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6 - Les Vipères des tunnels (4/4)


— Des mercenare sont venus nous trouvés dans les faubourgs de Dalata dans une taverne dans laquelle les notres ont l'habitude de traîner. Pas la peine de me demander, je ne sais pas qui sont leur employeur. Ils ne portaient pas d'armoiries comme vous deux. On devait se placer en embuscade à quelques kilomètres de Vlaken, ce matin. Ils nous ont même fournis les arbalètes. Un chariot et cinq gardes du corps. Ils ont précisés que si une femme se trouvait parmi eux, on devait la laisser en vie et la faire prisonnière. Ils nous ont promis une prime en échange. Sur le convoi, on devait juste récupérer un petit coffret, ils nous ont interdit de toucher au reste.

— Bien et comment s'est déroulé l'embuscade ? poursuivit Alessia.

— Un jeu d'enfant, ils n'ont rien vu venir, s'exclama Baldur avec un rictus. Ils devaient être fatigués à cause de la chevauchée car d'habitude des mercenare de cette trempe nous offrent plus de résistance. On les a massacré. La femme s'est rendu sans faire d'histoire. On a récupéré le coffret. Ensuite nous sommes rentrés à Vlaken, j'ai payé deux miliciens pour ouvrir l'oeil. J'ai reconnu la livrée des mercenare, celle des Castellans.

— Et ensuite, qu'as-tu fais de la prisonnière et du coffret ? Ils sont encore ici ?

— Non vers midi, les mercenare nous ont rejoint à la mine. Un noble était avec eux. Certainement leur employeur. Ils ont récupéré la marchandise. Plusieurs des notres les ont accompagnés jusqu'à Dalata via l'un des passeurs des marais comme convenu dans notre arrangement. Ils sont sensés revenir avec notre paiement.

— Le noble, tu peux en dire plus à son sujet ? A quoi ressemblait-il ?

— Il portait un capuchon et une brigandine, je n'ai pu qu'entrapercevoir son visage. Pâle comme un cadavre, sans la moindre imperfection et de longs cheveux blonds, aussi bien entretenus que ceux d'une femme. Sa voix était dénué de la moindre émotion et ses yeux d'azurs froid comme la neige — Il s'arrêta tout à coup et se mit à froncer des sourcils, la manipulation sensorielle d'Alessia venait de prendre fin — Bordel qu'est-ce que je fous, pourquoi je parle comme ça ? Que m'as-tu fait salope de chienne ! Je vais te saigner !

Baldur se mit à hurler et à grogner comme une bête enragée, poussa si fort qu'il faillit basculer en arrière, se contorsionna pour essayer de mordre la jeune mercenarii, en vain. Alessia toucha ses tempes et y déchargea ses ultimes miettes de pouvoir. Le brigand perdit connaissance.

— Pfiou c'était moins une, soupira-t-elle avant de se tourner vers Lex qui n'avait pas bougé d'un pouce. Alors rien à dire ? Pas même des félicitations ? poursuivit-elle d'un ton badin.

— C'était quoi ça ? finit-il par répliquer, abasourdi.

— Des illusions sensoriels, répondit Alessia. Un vieux tour qu'on m'a appris il y a longtemps

— Tu es une apostate. Si cela arrivait aux mauvaises oreilles.... Tu aurais bien pire que le courroux d'Aren à craindre.

— Cela restera entre nous, Lex ? Je n'aimerais pas divulguer ton lien avec ce cher Baldur, n'est-ce pas ? Quant à lui, — Alessia désigna le brigand assoupi — Que faisons-nous de lui ?

— Il ne nous est plus d'aucune utilité, répondit le mercenarii. Et j'imagine que tu ne veux pas courir le risque qu'il se souvienne du genre de pouvoir que tu t'es servi sur lui. Aren me croira sur parole, pas besoin de le garder en vie.

— Et le noble qu'a évoqué Baldur, cela te dit quelque chose ? poursuivit Alessia.

