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11 - Les Mïsthyaris (1/3)


1


Alessia se réveilla en sursaut. Elle était allongée dans son sac de couchage au plein centre d'une grande pièce sphérique. Dans son esprit, les bribes d'un cauchemar affreux s'effaçaient déjà. Comme à chacune de ses nuits depuis qu'elle avait subit la fragmentation de l'âme. Elle releva le buste pour s'extraire de sa couche. Son plastron en cuir, sa cotte de mailles ainsi que Crépuscule et l'ensemble de ses armes étaient posés sur une grande table à moitié branlante.

— Doucement, prends tout ton temps, Alessia. C'est un sacré coup que tu as reçu.

Lex venait de se glisser jusqu'à son chevet. Ils étaient seuls. Le mercenarii à la rapière déposa un baiser sur ses lèvres. La jeune femme se laissa faire même si elle était incapable de savoir si cela représentait quelque chose pour elle. Elle appréciait la compagnie de Lex et le trouvait plutôt séduisant, mais était-ce plus que cela ? Elle le repoussa légèrement afin de mettre un terme à l'étreinte.

— Ça va, je me sens déjà mieux. Je suis resté longtemps... dans cet état ?

— Depuis l'assaut sur l'avant-poste, c'est-à-dire depuis hier. Là, on est le matin, tu es la dernière encore au lit. On attendait plus que toi à vrai dire.

— Vous auriez dû me réveiller avant. — Elle observa de nouveau la pièce, ses sens opérationnel — C'est la tour de l'avant-poste.

— Exact, le groupe a décidé de s'établir ici — Il lui tendit le bras afin de l'aider à se relever — D'après Cordélia, tu as subi un traumatisme crânien, conséquence de ta chute. Elle a insisté pour que nous attendions ton réveil.

— Et Rodan ? se rémémorra Alessia avec horreur. Je n'ai pas été assez rapide...

— Ne t'inquiète pas, la coupa son capitaine, il va très bien. Juste quelques égratignures, on a soigné sa blessure à l'épaule. C'est un dur à cuire, il a veillé sur toi une bonne partie de la nuit. Il s'en veut de t'avoir obligé à prendre autant de risques. Puis les mïsthyaris sont venus le chercher.

— Venus le chercher ? Pourquoi ? Ce sont les mystérieux cavaliers avec lesquels tu as débarqué ?

— J'oublie parfois que tu viens de l'Ouest, les mïsthyaris sont un ordre militaire d'Illyr.

— J'en ai déjà entendu parler, je crois. Que viennent-ils faire aussi loin au Nord ?

— Une espèce de mission sacrée, si j'ai bien compris. Ils ne sont pas du genre loquace et ils ne nous font pas confiance. Ils souhaitent capturer Gerald le Noir et l'amener à la justice d'Illyr.

— Des alliées de circonstances. Mais je ne vois toujours pas le rapport avec Rodan.

— D'après leur chef, il aurait des informations sur le Seigneur des Terres sauvages. Ça date d'avant son arrivée au service des Castellan quand il était bandit. Et je le crois aussi, tu te souviens de sa réaction à Weyhon lors de notre entrevue avec Alec ?

— Qu'importe, ce n'était pas une raison pour le laisser aux mains de ces gens ! Je croyais que les Lames n'abandonnaient jamais un frère.

— Ils se sont passés de mon autorisation, Alessia, se justifia Lex en reculant. Nous ne sommes même pas dix, eux plus d'une cinquantaine, mieux armés et entraînés.

Le visage de Lex se durcit et son ton devint plus sec. Lui-même déjà contrarié, il n'appréciait guère qu'on lui reproche des torts dont il se savait déjà coupable. Alessia temporisa, maudit l'impétuosité éternelle de ses paroles et se mit à fixer le mur pour se calmer.

— Comment les avez-vous rencontrés, au fait ? finit-elle par questionner Lex une fois le calme revenu

— Par chance, ou peut-être était-ce l'œuvre du destin. Nous étions à mi-chemin quand ils nous ont interceptés. Eux aussi comptaient attaquer l'avant-poste par le nord. Il s'en est fallu d'un cheveu qu'ils ne nous passent pas tous par le fil de l'épée. Puis Cordélia a déboulé parmi eux. Ils nous ont suivis et tu connais la suite.

— Et maintenant ? Attaquer cet avant-poste devait nous permettre d'obtenir des informations. Or les morts ne parlent pas.

— La situation a évolué et tu y as grandement contribué, une fois de plus. L'archer sur les toits, celui à qui tu as tranché les chevilles, il a survécu. Les mïsthyaris l'ont capturé et emmené à leur camp pour lui faire cracher le morceau. Ils se sont établis à une heure d'ici, dans les tréfonds d'une forêt près des montagnes. Ma soeur et un détachement de templiers vont-nous y conduire dès que tu seras équipée. Je t'attends dehors.

Alessia resta silencieuse tandis que son capitaine passait sous le seuil de la tour. Elle avait le sentiment d'avoir oublié quelque chose, quelque chose d'essentiel. Quelque chose en rapport avec les Foudres de guerre, de très important. Elle n'arrivait pas à s'en souvenir et l'impression disparut. Seule, la mercenarii enfila rapidement sa cotte de mailles ainsi que le reste de son équipement de Lame de Castell et cingla Crépuscule à sa ceinture. Elle attacha ensuite sa longue chevelure en une queue de cheval plus pratique.

Quelqu'un s'approcha dans son dos, d'un pas léger et silencieux. Elle reconnut de suite sa présence. Elle se retourna dans la direction de la mercenarii aux cheveux corbeaux.

— Moi qui pensais que vous retourneriez dans les jupons d'Arenius à la première occasion, déclara Cordélia un rictus moqueur aux lèvres. Mon frère n'avait peut-être pas tort à votre sujet. Je n'ai même pas eu besoin de vous chercher pour vous faire revenir à moi. Impressionnant.

— Nous ne sommes pas des lâches, Daguefilante. Nous nous sommes très bien débrouillés sans toi.

— Je ne parle pas de ça — Cordélia se planta devant elle et la fixa droit dans les yeux — La flamme qui anime ton regard, je la ressens à chaque seconde qui passe. Il trahit tes intentions, mais te dote d'une force sans commune mesure. Et aussi méfie-toi de mon frère.

— Je n'ai que faire de tes conseils

— Ce n'est que la vérité. Qu'importe ses promesses et ses paroles. En fin de compte, rien de tout ceci n'aura d'importance.

— Es-tu venu jusqu'ici pour me cracher tes inepties ?

— Non, seulement vérifier que tu étais en état de partir.

— As-tu un rapport avec la présence des mïsthyaris dans les Terres sauvages ?

— Pas vraiment, je suis tombé sur eux le soir de la tempête. Ils ont traversé le col quelques heures avant nous.

— Une fois que tout ceci sera terminé, nous réglerons nos comptes.

— Oh je n'en doute pas, apostate.

Daguefilante la laissa sur ses mots et s'éclipsa aussi rapidement qu'elle était venue. Enfin prête, la mercenarii émergea à son tour du donjon.

Chacun de ses compagnons était déjà en selle, encadrés par une demi-dizaine de mïsthyari aux armures dorées qui patientaient dans l'allée. Cal n'attendait plus qu'elle. Alessia s'approcha et flatta l'encolure de l'alezan d'une caresse affectueuse avant de monter. Jusqu'alors assis sur un amoncellement de pierre, Ervin s'était levé dès l'arrivée de la mercenarii, avança, lui jeta un regard confus avant de complètement s'immobiliser.

— Tu attends quelque chose ? lâcha-t-elle au jeune gringalet tout en devinant déjà de quoi il en retournait.

— Ton capitaine m'a dit que j'allais devoir chevaucher en ta compagnie... Vu que tu es responsable de moi... Et parce que tu es la plus légère du groupe aussi.

Alessia acquiesça d'un sourire et lui tendit la main pour l'aider à monter derrière elle. Une fois le jeune blond bien installé sur la selle, Daguefilante ordonna à toute la troupe de se mettre en route.

2

La chevauchée jusqu'au campement des mïsthyaris fut parmi les plus longues qu'avait vécu la mercenarii ces derniers jours, mais paradoxalement celle où la distance à parcourir fut la moindre. Peut-être était-ce la certitude que cette nouvelle étape dans le voyage des Lames de Castell se révèlerait primordiale pour la suite des événements. Qu'il n'y aurait plus de retour possible après celle-ci.

Si Alessia avait senti le spectre du doute et du stress s'abattre sur elle avant l'assaut sur l'avant-poste, il en était tout autre maintenant. Peut-être était-ce dû à son aptitude sans commune mesure à frôler à la mort à répétition. Téméraire et tête brûlée, addict à l'afflux d'adrénaline qui parcourait son corps lors de ce genre de situation. Était-ce vraiment en dernier recours qu'elle se retrouvait chaque fois au bord du précipice de ses propres forces ? Ou n'était-ce pas son propre inconscient qui la poussait à se mettre dans des situations assez dangereuses pour l'obliger à dépasser ses limites ? Elle se sentait grise et terne. Morne et triste. Comme si tout ceci n'avait plus d'importance. Encore et toujours en conséquence de son utilisation immodérée du Don. Son être n'aspirait plus qu'au combat et à la violence.

Jusqu'à présent, personne ne lui avait reproché ses accès téméraires. Aurait-ce été le cas si elle avait échoué ? Rester dans la tour pour attendre l'arrivée des renforts aurait été plus sage. Mais quelque chose l'avait poussé à se jeter dans la gueule du loup. À affronter la mort en personne et à réussir à échapper à ses griffes, le sourire aux lèvres. Une partie d'elle-même en était fière, l'autre éprouvait des remords. Elle avait risqué inutilement la vie d'autrui, et ce pour un résultat qui s'avéra sans la moindre importance.

— Alessia, qui sont ces guerriers recouverts d'or ? demanda tout à coup Ervin, tirant la mercenarii de son introspection intérieure alors qu'ils approchaient du dernier tiers du voyage.

— On les appelle les mïsthyaris, d'après ce que je sais, énonça-t-elle simplement.

— C'est un mot étrange, comme s'il était originaire d'un autre pays.

— J'imagine que l'on ne vous apprend pas ça par ici, répondit Frolos qui chevauchait juste à côté d'eux. Mais dans le Sud, dans les Cités d'Illyr tout le monde connaît le sens de ce mot, du noble rhodanien aux plus pauvres des quartiers portuaires.

— Où se trouvent ces fameuses cités ? Moi je n'ai jamais connu autre chose que cette vallée et les grandes montagnes qui l'entourent.

— Descends le col du Cadhras et trace ton chemin vers le Sud sans jamais t'arrêter, continua le Sudien, soudain pris d'un excès de mélancolie. Tu traverseras cette terre maudite qu'on appelle le Korvalys, des collines et des champs à perte de vue. Puis tu finiras par arriver sur une terre plus chaude. Et au détour d'un sentier, t'égarer aux bords des falaises qui bordent les rivages de la Mer d'Abondance.

— La Mer ? C'est une sorte de lac, mais en beaucoup plus grand c'est ça ? J'aimerais la voir au moins une fois dans ma vie...

— Et encore, ce n'est rien comparé à l'océan à l'ouest. N'empêche, je ne te pensais pas aussi attaché à ta terre natale, lança Alessia à son frère d'armes.

— Tais-toi et écoute tes aïeuls pour une fois — La mercenarii s'exécuta bien qu'elle n'était pas certaine que le Sudien fasse vraiment partie de ses « aïeuls » — Mïsthyari est un terme ancien qui nous vient de notre passé, des siècles avant qu'Illyr ne rejoigne les Saints-Royaumes. Lorsque les marins des peuplades lointaines de l'autre côté du Détroit se sont mêlés à nous, les Syrhos et les Askhandii. Mïsth, la justice, rendre un jugement. Mïsthyari celui qui accomplit la justice. Ce sont des redresseurs de torts, juge et bourreau. S'ils sont là, c'est que ce fameux Gerald le Noir a énervé les mauvaises personnes.

— Des personnes avec suffisamment d'or pour envoyer une cinquantaine de cavaliers jusqu'aux Monts Hyperboréens. Ne me fais pas croire que c'est la justice qui les a fait venir ici.

— C'est là où tu te trompes, ma sœur. L'appât du gain n'est rien pour eux, personne ne leur donnera d'or en échange de la tête de ce seigneur bandit. Mais ils gagneront en gloire et en renommée auprès des leurs.

— Qu'importe les termes, c'est toujours la même chose, conclut Alessia. De toute façon, nous-mêmes ne serions pas ici sans la promesse d'une juste récompense. Bref, cela a répondu à tes questions, Ervin ?

— Oui, même si je ne suis pas sûre d'avoir tout compris, je pense avoir saisi le sens général.

Alessia ne prolongea pas davantage la conversation, le campement des mïsthyaris se dévoilant peu à peu derrière les rangées de conifères. Plus ils avançaient, plus le nombre de tentes éparpillées un peu partout augmentait, donnant naissance à un simulacre de chaos organisé. Guère étonnant, compte tenu de la nature sauvage du terrain.

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