· Restaurant ·

On commence à déjeuner, et Amy parle peu puisqu'elle aime le repas.

- Ça te plaît ?

- Ouais, merci, Irène, dit Amy en souriant.

- Je t'en prie, dis-je.

Je la regarde souriante. J'avais peur qu'elle se détache de moi, mais je n'ai pas l'impression qu'elle était comme ça avec moi.

Je m'arrête de manger et lui demande.

- Tout va bien, Amy ?

Elle lève les yeux vers moi, surprise.

- Je vais bien, pourquoi ?

- Ces derniers temps, tu as l'air effacée du groupe.

Elle reste silencieuse et pose sa fourchette sur l'assiette.

- Tu n'as pas tort, mais... c'est pour des raisons qui m'importent que je fais exprès de mettre cette distance.

- Est-ce qu'on t'a fait du mal ? Ou est-ce ma faute ?

Elle me regarde mais me rassure.

- Cela n'a rien à voir avec toi, Irène. Tu ne m'as jamais rien fait de mal.

- J'ai vraiment peur de faire du mal à quelqu'un, sans que je m'en rende compte.

- Ce n'est pas le cas, ne t'inquiète pas.

Je lui souris.

- Néanmoins, c'est avec Lisa que j'ai un problème.

- Ah ? dis-je surprise.

- Je ne sais pas comment te le dire, mais j'ai comme l'impression qu'elle est une personne fausse à nos yeux. Elle s'invente une couverture.

Mes yeux s'écarquillent.

- Q... Quoi ?

- Cela peut être dur à digérer mais depuis ce jour, je ne peux plus me blairer cette fille.

- Pourquoi tu dis une chose pareille ? Elle n'a fait de mal à personne, tu sais ?

- Pour l'instant, lâche-t-elle.

Je ne la comprends pas, Amy. Pourquoi crache-t-elle sur Lisa qui n'a rien fait ?

- On ne peut pas tirer de conclusions hâtives sur une personne.

- Ce n'est pas faux, néanmoins, je l'ai vite remarqué lorsqu'on a commencé à traîner ensemble. Elle s'est dite en te voyant : « J'ai trouvé ma cible, allons la duper. »

Je tape ma main sur le bureau et elle se stoppe.

- Lisa n'est pas comme ça. Elle n'est pas une manipulatrice comme Victoria.

- Donc, tu vas la croire ?

- Et pourquoi pas ?

- Tu es sérieuse ?

- Oui. Je ne sais pas à quoi tu joues, mais si tu penses dire du mal d'elle, ça ne va pas le faire.

Elle se lève de sa chaise et prend son sac. Je la regarde, énervée.

- Je ne fais que te prévenir. Mais puisque tu le prends ainsi, libre à toi de croire ce que je dis ou non.

Sur ces mots, elle quitta la table et sortit dehors. Je suis encore énervée et je joins mes doigts, posant mes coudes sur la table.

Dois-je vraiment la croire ou non ? La question me trotte encore. Lisa est une personne super gentille et sympa, je ne comprends pas pourquoi Amy a dit ça. Peut-être qu'elle la perçoit de son point de vue.

Mais est-ce vraiment pour m'avertir ou me retourner contre elle ? Il va falloir que je mène ma propre enquête.

~Ellipse~

(Le soir...)

Je suis encore perturbée par ce qu'il s'est passé et je termine de brosser le pelage de Lucky, que j'avais pris dans mes bras.

Le chat saute de mes jambes et part faire sa vie.

Je le regarde jouer avec Bobby, ce qui me fait sourire, car les animaux n'ont pas de soucis dans la vie, à part manger, dormir, jouer et aussi se confronter à leurs ennemis.

Ils ne sont pas compliqués par rapport aux humains.

Je soupire car il va falloir que je réfléchisse bien à ce qu'Amy m'a dit. Cela m'obsède tellement que ses mots retentissent dans mes pensées.

PDV Tom

J'observe Irène perdue dans ses pensées. C'est la première fois que la vois ainsi et ça me surprend. Et j'ai aussi l'impression que cela la tracasse.

Je finis de préparer notre repas et j'éteins le feu de la cuisinière.

- Irène ! Le repas est prêt !

Elle revient à la réalité et se retourne vers moi.

- J...J'arrive !

Je commence à sortir la casserole du feu et Irène se dépêche d'aller se laver les mains avant de servir les assiettes et les couverts sur la table. Néanmoins, son air pensif ne se dissipe pas.

Même si elle semble concentrée dans ce qu'elle fait, elle reste toujours inquiète.

Je sers le repas et nous commençons à dîner. Je la regarde de temps en temps, mais elle ne parle pas beaucoup, ce qui m'inquiète.

- Irène ?

- Oui ? Me dit-elle.

- Tout va bien ?

- Ah, oui, pourquoi ? Tout va bien.

- Tu es sûre ?

- Oui, absolument. Et je ne suis pas malade, si tu me demandes.

- Je vois. C'est à propos de la fac ?

À cette question, Irène se stoppe. J'ai touché son point sensible. J'avais raison. Elle reste toujours concentrée sur son repas et remue les pâtes avec sa fourchette.

- Ouais. Et disons que c'est plutôt compliqué.

- C'est encore Victoria ?

- J'aurais aimé que ce soit elle, mais ce n'est pas le cas.

- Ah.

- C'est à propos d'une de mes amies.

- Camille ?

- Non, Amandine, une de mes autres copines.

- Ah, je vois. Et qu'est-ce qui se passe avec elle ?

- Elle me dit de me méfier d'une de mes amies proches.

- C'est peut-être de son point de vue qu'elle le ressent, tu ne crois pas ?

- Je l'ai aussi pensé, mais j'ai comme l'impression qu'elle veut me mettre en garde.

- C'est vrai que ton histoire est un peu compliquée.

- Tu l'as dit. Et puis, Lisa n'est pas méchante. C'est d'elle qu'elle m'a parlé.

- Je ne la connais pas très bien, mais je vais te dire quelque chose, Irène.

- Oui ?

Je pose mes couverts sur l'assiette et pose mes coudes sur la table, la fixant avec un air inquiet.

- Je pense qu'Amy te veut du bien, même si tu penses que Lisa est sympa vis-à-vis de toi. Les personnes souvent trop gentilles sont celles qui sont les plus dangereuses.

Elle me regarde, surprise et en même temps, elle veut comprendre.

- Ça, c'est un retournement de situation dans les films, on est dans la réalité.

- Même dans la réalité ce genre de choses se produisent. Tu sais ce qu'est un faux ami, n'est-ce pas ?

- Oui, bien sûr. Des gens qui viennent vers toi que quand ils ont besoin de quelque chose et qu'une fois la chose faite, ils te lâchent comme une vieille chaussette.

- Par exemple. Mais c'est souvent des gens envieux, qui ne veulent pas ton bonheur et souhaitent obtenir la même chose que toi.

- Donc, tu sous-entends que Lisa pourrait être ainsi ?

- Je ne le dis pas, je te préviens.

- D'accord.

Elle continue à manger en silence et je suis juste après. Je l'ai vraiment blessée on dirait.

Je pense que cette fille, Lisa doit tenir une place dans son cœur. Je ne la connais pas, mais peut-être que son amie a raison sur le fait de se méfier des gens. On ne peut faire confiance à personne dans notre société.

Nous débarrassons la table et faisons la vaisselle ensemble, sans nous dire un mot, car je ne me sens pas légitime de lui dire quelque chose après la discussion que nous avons eue et je n'ai pas envie de remettre ça sur le tapis.

~Ellipse~

Nous nous brossons les dents tous les deux et je l'observe de temps à autres. Elle reste normale, mais je m'inquiète pour elle et ses sentiments amicaux.

Mais après tout, je devrais la laisser faire. Je ne suis pas son père pour la couver et lui dire ce qui est bien ou mal.

Nous finissons notre brossage et allons-nous coucher.

Alors qu'elle ouvre la porte de sa chambre, je ressens le besoin de la sentir contre moi. Je m'approche d'elle et l'enlace de dos.

Je pose ma tête sur son cou et ferme les yeux, inspirant légèrement son parfum.

PDV Irène

Je rougis face à ce geste. Ce n'est pas la première fois que Tom m'enlace mais pourquoi je ressens ce genre de chose ?!

Mon cœur bat la chamade, mais mes mains se dirigent instinctivement sur ses bras et je ferme les yeux, me détendant tout doucement.

Son odeur corporelle me détend et toutes les pensées négatives qui me viennent à l'esprit s'envolent telle une brise d'été.

Nous nous regardons, un sourire aux lèvres.

- J'ai eu peur, Tom.

- J'aime te surprendre, darling.

- Je le vois bien.

- Comment tu te sens ?

- Détendue et prête à aller au lit.

- Tu ne veux pas dormir avec moi ? Me demande-t-il, reposant sa tête sur mon cou.

Je rougis.

- Eum... Je ne... Je ne suis pas encore très habituée.

- Cela viendra avec le temps, darling.

- Tom...

- S'il te plaît. Dors avec moi.

Je soupire légèrement.

- Puisque c'est toi, d'accord.

- Merci, darling.

- Ce n'est... ce n'est rien, dis-je, gênée.

Il glisse sa main sur mon bras, attrapant gentiment ma main et la serrant contre la sienne. Je la serre également et me retourne vers lui.

- Allons dormir, très chère.

- Oui, dis-je en souriant.