— Il était déjà tout en haut de ma liste des suspects à notre arrivée à Vlaken. Et ceci ne fait que confirmer mes soupçons. Orél Valentii, l'un des principaux rivaux d'Arenius à Dalata.

— C'était de lui dont vous parliez ce matin, n'est-ce pas ?

— Alors tu nous écoutais belle et bien. Bref, rentrons à Dalata. J'ai un rapport à faire à notre employeur.

Tandis qu'Alessia quittait la chaumière d'un pas tranquille, elle entendit la rapière de Lex sortir de son fourreau.

Le retour vers Dalata se déroula sans encombre offrant à Alessia l'opportunité de souffler depuis leur mésaventure à Vlaken. Son travail monotone et facile de mercenarii au service d'Arenius de Castell s'était muée en un affrontement mortel avec l'un des gangs de la cité et maintenant avec l'une des familles de nobles les plus influentes de la région. Et elle avait du faire appel à son Don, endormie depuis des années. Des risques bien au-delà du salaire avec lequel les Castellans l'a rémunéré. Le capitaine des Lames de Castell resta silencieux la majeur partie du trajet, concentré sur ses propres pensées. Alessia soupçonnait qu'il réfléchissait déjà à son prochain coup à l'encontre des Valentii et son intuition lui glissait qu'il ne manquerait pas d'inclure la mercenarii dans ses plans. Mais il ne s'agissait pas de l'unique questionnement qui assaillait Lex. Elle finit par l'interroger pour briser la monotonie de la chevauchée.

— Quelque chose te tracasse, capitaine ?

Le fringuant mercenarii la darda de ses iris grises, lui sourit puis une grande respiration. Alessia su à ce moment même de quoi il en retournait.

— Était-ce un mensonge lorsque tu as dit que tu étais dans la Legio autrefois ?

La question désarçonna Alessia même si la finalité reviendrait à la même. Elle décida de répondre en toute franchise. Éviter éternellement le sujet serait impossible.

— Non, j'ai servi dans la Legio de Borée pendant cinq années, à la frontière de la République d'Haran. D'abord equites ensuite directement au service du Légat, parmi les Céleres.

— Mais comment as-tu passé les examens d'entrée ? En tant que sensible tu aurais dû être réformé.

— Oui et vu mon âge j'aurais été bonne pour finir aux piles. Mais ils ne décelèrent qu'une légère trace du Don en moi. Pas de quoi lancer des boules de feu, juste une sorte de sixième sens plus prononcé que le commun des mortels.

— Ce qui est contradictoire avec les prouesses dont j'ai été témoin aujourd'hui. Comment as-tu réussi à berner les senseurs de l'Académie Sin'dhorei ?

— Mon Don était en sommeil. Une plante rare pousse sur les versants tumultueux des falaises de la Côte spectrale. Un secret gardé par mes aïeuls depuis des générations. Le Don a toujours été présent dans notre lignée qui a compté bien des Eldhoïns comme nous surnommaient les Nordiens de Borée d'autrefois. Lors de mes premières transes æthériques lors de mon enfance, on me destina à un avenir prometteur au sein de l'Académie. Une magistère au sein de la famille Cœurfroid, une première depuis des générations ! Puis mon frère aîné tomba gravement malade, m'arrachant à cette fugace et glorieuse destinée. Sans héritier mâle, mon père ne voulait pas que son dernier enfant ne lui soit arraché..

— Et toi que voulais-tu ? Les æthériis ont bien plus de pouvoir que quiconque au sein des Saints-Royaumes.

— Je ne sais pas. J'ai fini par arrêter de me poser cette question avec les années. Sinon tu me sembles bien au fait des usages de la Legio Imperatorii...

— Oui, mon père était légionnaire. Mais nous en parlerons une autre fois, on est bientôt rentré. Prends ta soirée et repose-toi. Cette histoire est encore loin d'être résolue.

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