Une bouteille de verre vola en morceaux. Les deux petits se tapirent derrière le canapé, effrayés. Le plus grand serrait le plus jeune contre lui, espérant le protéger des éclats de colère de leurs parents. Des paroles haineuses se heurtaient violemment aux murs de la pièce et résonnaient tel le tonnerre dans la maison. Une rivière coulait doucement sur les joues des deux garçonnets. Les portes flanquées, la vaisselle brisée, les rideaux déchirés, les bouteilles éclatées, tous victimes de la rage destructrice des deux adultes. Des frissons de peur agitaient les enfants, n’osant pas bouger.

La porte d’entrée claqua et le calme revint peu à peu. Elle était partie, volatilisée dans les ténèbres de la nuit.

***

« Je vais partir en voyage, Laena. Je suis désolé de te laisser avec Papa mais Norrua et moi, on en a vraiment envie, tu comprends ?
- Oui, je comprends…
- Je te promets de revenir aussi souvent que possible ! Et puis, même si je suis sur les routes, je serais toujours avec toi dans ton cœur.
- Oui… »

L’adolescent ressemblait ses affaires dans un sac de voyage sous les yeux tristes du garçonnet. À ses côtés, un Malosse ramassait les babioles qui trainait et les entassait sous le lit du plus grand. L'enfant, au désespoir, n’osait rien dire. Son frère et son seul ami allait l’abandonner avec son père, avec des camarades de classe peu compréhensif, avec un vide dans le cœur.

Une fois ses bagages finis, le grand regarda le petit. Il le prit tendrement dans ses bras et le serra contre lui.

« Tu vas me manquer, murmura l'enfant.
- Toi aussi, prends soin de toi ! »

Le grand se redressa et fit son plus grand sourire au petit avant de se diriger vers la fenêtre. Une fois là, il salua son frère de la main et disparu dans les ténèbres de la nuit.

***

Il s'enfuit une fois de plus. L'enfant se cacha dans les hautes herbes en attendant de se calmer. Encore. Il avait si mal. La nuit tombait. Il faisait froid, car il ne fait jamais très chaud près du Mont Argenté. Malgré son manteau, le petit tremblait comme une feuille morte. Il éternue.

Un immense Pokémon jaillit des herbes, semblant énervé. L'enfant malheureux, terrifié, n'osait pas bouger. Le monstre se dressait devant lui, s'apprêtant à l'attaquer.

Un petit Pokémon s'interposa à temps. Il était rose, pourvu d'une longue queue. Il sourit à son semblable qui s'éloigna sans discuter. Puis, il se tourna vers l'enfant qui le fixait avec émerveillement.

« Ton cœur est si sombre, enfant d'Arceus. Puisse la pureté de celui de mes amis faire briller le tien ! »

À ces mots, le monstre rose toucha le front de l'enfant du bout de son appendice avant de disparaître dans une douce lueur blanche.