Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 15 - Perdre la bataille

Deux jours.

Voilà deux jours qu'elle s'était réveillée. Depuis, Lizzie avait passé le plus clair de son temps allongée. Elle était fatiguée, plus qu'elle ne l'avait jamais été. Parfois, elle se demandait comment elle avait pu tenir toutes ces années. Les journées se succédant, toujours plus exigeantes. Oh, il lui était arrivée de s'effondrer. Un mot, un regard d'Ambroise était tout ce qu'il lui fallait pour retrouver le courage qui lui faisait défaut.

Mais maintenant ? Elle n'était pas certaine de trouver la force de se relever.

Pourtant, elle savait qu'elle le devait. La perspective de sa vengeance la rassérénait. Mais Fort-Rijkdom était si loin, et son royaume plus encore.

Lizzie observa les branches qui s'entremêlaient au-dessus de sa tête. Par l'ouverture percée en haut de la hutte, elle observait un rond de ciel violet. Le soleil devait être sur le point de se coucher, car l'intérieur de l'habitation était nimbé d'or.

Lizzie resserra les pans de son manteau. Ferma les yeux.

Quoi qu'en dise Ambroise – et ses reproches étaient nombreux ces jours-ci malgré sa promesse d'attendre qu'elle soit rétablie –, ce n'était pas un manque de volonté de sa part. Simplement l'épuisement pur et simple qui lui dérobait toute force. Ses rares conversations l'éreintaient, ses propres larmes l'exténuaient. Ses ridicules tentatives pour faire jaillir son cræft la laissaient tremblante. Et son corps réclamait à grands cris la krafjane qu'il ingérait quotidiennement depuis des mois.

Ce fut frappée par une idée soudaine que Lizzie se redressa. Elle fouilla avec fébrilité les plis du vêtement jusqu'à sentir la bourse dissimulée dans une de ses poches, qu'elle récupéra laborieusement. Elle batailla avec les cordons jusqu'à ce qu'ils dévoilent la précieuse poudre.

Lizzie glissa une pincée de krafjane sur sa langue. Son goût doux-amer la fit frémir, en même temps qu'elle sentait – si infime qu'elle n'était pas certaine de sa véracité – ce qui lui restait de cræft réagir à la substance. Un tiraillement, un murmure. Un écho de la sensation puissante et furieuse qu'elle ressentait autrefois.

Un écho tout de même.

Un pâle sourire se dessina sur ses lèvres, le premier depuis longtemps.

— Que fais-tu ?

Lizzie sursauta. Ambroise se tenait là, dans l'entrée, les sourcils froncés, un air étrange sur ses traits. Elle l'aurait entendu arriver, si seulement elle avait encore eu son cræft.

Pour toute réponse, Lizzie lui renvoya un regard surpris.

— Tu n'as plus besoin de krafjane, ajouta-t-il en s'agenouillant devant elle.

— Si.

— Non. La déesse a pris ta douleur.

— Mais...

Les mots moururent sur ses lèvres. Ambroise venait de tendre la main vers elle.

— Donne-la-moi.

Lizzie resserra ses doigts sur la bourse. Elle secoua la tête.

Il ne comprenait pas. Elle en avait besoin.

Ambroise se pencha vers elle et lui arracha le remède. Elle était si faible qu'elle ne parvint même pas à résister.

— Rendez-la-moi !

Elle détesta le sanglot qui perçait dans sa voix, mais elle ne put le réprimer. Si Ambroise l'entendit, il n'en montra rien.

— Non. Ton corps s'y est habitué.

— S'il vous plaît. Je fais attention. Je ferai tout ce que vous voudrez !

— Je t'ai déjà mise en garde à Fort-Rijkdom, Lizzie. Et, par tous les dieux, je t'ai appris tout ce qu'il y a à savoir sur les poisons à Caelian. Tu sais très bien ce que tu fais. Tu sais très bien le mal que tu te fais.

Elle savait.

Et elle savait qu'il avait raison.

Mais la voix qui lui soufflait d'ingérer de la krafjane était plus forte qu'elle. Elle en avait besoin.

