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Chapitre 7 - Útlend

« Quelle ne fut pas notre surprise d'avoir non seulement foulé une terre nouvelle, mais de découvrir qu'elle était peuplée d'être dont nous ignorions tout ! Ils sont différents de nous, et forment un réseau complexe de tribus, certaines alliées, certaines ennemies. Ils ne croient pas en nos dieux, et leur existence est, de fait, un mystère. Leurs coutumes sont tout à fait étranges et ils ne maitrisent ni le cræft ni les technologies dont nous usons tous les jours. Nous les avons nommés Útlends, les étrangers. »

Svan Dýr, explorateur, Récit de la découverte du Pays d'en Haut



La soirée s'étirait dans la salle à manger, et la lueur bleutée des lampes à cræft faiblissait peu à peu.

Fiona et Lizzie avait passé la journée à Fort-Rijkdom, chez un tailleur, dans un tourbillon d'étoffes plus somptueuses les unes que les autres. Elle avait essayé de se montrer mesurée, mais c'était sans compter l'enthousiasme débordant de la domestique qui l'avait encouragée à dépenser des sommes faramineuses, en affirmant que cela ne dérangerait pas son époux. Elle le connaissait depuis suffisamment longtemps pour que Lizzie puisse la croire sur parole. Et puis, vu le regard critique qu'il avait jeté à sa tenue le matin même, Lizzie s'était pliée à cette injonction. Et puis, quoi qu'il en soit, elle avait besoin des robes les plus élégantes qu'elle pourrait obtenir. Cela faisait partie du rôle qu'elle devait jouer. Après tout, Jan était riche, et elle-même avait été dotée à hauteur de trois mille livres.

Lorsqu'elles étaient rentrées, Lizzie s'était enfermée dans la chambre — il y avait quelque chose de rassurant dans cet espace qui, pour l'heure, lui appartenait entièrement. Fiona, elle, avait fait des allers-retours entre la cuisine et la porte d'entrée, où étaient livrés en un flot incessant des cadeaux de mariage généreusement offerts par les connaissances des van Stoker. Lizzie en avait eu le vertige.

À présent, Lizzie sentait ses yeux se fermer, son estomac empli des mets savoureux que la domestique avait passé la soirée à préparer. Elle se forçait à finir sa part de tarte. Jamais, dans toute sa vie d'orpheline, elle n'avait vu tant d'abondance à une table, hormis lors des fastueux banquets tenus par le Roi auxquels elle s'était rendue en compagnie d'Ambroise. Elle supposait que Jan et Fiona essayaient de faire bonne impression, tout comme elle.

Le jeune homme se tenait à l'autre bout de la longue table. Il était rentré en fin de soirée. Juste à temps pour le dîner, s'était exclamée Fiona. Ils s'étaient échangées de timides salutations, et n'avaient plus parlé. La domestique s'était éclipsée, les laissant seuls dans la salle à manger.

Jan se racla la gorge.

— Je me suis renseigné, fit-il.

Lizzie se redressa, tout à coup parfaitement réveillée. Son cœur venait de rater un battement.

— Drew Ferian organisera un bal la semaine prochaine. Cela pourrait être l'occasion pour vous de côtoyer la société de Fort-Rijkdom, et de rencontrer une connaissance de votre frère.

Drew Ferian. L'homme qu'elle devait tuer. Elle sentit le soulagement l'envahir.

— Ce serait un plaisir.

— Parlez-moi de lui, voulez-vous ? De votre frère.

Lizzie faillit avaler de travers la bouchée qu'elle mastiquait. Elle but un peu d'eau pour faire passer la pâte feuilletée qui asséchait sa gorge. Que pouvait-elle dire ? Elle était certaine qu'Ambroise lui avait fait des recommandations à ce sujet, mais elle avait probablement dû écouter d'une oreille distraite ce jour-là. Elle prit encore une gorgée, le temps de reprendre contenance.

— Il se nomme Ambroise, et il est de dix ans mon aîné. Il a grandi comme moi à la Pension Royale, puis il s'est enrôlé en tant que garde du corps dans la maison militaire du Roi. Nous ne nous voyions pas souvent. Chaque corps de garde ne sert que quelques mois par an au Palais.

Elle avait parlé trop vite, les mots se bousculant sur ses lèvres comme pour ne pas que d'éventuelles hésitations de les trahissent. En vérité, Ambroise avait obtenu une dérogation pour veiller à son éducation, et vivait constamment dans les locaux alloués aux gardes. Mais cela, elle ne pouvait l'avouer. Au fil des années, il était monté en grade en récompense de ses services ; lentement, sans éveiller les soupçons, selon un programme établi.

