Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Le Chant du Couchant I

La foule en délire hurlait insultes et invectives de la pire sorte. Elle se mouvait comme une immense vague déferlante, attendant la moindre faiblesse des gardes pour se jeter sur la grande avenue, sur la simple charrette, sur laquelle les condamnés étaient montés. On leur lançait des objets sur leur passage: poteries, céramiques, pavés, tout ce qui passait sous la main des badauds et était assez contondant pour pouvoir faire mal. Les légionnaires durent sortir leur arme pour faire reculer la foule, les menaçant de leur glaive, à l'abri derrière leur bouclier, tandis que l'on amenait la charrette vers les arènes.

Les roues du simple véhicule rebondissaient sur les quelques irrégularités des dalles de la chaussée, secouant les corps recroquevillés qui s'y tenaient. Tous avaient le regard vide, morne, ou haineux, mais aucun ne semblait avoir peur. Ils étaient tous hirsutes, sales, et parcourus de cicatrices, mais, surtout, ils avaient au fond des yeux cette lueur de folie si spécifique aux habitants de la forêt. En y regardant bien, il était facile de voir qu'ils en venaient, et qu'elle les avait changés. Certains avaient des oreilles pointues, des nez ratatinés, des dents plus longues, des griffes de taupes, des écailles sur la peau, des pics sur le dos. Ils semblaient, pour certains, bien peu humains, et, pour beaucoup, ne l'étaient d'ailleurs probablement plus depuis longtemps. Cependant, certains étaient toujours dotés de parole et, a fortiori, de plus ou moins de raison.

Mais cela, les habitants en furie d'Herkanim n'en avaient cure. Pour eux comme pour tant d'autre, tour ce qui pouvait sortir de la forêt de Brocéliande toute proche était un monstre sanguinaire, ne souhaitant que se repaître du sang de leurs enfants. En attraper autant d'entre eux en une seule battue était chose rare. Et les Pontois adoraient les spectacles des arènes, dans lesquels se battaient les gladiateurs, ou étaient exécutés les condamnés. Et tous les Fous étaient des condamnés.

-Ils sont moches! Lança une petite fille. Regarde, maman, celui la à une longue trompe entre les jambes!

-Tu apprendras bien vite ce que c'est! Railla un homme. Par contre, je dois avouer que certaines de leur femelles sont plutôt pas mal. La nymphe, notamment.

-Vraiment? Demanda son voisin. Moi, je préfère l'opaline. Il y en avait une, au bordel de Demerus, mais quand l'Empire a aboli l'esclavage, cette sotte a préféré devenir parfumeuse itinérante! Par la Grande Créatrice, qu'est ce que ça me manque! Pourquoi n'y a-t-il aucune meretrix opaline? Je paierai bien pour mettre celle là dans mon lit plutôt que dans la cage des fauves.

-Tu es fou, Lucius! C'est une Folle! Une mutante! Elle te planterait dans ton sommeil et se repaitrait de ton sang. Elle est certes belle à voir, mais c'est la le plus grand de ses pièges pour t'attraper. Et puis, tu auras bien le temps de la voir lorsqu'elle sera attachée aux poteaux durant les venationes.

-Mes amis, mes amis... les interrompit un autre. Arrêtez donc de reluquer ces minables créatures! Que vaut la vision de leur poitrine de monstre quand nous avons une invitée aussi prestigieuse pour assister aux venationes!

-C'est donc vrai, ce que l'on dit? La Kesjarinna elle même va y assister?

-Puisque je te le dit! J'étais à la porte Vallum ce matin quand elle est arrivée avec son escorte, et, par la Grande Créatrice, je t'assure que sa vue est bien plus impressionnante que toutes les créatures que porte ce chariot!

-Les Tribuns ont fait les choses en grand pour sa venue. Ajouta un second. Il faut dire que lorsqu'elle se déplace, c'est rarement juste pour faire des visites de politesse... vous pouvez être sûrs que s'il y a encore quelques vendeurs d'esclaves en ville, il vont bientôt remplacer vos dulcinées face aux fauves.

-Ta Kesjarinna habillée ne peut valoir une beauté nue en train de se faire dévorer par un Lion des montagnes.

-Bien sûr que si. Tu n'as jamais entendu parler de l'affaire de Pont-Majeur?

-Très rapidement.

-Dis plutôt que tu n'en sais rien! Incroyable! Cette histoire a presque dix ans, pourtant!

-Raconte lui, Iulius! Tu y étais, à l'époque, pas vrai?

-Eh bien, commença Iulius, cette histoire date du tout début du règne de la Kesjarinna, alors qu'elle venait de faire interdire l'esclavage dans tous l'empire et qu'elle matait les contestataires dans différentes cités. Quand elle est arrivée à Pont-Majeur, j'étais au service d'un des chefs placés par le Kesjare précédent, un vieux grincheux au prénom imprononçable. C'était la fête des Naumachies, donc, comme tous les cinq ans, les sénateurs faisaient combattre des galères dans la baie, et ledit chef avait invité la Kesjarinna a venir voir le spectacle. De mon humble avis, elle ne doit pas beaucoup aimer la mer, car lorsqu'il est apparu à ses côtés à la tribune des Impériaux, elle l'a fait passer par dessus bord et a ordonné de le laisser se noyer.

-U-un chef Nordique?? Vraiment?

-Oui! Sa côte de popularité a grimpé en flèche dans la ville après ça, alimentée par les rumeurs d'une vengeance personnelle, comme quoi le chef en question aurait vendu son amante ou l'aurait trahie. Quoi qu'il en soit, si la Kesjarinna assiste aux jeux, on est pas l'abri de quelques surprises. Les organisateurs sont sur les dents.

-Haha! J'imagine bien! J'espère qu'elle fera quelque chose qui nuira à la réputation de Scelba... il est si imbus de lui même depuis qu'il a été élu tribun.

-Il met des bâtons dans les roues du sénats, et dilapide son argent dans les jeux pour se mettre le peuple dans la poche, et maintenant il a même réussi à y inviter la Kesjarinna. Il veut se faire nommer roi, ou bien?

-S'il essaie, il y aura du sang dans les rues, crois moi. C'est peut être tout aussi bien si la Kesjarinna est en ville. On ne la nomme pas la Dragonicide pour rien.

-Justement, c'est la Dragonicide, par la Tribunicide. Gardes tes reflexions pour toi, c'est une Nordique. Kesjarinna ou pas, je préfère juste qu'elle reste en dehors de nos affaires.

-Bon, mes amis, et si nous nous hâtions? Les arènes vont se remplir sans nous, et il est déjà difficile de se mouvoir dans les rues.

-Par Sappho, tu as raison! Vite, mes amis! Vous retrouverez vos belles Folles dans l'arène!

Et, ainsi, il se frayèrent un chemin dans la foule en direction des imposantes arènes, délaissant le charriot qui continuait lentement sa route au coeur des invectives.

***

-Quelle chaleur dans ce pays! Grogna Sylgia avec humeur. Tu m'étonnes qu'ils se baladent tous quasiment à poil.

-Surveille tes propos, Sylgia. Certains de nos hôtes parlent Nordique.

-Ne me donnes pas d'ordre, Bjorn! Grinça la guerrière aux cheveux noirs. Combien de fois dois-je te le dire! Je ne reçois d'ordre d'aucun mâle, seulement de la Kesjarinna!

-Dans ce cas, tais toi, Sylgia. La coupa Kiine en prenant une coupe de vin et en y trempant ses lèvres. Nous sommes invités, certes, mais j'aimerai tout de même éviter les accidents diplomatiques.

-Le vieil Arnbjorn te tirerait les oreilles, ça c'est sûr. Gloussa Bjorn d'un rire peu en adéquation avec la taille impressionnante du guerrier.

Le colosse de Boromivir avait la trentaine, une barbe parfaitement taillée et des cheveux gardés courts et rasés sur les bords. Il s'amusait à y tracer des runes au sens mystérieux, qui disparaissaient lorsque ses cheveux bruns repoussaient. Sylgia, de son côté, était toujours aussi venimeuse, mais, fidèle à elle même, incapable de résister à Kiine. Ses grands yeux noirs se plongeaient dans ceux de la Kesjarinna avec une tendresse qui crevait les yeux, et il était impossible de ne pas voir quels désirs l'animaient quand elle pensait à celle à qui elle avait juré allégeance depuis bien longtemps déjà.

La concernée continuait de siroter son vin avec son habituel air détaché. Ses cheveux blancs étaient coupés courts, au niveau du cou, comme dix ans auparavant, lorsqu'elle avait pris la tête de l'Empire. Son visage avait pris en maturité mais, étrangement, avait bien peu changé durant ces années, comme si les quelques rides qu'elle avait soudain gagné après la mort de sa compagne rechignaient à laisser celles de la vieillesse prendre leur place. Elle semblait toujours jeune, belle, mais également noble et inaccessible. Elle était, après tout, la femme la plus puissante du continent. L'éclat qui brûlait dans ses yeux violets, et les deux épées qui pendaient à ses hanches ne donnaient qu'un léger aperçu du danger qu'elle représentait pour ceux qui l'approchaient de trop près - à commencer par ses trois gardes du corps, élite de la garde impériale.

La troisième entra à cet instant par le couloir menant à la plateforme dominant l'arène.

-Le renseignement est formel: vos informations étaient justes, Kesjarinna. Annonça Triss. Je me demande toujours comment vous faites pour être au courant de ce genre de choses avant même vos propres services.

Ses belles boucles blondes cascadaient dans son dos, et elle vint s'asseoir à côté du colosse, assez proche pour que le message soit clair, mais également assez éloignée pour ne pas trop en dire.

-J'ai mes sources. Se contenta de dire l'Impératrice. Et en ce qui concerne ce qui nous amène ici... c'est une vieille amie de ma soeur et moi qui nous a mises sur la voie.

-Que comptez vous faire, au juste? Demanda Triss avec un air inquiet.

-Hmmm... improviser. Sourit la Kesjarinna.

-C'est le genre de plan que j'aime. Ricana Bjorn.

-Vous avez toujours de si bonnes idées, Kesjarinna. Papillonna Sylgia.

-Il m'avait pourtant semblé avoir entendu dire « pas d'incident diplomatique »... soupira Triss avec autant de désespoir que de résignation.

Le sourire ironique de la Kesjarinna ne laissa pas vraiment de doute sur le fait qu'elle n'avait jamais compté mettre en application les recommandations du conseil des Chefs.

-Regardes moi tout ces Pontois, réunis pour voir d'immondes bêtes affamées dévorer de pauvres suppliciés accrochés à leur poteaux nus comme des vers... c'est d'un ennui! On se croirait aux réunions du Conseil.

-Vous voulez dire quand la cheffe Suriana n'y est pas? Gloussa Bjorn.

Kiine grimaça.

-Il faut avouer que sa présence rajoute toujours un peu de piment aux discussions. Mais ça ne reste qu'une assemblée de vieux croûtons et de vieilles biques cherchant des moyens de pression pour limiter mes mouvements.

-Raison pour laquelle nous sommes ici, j'imagine. Glissa Triss.

-Plutôt pour revoir une vieille amie, et tenir une promesse... et on dirait que mes informations étaient justes.

Kiine posa son verre en se penchant en avant. Sur le sable jaune de l'arène, des légionnaires faisaient entrer les condamnés sous les hourras de la foule excitée à l'idée du bain de sang. Au milieu des inconnus, elle ne tarda pas à reconnaître la chevelure noire, la peau blanche et les yeux rouges si nostalgiques.

-Préparez vous. Ordonna-t-elle d'une voix naturellement autoritaire. Ils veulent du spectacle, pas vrai? Je vais leur en offrir un vrai.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro