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19 - Les Envoyés de l'Académie (1/4)


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— Vous allez bien ? lança le jeune homme assis face à sa patiente du jour.

Plus que la question, ce fut le contact du linge froid sur sa joue qui réveilla l'esprit d'Alessia. Elle se trouvait de nouveau dans une tente mais cette fois-ci la lumière régnait en maître en son sein, une nuée de bougies répartit dans toute la pièce. La flagrance de l'encens flatta ses narines, une étrange douceur qui tranchait avec les odeurs plus rustres de la campagne et d'un campement militaire.

— Vous n'êtes pas obligé de répondre pour le moment. Il est toujours difficile de se remettre de l'une de ces crises.

Le jeune homme attrapa un nouveau linge qu'il trempa dans un petit bol remplie d'eau puis continua d'éponger le visage rougi par le sang d'Alessia. Elle releva le chef dans sa direction. Il lui rendit son regard, d'un vert pâle presque bleu, renforcé par des sourcils arqués bien dessinés. Sa bouche s'étira en sourire, dévoilant une rangée de dents aussi blanche que bien formés. Ses joues étaient recouvertes d'un ersatz de barbe rasé quelques jours auparavant. Si Alessia demeurait incapable de deviner l'identité du jeune homme, elle pouvait en déduire ce qu'il n'était pas. C'est-à-dire ni un soldat ni un roturier au vu de la perfection de son teint, ses traits préservés de la dureté caractéristique des petites gens.

— Pourquoi vous occupez vous de moi ? réussit à croasser Alessia, la bouche pâteuse, sa langue comme lestée de plomb.

— C'est tout naturel, expliqua-t-il d'un haussement de sourcils. C'est à cause de mon maître si vous avez fini recouverte de sang de la tête aux pieds. La finesse n'a jamais été son fort, voyez-vous.

— Votre maître ? glissa Alessia à tâtons.

L'espace d'un instant, son interlocuteur parut surpris avant de se reprendre rapidement, un énième sourire accroché à ses lèvres.

— J'oubliais, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Anastérion, modeste apprenti de l'Académie Sin'dhorei, au service de l'archi-magistère Savren, Lion de Naméïs et... — l'æthérian s'arrêta, constatant qu'Alessia ne l'écoutait plus vraiment — Je pense que la décoction doit être prête, je reviens tout de suite.

Le jeune homme quitta précipitamment la tente, Alessia maintenant sans la moindre surveillance. Elle remarqua qu'elle ne portait plus ses fers. Ses geôliers l'estimaient-elle assez faible pour la laisser ainsi ? C'était bel et bien le cas pour le moment, son corps un immense brouillard dont elle arrivait à peine à saisir, engourdi mais préservé de la douleur. Incapable de bouger, elle resta immobile à atteindre Anastérion. Si j'avais eu mes lames... Rien de tout ceci ne serait produit. Cette pensée en souleva une autre qui vint immédiatement frayer son chemin dans l'esprit de la jeune femme. Une pointe d'inquiétude émergea de ses tripes. Où se trouvaient les lames noires, Aube et Crépuscule ? Entre quelles mains reposaient telles maintenant ? Le tribun ? Les Castellan ?

Anastérion revint à sa hauteur, une fiole dans la dextre. Il s'assit de nouveau face à Alessia, déboucha la décoction avant de la tendre dans sa direction.

— Prenez-ceci, cela vous aidera à reprendre vos esprits.

La jeune femme considéra du regard l'étrange breuvage avant de le prendre en main, sombre et goudronneux, exhalant d'une légère fumée âcre.

— C'est meilleur que cela en a l'air, ajouta l'æthérian. J'ai ajouté des flagrances fruités pour le rendre le tout plus agréable à absorber. — Il poursuivit, constatant le regard perplexe de la jeune femme — Si j'avais voulu vous empoisonner, j'aurais agi autrement.

Alessia rapprocha la potion de ses narines et huma le délicat fumet qui s'en échappait. Il évoqua une nuée de fruits exotiques à la chair tendre et savoureuse, si nombreux que la jeune femme peinait à en distinguer les subtilités, la plupart étranger à son palais depuis bien des années. Elle avala d'une traite le breuvage. Si le goût acidulé des agrumes tint toutes ses promesses, le reste s'en délesta sans la moindre pudeur. Le liquide, à peine écoulé dans sa gorge, la brûla comme le plus virulent des tord-boyaux. Elle hoqueta et déglutit sans peine tandis que les flammes du breuvage remontaient sa trachée, piquetaient sous le plafond de son palais, se frayaient un chemin jusqu'à son nez pour remonter le long de ses sinus jusqu'à ses tempes. Elle se sentit nauséeuse, prête de nouveau à vomir malgré le vide qui régnait dans le creux de son estomac. Puis tout disparut en l'espace d'un battement de cils.

— Désolé pour le désagrément, glissa Anastérion. J'ai préféré favoriser la pureté de la solution plutôt que la diluer pour atténuer les effets secondaires. Ses bienfaits sont quasi immédiats. Quant au næth, je ne peux le retirer, mais la potion vous préservera des crises pendant plusieurs jours.

Son bienfaiteur ne mentait pas, se rendit rapidement compte Alessia. Le brouillard qui assiégeait ses pensées et endormait ses sens avait disparu. Et la douleur. Il n'en était plus question. Revêtue d'une fine robe bleue, elle bougea son bras droit libre comme l'air, la fracture guérie et toutes traces de raideur dissipé. Son esprit, lui, pouvait se tendre et se mouvoir, faire défiler ses pensées sans la moindre crainte de subir le moindre contrecoup.

— Ça va mieux maintenant ? s'enquit l'æthérian, compatissant après avoir constaté les bienfaits de la potion. Tout ceci ne sera bientôt plus que de lointains mauvais souvenirs. À propos, votre mémoire, comment se porte-t-elle ?

— Je ne me souviens que de quelques bribes des derniers jours, lorsque les crises me laissaient en paix. Ensuite... Les mercenare des Castellan m'ont kidnappé puis jeté dans un trou juste après avoir...

— Pas la peine de continuer, très chère. Je suis désolé, nous aurions aimé vous trouver avant que cela ne se produise. Sachez qu'ils ont reçu le châtiment qu'ils méritaient.

Cela n'apporta guère de baume au cœur d'Alessia, elle aurait voulu s'occuper de ces vauriens de ses propres mains, rendre chaque sévice infligé à sa chair à sa juste valeur. Haïr encore un peu plus les Castellans demeurait la seule échappatoire à la portée de son esprit. Et de ses griffes.

— Je ne comprends toujours pas, fit Alessia, méfiante. Pourquoi m'avoir soigné ? N'étais-je pas plus facilement contrôlable auparavant ?

— Cela n'est pas une raison pour vous détenir dans des conditions aussi inhumaines, expliqua Anastérion. Même hors la loi, vous demeurez une citoyenne des Saints-Royaumes. Et une æthérian de surcroit. La Legio n'avait aucunement le droit de vous faire subir un tel supplice. Nous nous sommes renseignés sur vous, Alessia Cœurfroid.

— N'essayez pas de me leurrer. Je ne suis qu'une apostate, je n'ai rien à voir avec vous et vos semblables.

L'æthérian se leva, tirant une pipe taillée dans un os et ouvragée d'enluminures d'argent des replis de sa robe. Il la remplit d'un fond d'herbes sèches saupoudré de minuscules cristaux bleus. Satisfait, il l'alluma d'un claquement de doigts, puis se mit à flâner sous les voiles de la tente. L'odeur de sauge sucrée finit par se répandre dans toute la pièce.

— Que connaissez-vous vraiment des nôtres, Alessia ? Fille d'un modeste noble des Côtes Spectrales, porté disparue suite à l'incendie de la demeure familiale. Vous réapparaissez plusieurs années plus tard et vous mettez au service des Saints-Royaumes. Des faits d'armes impressionnants, une légère sensibilité au Voile, consigneront les senseurs de votre Legio. Puis un nouvel incident et vous disparaissez dans la nature, pour vous faire ensuite mercenarii. Et maintenant brigande. J'ai senti votre Don bien avant d'apercevoir les premières tentes de ce castrum. Il crépite, s'enflamme et s'écrase contre l'hideux cercle de fer qui étreint votre cou. Comment un talent tel que le vôtre a pu filer au nez et à la barbe de l'Académie ?

— Je ne vous dois aucune explication, æthérian. Je connais l'ampleur de mon propre Pouvoir. Et je sais ce que réserve l'Inquisitorium à ceux de mon espèce.

— En effet, ces fanatiques ne rechigneraient pas un instant à vous jeter au bûcher. Nous autres, sommes des armes à doubles tranchant. Dieux parmi les mortels, capable de plier la réalité selon nos désirs. Et des mets de choix pour l'engeance démoniaque, notre psyché comme un phare au travers des limbes du Voile. C'est pour cela que l'Imperatora s'acharne depuis des siècles à juguler notre population. Mais il est évident que je ne vous apprends rien. Le genre de pouvoir que vous possédez ne s'obtient pas en un claquement de doigts. Quelqu'un vous a formé, ou vous a fait don de son propre Pouvoir.

— Qu'attendez-vous de moi ? Que je vous révèle des secrets dont j'ignore moi-même l'existence ? Que viennent faire des magistères aux portes des Terres sauvages ? Je doute d'être l'unique responsable de votre périple.

— Il est exact. Mon maître n'approuverait pas, mais prenez ceci comme preuve de ma sincérité envers vous. Il y a un mois, l'une des nôtres s'est aventuré dans ces landes reculées, la magistère Elvander, l'une des premières apprentis de l'archi-magistère Savren avant qu'elle ne rejoigne l'Inquisitorium. Au travers des liens qui les reliaient autrefois, mon mentor a ressenti son trépas dans le Voile. Nous sommes ici pour découvrir la cause de sa mort, et les raisons de sa venue ici.

— Jamais entendu parler, mentit Alessia sans fléchir un seul instant. Il y a quelques mois, j'œuvrais pour le fils du bon sénateur Castellan, comme vous devez déjà le savoir. Quant aux æthériis, j'évite de croiser leur chemin en général.

— J'imagine, mais je suis certain que vous serez d'une grande aide pour percer à jour ce mystère. Après tout, votre survie en dépens. Bref pour le moment, je vous conseille de vous tenir tranquille. Mais un peu d'exercice ne ferait pas de mal à vos muscles pour accélérer la guérison. J'en parlerais à l'intendance.

Son humble visiteur se retira sur ses mots après s'être fendu d'un dernier sourire avant de vaquer à des occupations plus triviales. Alessia observa l'æthérian s'éloigner d'un pas léger soulevant les pans de sa robe sombre. Tout d'abord les imperatiis, ensuite la Shéraël et maintenant l'Académie, renâcla Alessia pensive, pourquoi tant d'individus semblait accorder autant d'importance aux Terres Sauvages et à la vulgaire bande de pillards qu'était les Foudres de guerre ? Si la jeune femme en soupçonnait déjà la raison, elle s'interdit de se l'avouer, une telle éventualité proscrite même au plus fou des esprits. La meute de loups encerclait peu à peu le troupeau et les charognards tournoyaient déjà dans les cieux. Mais une question demeurait toujours en suspens : de quel côté de la barrière se tiendrait-elle ? 

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