Elle se tut, incapable d'en dire davantage. Que pouvait-elle décrire d'autre ? Il est maître dans l'art de tuer. Il m'a appris tout ce qu'il savait. Il avait obtenu une généreuse promotion une fois le contrat de mariage signé ; il secondait désormais l'officier des gardes du corps — qui se faisait âgé. Nul doute qu'il gravirait rapidement de nouveaux échelons, y compris ceux qui lui seraient d'ordinaire refusés par son rang. Et ce d'autant plus facilement une fois la mission de Lizzie couronnée de succès.

— Je vois. Êtes-vous proches ?

— Il n'a jamais été très démonstratif, mais je crois que nous le sommes.

C'était vrai, en un sens. Elle avait passé plus de temps avec Ambroise qu'avec n'importe qui d'autre, et, sous ses airs sévères et son intransigeance, elle savait qu'il l'appréciait autant qu'elle l'appréciait.

— Et vous ? Avez-vous des frères ou sœurs ?

— Non, malheureusement. J'espère, fit-il d'une voix aimable, que votre frère nous rendra un jour visite.

Le cœur de Lizzie se serra. Elle aurait donné n'importe quoi pour avoir Ambroise à ses côtés. Mais elle était seule. Elle le serait jusqu'à ce qu'elle disparaisse de la vie de Jan. Elle esquissa un sourire.

— J'en serais ravie, monsieur.

Il grimaça, et elle s'admonesta mentalement. Elle avait une piètre façon de gagner la confiance de cet homme qui était devenu son époux. Ambroise serait atterré devant ses maladresses.

— Je vous en prie. Mes proches m'appellent Halian.

Il y eut un silence, et Jan s'empara nerveusement de son verre de vin.

— Jan n'est qu'un diminutif, que beaucoup préfèrent utiliser. Il sonne davantage wallend, voyez-vous. Halian est le nom qui a été choisi par feue ma mère.

— Il est très beau.

L'homme eut un sourire, mais il avait détourné les yeux.

— Mais il est útlend.

Lizzie le regarda, surprise. Malgré elle, ses yeux se posèrent sur la main de Jan, refermée sur le cristal de son verre. Sur sa peau plus foncée. C'était donc cela. Elle se morigéna intérieurement, et retourna à la contemplation de son assiette.

— Oh, souffla-t-il. Vous l'ignoriez donc.

Elle hocha la tête. Les unions entre natifs du Pays d'en Haut et colons des Bas-Royaumes étaient si rares qu'elle n'y avait pas songé. Et Ambroise, réalisa-t-elle avec amertume, n'avait pas jugé bon de la mettre au courant.

Elle s'admonesta encore.

Après tout, cela ne faisait pas la moindre différence. Cela n'avait pas d'importance.

— Vous avez du sang útlend ? Par votre mère ?

— Oui. Elle a grandi plus au nord. Mon père était un coureur de bois, dans sa jeunesse. Il a vécu quelques mois dans son village, pour les affaires, et puis... les choses ont mal tournées. Ma mère s'est enfuie avec lui. Elle était enceinte.

Nouveau silence. Lizzie n'osa pas en demander davantage, même si elle ignorait tout des Útlends, et n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait être un coureur de bois.

— Si cela vous pose problème, ajouta Jan, nous pouvons...

Il eut un geste vague de la main, et Lizzie, horrifiée, comprit qu'il se méprenait sur son silence. Qu'allait-il proposer ? D'annuler leur mariage ?

— Non ! Non, je ne... Cela ne me pose pas problème. Pas du tout. J'ai été surprise, pardonnez-moi. Je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise.

— Mes parents se sont aimés, et mon père n'a jamais eu honte de moi. Je tenais à mettre ce point au clair avec vous, avant que... eh bien, avant que vous n'entendiez des balivernes de la bouche de gens plus soucieux de ragots que de vérités.

— Je comprends. Mais soyez certain que je n'aurai pas porté crédit à de quelconques rumeurs vous concernant.

Elle crut voir une étincelle de reconnaissance dans ses yeux.

En prononçant ces mots, elle fut étonnée de constater à quel point ils étaient sincères. Elle avait beau jouer un rôle lorsqu'elle se trouvait en sa compagnie, la dernière chose qu'elle souhaitait, c'était que Jan soit mis dans l'embarras à cause d'elle et de ses maladresses. Il souffrirait bien assez, son honneur taché de honte, lorsqu'elle s'enfuirait d'ici une fois sa tâche accomplie.

— Vous devez savoir ce qui vous attend. Nos concitoyens ne seront peut-être pas tendres avec vous. Je suis à peu près certain que notre mariage fait déjà jaser.

