Le dénivelé du corridor devint tout à coup plus abrupt et la mercenarii dû ralentir pour éviter de glisser sur la pente et risquer de se fouler la cheville. Même avec la lueur de la torche il était difficile de percevoir ce qui l'attendait à son prochain pas. Plus ils se rapprochaient plus le bruit devenait perceptible et bientôt plus aucun doute ne persista. Il s'agissait bien d'une chute d'eau. Ils finirent par arriver au terme de la descente quelques mètres plus loin et après avoir escaladé un gros rocher érodé se retrouvèrent dans une autre cavité, à plafond haut et large. De longues stalactites culminaient à plus de cinq mètres du sol, menaçant de leur pointes Alessia et Lex.

Ils se rapprochèrent et ne tardèrent pas à découvrir la source du vacarme. Dans le fond de la cavité, une longue chute d'eau s'écoulait entre un amas de rochers. Le débit bien que faible avait suffi pour remplir la crevasse qui s'étendait en dessous, se trouvait alors là un bassin de quelques de mètres de profondeur et assez large pour suffire à une dizaine d'individus. Du bout des doigts, Alessia toucha le fil de l'eau.

— Elle est chaude !

— Ce n'est pas surprenant, on se trouve en montagne. Ça doit être une source thermale. À terme si l'eau continue de couler, c'est l'intégralité de la grotte qui finira inondée

— Alors c'est notre jour de chance.

Alessia examina les abords du bassin puis finit par trouver un endroit adéquat, y posa sa torche et la coinça dans un renfoncement dans la roche. Les flammes dansantes se reflétaient sur la cime de l'eau transformant les ténèbres en une lueur agréable et tamisée. La mercenarii se retourna vers Lex. Elle retira la boucle de son ceinturon et posa Crépuscule dans son fourreau au sol. Ce fut ensuite le tour de ses bottes

— Tu comptes rester là ? Je croyais que les Castellan t'avaient appris les bonnes manières, finit-elle par lâcher.

— Tu veux vraiment te baigner là-dedans ? rétorqua Lex après s'être tourné.

— Je ne dis pas non à un peu de réconfort après le calvaire que nous a fait vivre Daguefilante ces derniers jours. La tempête a bien failli nous engloutir.

Avec rapidité, Alessia forma un tas avec ses vêtements et se retrouva dans le plus simple appareil. Tout d'abord avec le bout des orteils, elle toucha l'eau tiède, puis une enjambée après l'autre, se retrouva totalement immergée. D'une brasse agile, elle se laissa porter vers le milieu du bassin où elle ne touchait plus le sol et piqua une tête. La douce chaleur s'empara de sa chair, raffermit ses muscles et lui donna du baume au cœur. L'espace d'un instant, oublia cette fichue mission et cette vipère de Cordélia. Un pur moment de détente. Puis elle revint à la surface et fit quelques longueurs. De l'autre côté Lex venait à son tour de poser sa torche. Elle sentit son regard se poser sur elle, bien que la pénombre orangée ne révélât quasi rien de son anatomie.

— A ton tour maintenant, fit Lex. Comment la fille d'un noble de la Côte Spectrale a finit par devenir une légionnaire puis vulgaire épée-prêtée ? Sans parler du fait que tu sois une apostate.

— Tu as vraiment envie de me poser ce genre de questions ? Tu en sais déjà assez trop pour ton propre bien

— Mais il ne s'agit pas seulement de moi ou même de toi. Je t'ai fait la promesse de garder ton secret. Mais je dois savoir à quoi j'expose nos frères.

Alessia lâcha un soupir et prit une grande respiration avant de se laisser flotter sur les flots tranquilles.

— Les Cœurfroids ou Skjoralmor dans la langue de Borée, étaient l'une des lignées les plus anciennes d'Arthédas. Mes ancêtres furent parmi les premiers à rejoindre l'Imperatora alors que nos frères du Nord persistaient dans leur folie à rejeter les Saints-Royaumes. Cependant avec le passage des siècles, notre influence décru, rattrapé par celles des familles du Nérev qui avaient émigrés en Arthédas en quête de nouvelles terres à exploiter. A l'époque de ma naissance, nous ne régnions plus que sur un petit bourg de pêcheurs de la Côte Spectrale.

— J'imagine que quelque chose a dû mal tourner pour que l'unique héritière des Cœurfroid finisse dans la Legio ?

La jeune femme se rapprocha du capitaine, nageant jusqu'à la rive. Elle n'avait pas envie de parler trop fort comme si parler de cet individu précis risquait de le faire apparaître. Sur le ventre elle s'appuya sur ses coudes tandis que Lex vint s'asseoir sur un petit monticule de pierres.

