Les rayon du soleil percent à travers les branches du grand sirocco. Akemi adossée à l'arbre s'est assoupie  après un entrainement matinal. La brise légère se glissait à travers ses longs cheveux blonds, tentant à tout hasard d'en emporter quelques avec elle. On entendait le ruissellement de la rivière qui avait établi son lit non loin de la petite demeure d'un vieil homme . Il faisait bon vivre dans ce village épargné par la guerre et ses opprimantes atrocités. Les enfants y grandissaient jusqu'à leurs 16 ans avant d'être envoyés à l'académie des samuraïs. Certains, comme Akemi, profitaient de ce sursis pour  acquérir  rigueur et  discipline dans l'apprentissage des arts martiaux. L'ont voyait les bambins  qui courraient à travers les champs, biens loin de s'imaginer l'hostilité du vaste monde. Ils étudiaient le japonais comme tous, mais l'enseignement y étais moins exigeant qu'à la capitale. Ils achevaient les cours 4 heures à l'avance et ne survolaient que brièvement les notions d'histoire, de géographie et d'étude stratégique.  La plupart d'entre eux sont destinés à une mort certaine avant même d'avoir vu une vingtième année, déjà condamnés par le manque d'importance accordé à la guerre.

 La lune surprenait par moment les sorties d'Akemi. C'était son seul moment à elle, un exutoire dans cette enfer quotidien qu'est l'entrainement intensif de son grand-père . Levée à l'aube, elle pratiquait le combat et l'étude jusqu'au soir . Yuki n'était pas un tyran mais un homme bon qui avait compris l'essentiel : pour survivre, il faut se battre . Chaque samedi, la jeune fille descendait vers le village pour y suivre un enseignement classique le temps d'un journée . Elle côtoyait alors les élèves du village qui se riaient d'elle avec dédain. Son grand-père rappela à Akemi qu'il ne fallait pas chercher de source à la haine,  juste un cheminement de pensées progressif qui amenait à la fureur gratuite.

Une fois par an un tournoi était organisé par les professeurs afin de pousser les élèves à se dépasser et prouver leur valeur.  A cette occasion, Akemi devrait affronter un petit nombre de recrues. Elle avait balayé la concurrence en un temps phénoménal les fois précédentes . Cela n'était pas surprenant, compte tenu du manque d'habileté dont les participants faisaient preuve. Elle arriva au village, inscrivit son prénom sur un tableau et prépara son épée en bois. Le combat allait commencer dans quelques instants. Elle s'assit sur les gradins pour contempler ce qui ressemblait plus à un cirque qu'à un spectacle. Une bande de marmots qui mettent des coups d'épées plus souvent dans le vent que dans des os. Malgré l'apparence enfantine de l'assemblée, Akemi restait vigilante. Sous-estimer un adversaire n'appartenait pas à ses principes. Elle scrutait attentivement les mouvements d'un adolescent qui semblait moins gauche que les autres quand soudain un jeune homme s'approcha d'elle. Il l'aborda bruyamment en s'esclaffant :

- Eh, mademoiselle ! C'est bizarre de voir une fille dans ce genre de pitreries. Soit tu as pris goût au cirques mondains, soit tu choisis délibérément de massacrer tous ces idiots pour te détendre. Dans les deux cas tu es un être bien vil et maléfique ...

Il ne semblait qu'a moitié sérieux et son aura n'émanait aucune sensation de danger. C'était sans doute un gamin vantard qui se croyait plus intéressant que les autres. Akemi le toisa de haut en bas avec un air condescendant.

-Je n'aime ni les singes ni les souffre-douleurs. Je fais comme tout le monde, je me prépare pour la guerre et je cherche des réponses. Si je suis ici c'est pour tester ma force. A ma taille ou pas, un adversaire reste un adversaire.

La réponse d'Akemi le fit sourire.

- Ahah ! Donc tu viens bien ici pour massacrer du marmot ! Akemi, c'est ça ? J'ai entendu parlé de toi, tu es celle qui vit avec l'ermite en haut de la montagne. Ce doit être drôle par là bas. Entourée de chèvres et d'ânes, une jolie vie de fermière.

- Si tu as l'intention de t'adresser à quelqu'un, aies la décence de te présenter au préalable. Ton assurance cache une terrible bêtise. Si tu viens ici pour me chercher des puces , va-t'en. Je n'ai pas besoin d'un paysan pour me dire si j'ai le droit ou pas d'être là.

- Oh oh ! Un paysan ... Je vois , petite fleur vient de s'ouvrir mais elle manque encore d'expérience ... C'est quoi déjà l'adage ? L'habit ne fais pas le moine. Je m'appelle Shigure, ça signifie pluie d'automne. Tu t'attends à un défi, je suis ton homme.

Il s'en alla en sifflant. Akemi regarda le tableau des combattants : Shigure !

- J'écraserai de mes mains sa langue de vipère et prendrai plaisir à resserrer mes doigts attaquant sa gorge comme des loups affamés.

Son premier combat allait commencer. Elle se plaça dans l'arène et mis son katana de bois face à son adversaire.

"Nul besoin de mots, mon katana parle pour moi."