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Le Chant du Couchant XXII

Kiine salua froidement, avant de quitter l'imposante salle du conseil, Rehyan sur ses talons. La réunion avait été tout comme ce que la Dragonicide se l'était imaginée : longue, rébarbative, et terriblement ennuyeuse. Elle ne parlait pas un mot de nain, pas plus que Rehyan, et en conséquence n'avait été qu'un faire valoir présenté par Koulov au nom du clan Kalimine au roi et aux autres représentants des grands clans, lesquels s'étaient extasiés dans leur langue gutturale, ou bien avaient ravalé leur rancœur et fait semblant d'apprécier la visite impromptue de la femme la plus puissante du continent dans leur palais. Kiine s'était attendue à tout cela, bien évidemment. Les nains n'avaient pas la moindre intention de la mettre au courant des affaires internes du pays, et n'avaient donc pas jugé nécessaire qu'elle soit au courant du sujet des discussions qui s'étaient tenues en sa présence, malgré leur durée que la Kesjarinna avait enduré en repensant à son objectif, à cet Orkon qui dont elle espérait tant - et qui devait lui apporter, sûrement, tant de réponses qu'elle cherchait. 

-C'était si long que j'aurai eu le temps de m'endormir et de me réveiller trois fois. Grogna Rehyan, qui avait senti que la Kesjarinna n'avait pas plus apprécié l'expérience qu'elle. 

-Je me serai crue à une réunion du conseil des chefs, à la différence que pour une fois je n'étais pas la cible de toutes les accusations. Rétorqua l'impératrice nordique. Pendant quelques courts instants j'ai cru que ce serait intéressant d'avoir un autre point de vue sur le mode de fonctionnement politique d'un conseil, un point de vue extérieur. 

-Difficile quand on ne comprend pas un mot de ce qui est dit...

Kiine ne répondit pas, mais son léger grognement marqua son approbation, et un sourire éclaira le visage de Rehyan - sourire qu'elle cacha à la vue de la Dragonicide. Cette dernière se dirigea d'un pas vif au travers des larges couloirs du palais, remplis de nains en armure ou en tenues richement ornées qui déambulaient en jetant au duo des regards aussi fascinés que quelque peu condescendants. Rehyan leur jetait des regards noirs, et Kiine ne fit rien pour l'en empêcher. Plus le temps passait, moins elle appréciait l'aristocratie Naine, et sa déconnection absolue du reste du monde. Kiine avait l'habitude de cotoyer les puissants, pourtant. Elle gérait quotidiennement les égos des plus importants chefs de tribu Nordique, elle tenait régulièrement tête à Suriana, qui ne la tenait pas dans son coeur; elle avait effectué nombre de voyages dans les cités des Mines et du Pont sous sa domination, rappelant aux souverains et dirigeant en place l'allégeance qu'ils devaient à l'Empire en échange du maintient de leur position. Elle savait à quel point les puissants étaient facilement froissés, à quel point il leur arrivait d'être distants des considérations quotidiennes de leurs sujets, même dans les cités démocratiques des Mines. Mais nulle part en son empire elle n'avait croisé séparation aussi abrupte entre peuple et noblesse, même dans les cités oligarchiques de Minékorpis ou de Silène. Ces nobles ne semblaient même pas réaliser la pauvreté du peuple croulant sous les murailles du leur palais doré, ni la puissance qu'elle même représentait en tant qu'impératrice. Il semblait que leur monde n'était composé que d'une bulle fermée, celle de la Clanique, de ses intrigues, de ses complots et de ses luttes de pouvoir interne. Tout ce qui sortait de cette dimension et qui ne pouvait être utilisé afin de gagner un peu de pouvoir était inexistant, relégué en arrière plan, indigne d'attention. Bien que Koulov se soit montré quelque peu plus ouvert sur l'extérieur que ses pairs, Kiine craignait qu'il n'en reste trop désintéressé de toute chose ne lui apportant pas de pouvoir pour être une personne digne de la confiance qu'elle avait placée en lui quant à l'organisation de leur départ dans les mines. 

Elle priait les dieux, en tout cas, pour que cette mascarade ne s'éternise pas trop longtemps. Elle n'avait ni envie de devenir l'animal de compagnie des Kalamines, ni de se retrouver face à face avec Luxuria. Tout ce qui comptait, c'était d'atteindre cette Relique - l'atteindre, et s'en servir pour combattre Crépuscule, ou bien la mettre en lieu sûr, comme les autres, là où ceux cherchant à acquérir un tel pouvoir ne pourraient la trouver. Le temps pressait, et les manigances de cours des nains ne pouvaient s'éterniser. 