Elle faillit le nier. Mais ce n'était pas une question, et cela n'aurait servi à rien. Cela aurait été contre ses intérêts. Ambroise n'était pas cruel au point de se débarrasser du remède tant qu'elle en avait besoin.

— Je ne veux que ton bien.

— Je croyais que plus personne ne prendrait de décision à ma place.

Ambroise se redressa, la dévisageant en silence ; il glissa la bourse dans son manteau, tout contre son cœur. Et celui de Lizzie se serra. La krafjane était hors de sa portée. Elle se sentit trembler.

— Il faudrait pour cela que vous consentiez à agir de façon responsable.

Elle ne sut pas ce qui lui fit le plus mal. La froide distance qu'il venait d'instaurer entre eux en la vouvoyant. Ou le fait qu'il lui parlait comme à une enfant. Comme s'ils étaient encore à Caelian. Comme si rien de tout cela n'avait eu lieu.

Lizzie serra les poings en s'affalant sur son lit de fortune.

Mais elle ne répondit pas. Elle aurait répondu, au Palais. Elle aurait trouvé une réplique à asséner. Ambroise l'aurait certainement réprimandée en retour, mais le jeu en aurait valu la chandelle. Ici et maintenant, elle n'était plus la même. Et Ambroise non plus.

Elle s'enfouit sous sa couverture, réprimant un frisson. Ce froid qui l'étreignait jour après jour... Peut-être était-ce là la vengeance de Mercyng.

Ambroise finit par se racler la gorge.

— Je t'ai apporté à manger. Tu dois reprendre des forces.

Il la tutoyait à nouveau. Cela signifiait-il qu'il n'était plus en colère contre elle ? Elle n'aurait su le dire. Lizzie, elle bouillonnait de rage, mais elle risqua un coup d'œil vers lui. Elle avisa l'écuelle qu'il avait posée en entrant. Cela non plus, elle ne l'avait pas entendu.

— Je n'ai pas faim, rétorqua-t-elle.

— Ce n'est pas ainsi que tu parviendras à rentrer chez nous.

Elle haussa les épaules. La perspective de rentrer au royaume la terrifiait plus qu'elle ne souhaitait l'admettre. Et puis, il y avait l'amertume qui étreignait son cœur – le goût de l'inachevé qui pesait sur elle. Mais il avait raison – encore et sans le savoir. Ce qu'il lui restait à faire au Pays d'en Haut, elle ne pourrait l'accomplir dans l'état où elle se trouvait. Et même sans cræft, elle pouvait...

Elle ferma un instant les yeux. Ses pensées ne cessaient de voltiger du passé à l'avenir. S'enroulant autour de la coupure nette, profonde, qui avait été taillée dans son âme deux jours plus tôt. Elle était perdue dans cet espace sombre et flou qui contenait ce qu'elle avait été, et ce qu'elle était.

Devant le regard insistant d'Ambroise, elle poussa un soupir de reddition et il s'accroupit à nouveau pour approcher le bol de ses lèvres. Gorgée après gorgée, elle but la soupe qu'il lui présentait. Et à chaque fois que le liquide touchait ses lèvres, elle songeait à Caelian. Des souvenirs par vagues. Ambroise l'avait vue à son plus bas. Blessée, épuisée. Il avait pansé un nombre incalculable de ses plaies, l'avait soutenue à chaque fois qu'elle menaçait de s'effondrer. Mais l'avait-il déjà aperçue ainsi, si physiquement diminuée, si mentalement affaiblie ? Elle n'en était pas certaine. Et elle pria pour que cette pensée ne traverse jamais l'esprit de son mentor.

— Merci, dit-elle lorsqu'il reposa l'écuelle.

Elle se demanda s'il voyait danser dans ses yeux le flot vertigineux des réminiscences. Il acquiesça imperceptiblement.

— Avez-vous des nouvelles de Jan ? demanda-t-elle comme à chaque fois qu'Ambroise venait à son chevet.

Il secoua la tête.

Et comme à chaque fois, le cœur de Lizzie paraissait s'éroder dans sa poitrine. L'absence de Jan la rongeait avec l'implacabilité d'un poison. Elle ignorait ce qu'elle préférait. Qu'il revînt sain et sauf – rappel constant de ce qu'elle avait sacrifié. Ou qu'elle ne le revît jamais plus – le souvenir de leur dernière entrevue gangrénant à jamais son esprit.

— Lizzie.

Elle s'efforça de croiser les yeux d'Ambroise. Il arborait à présent son regard des jours d'été – lorsqu'il laissait tomber son masque de sévérité et de reproches, lors de ces trop rares heures qui s'étiraient sous le soleil ardrasien, heureuses, insouciantes.

— Tu vas vivre, désormais. Tu as fait le bon choix. D'accord ?

Il tendit la main vers elle pour replacer derrière son oreille une mèche qui s'était échappée de sa coiffure échevelée. Un geste simple et doux, un geste qui noua le ventre de Lizzie avec tant de force qu'elle en vacilla. Tout à coup hébétée, elle parvint tout juste à opiner, le souffle court. Elle se noya dans les prunelles céruléennes d'Ambroise. Elle était bien, ainsi, dans la froideur bleue de ses iris. Et dans le même élan, elle fut prise du désir irrépressible de s'enfuir en courant.

Ambroise se redressa. Si brutalement que Lizzie sursauta.

— Lève-toi.

Il écarta d'un geste brusque la fourrure qui la recouvrait, agrippant son poignet pour la forcer à se mettre debout. La tête de Lizzie lui tourna, et elle s'effondra à moitié sur lui. Avant qu'elle n'ait pu songer à protester, il la traînait déjà hors de la masure. Son cœur battait avec fracas dans sa poitrine, maintenant. La main d'Ambroise serrait la sienne à lui en faire mal.

— Par tous les dieux, que fichez-vous ? hurla-t-elle. Ambroise !

Il plaqua sa paume contre ses lèvres pour étouffer son cri. Lizzie se débattit dans ses bras, mais, inébranlable, il l'entraîna vers l'orée de la forêt qui bordait le village. Lizzie trébucha ; ses jambes peinaient à la porter, et elle ne comprenait plus rien. Ambroise se résolut à la soulever du sol, la chargeant sur son épaule comme si elle n'avait rien pesé.

— Ambroise ! s'écria-t-elle encore en martelant son dos de ses poings.

— Tais-toi, idiote !

Ils avaient atteint les premiers troncs d'arbres. Ambroise avançait dans la dense végétation, sans se soucier des ronces qui s'agrippaient à ses jupons et à ses cheveux, et qui lacéraient ses jambes et ses bras.

— Allez-vous m'expliquer ce que...

Lizzie heurta enfin le sol, et Ambroise l'y plaqua brutalement.

— Pas un bruit, chuchota-t-il. Ils sont là.

Lizzie écarquilla les yeux.

Lorsque elle risqua un regard à travers les fourrées, se fut pour observer, saisie d'horreur, une nuée de silhouettes bleues qui se déversait dans le village. Lizzie connaissait cette couleur. Elle l'avait vue, jour après jour, drapant les épaules d'Ambroise. Ornant les rubans de ses propres robes de la Pension.

Un flot de soldats ardrasiens.

Des Ardrasiens qui pointaient leurs canons sur les Útlends, sortis de leur maisons.

La teinte des uniformes, vibrante dans l'immensité verdoyante du Pays d'en Haut, s'accrocha à sa rétine. Les pistolets et les lames étincelaient sous le soleil couchant. Son estomac se révulsa sous la panique qui la frappa de plein fouet, et elle dut lutter quelques secondes contre son propre corps pour ne pas rendre ce qu'elle venait d'ingérer.

Des ordres étaient aboyés, mais Lizzie était trop loin pour en comprendre le sens. Machinalement, elle se concentra pour faire affluer le cræft dans ses tympans. Mais rien ne vint. Bien sûr que rien ne vint.

Lizzie tourna légèrement la tête vers Ambroise, figé. Il fixait le village. Il écoutait.

Lizzie prit une profonde inspiration et déglutit. Les mots refusèrent de s'échapper de ses lèvres. Ils étaient trop réels ; ils rendaient son malheur tangible, tout à coup.

Elle avala encore une fois sa salive, tentant de disperser la boule qui nouait sa gorge. À côté d'elle, les traits d'Ambroise étaient de plus en plus tendus.

— Que disent-ils ? parvint-elle enfin à murmurer.

— Élisabeth, vous...

Son ton – ce ton dont il usait toujours pour la réprimander – s'adoucit tout à coup.

— Pardonne-moi, fit-il.

Il y eut des protestations et des cris qui la glacèrent. Mais un mouvement de mousquet réduisit tout le monde au silence. Elle vit frère Alaric s'avancer, les mains bien en évidence, en signe de paix. Il parlait, mais Lizzie ne parvenait pas à comprendre.

Ambroise pivota vers elle.

— Les hommes en âge de se battre seront enrôlés dans l'armée.

Lizzie cilla.

— L'armée ? Quelle armée ?

— Celle de l'Ardrasie. Visiblement, les autres nations nous ont déclaré la guerre.

L'estomac de Lizzie se noua. Avait-elle rêvé l'inquiétude qui frémissait dans la voix d'Ambroise ?

La guerre.

Celle qu'elle avait provoqué. Elle dévisagea Ambroise. Non. La guerre qu'ils avaient provoqué tous les deux.

— La guerre, répéta-t-elle.

Elle ne pouvait empêcher un vertige certain de la saisir. La guerre. Son royaume était en guerre. Son esprit peinait à s'accrocher à cette pensée, à lui donner corps. Elle était perdue dans l'immensité du Pays d'en Haut, et de l'autre côté du monde, son royaume était en guerre.

— Mais nous ne sommes si loin de Fort-Rijkdom... Comment...

— Les Bas-Royaumes ne se battront pas à Fort-Rijkdom même. Pas de cette façon-là, en tout cas. Mais le Pays d'en Haut est vaste, et l'Ardrasie doit maintenir son contrôle sur un certain nombre de terres. Fort-Rijkdom seule ne lui servira à rien.

— Et pendant que l'Ardrasie sera occupée à défendre ces terres, Fort-Rijkdom sera plus vulnérable.

Ambroise acquiesça.

Lizzie reporta son attention sur le village. Frère Alaric se tenait toujours entre les deux groupes. Une frêle silhouette qui paraissait, à la force de sa seule parole, empêcher le monde de s'effondrer.

— Il essaie de négocier, expliqua Ambroise en suivant son regard. Je doute qu'il y parvienne.

— Au nom de quoi enrôlent-ils les Útlends ?

— Pour ce que j'en sais, au nom des accords passés entre l'Ardrasie et les Útlends.

— Ce sont des accords commerciaux. Comment...

— Non, pas uniquement.

— Mais ce n'est pas le combat des Útlends, ils...

— Que crois-tu, Lizzie ? C'est la guerre. C'est ainsi.

Lizzie serra les poings.

Bien sûr. C'était la guerre ; dans toute sa laideur.

L'Ardrasie préférait sacrifier des Útlends.

— Je croyais que l'Ardrasie ne réduisait pas les Útlends en esclavage.

— Elle a trouvé d'autres moyens.

Les Ardrasiens avançaient et enchaînaient un à un les hommes, sans un regard pour les femmes qui hurlaient et les enfants qui pleuraient.

— Quoi qu'il en soit, poursuivit Ambroise, nous n'avons plus le choix. Nous devons partir, et vite. Ces hommes vont s'installer ici pour la nuit.

— Non.

— Ils pourraient te reconnaître. Nous ne pouvons pas...

— Non ! Nous devons faire quelque chose pour les Útlends.

— Et quoi, exactement ?

— Je ne sais pas, mais il le faut ! Nous sommes responsables de cette situation !

Ambroise se redressa légèrement.

— Je ne suis responsable de rien.

Lizzie suffoqua.

J'ai causé tout cela parce que vous me l'avez demandé !

— Notre royaume nous l'a demandé.

— Oh, est-ce ainsi que vous soulagez votre conscience ?

— Nous n'avons fait qu'obéir aux ordres.

— Hé bien, nous n'aurions pas dû !

Elle avait crié, et Ambroise plaqua une main sur son visage pour la faire taire, la renversant dans le mouvement sur le sol dur et glacé. Il était penché sur elle, à présent, et la fixait avec fureur.

