Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 25 - Un cœur brisé

Fort-Rijkdom.

Lizzie n'aurait jamais cru arpenter à nouveau ces rues un jour. La cité était telle que dans ses souvenirs ; inchangée. Lizzie avait l'impression qu'une éternité s'était écoulée. Pour autant, les mêmes bâtiments s'élevaient, serrés le long des canaux du quartier doré dans lequel elle s'enfonçait aux côtés d'Ambroise.

Il avançait d'un pas vif, si rapide que Lizzie devait presque courir à ses côtés pour se maintenir à sa hauteur.

— Où allons-nous ? haleta-t-elle.

Ambroise ne répondit pas.

— Ambroise ! Répondez-moi !

Elle détesta le ton plaintif de sa voix. Mais elle ne pouvait l'empêcher ; elle était exténuée.

— Dans un endroit où nous serons en sécurité.

—Vous avez promis de ne plus prendre de décision à ma place !

— Considère, dit-il, que celle-ci sera la dernière.

Elle faillit rétorquer. Mais elle se tut. Elle venait de reconnaître la place où ils se trouvaient, ornée d'une élégante fontaine et de chênes. À sa droite, au fond de l'impasse... La demeure de Brenn Ryder. La demeure de Clervie, si elle y vivait toujours. Bien sûr qu'elle y vivait toujours. Elle y avait trouvé l'amour ; elle n'avait aucune raison d'en partir.

Ambroise jeta un regard à Lizzie. Lizzie songea à sa dernière discussion avec Clervie. Une dispute.

Tu étais mon amie. Je le croyais, je le croyais vraiment. Mais tu n'étais qu'une illusion.

— Brenn et Clervie n'accepteront pas de nous recevoir, fit-elle.

Ambroise ne répondit pas et frappa à la porte. Le jour se levait à peine et leurs silhouettes étaient encore noyées dans le crépuscule, mais il était clair qu'il ne désirait pas s'attarder en pleine rue.

Une domestique vint leur ouvrir. Lizzie avait su son nom, mais elle était incapable de s'en rappeler. Les mois passés à Fort-Rijkdom lui semblaient noyés dans un brouillard. Lorsque la femme vit Ambroise, elle s'effaça pour les laisser entrer. Elle jeta à peine un coup d'œil à Lizzie, et les guida dans le salon de réception.

Une éternité plus tôt, Lizzie se souvenait s'être effondrée dans cette pièce, terrassée par la douleur infligée par Mercyng. Et puis, Hammond Trygve lui avait donné... L'envie d'ingérer une pincée de krafjane monta en elle, si impérieuse qu'elle en eut le vertige. Ses poings se crispèrent, et un filet de sueur coula dans son dos. Sa dernière prise remontait à deux jours ; elle pouvait tenir plus longtemps que cela, elle l'avait déjà fait. Mais...

Elle se tourna vers Ambroise. Celui-ci fronça les sourcils devant sa soudaine pâleur.

— Lizzie ?

Elle n'eut pas le temps de parler. Clervie entra dans la salle dans un tourbillon de jupes sombres.

— Mes dieux !

Et Clervie se jeta dans les bras d'Ambroise.

Lizzie, elle, ne parvint tout à coup plus à penser.

Tout ce qu'elle voyait, c'était les bras d'Ambroise qui s'étaient refermés sur le corps de Clervie dans une étreinte sincère.

Quelque chose laboura son cœur.

Puis, par-dessus l'épaule d'Ambroise, le regard de la jeune femme se posa sur elle. Il n'y avait rien de chaleureux dans ses iris et Lizzie blêmit.

— Élisabeth ? souffla-t-elle.

Elle se détacha d'Ambroise.

— J'ai cru que tu étais morte.

Sa voix trembla un peu. Lizzie, elle, ne sut quoi répondre. Ses pensées étaient encore hantée par son besoin urgent de krafjane. Elle fit un pas maladroit vers Clervie, mais celle-ci semblait comme pétrifiée, et ses traits avaient la pâleur du marbre.

— Elle ne l'est pas, de toute évidence, fit Ambroise.

Lizzie le foudroya du regard. Mais Clervie, elle, se contenta d'un sourire.

— De toute évidence, dit-elle d'une voix maîtrisée. Asseyez-vous. Vous prendrez bien du thé ?

— Volontiers, déclara Ambroise.

Le ventre de Lizzie se contracta. Elle se revit dans les ombres du théâtre, à rejouer une scène similaire avec Ambroise.