-J'espère que les autres auront trouvé quelque chose. Déclara Rehyan, pour tenter de relancer la discussion.

-Si elles ne trouvent rien, alors notre mission est compromise. Trancha la Kesjarinna d'une voix froide, tout en sortant du palais pour retrouver l'air empuantis d'une odeur de brûlé de la capitale de Bolrev. L'échec n'est pas une option. 

-Je suis sûre qu'elles trouveront quelque chose. Affirma Rehyan.

Kiine fixa l'ex-Kisaeng pendant un moment, détaillant son visage parcouru de cicatrices, ses yeux et cheveux aussi rouges que la rose qui avait infecté son corps, et son expression reflétant sa confiance absolue autant que sa bravade. 

-J'admire ta confiance en tes amies. Se contenta de dire la Kesjarinna en détournant le regard pour embrasser les jardins qui s'étendaient devant elle. Mais nous devons nous préparer à toute éventualité. Si les Clans ne peuvent pas satisfaire nos demandes...

-Le Clan Kalamine tient ses promesses, Kesjarinna. La coupa la voix rocailleuse de Koulov, qui venait de sortir du palais derrière les deux femmes. Du moins, tant que vous tenez la votre. 

-N'avez vous point été satisfait de ma performance au conseil? Demanda froidement Kiine. 

-Le roi était satisfait, et les autres clans verts de jalousie. Vous avez parfaitement rempli votre rôle. Sa majesté aimerait également... que la Kisaeng vienne le rejoindre dans ses appartements, ce soir. 

Rehyan se retourna d'un seul mouvement et se prépara à rugir, mais Kiine l'en empêcha en posant une main ferme sur son épaule avant de fixer son regard droit dans celui de Koulov. 

-Si le roi veut une esclave, qu'il s'en achète une. Les habitants de mon Empire sont libres, et Rehyan l'est donc tout autant. Ne commencez pas à tordre notre arrangement selon votre bon vouloir, Koulov. Je me suis montrée docile jusqu'ici, car tout cela est nécéssaire et ne représente qu'une gêne mineure pour moi. Mais si vous deviez pousser un peu trop loin... 

L'aura de Kiine s'enflamma brusquement, vibrant de toute sa puissance contenue jusque là par la force de sa volonté, et Rehyan en fut paralysée. Les vagues puissantes émises par le mantra de la Kesjarina noyait ses propres vibrations, leur imposant son rythme, empêchant toute concentration et intimant volonté. Des fissures se formèrent dans le pierre calcaire constituant les marches du palais sur laquelle le trio se trouvait aux pieds de la Kesjarinna, qui continuait de fixer Koulov d'un regard glacial, ses cheveux coupés au niveau de son manteau se balançant légèrement, comme soufflés par une légère brise. Le Nain, lui, maintint sa position fermement et rendit son regard à la Kesjarinna, ne montrant aucun signe de fléchissement face à la volonté écrasante de Kiine, contrairement à Rehyan dont la respiration s'était accélérée. Finalement, après quelques longs instants de celle lutte de volonté, Koulov ferma les yeux et parla.

-J'imagine que... je peux dire au roi que ce n'est... pas possible.  

Ses mots étaient hachés preuve que malgré son apparence impassible, il luttait tout de même pour résister à la Kesjarinna. Cette dernière relâcha peu à peu sa pression, et Rehyan sentit comme un souffle d'air frais sur ses joues, comme si elle s'était retrouvée immergée dans une mélasse qui l'étouffait et ralentissait ses mouvements autant que son esprit, et que celle-ci venait de se dissoudre. 

-Bien. Je vois que nous nous sommes compris. Déclara la Kesjarinna. Ne vous avisez pas de modifier notre arrangement, Koulov. Les Kalamine ne sont pas le seul clan qui pourrait bénéficier de ma présence à ses côtés pour asseoir ses faveurs. Mais vous n'avez qu'une seule Kesjarinna à votre disposition. 

-Je tâcherai de m'en souvenir. Rétorqua le nain d'un air sombre en s'éloignant sous les regards des deux femmes.

Rehyan était encore quelque peu assomée par la puissance de ce qu'elle venait de ressentir. Elle avait croisé bien des êtres surpuissants, à Brocéliande. Elle avait déjà croisé la route des spectres des anciens Rois de la Nuits, dont l'aura semblait s'immiscer au plus profond des pensées de leur victimes pour leur chuchoter des paroles privées de sens, les dirigeant vers la Folie. Pire, elle avait rencontré le Logophage, le démon vivant au cœur de la Bibliothèque, et cette rencontre ainsi que la sensation de son aura d'un autre monde léchant la sienne hantait encore bon nombre de ses cauchemars. Mais les mantras des créatures de Brocéliande, malgré leur puissance, déboussolaient par leur chaos, comme de puissantes vagues déferlant sur les rivages de la conscience pour en arracher petit à petit chaque pierre de raison et de lucidité. La puissance que Kiine venait de déployer ressemblait plutôt à un ouragan forçant ceux le subissant à nager au rythme du courant, à se plier à sa volonté, à oublier tout de leur propre volonté et personnalité pour se fondre dans cette masse. C'était une expérience nouvelle et toute particulièrement dérangeante. 

-Allons-y, Rehyan. Intima Kiine, qui avait déjà dévalé les quelques marches vers le jardin tandis que l'ancienne Kisaeng reprenait ses esprits. A moins que tu n'aies envie de découvrir le plaisir charnel à la mode naine. 

Une image du roi nain, avec son grand air benêt, sa petite taille, ses cheveux frisés et son nez aplati, flasha dans l'esprit de Rehyan qui eut un rictus de dégout. 

-Jamais de la vie. Grogna-t-elle. Où allons-nous? 

-Dans notre suite, voir si les autres sont rentrées. Répondit Kiine. Et continuer votre entrainement. Je crains qu'il ne devienne de plus en plus vital que vous soyiez à même de maîtriser le mantra. 

-Tu... penses que nous en aurons besoin?

-Oh ce n'est plus une question de si vous en aurez besoin ou non, mais de quand. Je doute que Koulov reste sans rien faire après que je l'ai menacé d'aller voir les autres clans, et actuellement, le seul moyen de pression qu'il peut avoir sur moi, c'est de s'en prendre à vous. 

Kiine passa donc le reste de l'après-midi à rabrouer Rehyan à chaque fois qu'elle laissait sa maîtrise du mantra lui échapper à cause de son manque de concentration, et à lui enseigner plus de techniques, méthodes et conseils à utiliser en combat. Cependant, elle ne réévoqua pas une fois sa démonstration de puissance face à Koulov, et l'ancienne Kisaeng ne put s'empêcher de se demander s'il était courant pour une simple humaine, à un âge aussi peu avancé, de posséder autant de puissance. 

Lorsque Lefko, Naïa et Dol'Taïm revinrent bredouille de leur première journée de recherches à la Grande Bibliothèque, l'expression de Kiine ne laissa apparaître aucune trace de surprise. Elle ne perdit cependant pas un instant à ruminer, décidant sur le champ de changer de méthode. 

-A partir de maintenant, je veux que vous vous déplaciez toujours par groupes de deux au moins. Ne vous quittez jamais du regard, et méfiez vous de toute personne qui vous semble suspecte. Non, en fait, méfiez vous de tout le monde. Il semblait évident depuis le départ que les clans n'étaient probablement pas les plus dignes de confiance, mais cela devient de plus en plus apparent.

Dol'Taïm eut un léger souffle semblant signifier qu'elle l'avait prédit, elle qui avait été la première à se plaindre de l'ingérence des clans nains dans leur quête et de la volonté de Kiine de s'y laisser entrainer. Si cette dernière remarqua l'expression de la keshiane, elle n'en laissa rien paraître. 

-L'idée que vous avez avancée d'entrer en contact directement avec les habitants des sous terrains est intéressante. Continua Kiine. Malheureusement, aucune d'entre nous ne parle le nain, et savoir à qui faire confiance dans ce royaume relève de l'impossible. 

-On ne peut pas rester à la merci des clans pour l'organisation de cette expedition. Trancha Dol'Taïm avant de retomber dans son mutisme.

-Je suis d'accord. Acquiesça la Kesjarinna. Mais ni Koulov ni les autres clans ne doivent être au courant que nous cherchons une voie alternative. Ils pourraient nous accuser de rompre notre pacte, et bien que je ne les apprécie pas particulièrement, je n'ai pas non plus vraiment envie de me lancer dans une conflit ouvert avec les puissants de ce pays, ce ne serait vraiment pas le moment.

-Il faudrait donc trouver un moyen d'enquêter discrètement hors de la cité royale. Déclara Lefko. Mais reste toujours le problème de la langue... quand bien même nous trouverions des habitants des Mines, comment nous faire comprendre? 

-C'est quelque chose à quoi il nous faudra réfléchir, mais commencer par trouver une entrée vers les souterrains sera un départ. Répondit Kiine. Je pourrai probablement m'en charger sans problème, mais je doute que Koulov me quitte un seul instant des yeux. Il semble cependant moins porter attention à vous autre.

