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Chapitre 63 - Le dernier coup


Quelque part dans les ténèbres, quelqu'un prononça son nom.

Lizzie laissa échapper un faible gémissement. Sa tête l'élançait, et tout son corps était douloureux. Éraflant sa joue, meurtrissant ses côtes et s'enfonçant dans ses cuisses, les pavés disjoints et humides de pluie. Au loin, la lumière pâle et fantomatique d'un réverbère à cræft qui projetait son écho sur le sol mouillé. Puis brutalement, le monde changea encore une fois d'orientation. Lizzie poussa un cri ; le mouvement raviva la souffrance nichée dans son corps.

Elle n'aperçut d'abord, à travers sa vision floue, qu'une masse de cheveux blonds et les éclats brillants d'un uniforme. Mais elle connaissait cette silhouette ; car combien de fois l'avait-elle vue ainsi, penchée au-dessus d'elle ?

Une main froide sur sa joue – une main qu'elle connaissait par cœur.

— Ambroise...

Lorsque sa vision s'ajusta enfin, elle put discerner dans son regard une lueur inquiète.

— Peux-tu te lever ?

Lizzie tâcha de rassembler ses pensées. Mais avant qu'elle ne puisse parler, des cris lui parvinrent, sinistres, découpant la nuit comme une lame, et Ambroise la releva sans plus attendre sa réponse. Prise d'un vertige, Lizzie crut bien que ses jambes allaient se dérober sous elle, mais il la tint fermement contre lui. Ce fut là qu'elle vit sa main libre, rougie de sang, et qu'elle se souvint que l'épaule contre laquelle elle s'appuyait était blessée.

Ambroise ne la laissa pas s'écarter.

— Votre bras...

— Cela ira. Van Stoker ?

— Je vais bien, répondit Jan non loin dans une respiration sifflante.

— Bien. Ne perdons pas plus de temps, ils arrivent.

Il lui tendit son arme qui lui avait échappée dans leur chute et qu'il avait récupéré. Lizzie referma ses doigts sur la crosse. Combien de fois ? Combien de fois devrait-elle encore tirer ? Encore tuer ? La chape de lassitude qui tomba sur elle était aussi lourde que du plomb, et elle se serait volontiers laissé choir au sol.

Mais elle n'en fit rien ; elle suivit le mouvement que lui imposa Ambroise, effectuant quelques pas maladroits. Malgré elle, ses chevilles se tordirent sur le sol inégal, et elle baissa la tête.

Les deux chevaux gisaient sur les pavés, leurs sangs mêlés dessinant des sillons pourpres sur les pavés. Elle observa quelques secondes, horrifiée, les cadavres des bêtes. Ambroise raffermissait déjà sa prise sur sa taille et l'entrainait en avant, au moment où une voix jaillissait à l'orée de la rue.

— Ils sont là !

Ambroise la poussa dans une artère adjacente, Jan sur leurs talons. Il attrapa le bras du jeune homme et tira sur la main de Lizzie, les forçant à progresser plus vite dans la ruelle, puis à tourner dans une large avenue en proie au chaos. Leurs foulées s'allongèrent, jusqu'à ce que Lizzie ne puisse plus respirer.

Lorsqu'ils s'arrêtèrent, Lizzie reconnut immédiatement les canaux et le pont qui lui faisait face.

De l'autre côté de la passerelle s'étendait Faldenburg ; à quelques rues de là, la maison de Jan. Et non loin, Gulden Stadsdeel. Déjà, les cris de leurs poursuivants se faisaient entendre, de plus en plus proches.

— Je vous couvre, lança Ambroise.

— Quoi ?

— Tu vas t'enfuir. Avec Van Stoker. À Gulden Stadsdeel, puis dans le Nord. (Il se tourna vers Jan tout en rechargeant son pistolet.) Vous pourrez toujours revenir à Fort-Rijkdom lorsque les choses se seront apaisées.

— Non ! s'écria-t-elle.

Ambroise monta un doigt à ses lèvres en la foudroyant du regard.

— Je ne vous abandonnerai pas, chuchota-t-elle avec fureur.

— Il ne m'arrivera rien. Je viendrai te chercher.

— Il n'est pas question que je m'enfuie ! protesta-t-elle encore pendant qu'Ambroise la poussait vers Jan.

— Si tu dois recevoir un dernier ordre de ma part, Lizzie, ce sera celui-ci.

— Certainement pas !

— Je ne te laisse pas le choix.

— , ils sont trop nombreux. Ils nous tireront dans le dos même si vous essayez de couvrir notre fuite.

— C'est un risque à prendre, fit Jan.

Avant qu'Ambroise ne puisse répliquer, elle s'empara de son pistolet et de la poudre qu'il avait passé à sa ceinture, et le rechargea. Des gestes simples qu'elle avait répétés tant et tant de fois. Une voix désagréable et terrifiante lui murmurait que ce serait la dernière.

— Que fais-tu ?

— Lizzie, que faites-vous ? s'exclama Jan en même temps.

Lizzie se tourna vers Ambroise, qui venait d'agripper son poignet avec force. Elle se dégagea d'un geste brutal.

— Si l'un d'entre nous peut s'en sortir, cela doit être Jan. Pas moi. Pas nous.

— Non. Non, tu dois...

Pas nous.

Ambroise la contempla, un pli soucieux marquant son front, une lueur plus douloureuse encore dans le regard.

— Le futur qui t'attend...

— Je sais.

— Non ! s'exclama Jan.

— Jan...

— Je ne vous laisserai pas vous sacrifier pour moi.

— Jan, écoutez-moi ! C'est ce qu'il devait se passer. Entendez-vous ? C'est ce qui est juste. Partez. Retrouvez Clervie et Hammond, et partez !

Il secoua la tête.

Mais elle vit dans ses yeux qu'il capitulait.

Lizzie pressa la main de Jan. Puis, après une brève hésitation, elle déposa un baiser sur sa joue.

— Soyez heureux. Et donnez au Pays d'en Haut l'avenir qu'il mérite.

Jan monta sa main à ses lèvres pour l'embrasser. Pas la bague qu'elle portait, selon la coutume ardrasienne ; mais le dos de sa main, et elle sentit son souffle s'attarder sur sa peau, et la crispation de ses doigts sur les siens, et la façon dont son pouce caressa ses phalanges, doucement. Avec tendresse. Il ne l'avait jamais touchée ainsi, et il ne la toucherait jamais plus. Cela lui retourna le cœur.

— Faites-les payer pour ce qu'ils vous ont fait, chuchota-t-il.

Lizzie ne répondit pas. Les faire payer, elle l'aurait voulu ; mais elle savait qu'elle ne le pourrait plus. Elle avait joué toutes ses cartes, et la partie était terminée.

— Une dernière chose, Lizzie. Si nous ne nous revoyions pas. Je... je ne vous oublierai pas.

Lizzie recula d'un pas, puis d'un autre. Elle essaya en vain de chasser les larmes qui obstruaient sa vision.

— Je vais chercher des renforts, promit-il encore.

Les renforts ne viendraient pas. Cependant, elle hocha la tête. Incapable de briser cette illusion – car derrière se cachait la vérité, pleine, entière, acérée.

— Partez, maintenant, supplia-t-elle. Partez !

Et Jan s'en alla.

Aussi simplement que cela ; il poursuivit son chemin sur la passerelle maculée d'ombres, et ses pas s'évanouirent peu à peu.

S'il pivota pour croiser son regard, elle n'en sut rien. Le monde était flou de larmes.

Lizzie essuya la larme qui roulait sur sa joue et se retourna. Elle pointa son arme devant elle.

Sans un mot, Ambroise pressa sa main gauche sur la crosse de Lizzie, communiquant son cræft à l'objet. Il grimaça, et Lizzie vit malgré la pénombre le sang qui constellait son épaule. De sa main droite, il braqua sa propre arme devant lui. Il s'écoula quelques secondes ainsi, dans le silence, dans l'écho des pas se rapprochant, le ballet de leurs respiration mêlées.

— À trois, murmura-t-il.

Lizzie fixa les deux armes. La poigne d'Ambroise était assurée, assez pour tempérer ses propres tremblements.

— Un, chuchota-t-il.

Ils étaient seuls face au monde, et Lizzie n'en avait cure.

Les ombres de nouvelles silhouettes fendirent la flaque de lumière à l'entrée de la venelle, se dispersant sur le quai face à eux.

— Deux, fit-elle à travers un sanglot.

Ambroise recula vers le milieu du pont, l'entraînant avec elle au-dessus des flots sombres.

Lizzie avait encore tant de mots coincés dans sa poitrine au cœur tambourinant.

Maintenant.

Mais elle n'avait plus de temps. Elle n'avait plus de temps. Les silhouettes s'avançaient vers eux, et les canons rutilants scintillaient.

Elle avait bien assez de courage pour eux deux.

— Trois.

Ambroise fit feu au moment où Lizzie parvenait à extirper les mots de sa gorge.

— Je t'aime, souffla-t-elle.

La déflagration aurait dû emporter ses mots. Mais la main d'Ambroise trembla sur son arme. Il l'avait entendue.

Lizzie ne pouvait pas tourner la tête dans sa direction. La moindre seconde d'inattention, à présent, leur serait fatale.

Alors elle tira à son tour. Salve après salve.

Il y avait des cris et des coups de feu, il y avait le chaos et la mort. C'était le langage qu'ils parlaient, une langue qu'elle haïssait du plus profond de son être et qui était son salut.

Elle sentait, un spectre ténu, l'écho du cræft d'Ambroise qui se réverbérait dans son arme à chaque fois qu'elle faisait feu. Dans l'obscurité, elle voyait à peine où ses balles allaient se loger. Lizzie esquivait les traits qui fendaient la nuit, tout son esprit tendu vers la scène qui se dressait devant elle, tous ses sens accaparés par le ballet fatal qui se jouait autour d'elle.

Une cacophonie monstrueuse ou une symphonie, elle n'aurait su le dire. C'était comme lorsqu'ils dansaient dans la galerie aux Miroirs, au creux du Palais ; quelque chose qui avait tout d'une valse mortelle.

Salve après salve.

Encore. Et encore.

Puis, au milieu du vacarme, la voix d'Ambroise.

— Je t'aime.

Si bas qu'elle se demanda si elle ne l'avait pas rêvé.

Après tout, le monde avait perdu toute sa consistance, et tout tournait autour d'elle.

Une vive douleur transperça le flanc de Lizzie. Elle chuta au sol, mais un sourire fleurissait sur ses lèvres.

Peut-être... peut-être Ambroise était-il tombé amoureux d'elle.

Ses paumes furent meurtries par les pavés, et ses oreilles bourdonnèrent. Ses jambes cédèrent à nouveau sous elle lorsqu'elle tenta de se relever. Le monde était flou et assombri par la douleur. Un instant, elle envisagea de s'étendre là et de mourir. Mais elle ne pouvait s'y résoudre. Elle n'avait pas traversé cet enfer pour s'en aller.

Alors, Lizzie se traîna jusqu'au parapet. Elle y prit appui pour se relever, lentement, s'attendant à chaque instant à ce qu'un tir vienne la faucher pour de bon.

Ce fut là qu'elle comprit. Là qu'elle perçut le silence. Cela n'arriverait pas, car plus personne ne tirait.

Ambroise ne tirait plus.

Dans une seconde de terreur pure, Lizzie crut qu'il avait été touché. Et elle s'attendait à chaque seconde à entendre son corps s'effondrer, à voir son sang couler sur les pavés.

Lentement, millimètre après millimètre, Lizzie tourna la tête vers lui.

Elle laissa échapper un hoquet de stupeur.

L'arme d'Ambroise était braquée sur elle.

Puis la peur la submergea, si brutalement, si entièrement, qu'elle cessa de réfléchir.

— À genoux, ordonna-t-il. Posez votre arme.

Ambroise l'avait trahie.

N'aurait-elle pas dû s'y attendre ? N'était-ce pas ce qu'il avait toujours fait ? Et tout à coup, elle se revit entre les murs du vieux théâtre. N'avait-elle donc rien n'appris ?

Elle aurait voulu s'agenouiller avec dignité. Mais elle s'écroula au sol.

Voilà ; ils y étaient. Tout serait bientôt fini.

Hébétée, Lizzie fixait la crosse qui tremblait entre ses doigts crispés. Elle pouvait... Elle pouvait encore...

— Posez votre arme !

Et sa voix avait tout à la fois la froideur d'une lame et la brûlure de son tranchant.

Elle obtempéra. Ambroise ramassa son arme, lentement.

Voilà. Il venait de lui ôter sa seule échappatoire.

Lizzie était acculée contre le parapet. Une foule de gardes était postée devant elle, et n'hésiterait pas à tirer si elle tentait seulement de s'élancer vers Faldenburg. Et Ambroise ? Tirerait-il ?

— Levez les mains.

Elle savait ce que cela signifiait.

Non.

Non.

Le métal du garde-fou était glacé contre sa joue. Ses bras tremblaient si fort, ses jambes ne la soutenaient plus. Elle serra les dents et se hissa un peu plus haut. Elle chancela, réprima un hurlement de douleur quand son flanc heurta la rambarde.

En-dessous, les eaux étaient noires. Ce serait comme plonger dans le néant.

Encore quelques secondes, et elle basculerait dans le vide.

Tout, plutôt que de se faire prendre. Tout, plutôt que la torture, le bûcher, la lente agonie.

Elle tomberait comme un oiseau, sa robe comme des ailes déployées. Et le tissu se gorgerait d'eau, resserrant les liens de son corset. Lui coupant le souffle. L'entraînant vers le fond. Plus loin, plus loin encore sous la surface, là où tout était sombre et calme.

Et tout prendrait fin.

Lizzie monta sa jambe sur le garde-fou. Encore un effort. Le torrent sombre en-dessous d'elle l'étourdit. Sa respiration se coupa dans sa poitrine. Le vent était glacial sur sa peau blême. Son cœur – dieux, son cœur lui faisait si mal, et...

Deux bras puissants se refermèrent sur sa taille. Lizzie fut rejetée en arrière. Se débattit.

— Non, chuchota une voix familière. Lizzie, non.

— Ambroise, hoqueta-t-elle. Lâchez-moi...

— Tout ira bien. Souviens-t'en. Souviens t'en.

Mais ses mots n'étaient que des mensonges, et la façon dont il étreignait son corps un mensonge encore.

Il la relâcha, la poussant droit vers les armes.

Sans avoir le temps de réagir, Lizzie se trouva encerclée.

Et Ambroise ? Il se trouvait de l'autre côté de l'attroupement. Sain et sauf. Debout. Nullement menacé par les canons.

— Emmenez-la, dit-il. Le Roi la voudra vivante.

— Non, sanglota Lizzie.

Non. Elle voulait mourir ici ; maintenant. Une mort rapide.

Le masque de Lizzie se fissura. Les traits d'Ambroise, eux, étaient parfaitement lisses.

Il y eut d'autres mots, prononcés par d'autres voix.

Lizzie les entendit à peine – il n'y avait rien d'autre qu'Ambroise. Ambroise qui la trahissait encore. Ambroise, sain et sauf. Ambroise qui tentait désespérément de la sauver. Mais comment ? Comment ?

Sans le quitter des yeux, elle obtempéra aux voix qui criaient dans la nuit.

Elle s'agenouilla sur le pont détrempé de pluie et de sang.

Les pavés disjoints meurtrissaient ses jambes. Le vent glacé la giflait. Son flanc l'élançait.

Elle leva haut ses mains, ses paumes vides et rouges en évidence.

Tous pouvaient voir comment elle tremblait ; comment la peur ravageait son visage. Tous pouvaient percevoir le souffle de la mort qui rôdait dans son dos ; le sceptre de Mercyng qui, invaincu, pesait sur ses épaules.

Son ventre réduit à un nœud d'épines. Son cœur, un tambour battant. Son esprit, un oiseau pris en cage. Elle se débattit sous les assauts de la terreur, les ailes de sa conscience se fracassant avec désespoir au bord d'un gouffre insondable.

Elle s'y laissa tomber.

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