
24 - Ma fièvre
~Ellipse~
C'est la pause. Je décide d'aller aux toilettes pour me passer un peu d'eau sur le visage. Je profite de l'instant que Tom est en train de discuter pour m'éclipser de la salle.
Je me mouille le visage et me regarde dans le miroir. Je vois mes cernes creusés, mon teint pâle qui ressort et mes lèvres pâles.
Je soupire en me disant qu'il faut attendre la fin de la journée pour pouvoir rentrer et me reposer.
PDV Tom
En voyant Irène s'empresser d'aller aux toilettes, je me suis inquiété pour elle. J'ai remarqué sa fatigue et sa pâleur mais elle a réussi à me prouver le contraire.
Je me sens coupable de ne pas chercher à la convaincre de me dire ce qu'il ne va pas. Mais en même temps, j'ai peur de prendre trop de place dans sa vie.
Sophia s'avance vers moi, alors que j'essuie ma sueur avec ma serviette.
- Irène a l'air d'aller mal.
- Tu n'as pas tort.
- Elle n'est pas malade ?
- Je n'en ai aucune idée.
- Il faudrait que tu ailles lui poser la question.
- Tu n'as pas tort, même si j'ai essayé plusieurs fois.
- Elle tient tant que ça à te cacher la vérité ?
- « Elle a peur d'être délaissée... », dit ma voix intérieure.
Je pose ma serviette et vais vers les toilettes.
- Dis à Owen et au directeur que je reviens.
- OK.
Je me poste devant les toilettes et attends, un peu stressé. J'ai même un peu peur qu'elle ne tombe dans la salle d'eau.
Elle veut essayer de dissimuler ses peines, mais elle a le droit de se reposer sur quelqu'un. Je ne comprends pas pourquoi elle se fait du mal en cachant tout ce qu'il y a de plus sombre en elle.
Je sais qu'elle ne veut pas être abandonnée, mais il faut qu'elle sache que je suis là.
Une porte s'ouvre et je lève les yeux pour voir si c'est Irène qui en sort. Et j'ai raison. Elle lève les yeux vers moi et sursaute.
- Ah ! C'est toi, Tom ?
- Oui, désolé de t'avoir fait peur.
- Non, c'est... c'est rien, dit-elle.
Je souffle un bon coup avant de lui demander si elle va bien.
- Irène.
- Oui ?
- Est-ce que tu vas bien ?
Elle me regarde, surprise, et elle sourit de gêne.
- Je... Je vais bien, pourquoi ?
- Ce n'est pas ce que tu me laisses voir.
Elle me regarde à nouveau et elle baisse les yeux. J'avais raison. Elle me mentait.
- Qu'est-ce qui se passe, Irène ?
- Rien, rien. Je suis juste un peu fatiguée.
- Ce n'est rien que ça ?
- Oui, je te le jure.
On se regarde un moment, mais j'ai l'impression qu'Irène joue si bien la comédie que je suis obligée de la laisser filer.
- D'accord.
Je pose ma main sur son épaule et lui sourit.
- Alors, retournons sur le plateau.
- Oui, dit-elle en souriant.
Nous retournons sur le plateau où après notre pause, nous poursuivons nos prises.
PDV Irène
J'ai vraiment cru que j'allais devoir tout dire à Tom. Par chance, qu'il n'a pas davantage forcé à me faire cracher la vérité.
Néanmoins, je pense qu'il sait déjà la vérité, même si je ne l'ai pas explicitement dit, car mon état m'a trahi.
Il a dû voir ma pâleur, mon sourire forcé ou encore ma fatigue. Je sais qu'à un moment ou à un autre, je vais devoir lui dire la vérité.
~Ellipse~
(15h)
Mon état se dégrade à l'intérieur de moi. Plus les heures passent et plus je sens que mon corps va me lâcher. Je commence même à regretter de ne pas avoir dit la vérité plus tôt.
Je respire vite, je sens la sueur couler sur mes tempes, mon cœur battre à tout rompre et mes jambes trembler.
C'est tout cet ensemble de symptômes qui sont facilement reconnaissables. Mais avec mon talent pour la comédie, je dissipais ces soupçons.
Durant la matinée, ce jeu marchait. Mais plus maintenant.
Tout ce que je voulais, c'était rentrer chez moi et me reposer dans mon lit, sous ma couette.
Je remarque le regard de Tom plus présent sur moi, et je l'évite. J'ai peur qu'il s'énerve contre moi pour ne pas lui avoir dit que je suis malade.
Je m'accroche à la table le plus fort possible afin de ne pas tomber, mais je sens que ce terrible instant va arriver d'une minute à l'autre.
Alors que je le regarde faire, Tom, déguisé en Loki regarde une nouvelle fois en ma direction et je le vois comprendre la vérité que j'ai cachée tout ce temps.
Ses yeux sont écarquillés, inquiets et remplis de culpabilité, j'ai l'impression.
Il fait signe aux caméramans de couper la scène et il sort du décor pour me rejoindre. Tout le monde pose son regard dans la direction qu'il emprunte, et c'est vers moi qu'il vient.
Je sursaute et lorsqu'il arrive à mon niveau, il prend délicatement ma main et pose l'autre sur mon bras en me regardant, inquiet.
- Irène, tout va bien ?
Je le regarde, gênée, je peine à respirer mais j'essaie de lui répondre correctement. Finalement, je lui avoue la vérité.
- C... ça va pas, je bégaye. Je...
- Calme-toi, Irène. Tout va bien, me dit-il. Tu es entre de bonnes mains.
Je sens des larmes me venir aux yeux et je me sens coupable de ce que j'ai fait. Je me sens coupable de ne pas lui avoir dit la vérité, même si cela partait dans l'intention de le ménager.
- Je... Je suis désolée... Tom...
- Ce n'est pas grave, Irène. Ce n'est pas grave.
Il caresse mes cheveux et essaie de me calmer, et je serre la chemise de son personnage. Owen et le directeur viennent vers nous.
- Tom, qu'est-ce qui se passe ? Dit le directeur.
- Elle ne se sent pas très bien, dit Tom.
- C'est vrai ? Demande Owen.
- Oui, j'ai bien peur qu'elle soit malade, dit Tom.
- Oh non, dit son collègue.
Je baisse les yeux et continue de m'accrocher à la chemise de Tom de ma main gauche.
- Il serait préférable que vous la rameniez à la maison, dit le directeur.
- Vous me le permettez ? Dit Tom.
- Oui, la santé avant tout.
Tom me regarde à nouveau et je lève les yeux vers lui.
- Nous allons rentrer, Irène.
- O... OK.
- Tu peux marcher ?
- Je... Je pense que oui.
- D'accord.
- Naomie va vous ramener chez vous.
- Merci, Monsieur.
- Je vous en prie.
Le directeur discute avec Sophia et Owen reste avec moi et Tom.
- Irène, reste avec Naomie, je vais me changer et j'arrive, OK ?
- Ça... Ça marche, dis-je.
- Je fais vite.
Je le vois partir avec son collègue et Naomie est avec moi.
- Ton état s'est aggravé, c'est ça ?
- Oui, dis-je, coupable.
- Ce n'est pas grave, une maladie, ça arrive. On ne peut pas la contrôler.
- Ce n'est pas faux.
- Mais profite de ce temps pour te reposer correctement et te détendre, d'accord ?
Je hoche.
(5 minutes plus tard...)
Nous voyons Tom qui vient vers nous, rhabillé comme ce matin.
- Je suis prêt. On y va ? Me demande-t-il.
- Oui, allons-y, dis-je.
Naomie nous fait monter dans la voiture et nous ramène jusque le domicile de Tom. Durant la route, je ne parle pas parce que je suis épuisée et je ne me sens pas légitime de prononcer un mot après le mensonge que j'ai fait croire à tout le monde.
∙ Domicile de Tom ∙
(16h35)
Nous sommes enfin arrivés à la maison. L'assistante nous fait sortir de la voiture, et Tom se propose pour prendre le relais et m'accompagner dans la maison.
Elle veille à ce que je ne me fasse pas mal et remonte dans la voiture, en me disant de bien me reposer et surtout de ne pas m'en faire pour les partiels qui arrivent la semaine qui arrive.
Tom prend mon bras et le passe autour de sa nuque et marche à la même vitesse que moi pour que je ne tombe pas.
Je ne lève pas le regard devant lui car je suis épuisée et ma tête me fait mal.
Dans la maison, il m'assoit sur le canapé et retire mes bottes et ses baskets. Il retire également ma veste et j'ai l'impression que la température de mon corps est montée en flèche.
Il met sa main sur mon front et vérifie ma température. Il n'est pas affolé, mais son visage montre de l'inquiétude.
- Tu es vraiment brûlante, dit-il, inquiet.
- Désolée...
- Pourquoi tu t'excuses ? Ce n'est pas de ta faute si tu es malade.
- Je sais, mais... mais j'aurais dû... j'aurais dû te le dire...
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