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Le Chant du Couchant XVIII

Le lendemain, aux aurores, la petite troupe quitta Helagrod avec l'escorte de Koulov. Le nain à la barbe noire et hirsute n'eut que peu d'égard pour les supplications de Vladomar, qui tenta jusqu'à leur départ de convaincre la Kesjarinna de rester quelques temps en son palais. « L'expedition peut être prête plus tôt » promettait-il. « Je ne vous demanderai rien en échange! » « J'ouvrirai de nouvelles voies commerciales » et tant d'autres serments dont le vent éparpillait les sons entre les cimes d'Helljarchen.

La Kesjarinna avait fait son choix. Tant qu'à devoir être un pion, un argument politique, autant le faire de manière à maximiser les opportunités de réussite de son projet. Il lui fallait accéder aux mines pour atteindre l'Okron, mais c'était à peu près tout ce dont elle était certaine. Où aller par la suite? Les guides nains ne sauraient que la mener dans le dédale souterrain, mais par jusqu'à son objectif... elle ignorait même si la Relique tant convoitée se trouvait dans les mines, où si celles-ci n'étaient qu'un moyen d'y parvenir.

-Où nous rendons-nous, exactement? Demanda la Kesjarinna, tirant son fenrir au niveau de la monture de Koulov. 

-A Lenkaro, la capitale de notre bon roi. 

Sentant l'ironie des propos du nain, Kiine rétorqua:

-J'imagine qu'il n'est pas un Kalamine?

-Vous imaginez bien, Kesjarinna. Le roi de Bolrev est le chef du clan Ramov, le souverain Trenkov, troisième du nom. Mais sa légitimité est sujet à débat dans les plus hautes sphères du pouvoir. 

-Comptez vous m'en expliquer les ressorts, ou devrai-je me contenter d'être spectatrice?

Le nain bourru éclata d'un rire gras. 

-Vous avez tout le même le droit de savoir quel sera votre utilité à notre clan, Kesjarinna! S'exclama-t-il. Mais cela nécessite un petit historique, qui risque grandement de vous ennuyer. 

-Pas le moins du monde. Répondit Kiine avec un air détaché, qui ne laissait rien paraître de ses sentiments réels.

-Pendant l'ère draconique, les nains ne sont pas restés passivement à la surface, à attendre de se faire dévorer par les Tyrans Ailés, qui semblaient avoir un goût tout particulier pour notre chair. Nous nous sommes enfermés sous terre, dans nos mines, nos souterrains. C'était une période sombre, de laquelle il reste bien peu de trace. 

-Il en a été de même pour mon peuple, durant cette ère maudite. 

-Vous êtes trop modeste, Kesjarinna. Les Nordiques étaient, après tout, les chasseurs de Dragons! J'ai ouïe dire que le Dragonicide Dovah était de votre lignée. 

-De celle de mon père, oui, malheureusement. Grinça la Dragonicide.

Sentant probablement que le sujet était glissant, Koulov n'insista pas.

-Mais nous autres, nains, sommes restés terrés dans nos souterrains bien après la défaite des dragons. Peut être ignorions nous qu'ils avaient disparu? Peut être nous étions nous habitués à notre condition? Peut être avions nous tout simplement oublié qu'il existait un monde au dessus de nos galeries? Toujours est-il que, selon la légende, Drovana, déesse des cieux, vint faire s'écrouler le plafond d'une galerie, qui révéla la lumière du soleil à un groupe de nain, qui furent les premiers à revenir à la surface. Et, toujours depuis cette époque, les peuples nains ont considéré que vivre à la surface était un luxe, et que rester sous terre était, à l'inverse, trace d'avilissement.

-J'imagine que cela explique la difficulté que vous semblez tous avoir à faire quelque chose d'aussi simple que de me trouver un guide. Trancha la Kesjarinna, glaciale.

-En effet, car les clans ne s'occupent guère plus des affaires souterraines, et ce depuis bien longtemps. Seuls vivent et travaillent dans les mines les Kojols, ce qu'on pourrait appeler les... criminels, dans votre langage. Des gens qui n'ont pas les moyens ou les droits d'avoir le privilège de vivre à la surface. L'inframonde est un territoire où la loi des clans ne s'applique pas, et, en conséquence, un endroit que les clans connaissent mal. Cependant, se trouve à Lenkaro la Grande Bibliothèque, qui contient un grand nombre d'archives. Cela permettra de bien mieux préparer notre voyage. Ce n'est pas simplement dangereux de s'engager dans l'inframonde sans guide ou plan: c'est du suicide pur et simple. 

Kiine n'eut rien à y redire. Dans sa précipitation et sa hâte d'atteindre l'Okron, elle avait négligé grand nombre de ces aspects, qui auraient pu leur être toutes fatales. Cependant, elle savait que Crépuscule était à leurs trousses, et qu'il ne s'agissait probablement que d'une question de temps avant qu'ils ne les retrouvent. 

-Une fois à la surface, les clans s'élevèrent au dessus du reste de la population en tant que protecteurs. Continua Koulov, en dirigeant sa monture, une étrange chèvre de la taille d'un poney, le long de la sinueuse route montagnarde que l'escorte empruntait. Les trois Royaumes nains furent fondés: Tsarvisc, au Nord. Menrev, à l'Est. Et Bolrev, au sud. Suite à une longue guerre, la paix fut signée dans la ville sainte de Briask, qui devait marquer la frontière entre les trois Royaumes. Cette paix stipulait également que chaque Royaume ne devait pas interférer dans la politique des autres, mais cette promesse fut bien souvent mise à mal. Mon clan, le clan Kalamine, fut l'un des premiers à diriger Bolrev, mais les nombreuses luttent de clan font que ce n'est en général pas le plus puissant qui dirige, car il devient alors la cible de tous les autres.

-Quand le clan Ramov est-il parvenu au pouvoir? 

-Il y a deux siècles. Il a réussi à s'y maintenir, cahin-caha, en négociant avec les autres grands clans, en marchandant, en acceptant de saper leur autorité pour conserver le trône symbolique. 

-Une opinion, je l'imagine, parfaitement objective, n'est ce pas? Ironisa la Kesjarinna.

-Mon clan n'a jamais été en bon termes avec les Ramov, ce n'est un secret pour personne. Admit Koulov. Mais l'opinion de mon clan seule importe moins que celle générale du Royaume. Et, à Bolrev, les Ramov ont perdu leur droit à garder le trône depuis la guerre de la honte.

-Hum. Une défaite, j'imagine.

-Une terrible, en effet.

Le regard de Koulov s'assombrit. Il reprit.

-Un clan commençait à gagner en importance, à Bolrev, en héritant de nombreuses vallées et cités. Il s'agissait du clan Goulenn. Seul problème, ce clan n'est pas originaire de notre Royaume. C'est l'un des plus importantes familles du royaume de Tsarvisc, et leur influence grandissante en Bolrev fit craindre à notre bon roi que des territoires de notre Royaume se retrouvent incorporé à celui de Tsarvisc. Il choisit donc de régler ce problème par les armes.

-Et il a perdu.

-Il s'est fait écraser, Kesjarinna. Toute l'élite clanique de Bolrev est allée se battre sous ses ordres, et est morte sur les hauts plateaux. Il a offert notre Royaume aux Tsarvisques sur un plateau d'argent sertis de rubis. Le traité de paix a finalement causé ce pour quoi le roi avait causé la guerre: Tsarvisc a annexé de nombreuses terres de notre Royaume, et notamment... la province de Tumov.

-Qu'a donc cette province de si particulier.

-C'est cette province qui donnait accès à la ville sainte de Briask, la seule ville qui appartenait aux trois royaumes. Désormais, Bolrev n'est plus digne d'être l'un des trois royaumes, et le roi en est la cause. Mais surtout... c'est ma province d'origine. C'est là bas que se trouvaient les terres de mon père, et de son père avant lui. Des terres qui m'ont été arrachées sans mon consentement, et distribuées à la clanique Tsarvisque. 

