Chapitre 53 - Fleurs des larmes
Ambroise n'était pas mort.
Elle le savait. Car après avoir franchi la grille du cimetière, l'ombre de son mentor planait encore dans son dos.
Lizzie détesta cette sensation. Elle avait l'impression qu'il s'était logé dans les marques mêmes qui meurtrissaient sa chair. Et elle pouvait sentir ses doigts refermés comme des serres sur son crâne. Agrippée au bras de Clervie, elle avait remonté l'allée garnie de tombes. Et il avait marché loin derrière elle. Elle avait entendu le fer forgé grincer sur ses gonds, senti le feu de son regard dans son dos.
Clervie et elle avaient déposé un bouquet de roses et de fleurs des larmes sur le tombeau de Brenn Ryder. Les fleurs qui s'y s'épanouissaient étaient fanées par la chaleur qui s'était abattue sur la ville, et les pétales desséchés tremblotaient au bout de leurs tiges. Et lorsque Lizzie avait suivi leur course dans la brise soudaine qui s'était levée, elle avait enfin aperçu la silhouette d'Ambroise, et l'éclat blond de ses cheveux, quelques caveaux plus loin. Il était aussi pâle qu'un spectre, une main pressée contre son abdomen, mais il était en vie. Et dans le regard silencieux qu'ils avaient échangé, Lizzie avait senti son cœur se tordre.
Clervie, elle, ne l'avait pas vu ; elle avait gardé ses yeux rivés sur la dalle de marbre sertie de fleurs violettes. Lizzie se souvenait de ces fleurs ; c'était avec elles que Jan l'avait immobilisée, dans le Nord, alors qu'elle avait tiré son poignard face à lui.
À présent, elles étaient de retour dans l'agitation de Fort-Rijkdom, leurs éventails claquant dans l'air lourd qui recouvrait la ville. Lizzie songeait toujours aux fleurs, à leur velours violacé. Elle se demanda si son amie savait que leur suc contenait un poison mortel. Probablement pas. Clervie, après tout, n'avait pas été choisie par Ambroise. Clervie n'avait vu que la beauté des pétales.
Lorsque leur fiacre fut en vue, Lizzie pressa le coude de Clervie.
— J'ai quelque chose à faire. Rentre, d'accord ? Je ne serai pas longue.
Clervie pivota vers elle, un air inquiet sur les traits.
— Je t'accompagne.
— Non.
Ambroise était toujours là. Lizzie ne pouvait pas en informer Clervie sans se compromettre. Et elle n'osait pas tourner la tête vers Ambroise, de peur de sentir ce qu'il lui restait de courage se briser pour de bon.
— Lizzie, c'est déjà de la folie de sortir ainsi en plein jour... Après ce qu'il s'est passé...
— Rentre. Je te promets que je ferai attention. Nous ne sommes pas très loin de la maison, je ne risque rien.
Le regard de Clervie papillonna jusqu'à la voiture, se posa de nouveau sur Lizzie.
— D'accord. Mais soit revenue avant la nuit.
— Promis.
Clervie monta dans le fiacre. Lizzie attendit que l'attelage s'ébranle, puis que le fracas des sabots se dissipe au coin de la rue.
Ambroise était toujours là. Un spectre qui jouait avec son esprit, mais un spectre bien réel, de chair et de sang. Elle croyait l'apercevoir partout, dans les coups d'œil qu'elle jetait à la dérobée, et ne le voyait nulle part. Et bien qu'elle ignorât où il se trouvât, son cræft n'étant plus là pour l'aiguiller, elle pouvait toutefois presque sentir son regard peser sur elle. Alors elle marcha, du pas rapide de celle qui sait où elle va, de l'allure vive de celle qui, indéniablement, ne tenait pas à être suivie. Les pavés de Fort-Rijkdom se succédèrent sous ses pas, battus par la pluie qui venait de se mettre à tomber. Au-dessus des canaux, les mouettes criaillaient une mélopée funeste qui lui donna la chair-de-poule – à moins que ce ne fut simplement les trombes d'eau qui la glaçaient jusqu'aux os.