-Dol'Taïm est la plus agile et discrète. Déclara Lefko en passant sa main sous la hanche de sa compagne. Et je peux l'accompagner. 

-Ta maîtrise du mantra est trop insuffisante, Lefko. Rétorqua Kiine. De vous trois, c'est toi qui a le plus de mal à faire quoi que ce soit. Te suivre à la trace ne sera pas très difficile pour les mages nains, s'ils nous suivent. 

-Mais je refuse de laisser Dol'Taïm y aller seule! S'exclama Lefko.

-Ce ne serait pas prudent. Acquiesça Naïa.

-J'en suis consciente. Déclara la Kesjarinna. Et j'ai bien dit que je ne voulais que des groupes de deux personnes minimum. Rehyan, Naïa, une de vous devrait accompagner Dol'Taïm.

Les regards de Rehyan et Dol'Taïm se croisèrent un instant et des étincelles jaillirent de ce court contact. La première posa alors sa main sur la tête de la nymphe en déclarant.

-Naïa devrait y aller! C'est une nymphe, elle a toujours eu la meilleure maîtrise du mantra de nous toutes. 

-Il est vrai que la maîtrise du mantra vient assez naturellement à cette race. Réflechit Kiine. Naïa, cela te va-t-il?

La nymphe, soudain mise sous le feu des projecteurs, sembla ne pas trouver ses mots. 

-C'est... je... je...

-Naïa n'est pas taillée pour des missions de discrétion comme celle-ci. Vint à son secours Lefko. Maîtriser le mantra ne signifie pas devenir un as de la discrétion, Naïa soigne ou chante les plantes mais c'est tout.

Naïa sembla quelque peu rassurée et regarda Lefko avec des yeux emplis de gratitude. Cependant...

-Je pense que c'est mieux que ce soit Naïa qui s'en occupe. Déclara Dol'Taïm, tournant ostensiblement le dos à Rehyan.

-Voilà au moins une chose sur laquelle nous sommes d'accord. Railla Rehyan.

-Oh, ça suffit toutes les deux! S'énerva Lefko. Mettez un peu votre ridicule dispute de côté et pensez à Naïa! 

-Si Rehyan et Dol'Taïm sont incapables de travailler ensemble, alors il vaudrait mieux pour la réussite de leur mission qu'elles ne forment pas une paire. Fit remarquer Kiine. 

-Mais- commença Lefko.

-Et puis Naïa s'en sortira très bien sans se faire remarquer. Assura Rehyan. Tant qu'elle reste avec Dol'Taïm, il n'y aura pas de problème. 

-Arr-

-J'irais.

Naïa coupa court à la discussion en déclarant ceci, avant de continuer.

-Maintenant n'est pas le moment pour perdre du temps. J'aimerai que vous mettiez vos différents de côté, toutes les deux, mais en attendant, et pour le bien du groupe, j'irai avec Dol'Taïm. 

La concernée acquiesça d'un mouvement de tête, suivie de Rehyan.

-Eh bien, il semble que ce soit décidé. Commencez à enquêter demain hors de la cité royale, pendant que Lefko et Rehyan continueront leurs recherches à la Grande Bibliothèque.

-Mais ça signifie que tu seras toute seule, Kesjarinna! S'exclama Rehyan.

-En effet. Mais je suis bien la seule à laquelle aucun d'entre eux n'osera s'en prendre. 

Et le petit conseil de guerre fut ainsi terminé, chacun se rendant dans l'une des chambres qui leur était attitrée dans la grande suite où elles étaient logées. Kiine avait la plus grande salle, richement décorée avec un lit à baldaquin, nombre de tapis, broderies et brodequins, ainsi qu'une large cheminée et une vue sur les jardins. Rehyan et Naïa avaient également chacune une chambre, et Dol'Taïm et Lefko partageaient leur couche. Mais lorsque vint l'heure de dormir, Lefko se saisit de son oreiller alors que sa compagne l'attendait, et alla se coucher sur un fauteuil, à l'autre bout de la pièce, sous le regard abattu de Dol'Taïm. Naïa avait peut être décidé de faire preuve d'abnégation en se portant volontaire pour ne pas laisser Dol'Taïm et Rehyan ensemble, mais Lefko, elle, ne pardonnait ni à l'une, ni à l'autre, de n'avoir su faire preuve d'assez de maturité pour mettre leur différent de côté. 

Cette nuit là, pour la première nuit depuis un longtemps, Dol'Taïm et Lefko ne dormirent pas serrées l'une contre l'autre.

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