La Kesjarinna fixa le nain un long moment. 

-Et donc je suis sensée représenter le pouvoir du clan Kalamine? Votre influence? Votre capacité à diriger ce royaume mieux que le clan Ramov? Vous êtes tout de même au courant que pas une seule de mes armées ne franchira le premier col d'Heljarchen pour s'impliquer dans vos querelles, tout de même.

-Et c'est tant mieux, Kesjarinna. Personne ne veut d'étrangers dans nos guerres. Le clan Kalamine ne vous demande rien d'autre que de vous tenir gentiment sans rien dire au coté du clan durant le conseil royal, rien de plus. Vous êtes un prétexte pour symboliser notre puissance, notre influence, mais nous n'avons nul besoin de vos légions pour mener et gagner ce combat.

-Si tel était réellement le cas, je me demande bien pourquoi vous avez seulement besoin de vous servir ainsi de moi. Fit remarquer Kiine avec un sourire.

Koulov ne répondit pas: elle savait qu'elle avait touché juste. Quelqu'un qui a suffisamment de force n'a pas besoin d'un faire valoir pour la mettre en avant. Un vieil adage Nordique disait que "le muet vainc le bavard en duel", pour signifier exactement ceci: l'humilité est un bien meilleur symbole de force que la vantardise. Et quiconque tente de vanter le mérite de sa puissance sur le tranchant de sa lame, qu'il n'a pourtant pas forgé, plutôt que par la force de ses muscles, a probablement quelque chose a compenser. 

Plus à l'arrière du convoi, l'ambiance au sein de petit groupe des survivantes de Brocéliande était toujours électrique. Rehyan avait inondé ses compagnes de route de regards assassins depuis le matin, et Naïa s'était enfermée dans un silence mutique et mélancolique, tandis que Dol'Taïm refusait de faire le premier pas des excuses malgré les supplications de Lefko.

-Rehyan doit comprendre. Grognait-elle.

-Elle ne comprendra pas si tu ne lui explique pas posément ton point de vue tout en t'excusant pour tes propos très déplacés d'hier soir! Tu sais très bien a quel point Rehyan a été la plus affectée par la mort de Viyanah, et sous entendre que celle-ci était advenue à cause de Kiine était non seulement faux, mais blessant.

Viyanah... ce simple nom suffisait à induire toutes sortes de réactions du petit groupe de femme. Elle avait été comme une mère pour elles toutes, bien que n'étant pas la plus âgée, cet honneur revenant à Naïa grâce à la longévité supérieure des nymphes. Tout à l'inverse, Viyanah avait été une fille fleur, une Kisaeng, une simple humaine frappée par la terrible malédiction des fleurs, qui condamnait à une vie où se mêlaient plaisir et souffrance incessantes, avant une mort prématurée avant les trente printemps. A l'époque où le petit groupe s'était rencontré, elles étaient toutes esclaves d'un marchand Birchan qui aimait à profiter de leurs corps comme il le désirait, et dont les fantasmes impliquaient souvent une dose importante de violence. Rehyan, elle aussi fille fleur, avait trouvé en Viyanah une figure maternelle qui l'avait toujours soutenue, malgré la vie terrible à laquelle elles étaient toutes deux promises. Rehyan, à la chevelure de feu, maudite par la rose, et Viyanah, aux longues boucles mauves, dont la fleur était la violette. Naïa et Dol'Taïm avaient été acquises après les deux filles fleurs par le marchand, et Lefko avait terminé la liste. Toutes les cinq, avaient dû suivre leur maître dans sa fuite éperdue au travers des plaines des Mines, accompagnées de Freya la mystérieuse grande guerrière du nord. Freya fuyait quelqu'un, et ce quelqu'un se révélait être Kiine, à qui elle avait dérobé les Reliques des roi de la Nuit. Elles avaient été impliquées dans le combat entre ces deux femmes à la puissance phénoménales... mais avaient également découvert le secret de Freya.

Qu'elle avait été également une fille fleur par le passé. Mais que, malgré sa malédiction, elle avait survécu. Elle avait trouvé un remède. Et son cœur de glace semblait avoir encore une once de chaleur envers les femmes qui partageaient la condition dont elle avait elle même été victime par le passé. Alors, dans un élan d'espoir, le cinq femmes avaient fui la promesse de liberté de Kiine pour pourchasser Freya dans la forêt de Brocéliance, l'antre du Chaos, dans l'espoir de pouvoir, elles aussi, être soignées de l'affliction qui les poursuivait. Rehyan était encore jeune, mais Viyanah atteignait la fin de la vingtaine, et le temps lui était compté. Elles avaient bien trouvé Freya. Elles étaient parvenues à la convaincre de lever la malédiction. Mais il était déjà trop tard pour Viyanah, et sa disparition avait laissé comme un vide sans fond dans le cœur de ses compagnes, et un creux dans leur petit groupe qui jamais ne pourrait être comblé. 

Freya avait fui, après la mort de Viyanah. S'était-elle sentie trop enfermée dans ce groupe? Avait-elle voulu retrouver sa liberté? Ou bien était-ce une raison plus profonde, plus... douloureuse? Lefko ne l'avait jamais su, même après avoir revu la grande guerrière à Yurena. Freya était opaque, incompréhensible. Sa folie la rendait imprévisible. Rehyan, pour qui Viyanah était plus qu'une amie, mais une mère, n'avait jamais pu se remettre, malgré sa malédiction levée. Elle maudissait encore chaque jour l'existence de Freya, qu'elle tenait pour responsable autant de la mort de Viyanah que de la vie difficile qu'elles avaient toutes eues, après son départ. Lefko avait subi le poids de l'échec, étant celle qui avait décidé de poursuivre Freya à Brocéliande. Dol'Taïm avait fait de son mieux pour encaisser, pour rester le pilier stoïque et silencieux qui empêchait leur existence de s'écrouler. Et Naïa, Naïa la douce, Naïa la craintive, avait tenté de reprendre le rôle de mère de substitution, mais avec des grandes difficultés. Les conséquences de la mort de Viyanah étaient encore bien là, malgré les ans, et la simple évocation de son nom ébranlant l'unité de la petite famille recomposée. 

Lefko le savait mieux que personne.

-Dol... je ne te demande pas d'être d'accord avec Rehyan. Simplement de t'excuser. Personne... personne ne devrait utiliser comme tu l'as fait la mort de Viyanah. Je ne t'en veux pas, mais... je veux que tu comprenne.

Dol'Taïm eut l'air de vouloir dire quelque chose, mais, comme souvent, elle se contenta de ravaler ses paroles et de baisser les yeux, avant de hocher le tête. Lefko sourit, et lui prit la main. Face à elles, s'ouvrit le gouffre béant d'une nouvelle vallée, encaissée entre les arêtes effilées de deux chaines de montagnes semblables à des rasoirs. Celle-ci devait être au moins trois fois plus large que celle d'Helagrod, qu'elles venaient de quitter. Au loin, on pouvait apercevoir les habitations serrées de plusieurs villages nains, entourés de grands champs où paissaient des animaux inconnus aux yeux de ces étrangères venues de si loin. Loin, dans les cieux, un rapace aux dimensions dantesques tournait en long cercles paresseux, surveillant son territoire ainsi que les nouveaux arrivants de ses yeux perçants. Un vent puissant remontait la pente qui faisait face à la petite expédition, et ébouriffait les herbes folles et les poils drus des bêtes. Les longs cheveux d'un noir d'ébène de Lefko volèrent dans cette brise nouvelle, annonciatrice d'un tout nouveau monde qui s'ouvrait devant elles.

Pour le meilleur.

Et pour le pire.

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