— A l'époque de sombres troubles agitaient la province. Les ersatz de la dernière Horde Drengir sévissaient encore le long de la Côte Spectrale. Ils étaient devenus pirates pour échapper à la Legio. Bien des propriétes furent mise à sac par ces brutes sanguinaires. Cela faisait des années que l'Armada ne patrouillait plus le long de la côté. Mon père, soucieux du bien être de son peuple, a bien sûr demandé de l'aide à la capitale de l'Arthédas pour repousser les pirates. Le Sénat provincial a refusé d'intervenir. Bien évidemment mon père et la milice a ses ordres étaient bien trop peu pour lutter à armes égales face aux pillards. Puis l'hiver vint, bien plus rude que les précédents. Les récoltes du printemps qui suivit furent une catastrophe. Affamé, les pêcheurs contraint à devenir paysans se sont révoltés. Ils accusaient mon père d'être de connivence avec les pirates. Après tout nous étions aussi des raclures de Borée, le sang Drengir coulait dans nos veines. Puis lors de l'incident de trop, ils ont réussi à pénétré dans l'enceinte de notre domaine. Notre milice et l'intégralité de ma famille y perdu ma vie. Je ne dû ma survie qu'au courage de ma mère qui me permit de m'enfuir avant l'arrivée des frondeurs.

— Je suis désolé Alessia, je ne voulais pas te faire revivre d'aussi douloureux souvenirs.

Elle décela dans les prunelles de son capitaine la présence d'une compassion véritable. Il s'inquiétait pour elle et semblait sincère.

— Non c'est bon, j'ai fait mon deuil depuis longtemps. J'ai appris à vivre avec cette partie de mon existence.

Il n'y avait nulle tristesse dans ces propos, juste de la résignation.

— N'en parlons plus. Nous devrions rentrer, il doit être tard. Je t'attends un plus haut.

Alessia éprouva une once de remords. Ne venait-elle pas d'assombrir l'humeur de son compagnon avec ses pensées moribondes ? Il était hors de question de finir cette excursion sur une note négative.

— Tu es sûre de ne pas vouloir piquer une tête ?

— Non, je suis trop fatigué, Alessia.

Lex se leva de son promontoire et s'apprêta à tourner les talons. Alessia sut de suite quoi faire. Comme une furie, elle se leva d'un bond et se jeta sur lui. Elle l'agrippa aux épaules, s'entortilla autour de ses jambes et l'entraina dans chute. Le capitaine des Lames de Castell, prit par surprise, bascula en arrière. Après un plouf sonore qui se répercuta dans toute la cavité, ils se retrouvèrent de l'autre côté du monticule, où le bassin était bien plus profond.

— Tu ne m'avais jamais dit que tu ne savais pas nager, idiot ! s'emporta Alessia hilare.

Terrorisé, Lex s'était agrippé à elle comme il avait pu, faisant fi de toute décence. Elle sentit ses mains flatter ses hanches puis son dos. Il battit des pieds avant de comprendre, un peu trop tard, qu'il pouvait toucher le sol.

— Tu es malade ma parole ! C'est ma mort que tu veux ?

— Désolé je ne pouvais pas savoir, Lex. Je crois qu'il y a des pierres chaudes de l'autre côté du bassin. Tu pourras y sécher tes vêtements. Mais avant je pourrais rendre cette expérience un peu plus agréable pour nous deux.

Alessia se laissa totalement aller et déposa un long baiser sur les lèvres de Lex. Petit à petit la peur quitta les entrailles de son charmant capitaine. À son tour il se laissa lui aussi aller. La nature de son emprise changea, ses mains l'enveloppèrent avec douceur. Bien vite, il alla explorer les douceurs de la mercenarii, flatta les rondeurs de ses fesses au teint de nacre.

Collé contre son torse musclé, Alessia ne tarda pas à découvrir l'épée de labour de son capitaine au travers de ses braies. Une fois hors de sa tanière, elle parcouru le membre de ses longs doigts agiles, d'une longueur satisfaisante. Lex laissa échapper un râle de plaisir. Peu à peu, ils glissèrent sur le côté du bassin, là où son capitaine ne risquerait pas de se noyer. Alessia décida de se porter volontaire pour quelques plaisirs sous-marins. Là elle fit goûter au membre du guerrier la tiédeur de sa bouche. L'expérience se révéla fructueuse, Lex aux portes de l'extase.

Profitant d'un cours répit, il se saisit de la jeune femme et la fit s'allonger au bord de la rive pour lui rendre l'appareil. De nature beau parleur, Lex se montra tout aussi capable, enfoui entre les cuisses de la mercenarii. Alessia se mit à trembler, rapidement emportée par sa propre jouissance.

Tandis qu'elle reprenait ses esprits, le dandy la rejoint sur la terre ferme pour entamer une nouvelle étreinte endiablée. Il l'attrapa par les hanches et l'enfourcha avec ardeur. Alessia gémit de nouveau de plaisir tandis qu'il pénétrait en elle et entamait un va-et-vient soutenu. Elle emplit ses entrailles et lui procura un plaisir inégalé depuis bien longtemps. Lex se révéla être un amant des plus correct et particulièrement endurant malgré la fatigue du voyage. Ils batifolèrent avec allégresse, Alessia tantôt soumise puis dominatrice, en dessous puis au-dessus pour mener la danse. Et tandis que l'extase gagnait de plus en plus son capitaine, elle le déposséda de son emprise sur sa caverne des merveilles pour éviter le moindre évènement fâcheux.

Alors que Lex récupérait peu à peu son souffle et tentait de rassembler ses vêtements, Alessia se jeta de nouveau dans la source pour se rafraichir une dernière fois après tant d'efforts. Et ce ne fut que bien des heures plus tard qu'ils rentrèrent de leur escapade nocturne.