Chapitre 6 - Nuit au laboratoire
Sica jeta un coup d'œil au Riolu qui fixait le ciel étoilé par la fenêtre. À quoi pouvait-il bien penser ? Il semblait si triste... contrairement à Laena et Shaka qui jouait ensemble à l'autre bout de la pièce. La renarde illuminait de temps à autre la chambre de joyeuses petites étincelles de chaleur qu'elle ne pouvait retenir. Elle bondissait sur l'enfant et roulait avoir lui sur le parquet en lui mordillant tout ce qui passait à sa portée. Sica avait peur que ce jeu quelque peu violent ne blesse le poignet du dresseur mais celui-ci lui avait assuré qu'il faisait attention. Pourvu qu'il se remette vite...
Le Farfuret se leva du lit sur lequel il était assis et sauta silencieusement auprès du Riolu.
« Ça va ? Tu sembles triste, demanda-t-il à mi-voix. »
Le louveteau leva un regard humide vers lui. Sica s'assit à son côté et posa les yeux sur les astres qui éclairaient la chambre d'une douce lumière.
« Les étoiles sont belles ce soir. Ça me rappelle ma maison. À l'aube et au crépuscule, les cristaux gelés brillaient d'un éclat semblable à celui des étoiles. Comme c'était beau, j'aimais beaucoup les contempler jusqu'aux derniers rayons. Est-ce que toi aussi, elles te rappellent ta maison ? »
Le Pokémon bleu hocha la tête doucement. Sica était gentil avec lui, alors qu'il n'avait rien fait lorsqu'il lui avait demandé de protéger Laena tout à l'heure. Il lui avait promis qu'il le protégerait même s'ils ne connaissaient pas. Il était calme et à l'écoute. Finalement, il n'allait pas être entouré seulement de fous, bien qu'il avait encore très peur des deux autres. S'ils s'amusaient ce soir, ils pourraient laisser ressortir toute leur colère et leur haine à n'importe quel moment.
« D'où viens-tu, dis-moi ? Même s'il y a peu de chance que je connaisse. »
Le Riolu baissa doucement la tête en repensant à sa famille. Elle lui manquait tant... sa sœur avec ses farces et son rire espiègle, sa maman et son air sévère dissimulant sa tendresse et son papa, vaillant et courageux ! Un larme roula doucement sur la joue du petit louveteau. Sica posa sa patte sur l'épaule de son jeune compagnon pour le réconforter. Ce dernier, se rapprocha du furet jusqu'à se trouver contre lui.
« Ne t'inquiète pas, un jour tu reverras ta maison, je te le promets. »
Le Farfuret adressa un doux sourire au Riolu pour le rassurer. Lorsqu'ils auraient fini de repousser la Team Rocket, ils iraient chez le louveteau pour qu'il revoie sa famille. Peut-être même que la mafia s'étendait jusqu'à chez le petit Pokémon !
« Vraiment, tu promets ?
- Bien sûr, tu la reverras.
- Merci...
- Quel est ton nom ?
- Nechi.
- Joli prénom. Ravi de t'ouïr, petit Nechi. »
Un petit sourire se dessina sur les babines du louveteau, qui s'effaça rapidement : un éclair rougeoyant éclaira la pièce. Sica se tourna brusquement vers les deux autres gamins. Shaka avait lâché une grande trainée de flammèches qui mourraient lentement sur le parquet. Laena avait reculé en vitesse devant le feu débordant de la renarde, manquant de se cogner contre la table de nuit.
« Doucement ! rit-il, loin d'être effrayé par une brûlure.
- Shaka, ça suffit. Cesse de cracher des flammèches partout, tu vas brûler ou blessés quelqu'un à la fin !
- Rabat joie ! fit la renarde dans un élan d'insolence, montrant sa langue au furet.
- Je ne ris pas. »
Le ton de Sica était si sec que la renarde changea immédiatement de comportement, affichant un air blasé et désintéressé.
« Ne te fâche pas ! Je me suis déjà excusée pour tout à l'heure et le professeur t'a donné de quoi soigner tes brûlures. Qu'est-ce que tu veux de plus ? Je suis un Pokémon Feu, c'est normal que crache des flammes et ça, je ne pourrais rien y changer.
- Je te demande de faire attention à ce que tu fais, pas d'arrêter de faire des flammes. Tu risques de faire mal à Laena qui doit reposer son poignet.
- Ne te sers pas de Laena comme d'un prétexte pour te fâcher contre moi. Je n'y peux rien si tu as peur de trois braises.
- Tu as raison, je dois être fatigué. Je devrais aller dormir et vous laisser cramer le laboratoire. »
Sica se leva, laissant la plume brûlée de sa tête briller sous les rayons de la lune. Les Anti-Brûles du professeur ne pourront pas la faire repousser, elle. Quelle honte pour un Farfuret d'avoir sa plume abîmée ! Il avait perdu sa fierté pour ses compagnons et ils ne semblaient même pas reconnaissants. Une grimace se dessina sur le visage du furet qu'il dissimula sous la couverture de l'un des lits. Il se roula en boule dessous et ferma les yeux. Malgré les médicaments du professeur, ses brûlures le faisaient tout de même souffrir. C'était mieux bien sûr, mais les horribles morsures des flammes de la regarde le hantait sous son pelage noir, l'empêchant de dormir. Un tremblement presque imperceptible l'agita, une larme de douleur traversa sa joue. Son cœur cramait. La plume dont il avait si souvent été fier était presque réduit à un tas de cendre. Il avait si souvent joué avec son reflet, l'avait tant mise en avant auprès des siens et s'en était servi pour asseoir son autorité de futur chef. Et maintenant, sa famille allait se moquer de lui lorsqu'il rentrerai avec un plume presque entièrement brûlée...
« Aïe ! Attention Shaka ! cria presque Laena.
- Désolée... je crois que je vais dormir aussi, je ne fais plus attention à ce que je fais...
- Shaka... »
La renarde bondit sur l'un des lits libres. Laena la rejoignit sous la couverture et se blottit contre le pelage chaud du canidé. Celui-ci cacha son visage sous sa queue touffue, dissimulant son chagrin. Elle était misérable. Elle s'était encore emporté et elle avait blessé ses amis. Elle avait crié contre le Riolu puis l'avait complètement ignoré, avait brûlé Sica et n'avait pas écouté ses conseils, et elle avait fait mal à Laena ce soir. Pourquoi faisait-elle tout de travers ? Elle serra les crocs sous la douleur qui lui lacérait le cœur. Pourquoi, hein, pourquoi il fallait toujours qu'elle s'emporte ? Elle admirait Sica pour le calme dont il avait toujours fait preuve, même ce soir malgré sa provocation. Malgré son ton sec, il ne s'est pas énervé et à préférer écarter une dispute vaine ! Elle admirait la faculté de Laena à se calmer quand son ami le lui demandait ! Sica n'avait eu besoin que de lui lancer un regard alors que elle, il avait dû se battre et avait fini blessé ! Il s'était également occupé du nouveau venu et lui avait accordé son amitié malgré son attaque envers l'humain. Pourquoi n'était-elle pas comme ça ?! Pourquoi n'était-elle pas capable de pardonner ? De rester calme ? De faire preuve du courage dont ils faisaient preuve ?! Une larme de désespoir coula sur sa joue.
Laena passa sa main dans le pelage chaud de la renarde en fixant le plafond. Il s'en voulait de s'être encore mis en colère, d'être si faible et de causer du soucis à ses compagnons. S'il avait été plus fort, il aurait pu garder son poignet fonctionnel et il aurait pu s'échapper de la poigne de l'homme qui l'avait entraîné jusqu'au labo ! Il aurait alors pu contrôler ses émotions, sa peur de rentrer chez lui et la haine qu'il voue aux Hommes. Si seulement il pouvait se défendre seul ! Raté. Imbécile. Mal-aimé. Sans avenir. Abruti. Lâche. Les injures de ses camarades dansaient impitoyablement dans son esprit. Il serra les poings et prit sur lui pour contenir sa colère.
Nechi n'osait pas rejoindre Sica. Il sentait ses sentiments négatifs, sa tristesse et sa peine. Lui aussi, sa maison lui manquait. Il regarda les deux autres. Leur cœur était meurtri par la haine, la colère et la culpabilité. Il lisait leur aura sombre comme dans un livre ouvert. Il avait cependant remarqué une anomalie avec celle de la renarde, elle avait deux phases distinctes : une où son aura était forte et vive comme un brasier et une autre où son éclat se ternissait et s'affaiblissait. Il n'avait jamais rencontré ce phénomène auparavant, elle passait d'un état à l'autre comme on change de chaussettes ! À cet instant, son aura était forte mais oscillait, perturbée par la colère et la culpabilité. Le Riolu se demandait comment tout cela était possible.
Nechi regarda Sica. Il semblait s'être calmé. Silencieusement, il s'approcha et grimpa sur le lit. Le louveteau n'osa cependant pas se glisser sous la couverture de peur de déranger le Farfuret et s'assit contre le mur que le lit côtoyait. Il ramena ses jambes contre lui et ferma tristement les yeux. Il était tombé sur des compagnons difficiles. Il savait qu'il allait avoir du mal à s'habituer à leur présence. Heureusement que Sica était là pour l'aider...
Un peu plus tard, le Farfuret souffla silencieusement. Ses brûlures l'empêchait de dormir. Il se glissa hors de sous la couverture. Il jeta un coup d'œil à Nechi qui semblait dormir, quant à la respiration de ses deux autres compagnons, elle était trop calme pour qu'ils soient encore éveillés. Il se glissa hors de la chambre, aussi vif qu'une ombre.
Le professeur Orme les avait invités à passer la nuit au laboratoire dans une petite chambre d'ami sous le toit. Laena avait été forcé d'accepter suite aux blessures de Sica et à la nuit tombante.
Le furet descendit à l'étage du dessous, en quête d'un endroit pour sortir à l'extérieur. Il pensait que prendre l'air lui ferait du bien.
« Tu es le nouvel ami de Shaka ? fit une voix timide derrière lui. »
Sica se retourna et découvrit un groupe de trois Pokémons : un petit hérisson au ventre clair et au dos sombre, un dinosaure à la tête ornée d'une large feuille et un crocodile bleu bipède. Ce devait être les Pokémon du professeur.
« C'est moi, qui êtes-vous ?
- Je m'appelle Flamme, voici Feuille et Flotte. Nous sommes les autres Pokémon qu'Orme étudie.
- Je vois... ravi de vous rencontrer.
- Nous de même, continua le petit hérisson. Mais que fais-tu si tard dans le labo ? Tu t'es perdu ?
- Non, je cherchais comment sortir dehors.
- Le professeur a fermé toutes les portes à clef, il attend la visite de malotrus alors il prend ses précautions !
- Comment cela ?
- Il nous a dit que des voleurs risquaient de venir nous capturer et nous faire du mal, il a interdit les sorties nocturnes...
- La Team Rocket ?
- Oui, c'est ça ! confirma le crocodile. C'est ce qu'il a dit au téléphone à un de ses amis.
- Un ami ? Connais-tu son nom ?
- Non... mais il est dresseur ! Et je crois qu'il vient de Bourg Geon d'après ce que le professeur lui a dit.
- Je vois.
- Pourquoi cela t'intéresse tant ? demanda timidement Feuille.
- J'aimerai protéger ma famille à Ébenelle de la Team Rocket alors je suis parti pour les empêcher de faire du mal aux Pokémons.
- Et donc tu cherches des informations ?
- Oui. »
Les trois compagnons se regardèrent d'un air entendu et firent au furet de les suivre. Il le conduire devant un gros ordinateur trônant au rez-de-chaussée. La machine mangeait l'espace autour d'elle et était couverte de papiers, d'encyclopédie, de crayons, de tasses de café vides et autres objets pouvant se montrer utile pour Orme.
« Il y a toutes les informations que tu voudras dans cet ordinateur. Mais nous ne savons pas où elles sont rangées, ni lire d'ailleurs.
- Moi non plus... je pourrais demander à Laena mais il dort. Et puis, ce n'est pas très poli de fouiller dans les documents de son hôte. C'est gentil quand même d'avoir proposé. »
Le Pokémon noir leur sourit amicalement. Ils étaient gentils tous les trois.
« Je pense que je vais aller dormir, demain nous partons vers Ville Griotte alors je dois être en forme. Merci pour votre aide !
- Nous n'avons pas fait grand-chose...
- Plus que vous ne le pensez, leur sourit le furet en s'éloignant. »
Il les salua de la patte et remonta dans la chambre, le cœur léger. Voir ces trois camarades l'avait détendu, il se sentait mieux. Ça lui avait permis d'oublier ses soucis et de se rappeler son objectif.
Il s'allongea sur le lit qu'il avait quitté un peu plus tôt après avoir jeté un coup d'œil aux étoiles par la fenêtre. Il retrouverait bientôt les siens, il en avait la certitude.
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