Le Chant de Kynareth I
Les années passent, entre douceur amoureuse et violence guerrière. L'Empire s'enfonce de plus en plus loin dans ses grandes conquêtes consolidant son pouvoir partout où il le peut, vainquant ses ennemis sur terre comme sur mer, de jour comme de nuit: rien ne semble pouvoir arrêter l'avancée triomphale des troupes de Balta. Quant à Orgnar et Kynareth, leur vie commune est un rayon de soleil pour la tribu portant le nom de la jeune femme, car à peine quelque mois après leur retour des Monts D'Alduin, le ventre rond de la cheffe laisse présager que le miracle de la vie est sur le point de s'accomplir.
C'est sous la bénédiction des Dieux que naît ainsi Elpa, première fille du couple, un beau bébé plein de vigueur dès son plus jeune âge, et qui fait la fierté de ses deux parents qui l'élèvent patiemment à la tribu de Kynareth, juste au pied des Monts d'Alduin.
Bien que le destin d'Elpa soit lui aussi grandiose, ce n'est point à son histoire que nous allons nous attacher, mais à celle de sa soeur cadette, qui vient grossir le ventre de sa mère quelques années après la première, comblant de joie ses deux géniteurs. C'est ainsi que, dans la demeure de la jeune cheffe de tribu, cette dernière accoucha pendant un jour et une nuit d'un bébé que tout le monde pensait perdu, mais dont l'étonnante vitalité surprit tout le monde et lui permis de survivre. Cet enfant béni de chance, Kynareth l'appela Kiine.
Sa mère était persuadée qu'elle était destinée à un grand avenir, et elle ne se trompait point.
Kiine grandit aux côtés de sa mère et sa soeur, Orgnar étant souvent trop occupé à guerroyer aux ordres de son empereur de frère au loin, quand sa compagne, elle, devait rester pour diriger sa tribu et élever ses filles. Il apparut bien vite que Kiine semblait posséder de nombreuses prédispositions que sa soeur n'avait pas: elle était vive, forte, intelligente, avait une santé et un mental de fer, et était d'une beauté supérieure. Elpa, quant à elle, pouvait se vanter de sa douceur et de sa certaine intelligence, et d'une beauté qui, se rapprochant de celle de sa mère, était très grande, mais semblait bien pâle aux côté de celle de sa jeune cadette. Quoi qu'il en soit, aucune des deux jeunes filles ne laissait qui que ce soit indifférent dans l'Empire...
De son côté, l'Empire commençait à stabiliser sa progression. Contre l'avis de certains de ses généraux, Balta considérait que plus de combat et de conquête ne ferait que contribuer à l'instabilité du pouvoir qu'il s'efforçait de maintenir en place. Mais plus que l'instabilité, c'était le prudence qui le retenait. S'il avait eu l'occasion de discuter plus souvent avec Kynareth, sans doute auraient-ils pu se mettre d'accord sur les soupçons entraperçus dans les derniers instants du chef draconique qu'ils avaient exécuté. Oui, l'immobilisme des troupes Nordique avait bien un sens: Balta avait acquis la certitude que cette menace qu'il avait si longtemps sous estimée, lorsque son frère lui en parlait, était réelle et attendait dans l'ombre le moindre signe de faiblesse pour attaquer. Son seul problème étzit sue, désormais, il était pratiquement le seul à encore croire à l'existence d'un peuple et d'une armée draconique... son pouvoir reposait bien trop sur le soutiens des différents chefs pour qu'il puisse se permettre de laisser apparaître la moindre trace d'hésitation ou de doute.
Son seul soutien potentiel ignorait qu'elle pouvait confier ses doutes à l'empereur... recluse dans les murs de la tribu portant son nom, Kynareth passait ses journées entre le développement de la petite bourgade et l'éducation de ses deux magnifiques filles, en compagnie, la plupart du temps, de son compagnon Orgnar, resté fidèle à elle depuis tout ce temps. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher, tous les matins et tous les soirs, de fixer d'un oeil inquiet les cimes à la fois si proches et si lointaines des monts d'Alduin.
-Maman, pourquoi tu regardes tout le temps la montagne? Lui demanda un jour la petit Kiine à l'aube de ses cinq ans.
-Parce que Maman surveille que les monstres de la montagne ne descendent pas nous attaquer, ma chérie.
-Si les monstres viennent nous embêter, je les taperai très fort! Répondit innocemment la petite fille aux yeux violets.
Ces mots firent rire Kynareth avec douceur, puis son regard attendri se posa sur le visage de sa fille. La chair de sa chair, porteuse d'un grand avenir et de la lourde responsabilité de traverser un futur qu'elle même ne connaitrait sans doute jamais.
-Connais-tu la légende des Ouragans, Kiine?
-Tu me l'as jamais racontée, non...
-On raconte qu'un jour, Himlen, déesse du ciel, entra dans une grande colère contre Jord et Häv, dieux de la terre et de la mer, ses compagnons... elle déchaîna alors dans les cieux une tempête qui dura 100 ans... le vent était si fort qu'il arrachait les arbres, détruisait les maisons et ébranlait les montagnes. Les hommes devaient s'abriter sous terre ou se placer sous la protection des dieux pour survivre. Jusqu'à ce que, surgis d'on ne sait où, apparaissent les Njuchis... des monstres volants, semblables à d'immenses insectes de taille humaine, et vivant dans de grandes ruches volants aux quatre vents. Grâce à cette tempête, ils étaient dans leur élément... et ils s'en servirent pour dominer le monde, le ravageant de leur guerres intestines et se mêlant peu des dégâts qu'ils pouvaient faire à la population.
Kiine écoutait avec une appréhension grandissante, scotchée aux lèvres de sa mère.
-Les hommes mouraient comme des mouches, mais qui pouvait bien en avoir cure... reprit-elle. Les plus faibles ne peuvent simplement pas survivre s'ils ne savent pas s'adapter. Mais un jour... la colère d'Himlen s'apaisa. Le vent retomba peu à peu, les colonnes de poussières retombèrent, et le soleil brilla comme il n'avait plus brillé depuis bien longtemps. Et, depuis cet incident, plus jamais on n'entendit reparler des Njuchis. Mais sont ils vraiment morts?
La cheffe se rapprocha de sa fille pour que ses paroles soient le plus impactantes possibles.
-La vérité c'est qu'on ne le sais pas, Kiine... et on ne le sauras probablement jamais... sauf le jour où ils reviendront. Tu comprends? C'est pour cela que je fixe la montagne. Car un jour, peut être, des monstres arriveront de là. Et ce jour là, je serai la première à les voir pour venir vous protéger contre eux. N'oublie jamais, Kiine... le danger vient toujours d'en haut... de la montagne, du ciel, d'un arbre... alors garde toujours les yeux rivés vers le ciel. Et si rien n'en descend pour tenter de prendre ta vie, alors seulement tu pourras contempler en paix la beauté du ciel étoilé que les Dieux nous ont offerts.
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