Elle n'était venue qu'une seule fois, de nuit, et elle peina à retrouver l'endroit. L'échoppe, dont Lizzie avait retenu le heurtoir figurant un serpent, était coincée entre un imprimeur et une habitation qui ne payait pas de mine. Un écriteau indiquait la fermeture du local, mais Lizzie frappa tout de même à la porte de l'officine d'Hammond.
Le médecin lui ouvrit, affichant un air inquiet. Il embrassa du regard sa robe gorgée d'eau et la rue déserte derrière elle.
— Élisabeth ? Que faites-vous ici ? S'est-il passé quelque chose ?
— Non. Non, tout va bien. Je suis venue vous demander un service.
Il jeta un coup d'œil vers l'extérieur, par-dessus son épaule, avant de la faire entrer.
— Vous êtes trempée. Cela n'est pas prudent de vous déplacer ainsi en plein jour.
— Je sais. J'ai accompagné Clervie au cimetière.
— Quoi que vous ayez à me demander, cela aurait certainement pu attendre mon retour ce soir.
— Non, j'en doute.
Lizzie promena son regard sur la petite échoppe tout en longueur, aux murs couverts d'étagères où s'alignaient sagement une multitude de plantes et de remèdes. Elle aurait probablement adoré cet endroit, eût-elle encore été à Caelian. Elle avait, après tout, toujours eu une affection particulière pour l'herboristerie. Désormais, tout ce qu'elle voyait, c'étaient des armes de crime à sa portée. Elle savait ce qu'elle cherchait.
Mais un bruit venant du cabinet qui se trouvait à l'arrière la fit sursauter.
— Vous êtes en consultation ?
— Pas exactement, répliqua-t-il en l'invitant d'un geste à entrer dans l'arrière-boutique. Notre... ami se trouve ici.
Lizzie pinça les lèvres. Par tous les dieux, cela n'arrangeait pas ses affaires.
— Est-il seul ?
Hammond plissa les yeux.
— Il l'est. Pourquoi cette... Élisabeth !
Lizzie avança sans se soucier de ses protestations, ni de faire grincer le parquet vermoulu. Elle poussa la porte du cabinet, Hammond à sa suite.
— Monsieur, jeta-t-elle en guise de salutation.
Belvild se tenait là, debout. Il croisa les mains dans son dos.
— Madame. Votre échec... me consterne.
Lizzie serra les dents. Elle n'avait pas prévu une attaque aussi frontale.
— D'autant qu'il ne s'agit absolument pas de ce que nous avions convenu.
— La situation a changé.
— Certes, j'ai eu vent de votre... démêlé avec De Glaves. Et vous avez donc décidé de faire cavalier seul. En entraînant votre mari et Hammond dans votre ridicule petite vengeance.
Je ne les ai pas entraînés. Ils se sont joints à moi de leur propre chef. En voyant Hammond se tendre imperceptiblement, elle ravala les mots avant qu'ils ne franchissent ses lèvres. Aussi tentant que fût la possibilité d'irriter Belvild, elle ne trahirait pas ses seuls alliés.
— Je ne leur ai pas laissé le choix, mentit-elle plutôt.
— Je vois.
Lizzie redressa la tête.
— Les choses ne se sont pas déroulées comme elles auraient dû et j'en suis navrée. Mais je vais tout arranger.
— Vraiment ?
Quelque chose, dans le tranchant de sa voix, la fit reculer. Elle se tourna vers Hammond, qui arborait un air inquiet. De quoi avait-il peur ? D'elle ? De ce qu'elle pourrait faire ? Ou de Belvild ?
— J'aurai besoin de poison, dit-elle. Pour tuer De Glaves.
Mais avant que le médecin ne puisse répondre, Belvild l'interpella.
— Quel genre de poison, ma chère ?
— Un qui provoque une mort rapide et douloureuse, rétorqua-t-elle. Le même que d'habitude ?
Belvild la regarda un instant.
— Hammond a certainement ce qu'il vous faut. Puis-je vous demander quand cela sera-t-il fait ?
— Demain. Lors de la signature du traité qui conférera Fort-Rijkdom à l'Ardrasie.
L'homme se figea.
— Je vous demande pardon ?
— Demain, répéta-t-elle d'un ton inflexible. Comme nous l'avions convenu.
— Et comment comptez-vous entrer, puisque vous semblez déterminée à vous affranchir de mon aide ?
Lizzie ne sut quoi répondre. Les invités étaient triés sur le volet, et elle doutait pouvoir s'infiltrer à l'intérieur comme elle l'avait fait chez Ulrik Redstig, pas si le Roi en personne se trouvait dans l'édifice.
Son plan était fou, insensé – une idée qui avait germé dans son esprit face à la tombe de Brenn Ryder.
— Je ne sais pas encore, admit-elle. Mais je trouverai. Nous avons, après tout, déjà réussi à entrer à Geardham.
— Et avec quels résultats ? railla Belvild.
Il avait raison.
Ambroise l'attendrait de pied ferme. Et toute la garde royale.
Elle poussa un soupir théâtral.
— Il se pourrait que j'aie besoin de votre aide, admit-elle. Et de votre protection. Lorsque tout ceci sera terminé.
— Vous aurez l'un et l'autre, tant que vous remplissez votre part du marché.
Elle hocha la tête.
— Bien. Lars Maarten prendra contact avec vous, et ceci n'est pas négociable.
— Je n'ai pas besoin d'un chaperon, siffla-t-elle. Simplement d'un moyen d'entrer.
— Lars Maarten l'est, précisément. Il a toujours ses entrées.
— Et vous ?
— Et moi ?
— Notre plan, monsieur, reste inchangé. Aux yeux de tous, Lancelin aura fait assassiner son Haut-Régent. Il vous faudra vous avancer dans la lumière et réclamer Fort-Rijkdom avant que quelqu'un ne le fasse à votre place.
Carlton Belvild plongea la main dans son veston, et en ressortit une missive. Il la tendit vers elle, et, à la faveur de la lampe à cræft, Lizzie distingua le cachet de cire qui l'ornait.
L'enveloppe était frappée du sceau de l'Ardrasie.
— Il semblerait, madame, que je possède moi aussi une entrée.
Lizzie écarquilla les yeux.
— Le Roi vous a invité.
— Il faut garder ses alliés proches de soi, et ses ennemis plus près encore. Votre Roi ne l'ignore pas. Je suppose qu'il trouvera bien un moyen de m'humilier devant sa cour. Votre Roi aime à briller, et il affichera son triomphe.
— C'est cruel.
— Cela vous aura peut-être échappé, madame, mais votre Roi est cruel. Qui d'autre que lui aurait pu élever une jeune fille pour en faire une lame ?
Lizzie ne répliqua pas. Il n'y avait rien à répondre. Elle aurait pu, autrefois, s'indigner des propos de Belvild. Après tout, Lancelin Ier l'avait extirpée des bas-fonds de Caelian, l'avait éduquée, nourrie, blanchie. Elle avait eu un toit au-dessus de sa tête, et le luxe de se lever chaque matin avec l'assurance qu'elle ne connaitrait pas la faim. Sans lui, où serait-elle ? Se tiendrait-elle dans les ruelles malfamées de Caelian à mendier ? Aurait-elle une position un peu plus enviable aux côtés d'Aubin ? Mais, en vérité, le Roi avait fait bien plus que de lui assurer une vie confortable. Il lui avait donné un but lorsqu'elle n'en avait aucun ; il lui avait octroyé un guide lorsqu'elle avait été perdue. Et elle s'était accrochée de toutes ses forces à Ambroise, à sa mission, à l'avenir tracé pour elle par la main royale. Oui, autrefois, elle aurait défendu son Roi et son royaume. Plus maintenant.
— Cette fois, asséna Belvild, vous respecterez mes ordres. Suis-je clair ?
Lizzie serra les poings.
— Très clair.
— Bien. Alors, nous avons un accord.
Il eut un geste pour la congédier. Mais Lizzie ne bougea pas.
— Ce n'est pas tout. Il me faudra deux doses.
— Je ne suis pas certain de comprendre.
Lizzie parvint, non sans mal, à conserver un visage neutre. Elle l'avait fait des dizaines, des centaines de fois. Mais ici et maintenant ? Cela lui semblait incroyablement difficile.
— Il y a une autre personne, dit-elle. Une autre personne que je dois tuer.
Carlton Belvild joignit les mains devant lui, la dévisageant avec intérêt. Un rictus étira la commissure de ses lèvres.
— Et qui donc, je vous prie ?
Lizzie prit une inspiration pénible.
— Ambroise Auguste.
Cette fois, elle ne put manquer la lueur de franche surprise qui passa dans les prunelles sombres de Belvild.
— Vous le tueriez ?
— Oui.
— Pourquoi cela ?
— Ne jouons pas, voulez-vous ? À l'heure qu'il est, vos espions vous ont certainement déjà rapporté ce qu'il m'avait fait.
— Certes. Mais j'aimerais vous l'entendre dire. Pourquoi ?
Il y avait suffisamment de colère en Lizzie, suffisamment de rage et de désespoir. C'était là, affleurant à la surface de son cœur – une douleur à chaque respiration, un élancement à chaque battement de cœur. Et elle n'eut qu'à entrouvrir les écluses qui maintenaient consciencieusement les émotions enfouies loin en elle pour que tout cela jaillisse sur ses traits.
— Pourquoi ? Parce qu'il m'a volé ma vie. Et je compte bien lui voler la sienne.
Belvild la dévisagea longuement, un air indéchiffrable sur les traits.
Enfin, il fit signe à Hammond, qui s'éclipsa. Dans le lointain, Lizzie entendit ses pas faire grincer le parquet, et le tintement du verre. Carlton Belvild ne la quitta pas des yeux, et elle soutint son regard sans trembler. En cet instant, plus rien, à vrai dire, ne pouvait l'effrayer, et certainement pas les iris scrutatrices d'un simple homme, aussi dangereux fût-il.
Elle savait ce qu'elle faisait : une folie. Elle jouait un jeu dont elle ne sortirait pas indemne. Mais elle jouerait tout de même, et si elle ne remportait pas la partie, elle pourrait, au moins, empêcher ses ennemis de gagner.
Hammond revint, coupant court à ses pensées. Il tenait entre ses doigts deux minuscules fioles ouvragées qu'il lui tendit sans un mot. Elle sentit simplement, dans la façon dont il déposait les deux récipients dans sa paume, une nervosité certaine. Elle savait ce qu'il lui dirait, si seulement il avait pu se résoudre à parler en présence de Belvild. Si vous vous vengez, vous le regretterez. Lizzie les ouvrit – méfiante. Chacune contenait une dose de krafjane hautement concentrée. L'odeur était si similaire à celle de la poudre qu'elle fut prise du besoin impérieux dans glisser entre ses lèvres, en dépit du sevrage – de plus en plus efficace – auquel elle s'astreignait.
— Merci, dit-elle plus à Hammond qu'à Belvild.
Hammond eut un sourire – un vrai sourire, lumineux, qui la rasséréna.
— Nous nous verrons à Geardham, la salua Belvild.
Elle lui répondit d'un hochement de tête et regagna l'officine, Hammond sur ses pas. Il attrapa son poignet juste avant qu'elle ne se glisse à l'extérieur.
— Soyez prudente en rentrant.
— Je le suis toujours.
— Le direz-vous à Jan ? Et à Clervie ? Je suppose que vous ne les avez pas consultés avant de venir ici.
— Non, en effet. Mais je les informerai.
Elle le leur devait. Après ce qu'ils avaient tous enduré, elle le leur devait. Et puis – aussi douloureux cela soit-il – elle devait se faire à l'évidence. Si elle échouait, cela la précipiterait tout droit vers sa propre mort. Et Jan était lié à elle. Elle devait le mettre en sûreté.
Hammond la salua avec un regard entendu.
Elle s'engouffra dans la rue.
Elle savait qu'Ambroise, tapi dans les ombres du bâtiment, son ouïe prodigieusement affutée par le cræft, avait entendu sa discussion avec Belvild. Lizzie progressa le long des habitations, reprenant la direction du cimetière. Ses souliers claquaient sur les pavés disjoints, et elle peinait à discerner les propres pas d'Ambroise derrière elle. Mais il la suivait ostensiblement. Elle se serait attendue à ce qu'il s'écrase dans les ténèbres. Pourquoi...
— Élisabeth.
Sa voix. Sa voix la frappa aussi durement que la foudre.
Lizzie se figea net. Elle fixait l'angle de la rue, le canal au-delà, le morceau de ciel bleu qui se découpait au loin. Elle percevait la présence d'Ambroise dans son dos. Elle savait qu'elle aurait du se tourner ; qu'elle était vulnérable ainsi – il pouvait l'attaquer à tout moment, et elle ne verrait pas son coup venir. Mais elle n'en avait pas le courage. Elle n'en avait plus la force.
Ambroise état devenu le monstre qui hantait ses cauchemars.
— Alors, vous comptez vraiment me tuer.
Lizzie frémit. Son ton n'avait pas la froideur de la glace, ni la dangereuse douceur du velours. Non. C'était sa voix des bons jours, sa voix des explications mesurées et des pics qu'il lui lançait parfois au détour de leurs conversations. C'était la voix qu'elle chérissait. Et cela – grands dieux –, cela lui fit plus mal que s'il eût poignardé son cœur d'une lame acéré.
Lorsqu'elle pivota enfin vers lui, Ambroise se tenait à quelques mètres d'elle – maintenant une distance prudente entre eux. Elle croisa en son regard – deux lames pures et céruléennes qui s'enfoncèrent douloureusement dans son âme. Malgré elle, Lizzie laissa son regard errer sur son ventre, comme si les stigmates de la blessure qu'elle lui avait infligée pouvait transparaître à travers le tissu. Il portait l'uniforme de la maison militaire du roi.
Ses traits étaient plus pâles qu'à l'accoutumée.
Lizzie leva les deux fioles à la lumière.
— Une pour vous. Et une pour Belvild.
— Pas De Glaves ?
— J'ai besoin de lui. Sa vie en échange de la mienne. Il est le seul à posséder la moindre valeur aux yeux du Roi.
Les yeux d'Ambroise se posèrent sur la poudre. Heurtèrent ceux de Lizzie. Glacés. Enfin.
— Et quand frapperez-vous ?
— Mes plans n'ont pas changé.
— Ni votre insolence.
— Viendrez-vous, Ambroise ? Ou vous enfuirez-vous encore une fois ?
Il se raidit. Ses doigts se refermèrent en poing, et, brutalement, Lizzie se souvint de la violence que ce poing pouvait contenir.
— Je viendrai, fit-il.
— Bien. Je suppose, alors, qu'il est temps de nous dire adieu.
Ambroise releva la tête. Son regard était aussi bleu et impassible qu'un ciel d'été. Il la contempla un instant, ses iris aussi perçants que des lames.
— Vous ne m'accorderez donc pas de dernière danse ?
Ses paroles comme des dagues.
Lizzie vacilla sous leur mordant.
Lizzie chercha à attaquer. Vraiment.
Mais ses lèvres étaient scellées et sa gorge nouée. Elle lutta et lutta encore, pour conserver un visage neutre. Un masque de marbre et de froideur. Sa seule défense.
Dans le silence, Ambroise recula.
— Adieu, Élisabeth.
Sa voix ne trembla pas.
Mais prononcer ce mot, Lizzie n'en eut pas le courage.
Elle tourna les talons et pénétra à nouveau dans le cimetière.
Cette fois, Ambroise ne la suivit pas.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro