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Chapitre 29 - La confrontation

Son pistolet, sa dague et le coffre contenant ses poisons avaient été posés sur le secrétaire pendant la nuit.

Jan était entré dans la chambre. Lizzie le savait — elle avait fait semblant de dormir, mais elle avait été incapable de sombrer. Il s'était penché vers elle, et avait remis en place l'édredon qu'elle avait repoussé, sur son corps brûlant de colère. Et il était parti, sans bruit.

Épuisée de larmes et de sanglots, rongée par l'amertume et l'inquiétude, elle s'extirpa de ses draps peu avant l'aube.

Elle se fit couler un bain, mais l'eau chaude ne parvint pas à dissiper les tensions qui nouaient son corps et la brume cotonneuse qui siégeait dans son esprit. Elle devait retrouver sa lucidité. Réfléchir. Comprendre.

Elle plongea la tête sous l'eau. Les yeux fermés, elle se laissa caresser par l'onde.

Aksel Emerson était mort.

Elle ne l'avait pas tué. Fiona et Jan s'en étaient chargés.

Mais Aksel Emerson était l'ami de Jan.

Il n'avait aucune raison de s'en prendre à lui, et pourtant, il l'avait fait.

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Elle émergea de l'eau, effarée.

Lizzie s'habilla dans une succession de gestes précipités. Elle rangea les poisons dans son coffre, y cacha aussi le mousquet, avant de ceindre la dague à sa cuisse. Elle se sentit mieux ainsi, avec le poids rassurant de l'arme contre sa jambe.

Il était encore tôt. D'une poussée de cræft, elle entendit la respiration paisible de Jan dans le bureau. Il dormait. Fiona, elle, était en train de se lever — elle l'entendit descendre les escaliers. Mais ce n'était pas à la femme que Lizzie voulait parler.

La jeune femme fit les cent pas, attendant que Jan daigne se réveiller. Mais le crépuscule était encore là.

Fébrile, elle rouvrit son coffre, et passa le temps en comptant et en inspectant ses fioles de poisons, mais aucune d'entre elles n'avait été ouverte. Il n'y avait pas d'étiquettes qui auraient pu la trahir. Simplement des fioles en verre teinté de différentes couleurs, qu'Ambroise lui avait fait répété, encore, et encore ; c'en était presque devenu une comptine. Rouge pour la belladone. Jaune pour la krafjane. Violet pour la rue...

Rien ne lui avait été volé. C'était donc que le poison se trouvait déjà dans la bouteille. Une bouteille que Fiona s'était procurée. Ou qu'on lui avait donné. À moins qu'il n'y eût d'autres ampoules de poison, quelque part dans la maison. Elle voyait mal comment fouiller tous les recoins de la demeure sans éveiller les soupçons.

Lorsque la porte du bureau s'ouvrit au rez-de-chaussée, Lizzie se leva. Mais elle s'immobilisa, la main sur la poignée, prête à sortir de la chambre, la gorge nouée. Toute sa volonté s'était évaporée, tout à coup.

Comment pouvait-elle agir normalement ? Comment pouvait-elle prétendre que les doutes n'assaillaient pas son esprit ? Elle n'était pas la seule meurtrière dans cette maison, et quelque chose lui échappait.

Elle s'éloigna de la porte, et s'assit sur le lit.

Aksel Emerson était mort.

Pourquoi ?

Il venait du Nærmark, il était le successeur d'Ulrik Redstig.

Jan n'avait émis aucune réserve quant à l'assassinat de son prédécesseur.

Les doutes qui flottaient à la lisière de sa conscience depuis des semaines firent irruption dans son esprit, brutalement.

Jan était Wallend.

Il avait étudié au Nærmark.

Était-il comme elle ? Agissait-il pour le compte de son propre royaume ? S'était-il rapproché d'Emerson pour mieux l'assassiner ? Mais Fiona, se souvint-elle, était nærmarkienne. Aurait-elle trahi sa nation ?

La réaction de Jan lui avait parue sincère — ses accusations, ses tremblements, la panique. Mais la façon dont il avait pris en main la situation était suspecte, et il avait très bien pu jouer un rôle, lui aussi, quand bien même affirmait-il qu'elle était plus douée que lui pour cela.

Les heures passèrent. Fiona et Jan s'étaient levés depuis longtemps, lorsqu'elle entendit les pas du jeune homme monter l'escalier.

Les yeux de Lizzie s'écarquillèrent, son souffle se coupa dans sa poitrine. Était-il venu pour l'assassiner, elle aussi ?

Il y eut quelques coups discrets frappés à la porte, un toussotement.

— Lizzie ?

Le ton n'avait rien de menaçant, mais Lizzie était bien placée pour savoir que le plus innocent des êtres pouvait cacher manier une lame aiguisée. Elle farfouilla dans son coffre, jusqu'à se que sa main se referme sur le mousquet et sur sa poudre. Le contact froid de la crosse sous la pulpe de ses doigts la rasséréna.

