vers son intimité encore cachée par son pagne, qu'elle faisait remonter lentement, pouce après pouce, pour enfin la voir apparaître.
Kiine resta figée un long moment, admirant la beauté de l'ouvrage de chair avec autant de crainte que d'admiration. Cette petite chose à laquelle Kiine avait toujours prêté si peu d'attention sur son propre corps lui semblait soudain empli d'une beauté et d'une noblesse inégalées. Cela semblait être une rose, une belle rose rouge comme le sang elle aussi, malgré la blancheur de la peau l'entourant. Ne pouvant y tenir plus longtemps, Kiine voulut sentir le parfum enivrant de cette rose et y plongea. Ses doigts fébriles en écartèrent les pétales pour mieux y pénétrer, caressant avec amour et tendresse sa chair sensible, tandis que, suivant les conseils avisée d'une Opaline gémissant de plaisir, Kiine se servit de sa langue pour en titiller le pistil. Cette dance fébrile et intense entre la rose et la guerrière s'étala longuement, tandis que Lefko lui prodiguait de précieux conseil... la rose ne pouvait être caressée n'importe comment, tout comme on ne maniait pas une épée comme le ferait un enfant. Kiine en découvrit les moindres recoins, les moindres aspects, les endroits les plus secrets et gardés, comme ceux les plus ouverts et accueillants. Elle su lesquels aller trouver pour remplir la chambre des gémissements de plaisir de Lefko, qui, se cabrant une dernière fois, finit par se laisser tomber, pantelante, en faisant signe à Kiine d'en rester là. Cette dernière s'écroula également sur le côté, et entrepris de se lécher les doigts avec une ivresse et une excitation peu communes.
-Tu... apprends vite... laissa échapper Lefko. Je... n'aurai bientôt plus rien à t'apprendre... tu pourras... partir d'ici la tête reposée et bien préparée.
Kiine ne répondit pas tout de suite.
-J'aimerai pouvoir t'emmener avec moi.
Lefko lui rendit un sourire triste.
-C'est impossible, tu le sais...
-Parce que tu es esclave?
Lefko hoqueta de surprise.
-Parc... qu... quand l'as tu compris?
-Cette marque dans ton dos... Actée en a une semblable, et elle a un temps été esclave dans une maison de passe à Pont Majeur, avant que père ne l'en ramène. J'en ai déduit que... voilà...
Un silence tomba, brisé par Kiine après quelques instants.
-Tu... es fâchée? Tu ne voulais pas que je le sache?
-J'avais peur de te l'apprendre... avoua-t-elle. La plupart des employés sont des hommes et des femmes libres, mais pas moi. Tu pourrais peut être partir avec eux... mais pas avec moi. Et pourtant...
Elle s'assit sur le matelas, et observa le visage de Kiine de prêt.
-...malgré ça, tu m'as parlée comme à ton égale... tu m'a acceptée, traitée en humaine, voir mieux, en amie... tu ne m'as pas fait l'amour comme à une esclave... tu...
Une larme roula le long de la joue de l'Opaline. Et cette larme là, elle aussi, était rouge comme le sang.
-Je crois que... j'aimerai beaucoup que tu m'emporte avec toi, dans ton pays, Kiine... tu es... la seule amie que j'ai jamais eue. Et l'idée de te voir repartir à jamais... m'est à chaque seconde un peu plus insupportable...
-Père a ramené Actée. Martela Kiine en séchant la larme de l'oeil de la jeune femme. Alors je ne vois pas ce qui m'empêcherai d'en faire de même. Il faut simplement... que tu sois patiente, d'accord? Je trouverai un moyen. Peu importe le temps que cela prendra, je trouverai un moyen.
Lefko renifla bruyamment, puis saisit la main de Kiine pour la poser sur sa joue.
-J'attendrai... jusqu'à ma mort s'il le faut. Mais pour l'heure... laisse moi profiter de ta présence tant que tu n'es pas encore un souvenir... laisse moi... admirer ton corps... et tenter de te faire ressentir le même plaisir que tu m'as fait ressentir.
Les mains expertes de la jeune opaline firent tomber la robe de Kiine en un instant, dévoilant la petite poitrine de la guerrière, pointant fièrement vers le plafond. Les deux corps se rencontrèrent une nouvelle fois, et, pendant longtemps encore, la chambre résonna de leur gémissements de plaisir, tandis que, derrière la porte, Actée s'éloignait, un sourire aux lèvres. Sa petite fille avait décidément bien grandi...
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