Lizzie prit place dans un fauteuil tendu de velours. Il lui semblait si incongru de se retrouver dans une demeure telle que celle-ci.

Clervie leur servit du thé. Et si elle arborait une façade polie et avenante, ses gestes, eux, ne trompaient pas : ils étaient brusques, bruyants. Agressifs.

Lizzie trempa ses lèvres dans la tasse. Elle songeait à la façon dont elle buvait son thé, avant. La pincée de krafjane qu'elle y mélangeait chaque matin, sous le regard empli d'inquiétude et de compassion de Jan. Et parfois, elle lui glissait un sourire. Comme pour se rassurer elle-même. Jan va vivre, se disait-elle. Et moi, je vais mourir. Mais cela ne fait rien, car il le mérite. Il est bon et je suis une meurtrière.

La krafjane. Elle n'osa pas en demander à Ambroise, mais le manque hantait à présent si clairement son esprit qu'elle se sentait faiblir de minute en minute. Comme cet instant où l'on prend conscience de la faim qui nous tenaille. Ses pensées, incapable de se fixer sur l'instant présent, s'envolèrent brutalement vers Caelian et vers sa vie d'avant – plus loin encore, lorsqu'elle n'était qu'une orpheline mendiant dans les rues sales.

La main d'Ambroise frôla la sienne, et Lizzie sursauta.

— Lizzie ? Tout va bien ?

Elle déglutit et hocha la tête.

— Comment va Brenn ? s'enquit-elle.

— Brenn ? Il est mort.

L'affliction qui brilla dans les prunelles de Clervie, la tristesse et la douleur qui déforma ses traits l'étourdirent.

Tout à coup, elle était à nouveau sur la place, au milieu de la foule. Tout à coup, elle entendait Clervie hurler, son visage tourné vers le brasier. L'incendie qu'elle avait causé.

Lizzie vacilla, les yeux écarquillés d'horreur.

— Tu l'as tué.

Si Clervie avait eu encore le moindre doute sur son identité d'assassineuse lors de leur dernière conversation, l'incertitude avait été levée lors de sa confrontation au Burgsæl avec Belvild.

— Clervie, je ne suis pas...

— Tu n'es pas quoi ? Une meurtrière ? Pourquoi faut-il toujours que tu profères tous ces mensonges ? Tu l'as tué, c'était toi ! L'incendie, c'était toi !

— Tu n'as aucune preuve.

— Et l'explosion chez Ulrik Redstig ? Ce n'était pas toi, peut-être ?

— Si, mais...

— Mais quoi ? Et cette fois à la Pension où tu as fait exploser toutes les lampes ? J'ai vu ton visage, ton regard quelques minutes auparavant, ce jour-là. Comme j'ai vu tes traits au Burgsæl. Je sais ce que tu es capable de faire lorsque tu es terrifiée. Alors je t'en supplie, par tous les dieux, ne vient pas me dire que tu n'es pas responsable.

Je n'avais pas peur, faillit-elle rétorquer. Mais c'était faux, bien sûr.

Lizzie se rappela à cet instant qu'Ambroise se trouvait dans la pièce, et elle sentit ses joues la brûler. À la Pension, elle avait cru qu'elle avait réussi à masquer sa peur ; quoi qu'il en soit, sa colère et toute la crainte qu'elle ressentait avaient explosé en quelques minutes, sans qu'elle puisse le contrôler. Mais ce qu'elle avait fait au Burgsæl ? C'était différent. Elle avait voulu causer l'incendie. Comme elle avait voulu faire exploser les lampes à cræft chez Ulrik Redstig. Parce que de sa peur avait libéré tout ce qui voulait vivre en elle.

Clervie avait raison.

Elle était responsable.

— Et quand bien même tu ne serais pas l'instigatrice de l'incendie, Lizzie, tout cela, tout ce chaos, c'est toi qui l'a créé.

— Clervie, je ne voulais pas tuer Brenn.

Clervie renifla, et ce fut seulement à cet instant que Lizzie s'aperçut qu'elle pleurait. Qu'elles pleuraient toutes les deux.

— J'étais dans cette salle. J'aurais pu me retrouver à la place de Brenn. Ou Jan. Ou Ambroise. Toutes les personnes qui comptaient pour toi étaient là, Lizzie, et tu n'as même pas songé, pas une seule seconde, aux conséquences. Tu ne penses toujours qu'à toi-même.

Lizzie n'eut pas le temps de répliquer.