— Les filles du Roi n'ont pas toujours bonne réputation.

L'on disait certaines folles, malades, de mauvaise vie. Des femmes issues de la lie du peuple, dont la couronne souhaitait se débarrasser en les envoyant au loin.

— Les enfants issus de métissages non plus. On vous affirmera que j'ai choisi de vous épouser car nul homme censé de Fort-Rijkdom ne m'aurait accordé la main de sa fille, ou que je ne suis intéressé que par votre dot.

Lizzie fut décontenancée de sa franchise. Mais elle saisit l'opportunité qui s'ouvrait à elle de le cerner davantage. Après tout, Jan l'épousait, elle, une roturière ardrasienne, sans paraître pressé de consommer leur union.

— Et en vérité ?

— Je vous laisse vous forger votre propre opinion sur ma personne.

Ils ne parlèrent plus.

Lorsqu'ils eurent fini, ils s'échappèrent dans le couloir mangé d'ombres.

— Bonne nuit, Lizzie.

Elle rougit au souvenir de la veille.

— Si vous préférez que je dorme dans le bureau à votre place... commença-t-elle. Cela ne me dérange pas. Je ne voudrais pas...

— Ce ne serait certainement pas une manière convenable de traiter une jeune femme.

Il la guida jusqu'à l'escalier. Lizzie sentit son cœur s'affoler, mais il demeura en bas des marches, et elle monta les degrés, aussi silencieuse qu'une ombre.

Elle s'arrêta sur le pallier, et se retourna. Elle le surplombait ainsi, et elle esquissa une brève révérence.

— Bonne nuit. Jan.

Le surnom brûla ses lèvres, mais elle ne se sentait pas assez légitime pour utiliser son prénom útlend. Il se fendit d'un sourire et d'une brève inclinaison du buste, mais elle crut voir un bref éclair traverser son regard — à cette distance, elle ne pouvait en être certaine.

Lizzie referma la porte, et s'appuya contre la cloison. Là, elle s'autorisa un bref souffle. Un jour de plus ; elle avait survécu un jour de plus, et Drew Ferian était désormais à sa portée.

Son regard tomba sur le coffre qui recelait toutes ses affaires.

Elle l'ouvrit d'un geste brusque, fouillant jusqu'à ce que ses doigts rencontrent l'ouverture du double-fond. Elle extirpa l'enveloppe, frappée du sceau royal — une rose surmontée d'une couronne. Elle en sortit la lettre. Ses yeux ne purent se résoudre à parcourir les mots écrits par Ambroise, mais accrochèrent l'encre rouge. Drew Ferian. Elle contempla les déliés que formait son nom. Elle tenait là, dans ses mains, la vie d'un homme, le patronyme revêtant déjà, comme un présage funeste, la couleur du sang.

Je suis fier de la femme que vous êtes devenue. Ses yeux ripèrent sur la phrase. Une femme. Elle aurait voulu avoir grandi moins vite. Elle aurait voulu retrouver l'innocence de ses premières années à la Pension, mieux, retrouver la douceur de son enfance, avant la Peste qui avait frappé le royaume. Non. Elle aurait voulu retrouver les après-midis passés avec Ambroise dans les forêts qui entouraient Caelian, le théâtre désaffecté où ils s'entraînaient. Elle aurait donné cher pour un seul de ses sourires.

Il lui manquait. Terriblement. Et il avait fallu qu'elle vienne tout gâcher, en embrassant sa main comme elle l'avait fait avant de partir pour le Pays d'en Haut — un geste trop intime qui avait creusé, elle en était certaine, une distance irrémédiable entre eux. Elle doutait qu'il répondît jamais à sa lettre.

Et pour conjurer les larmes et la honte qui montaient dans ses yeux, elle glissa le cachet à sa place. Ce faisant, son regard tomba sur l'alliance à son doigt, et une vague de panique monta en elle. La réalité de ce qu'elle allait faire, de ce qu'elle était en train de faire, la heurtait de plein fouet. Elle ne parvenait plus à respirer. Elle n'était pas prête. Elle ne...

— Ça suffit, souffla-t-elle pour elle-même. Ça suffit.

Elle referma le coffre et se glissa dans le lit, éteignit les lampes d'une seule pensée rageuse. Là, dans le noir, elle se laissa aller. Juste quelques minutes, le temps de reprendre ses esprits, jusqu'à maîtriser à nouveau son corps tremblant et ses émotions.

Elle était seule. Elle ne pouvait compter que sur elle-même pour réussir.

Et c'était ce qu'elle ferait.

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