— Lizzie ? Êtes-vous là ? Répondez-moi. S'il vous plaît.

Bien sûr que je suis là. Comment aurais-je pu m'enfuir, avec la garde qui veille devant la maison ?

— Oui.

Elle se saisit de la petite bourse de poudre et chargea l'arme pendant que Jan parlait.

— Je... J'espère que vous avez pu vous reposer, malgré le... drame de cette nuit.

— Oui, mentit-elle.

— Bien. Peut-être... peut-être pourriez-vous ouvrir cette porte, afin que nous discutions ?

Lizzie sentit un rire nerveux la traverser, et elle l'étouffa en un toussotement, avant de se figer.

Ce fut vif mais douloureux — le souvenir de sa mère, alors que la Peste frappait. N'ouvre surtout pas la porte à des inconnus, Lizzie chérie. Jan n'était pas pestiféré ; mais il apportait avec lui un mal plus grand encore — la peur.

— Je me doute que vous vous méfiez de moi, à présent. Je me doute que vous avez dû tirer un certain nombre de conclusions. Et si j'en crois votre réaction, vous avez émis les mauvaises hypothèses. Vous n'avez rien à craindre. Je vous ai rendu vos armes. Croyez-vous que je l'aurai fait si je représentais un danger pour vous ?

Lizzie baissa les yeux sur le mousquet. Il avait raison. L'inquiétude qu'elle éprouvait n'avait pas lieu d'être. Elle savait se défendre, et Jan était inoffensif. Il n'avait même pas de cræft. Que pouvait-il faire ? L'attaquer à l'aide du rosier qui poussait dans le jardin ? Elle s'en voulut pour le mépris et la suffisance qui suintaient de sa pensée, mais chassa les remords. Elle prit néanmoins soin de fermer la fenêtre — au cas où. Seule sa survie comptait. Elle prit une profonde inspiration, et avança jusqu'à la porte.

— Soit. Je vous ouvre.

Elle déverrouilla la poignée d'une impulsion de cræft, et recula sans lâcher l'arme qui se trouvait dans ses mains, canon pointé vers Jan.

Il s'immobilisa en entrant, son regard posé sur le mousquet. Il leva les mains — elles étaient vides. Lizzie nota son visage plus pâle que d'ordinaire, les cernes qui s'étendaient sous ses yeux. Il eut un regard vers le couloir, comme pour vérifier que Fiona ne s'y trouvait pas. Doucement, il entreprit de refermer la porte, et Lizzie suivit son mouvement. Elle verrouilla d'un élan sec de cræft la poignée, et Jan déglutit.

— Pouvez-vous poser cette arme ? chuchota-t-il.

— Non.

— S'il vous plait. Je n'ai aucune intention de vous faire du mal.

Il était sincère. Elle le savait. Mais elle n'avait pas dormi de la nuit, elle était fatiguée, elle était en colère. Et rien que pour cela, elle demeura là quelques secondes supplémentaires, le mousquet braqué sur Jan. Puis elle recula sans le quitter des yeux jusqu'au secrétaire, et le posa.

Elle releva le menton, et croisa les bras sur sa poitrine.

— Approchez, exigea Jan.

Ses yeux ne cessaient de passer de ses mains à l'arme qui reposait derrière elle. Lizzie faillit lui rétorquer qu'elle n'avait pas besoin d'une arme pour le tuer, et que le fait qu'elle s'avance serait tout aussi dangereux pour lui. Mais avec un soupir, elle entreprit d'esquisser quelques pas.

— Voilà, dit-elle. Expliquez-moi, maintenant.

— Que voulez-vous que je vous explique ?

— Ce qu'il s'est passé.

Il y eut un silence.

— Je crains ne pas pouvoir vous offrir de réponse.

— Vous venez de dire que vous souhaitiez parler.

— Je ne peux pas vous donner d'explication.

— Parce que vous l'ignorez, ou parce que cela vous est interdit ?

Nouveau silence. Jan eut un geste d'agacement, et Lizzie, malgré elle, recula jusqu'à buter contre le montant du lit. Le jeune homme se racla la gorge.

— J'aimerais d'abord que vous me fassiez part de vos hypothèses.

— Mes hypothèses ?

— Concernant ce qu'il s'est produit hier soir.

Lizzie plissa les yeux. Si elle exposait ses théories, il pourrait les lui emprunter pour mieux se protéger. Elle devait attaquer avant qu'il ne puisse se défendre.

— Vous l'avez tué. Aksel Emerson.

Un vif étonnement parcourut les traits de Jan. Un étonnement sincère.

Lizzie sentit un bref soulagement l'envahir. Bien. Jan n'était pas un meurtrier. Maintenant, elle pouvait abattre sa carte maîtresse — l'hypothèse la plus probable. Elle ne lui laissa pas le temps de s'exprimer.

— Fiona a tué Emerson.

Ce fut à cet instant que Jan se trahit. Ce fut une infime crispation qui agita sa mâchoire. Un éclair dans ses yeux.

— Voyons, c'est grotesque...

— Arrêtez.

— Que j'arrête ?

— De me mentir. J'ignore ce qu'il s'est passé, mais le... l'accident d'hier soir me met en danger. En avez-vous seulement conscience ?

Ce fut à cet instant que la lumière se fit dans l'esprit de Lizzie.

Si brutalement qu'elle en eut le souffle coupé.

Une vague de terreur la heurta de plein fouet.

Grands dieux.

Malcræft !

— Vous disiez que vous aviez des intérêts à notre mariage, commença-t-elle d'une voix tremblante. Vous avez aussi affirmé que vous ne vous entendiez pas avec Aksel Emerson... que vous n'aviez commencer à le fréquenter que récemment. Aux environs de nos fiançailles. Et vous l'avez tué.

Elle peinait à rassembler les bribes éparses qui flottaient à la lisière de son esprit. Pourtant, toutes les preuves étaient là.

Jan secoua la tête.

— Non, Lizzie, j'ignore ce que vous pensez, mais vous faites...

— Vous l'avez tué. Et vous avez sous ce toit une coupable toute désignée pour cet assassinat : une tueuse venue d'Ardrasie, qui a déjà commis d'autres meurtres.

Sa voix se faisait de plus en plus forte. Elle tremblait de tout son corps.

Elle n'avait jamais eu aussi peur, de toute sa vie.

— C'est ce que vous avez dit à la garde, n'est-ce pas ? Que j'étais une meurtrière.

— Pourquoi aurais-je fait une chose pareille ?

— Vous m'avez aidée à tuer Drew Ferian ! Vous avez essayé de me venir en aide pour le meurtre de Redstig.

— Je pourrais vous expliquer, si seulement...

Elle revoyait, à présent, le regard des interrogateurs. Le sourire froid et cruel. Et la présence de la garde, dehors ? Un piège. Elle ne pouvait pas s'enfuir ; et bientôt, ils seraient là, en nombre, pour...

Elle devait partir. Maintenant.

Ambroise l'avait avertie des peines encourues par les criminels à Fort-Rijkdom. Il les lui avait fait apprendre par cœur — pour qu'elle sache à quoi s'attendre, pour qu'elle évite plus que tout de se faire prendre. Pour qu'elle soit prudente.

La garde ne risquait-elle pas de tirer à vue si elle donnait l'impression de s'enfuir ? Ne serait-ce pas un aveu ? En vérité, c'était peut-être là son salut. Au pire, elle serait blessée et arrêtée, puis torturée et tuée de la plus atroce des façons. Au mieux, un mousquet ferait mouche et elle mourrait sur le coup.

Ou peut-être le poison serait-il préférable. Une dose de krafjane. Elle s'étendrait sur le lit, fermerait les yeux. Tout, plutôt que d'être soumise à la question, écartelée, ou pendue, ou brûlée vive.

— Lizzie, j'ignore ce que vous imaginez, mais c'est absolument ridicule.

— C'est d'une clarté limpide, au contraire ! Chacun des meurtres que j'ai perpétré est une preuve accablante. Qui vous soupçonnerait pour l'assassinat d'Emerson alors que je suis la coupable toute désignée ?

— Elisabeth !

— J'avais confiance en vous.

— Vous ne...

— Ayez au moins le courage d'admettre ce que vous avez fait !

— Je n'ai rien fait, je...

— C'est vrai, excusez-moi, railla-t-elle. Fiona s'en est chargée à votre place. Vous n'avez même pas eu le cran de le faire !

— Taisez-vous, idiote ! Vous ne savez rien de moi.

— J'en sais assez !

— Non, vous ne savez rien !

Il se jeta sur elle. Elle n'eut pas le temps d'esquiver la main qui s'abattit sur son épaule. Lui ne parvint pas à bloquer le poing qui alla frapper son ventre, le pliant en deux. Elle était trop sonnée pour penser. Elle continua à vociférer — cette fois les mots qui sortaient de ses lèvres n'avait plus aucun sens pour elle. Elle crachait son venin, sa colère, sa déception.

— Taisez-vous ! répétait Jan. Taisez-vous !

Elle ne sut comment ils échouèrent tous deux à terre, dans un chaos de tissus, dans une pluie de cris. Lizzie abattit son poing, encore, et encore — Jan, lui, ne ripostait pas. Chacune des coups que Lizzie assénait lui faisait perdre peu à peu sa lucidité. Puis la situation bascula.

Elle ne sut comment son dos se trouva à heurter le sol.

Mais Jan était au-dessus d'elle, et sa main était écrasée sur son visage, lui coupant le souffle.

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