— Je vous conseille, Élisabeth, de faire attention à vos prochaines paroles.

— Sinon quoi ?

Il haussa les épaules, dans un geste qui n'avait pourtant rien de désinvolte.

Mais il la libéra. Et Lizzie n'en avait pas fini avec lui.

— Regrettez-vous, Ambroise ? D'avoir condamné tous ces gens ?

— Ce qui est fait est fait.

— Regrettez-vous ? Répondez !

Il riva ses yeux sur les siens.

Il ne répondit pas. Lorsqu'il détourna le regard, le cœur de Lizzie battait si fort qu'il en était douloureux. Elle songeait aux paroles qu'Ambroise lui avait prodiguées. Ces paroles rassurantes, douces, si incongrues. Elle devait cesser de voir la lumière en lui, et ne pas oublier de discerner ses ténèbres. Si Ambroise regrettait, il ne le lui avouerait jamais. S'il regrettait.

Lizzie tremblait de froid et de colère, à présent. Des larmes dévalaient sans discontinuer ses joues.

Ils attendirent en silence. Le soleil descendit dans le ciel, lentement, et le crépuscule glaciale chassa la chaleur. Et lorsque les troupes furent installées, gardant sous leur surveillance et sous les pointes de leurs lames les Útlends prisonniers, lorsque le silence de la nuit entrecoupé de sanglots tomba sur le village, Ambroise reprit la parole.

— Partons.

— Ils m'ont sauvée, hoqueta-t-elle. Je ne peux pas, is m'ont sauvée...

— Je sais. Je suis désolé.

Il y eut un silence.

— Nous devons les aider. J'ai une dette envers eux, je ne...

— Nous ne sommes que deux, Lizzie.

— Trois, en comptant frère Alaric.

— Frère Alaric n'aidera pas. Il a très bien compris où était son devoir.

Lizzie se raidit, se tourna vers lui pour répliquer. Mais Ambroise lui vola la parole.

— Et puis, que proposes-tu ? Quoi que nous fassions, les Útlends seront tenus pour responsables, et cela ne leur apportera que plus de malheur. Et, pour l'amour des dieux, tu es recherchée ! Crois-moi, le plus sage à faire est de partir.

Elle savait qu'il avait raison. Elle le savait.

Elle haïssait l'idée de s'enfuir ainsi. Mais ils n'avaient pas le choix.

— Et si Jan revient ?

— Je doute que Van Stoker revienne. Il aura été capturé, ou il aura échappé à la rafle et se sera réfugié quelque part. Dans tous les cas, il se tiendra loin de toi.

Les mots brûlèrent son âme avec la force d'une flamme incandescente. Elle espérait que Jan était en sécurité. Elle espérait qu'il se trouvait loin, caché dans la nature sauvage du Pays d'en Haut. Elle avait vu la cruauté des hommes à Fort-Rijkdom, et elle en était témoin à cet instant précis. Jan n'était qu'à moitié Útlend, mais cela serait suffisant, elle le savait, pour qu'il partage le même sort.

— Viens.

— Maintenant ?

— Maintenant.

Ambroise désigna, dans la pénombre, les silhouettes qui s'avançaient entre les arbres pour monter la garde. Pour vérifier que personne ne s'échapperait.

Ambroise l'aida à se relever. Ils avaient pour eux le couvert de la nuit. C'était tout.

Lizzie tira sa dague de sous ses jupons, Ambroise, lui, attrapa la crosse de son pistolet.

Ils s'enfoncèrent dans les fourrés comme deux ombres, leurs pas silencieux. Seule Lizzie dérangeait par instant quelques feuilles mortes et faisait craquer par intermittence des brindilles. Mais elle s'appliquait du mieux qu'elle le pouvait.

Ils laissèrent derrière eux les Útlends.

Le cœur de Lizzie saignait pour le chaos qu'elle laissait derrière elle, pour la dévastation et les larmes qu'elle causait. Elle ferma les yeux pour réfréner, en vain, les perles salées qui roulaient sur ses joues ; elle avait depuis longtemps perdu la bataille.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro