D'histoires familiales et de choix difficiles
– Et ils veulent la faire sortir pendant plusieurs mois. Mais le problème, c'est qu'il faut un parent responsable et que tu n'es pas en capacité de t'occuper d'elle. Ils voulaient vérifier que tout ce qui entoure l'accident est vrai. Donc j'ai été leur fournir les preuves.
– Tu pourrais m'expliquer pourquoi ils veulent la faire sortir de cet endroit affreux ?
– Je ne sais pas vraiment, je crois que c'est parce qu'elle doit changer d'environnement ou quelque chose comme ça. En gros, ils font une petite expérience pour savoir si l'hôpital est bon ou mauvais pour ce qu'elle a.
– C'est que ça m'a l'air intéressant tout ça, dis-moi.
– Artémis, c'est ta sœur je te rappelle.
– Je sais bien, marmonna la rousse, mais je ne vois pas ce qu'on a à faire avec cette histoire. Je ne peux pas m'occuper d'elle, tu n'as pas vraiment le statut requis pour ça, point à la ligne.
– Justement. Il faut qu'on trouve quelqu'un qui puisse le faire. Des idées ?
– Ma cousine a déménagé je ne sais trop où avec son meilleur ami – dans tous les cas, elle mérite d'être tranquille –, ma tante ne fait pas grand-chose d'autre que dormir, narcolepsie oblige, et je ne connais pas le reste de ma famille, énuméra Artémis, comme si elle en avait l'habitude.
– Et ton père ?
– Il habite dans une galaxie lointaine, très lointaine... Plus sérieusement, je ne sais même plus à quoi il ressemble.
– Délicat, donc. Mais on peut tenter de le retrouver non ?
– Non, répondit-elle sèchement.
– Non ?
– Non, répéta-t-elle.
– Pourquoi non ?
– Parce qu'il nous a abandonné et que je ne souhaite pas le rencontrer.
– Mais c'est ton père, quand même.
– Les liens parentaux sont obligatoires, on ne les choisit pas, contrairement aux amicaux. Et je n'ai absolument pas envie d'être amie avec ce qui est apparemment mon père.
– Et ta sœur dans tout ça ?
– Elle n'avait qu'à pas devenir folle, cracha la rousse.
Mahé traversa le salon pour s'asseoir sur une chaise dans la cuisine. Il n'avait jamais vu Artémis comme ça et il en était choqué. Comment pouvait-on détester sa famille à ce point ? Comment sa petite Artémis, d'ordinaire si douce, pouvait avoir tant de haine envers son père et sa sœur ?
– Tu te rends compte de ce que tu viens de dire ? C'est comme si je te disais que tu n'avais qu'à pas te faire renverser par une voiture parce que tu me fais chier avec ton fauteuil roulant. Ça te parait normal ?
– Non, mais...je... c'est pas ce que je voulais dire.
– Je crois bien que si, et c'est le problème. Tu ne peux pas en vouloir à ta sœur juste parce qu'elle a un problème mental. Tu devrais, au contraire, compatir, puisque tu es toi-même dans une situation plus ou moins similaire. Et pourtant, je ne t'ai pas lâché, alors que je te connaissais depuis moins d'une journée. Mais toi, Artémis, qui est bien plus aimante et adorable que moi, tu as abandonné ta sœur. Ta sœur, bordel. Je te pensais franchement mieux que ça. Et si tu ne changes pas, j'ai bien peur que tu me perdes. Je ne peux pas cautionner ce genre de choses, merde. Même si tu restes super sympa et gentille, – envers moi en tout cas – je ne peux pas.
– Tu rigoles, j'espère ? Tu ne vas pas m'abandonner toi aussi ?
– Toute décision te revient. Tu cherches quelqu'un pour aider ta sœur et tu retires ce que tu as dit : je reste. Sinon, je pars. A toi de voir. Tu as jusqu'à midi. Une heure pour décider si je dois partir ou non.
Sur ces mots, Mahé descendit de sa chaise, claqua la porte de la cuisine puis se dirigea vers sa chambre pour commencer à trier ses affaires. Artémis, quant à elle, resta là, sans bouger. Mahé lui avait lancé un ultimatum, et pas des moindres. Elle ne voulait pas le perdre mais, franchement, elle ne tenait absolument pas à voir Gaëllanne, ou même à l'aider. Sacré dilemme. Et elle ne voulait pas y réfléchir. Tant d'avantages et d'inconvénients. Tant à perdre, tant à gagner. Désœuvrée, Artémis ferma les yeux et se mit à penser, à peser le pour et le contre.
« Sauver » sa sœur signifiait retrouver potentiellement son père – selon elle, un horrible monstre –, se replonger dans les histoires de famille déjà bien trop compliquées mais cela signifiait aussi garder son meilleur ami – et accessoirement son assistant, taxi, confident, « au revoir cauchemar »attitré, sa principale source de revenue et son presque seul appui – et, pourquoi pas, recoller les morceaux avec sa famille, même si elle n'était pas sûre d'en avoir envie.
La laisser à l'hôpital voulait dire qu'elle perdrait Mahé mais surtout qu'elle ne serait pas obligée de s'occuper de sa sœur.
Elle ne savait pas quoi faire. Comme à chaque fois qu'elle avait une décision difficile à prendre. Elle avait pendant un moment cru qu'elle était atteinte du syndrome du papillon mais il n'en était rien, elle était juste terriblement indécise, et c'était extrêmement embêtant – pour ne pas dire autre chose. Elle sentait qu'elle était incapable de faire ce choix, mais elle n'avait pas d'autre possibilité que de dire quelque chose à Mahé à midi, prête ou non.
A douze heures pétantes, comme prévu, Mahé retrouva Artémis dans la cuisine – elle n'avait pas bougé depuis une heure.
– Alors ? Quoi de neuf ? lança-t-il comme si tout était normal.
Artémis, qui ne l'avait pas entendu arriver, sursauta avant de se retourner vers lui avant de débiter d'une traite :
– Alorsc'est-à-direque,euh,jenesaispastrop,vuque,c'estassezdifficilecommechoix,c'estpasunedécisionàprendreàlalégèredoncilmefautplusdetempsqueça,tuvois ?
– Paaaardon ?
– En gros, je ne sais pas.
– C'est bête, c'est l'heure. Si tu ne choisis pas, je le fais à ta place par rapport à ce que tu as dit tout à l'heure. Et dans ce cas-là, je pars d'ici.
– Dans quoi est-ce-que je me suis encore fichue ? soupira la rousse.
– A toi de me le dire.
– T'es vraiment obligé de me faire ça ?
– C'est regrettable, mais oui, répliqua directement Mahé.
– Vraiment ?
– Oui. Et j'ai pas toute ma journée. Alors bouge-toi.a
Artémis restant muette, Mahé repris :
– Tu as changé. Et peut-être que moi aussi, mais c'est une autre histoire. J'ai ici quelques exemples de ce changement : premièrement, j'ai dit un paquet de gros mots tout à l'heure – fais chier, bordel, merde – et tu n'as absolument pas réagi. Deuxièmement, tu es clairement incapable de prendre une décision. As-tu déjà fait des tests pour savoir si tu n'étais pas atteinte du syndrome du papillon ?
– Oui, Mahé, oui, j'ai fait ces tests. Et non, je n'en suis pas atteinte, figure toi.
– Il n'empêche que tu ne sais pas quoi faire à cet instant précis, je me trompe ?
– Certes, mais...
– Mais quoi Artémis ? Je sais pas, tu devrais pouvoir faire quelque chose. N'importe quoi, mais quelque chose. Donne-moi ta réponse, s'il te plaît.
– Là, tout de suite, maintenant ?
– Là, tout de suite, maintenant.
– Eh bien je suppose que je vais devoir te dire au revoir alors.
Dépité, Mahé retourna dans sa chambre pour prendre sa valise et son manteau et se dirigea vers la porte d'entrée. Son ancienne colocataire avait suivi et elle se posta près du canapé.
– Adieu, Artémis, lui lança Mahé avant de claquer la porte.
Et il sortit de l'immeuble sans se retourner.
(Me revoilà avec un tout nouveau chapitre ! En fait, il était plus ou moins prêt mais il n'était pas assez long à mon goût donc je l'ai rallongé par ci par là. D'ailleurs, les persos se répètent beaucoup dans ce chapitre, mais c'est fait exprès, avez-vous trouvé ça dérangeant ? Désolée pour celleux à qui j'ai ''''''brisé'''''' le cœur avec cette dispute mais vu que c'est pas la fin du livre et que celui n'est rien sans Mahé, on va forcément le revoir ! A bientôt !
- C'était moi )
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