Un cri parvint à leurs oreilles. Un pleur de bébé.

Et elle se demanda comment elle avait seulement pu oublier. Ses yeux se posèrent sur le ventre — plat — de Clervie, pendant que son esprit apercevait enfin la robe noire qu'elle portait pour ce qu'elle était : une tenue de deuil.

Clervie quitta la pièce, les laissant seuls.

Le cœur de Lizzie battait à toute vitesse dans sa poitrine, douloureusement. Elle avait bien trop conscience des yeux d'Ambroise posés sur elle.

Elle se tourna vers lui. Elle fut soulagée de constater qu'il arborait un air soucieux, et pas la moindre trace de reproches sur ses traits, mais croiser son regard était tout de même au-dessus de ses forces, et elle se concentra sur le bouquet de fleurs qui étaient posé sur la table basse. Et ces fleurs la ramenèrent à Jan. Et avec lui... Elle crispa les poings.

Elle n'osait pas poser la question qui tournait en boucle dans son esprit ; elle avait peur de la réponse. Mais elle se fit violence, et, au bout de quelques minutes d'un interminable silence, elle laissa un filet de voix émaner de sa gorge.

— Vous saviez ? Pour Brenn Ryder ?

— Oui.

Il ne l'avait pas prévenue. Il dut lire le reproche dans sa soudaine raideur.

— Nous avions des problèmes plus pressants, se justifia-t-il.

Lizzie prit une inspiration difficile.

— J'ai besoin de krafjane, supplia-t-elle. Maintenant.

Ambroise lui jeta un regard indéchiffrable.

— Plus tard.

— Mais...

— Plus tard. Clervie revient.

Bien sûr, Lizzie ne pouvait pas l'entendre.

Et Clervie, quelques secondes plus tard, était de retour dans le salon. Un bébé dans les bras. Lizzie sentit son cœur se serrer.

— Il s'appelle Brenn. Comme son père.

Clervie posa un regard empli de tendresse – non, d'amour, d'amour et de tristesse – sur le petit être qu'elle tenait dans ses bras. Puis elle leva les yeux vers Ambroise.

— Pourquoi êtes-vous ici ? Avec elle ?

Lizzie serra les dents. Elle. Se retrouver ainsi exclue de la conversation lui était insupportable – comme si elle n'était rien qu'un fantôme ; qu'elle était belle et bien morte.

— Nous allons retourner en Ardrasie, expliqua Ambroise d'un ton détaché.

— Pour qu'elle soit jugée ?

— Non. Pour qu'elle vive.

— Pour qu'elle vive ? s'enquit Clervie d'un ton qui trahissait une sincère surprise.

Lizzie vit nettement Ambroise tressaillir.

— C'est étonnant, ajouta-t-elle. La dernière fois que vous étiez ici, vous étiez déterminé à voir Lizzie danser au bout d'une corde.

— Je devais jouer mon rôle, rétorqua Ambroise.

Lizzie fut saisie d'un vertige. Elle l'imaginait sans mal prononcer ces mots, en vérité. Dans toute leur cruauté, dans toute leur violence. Ambroise avait-il réellement joué un rôle en les prononçant ? Elle ne pouvait pas en être certaine.

Elle contempla Ambroise, nota la soudaine rigidité de ses traits, la fixité de son regard rivé sur Clervie.

Il y avait eu un moment, un moment terrible et insupportable, où Ambroise l'avait voulue morte. Voilà. Elle le savait, à présent. Un instant où son sens du devoir et sa colère avaient pris le pas sur tout ce qu'il avait de bon en lui.

Et pendant que le monde tournait autour d'elle, elle observa la scène avec détachement. Son esprit s'était dissocié de son corps, et elle n'eut même pas la présence d'esprit de réagir lorsque la main d'Ambroise enserra la sienne.

— Nous devons trouver un navire.

— Non ! Vous ne pouvez pas rester là. Elle est toujours recherchée.

— Je croyais que tu la pensais morte.

— Oui, mais contrairement à moi, Fort-Rijkdom ignore qu'elle est... malade.

Lizzie battit des paupières, comme lorsque l'on se réveille d'un songe.

— Je ne le suis plus. Malade.

Clervie fronça les sourcils.

— Hammond m'a affirmé qu'il n'y avait aucun remède.

— Hammond ? Hammond Trygve ?

— Oui, qui d'autre ?

Cela n'avait pas suffit qu'il aille parler de sa marque à Belvild, il avait fallu qu'il...

— À qui l'a-t-il dit ?

— À moi seule.

— Pourquoi t'aurait-il raconté une chose pareille ?

— Peu importe. Je suis heureuse que tu sois rétablie, mais tu n'es pas la bienvenue ici. Je vais te demander de partir.

— Je suis recherchée par la garde. Clervie, tu...

— Je pourrais te livrer moi-même, énonça-t-elle dans un calme glaçant.

— Tu ne ferais pas une telle chose.

— Crois-tu ? J'en sais assez sur toi pour te faire pendre.

Il y avait quelque chose de dangereux dans son regard.

Une douleur que Lizzie comprenait. Mais la colère que Clervie tenait à son encontre était injuste. Et cela ne faisait qu'attiser sa propre rage. Lizzie croisa les bras.

— Tu accueilles Ambroise à bras ouverts, mais tu me rejettes ?

— Cela n'a rien à voir.

— Cela à tout à voir.

Clervie se leva, le nourrisson pressé contre son sein.

— Ambroise n'a pas tué le père de mon enfant, lui !

— Non, il a fait bien pire !

— Lizzie ! s'exclama Ambroise.

Le bébé se mit à pleurer. Clervie la foudroya du regard pendant qu'elle berçait l'enfant dans ses bras.

Et Lizzie sentit elle aussi des larmes monter dans ses yeux. Sa vision se troubla, et elle fut prise du désir de quitter la pièce. Pourquoi fallait-il toujours qu'on l'accuse elle ? Pourquoi fallait-il qu'elle porte la responsabilité de tout cela ? Elle en avait assez. Elle en avait assez !

Ambroise s'avança.

— Cela ne fait rien. Nous nous débrouillerons, Lizzie et moi.

— Lizzie et vous ?

— Oui. Lizzie et moi. Lizzie ?

Le regard de Clervie s'abattit sur Lizzie avec la violence d'un couperet. Mais elle ne dit rien. Cela ne fut pas nécessaire. Lizzie perçut dans mal le fond de sa pensée : tu mériterais d'être seule.

Lizzie se leva.

— Je... je suis désolée.

Clervie continuait de la dévisager en silence. Tout contre sa poitrine, le bébé – Brenn – cessa enfin de brailler.

— Je suis désolée, répéta-t-elle encore.

Puis elle s'accrocha au bras qu'Ambroise lui tendait, et se dirigea vers le seuil de la pièce.

Son cœur battait à toute rompre. Clervie était une des seules personnes, en vérité, à la connaître telle qu'elle était, et pas tel que le monde la voyait à présent. Elles s'étaient peut-être séparées sur une dispute, mais désormais il ne restait leur même plus l'espoir d'une réconciliation ; rien qu'un champ de ruines. Etait-ce si étonnant ? Ces derniers temps, le peu de gens en qui elle avait confiance s'éloignaient irrémédiablement d'elle. Jan. Et maintenant Clervie.

Elle était véritablement seule, songea-t-elle avec amertume. Plongée dans cette solitude dont Ambroise l'avait serinée – le seul qui fût encore à ses côtés.

Lizzie sentit la main d'Ambroise se crisper sur son bras. Lorsqu'elle revint à la réalité, une silhouette se tenait figée dans le couloir, juste devant elle.

Hammond Trygve.

— Élisabeth, souffla-t-il. Mín gods, que faites-vous ici ?

Il la contemplait de ses yeux écarquillés, les mains crispées sur son manteau à demi enfilé.

— Je... je...

Hammond Trygve. Celui qui avait livré le secret de sa marque à Belvild. Et elle se tut.

Elle avait failli mourir par sa faute. Sa tête était mise à prix par sa faute. Wiccecræft.

— Et vous ? rétorqua-t-elle.

Elle put presque sentir le regard désapprobateur d'Ambroise peser sur elle. Un manque flagrant de répartie, Élisabeth.

— Ce que je fais ici, Élisabeth, ne regarde que moi.

Il y avait une certaine froideur dans sa voix, une froideur que Lizzie n'avait pas l'habitude de percevoir. Surprise, elle faillit reculer. Mais elle en avait assez de reculer. De s'excuser d'exister à chaque instant.

— Comment se porte votre maître ? attaqua-t-elle. Belvild est-il toujours aussi...

— Élisabeth, je puis vous assurer que je n'ai jamais trahi le serment que je vous ai fait.

Lizzie cilla.

Il avait vu juste. Il avait percé sa colère avant même qu'elle ne puisse elle-même la cerner tout à fait.

— Alors comment Belvild savait-il ? Comment savait-il que j'étais...

... liée à Mercyng par un Pacte de cræft. Elle retint les mots qui menaçaient de s'échapper de ses lèvres. Personne. Personne ne devait savoir que le Pacte était brisé. Pas encore. Elle ignorait comment, mais ce secret-ci était son meilleur atout. Tant qu'un seul nom écrit à l'encre de sang pouvait faire s'écrouler une cité entière, elle avait du pouvoir — elle était en sûreté.

— Je l'ignore. Mais si comme je le crois il avait prévu de longue date d'orchestrer votre venue à Fort-Rijkdom, pourquoi n'aurait-il pas eu connaissance de la teneur du lien qui vous unissait à Mercyng ?

— Ce Pacte, rétorqua Ambroise, était l'un des secrets les mieux gardés du Palais. Lizzie était l'un des secrets les mieux gardés. Même s'il est vrai que les dernières années ont été plus... difficiles. Par bien des aspects.

Lizzie se mordit la lèvre. Elle savait qu'il ne parlait pas uniquement des tentatives d'assassinat, des questions, des espions qui s'étaient glissés à la Cour. Elle s'était montrée plus insolente que jamais. Comme une vaine tentative de retarder l'échéance. Elle supposait que déjà, elle avait tenté, sans le réaliser, de se rebeller contre le sort qui l'attendait.

— Un des secrets les mieux gardés, en effet, railla Clervie. Je suppose que cela explique pourquoi elle a failli se faire tuer au beau milieu du dortoir il y a quelques années.

Lizzie frémit.

— Tu t'en souviens ?

— Toute la Pension s'en souvient. Tu le saurais si tu avais passé plus de temps là-bas, et moins les dieux savent où, à apprendre à tuer des gens !

— Il ne nous a jamais été donné de penser que quiconque supposait l'existence du Pacte de cræft, fit Ambroise. Il a été effectué suffisamment tôt pour ne pas éveiller les soupçons.

— Eh bien, rétorqua Clervie, plutôt que d'accuser à tort Hammond, vous devriez peut-être vous demander qui a été en mesure de livrer cette information à Carlton Belvild.

Hammond Trygve caressa doucement la main de Clervie. Lizzie s'arrêta un instant sur ce geste, si étrange. Si douloureux sans qu'elle ne sache pourquoi.

Lizzie se massa les tempes, sentant une migraine poindre.

Qui avait bien pu divulguer le secret de son Pacte ? Elle n'en avait pas la moindre idée.

— Puis-je maintenant, Élisabeth, vous demander ce que vous faites ici ?

Elle faillit lui rendre la monnaie de sa pièce. Ce que je fais ici, Hammond, ne regarde que moi. Mais elle n'en eut guère le temps. Clervie, déjà, répondait d'un ton glacial :

— Lizzie et Ambroise espéraient trouver refuge ici. Le temps de regagner l'Adrasie.

— Je vois. Et que leur avez-vous répondu ?

— Que cela était hors de question.

— Mais...

— C'est une meurtrière.

— Certes, mais je crois que nous avons... des choses à nous dire.

— Des choses à nous dire ?

— Eh bien, vous pourriez peut-être commencer par nous expliquer... par quel miracle vous vous trouvez ici.

Lizzie le regarda droit dans les yeux.

— Mercyng m'ordonnait de tuer Jan et je ne pouvais m'y résoudre. Jusqu'à récemment.

Hammond eut un rire.

— Je ne vois pas ce que cela a d'hilarant, rétorqua Lizzie.

— Vous seriez incapable de faire une chose pareille.

— Croyez-vous ? Je l'ai tué.

— Vous n'êtes guère convaincante.

Sans détacher ses yeux de Lizzie, Hammond Trygve s'adressa à Clervie.

— Ne pensez-vous pas, ma chère, que nous pourrions les accueillir au moins un jour ou deux ?

Ce nous qui bouleversa Lizzie. Elle les revit tout à coup. Hammond et Clervie, deux silhouettes se découpant devant les flammes du Burgsæl. Et elle les entendit, aussi nettement que le jour où ils avaient été poussés : face au brasier, les cris de détresse de celle qui avait été son amie.

Lorsqu'elle jeta un regard à Ambroise, il secoua doucement la tête à son attention, comme s'il avait lu dans ses pensées. Ce n'est pas ta faute.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro