Chapitre 7 : Révélations ?
— Je pense que j'en ai assez entendu, dis-je en pénétrant dans la salle où l'on a dérangé le Roi entrain de manger hier. Votre arme ? Vous êtes sérieux ? Que dois-je savoir ? Et clairement, cette fois-ci. Comment ça, The Boss pourrait voir à travers mes yeux ? Et...
— Assieds-toi et mange. Dès que tu as terminé, on t'expliquera. Tout.
Et voilà. Ça recommençait. On me demandait de manger, comme si on voulait me gaver, et on me promettait une récompense. On aurait dit un âne à qui on mettait une carotte sous le nez pour le forcer à avancer. Enfin bon. Qu'est-ce que je pouvais y faire ? J'en avais besoin, de ces réponses.
Je commença à manger, mais c'était légèrement dérangeant ; toute la tablée me regardait étrangement, et j'entends Matthias dire en chuchotant à Ethan :
— C'est sur que c'est elle, alors.
— Oui. Il n'y a plus aucun doute. Je me demande ce qu'elle nous dira quand elle l'apprendra.
— De quoi est-ce que vous parlez ?
— Rien, me dirent-ils d'une même voix.
— Pas de chance pour vous, j'ai tout entendu. Donc, vous allez tout m'expliquer. Même si je n'ai pas terminé de manger.
— Tu t'es fait une coloration ? Me demanda Ahyn, pour esquiver ma question.
— Non. C'est en me peignant les cheveux hier soir. Il fallait d'ailleurs que je vous demande ce qu'il se passait. Donc on va commencer par ça.
— Par tes cheveux ? Demanda Zachary.
Je lui répondis d'un signe affirmatif de la tête, et il continua sur sa lancée :
— Ta mère t'a fait une coloration, parce qu'à Tortia, avoir les cheveux blancs est synonyme de vieillesse. C'aurait été bizarre qu'une gamine de 15 ans ait l'air vielle.
— J'ai 16 ans, déjà. Et ici, c'est synonyme de quoi ?
— De la pureté, et d'un Pouvoir Magique très élevé, me répond Matthias.
— D'accord... Bon. Passons à ce que j'ai entendu tout à l'heure. Comment ça je suis votre arme ? Et quelle est la prophétie que ma mère m'a transmise avant de m'abandonner ?
— Ekat'...
— Arrête de m'appeler comme ça, Matthias !
— Tais-toi, si tu veux des réponses, me dit Ahyn.
Je souffla fort, pour leur montrer mon mécontentement, puis fis signe à Matthias de continuer :
— Tu es l'Elue. Comme tu t'en doutais, j'imagine, c'est de toi que parle la Prophétie.
— Est-ce qu'il n'y aurait pas une bibliothèque, pour que je puisse vérifier la véracité de vos propos ?
— Oui, suis-moi.
Changement de point de vue : Ethan.
Je me doutais bien qu'elle ne nous croirait pas comme ça. Et puis, l'excuse de la bibliothèque, c'est juste pour être seule et avoir le temps de digérer ce qu'on vient de lui dire. C'est incroyable qu'elle ait entendu ce qu'on disait avec les garçons. Normalement, c'est censé être impossible. Il n'y a aucun doute, c'est bien la Magique la plus puissante de tous les temps. Mais, si elle n'était que ça... Ce serait tellement plus facile. On pourrait suivre les ordres de mission du Roi, et l'exécuter tranquillement. Sauf que c'est impossible. Le Roi le sait, et il veut tester notre loyauté. On aurait jamais dû revenir, ou en tout cas pas avec elle. On aurait dû la laisse une lieu sûr. Mais on a été trop naïfs, on a crû que le Roi la laisserait en vie, sauf que ce ne s'est pas passé comme ça. C'était trop dangereux, on aurait dû le savoir. Maintenant, soit on la tue, soit on devient des hors-la-loi. Et j'ai déjà fait mon choix...
Point de vue : Ekaterina
J'entre dans la bibliothèque, suivie de près par Matthias. Devant moi, se trouve une magnifique pièce. Les murs sont en pierre, quelques tableaux représentant le Roi y sont accrochés. Des dizaines d'étagères regorgeant de livres et de trésors sont alignés, formant de grandes allées. Je vais vers l'étagère la plus proche ; elle contient toutes les informations à savoir sur la faune et la flore de Cilia. Intéressant, certes, mais inutile dans mon cas. Je déambule d'allée en allée, jusqu'à trouver celle qui m'intéresse ; l'histoire des Mondes. Je regarde les titres, quand soudain, un attire mon attention : Tout savoir sur la Magie et les Autres Mondes. Parfait ! Il faut maintenant que je trouve l'armoire qui contient les sortilèges. Je demanderai aux garçons si ils peuvent m'en apprendre quelques-uns. J'interrogeais alors Matthias pour savoir si j'avais le droit d'emprunter certains de ses livres, et il me répondit par l'affirmative.
— Bien sûr ! Tu pourras les lire quand tu auras un petit peu de temps libre.
Il déambula dans les allées, et je le suivit. Au bout d'un moment, il me tendit un magnifique livre relié, intitulé Sortilèges pour débutants, puis d'autres. Au moment où je quittais la grande Bibliothèque, j'avais au moins une dizaine de livres dans les bras.
— Voilà ! Avec ça, tu pourras comprendre plus de choses sur notre monde, qui est aussi le tien, par ailleurs...
— Merci !
— De rien ! C'est normal, voyons !
Il me raccompagna ensuite à ma chambre. J'eus l'impression qu'il y avait un problème, parce que je sentais cette drôle d'odeur, la même que celle que j'ai sentie le jour où les Mercenaires nous ont attaqués, mon père, ma mère et moi.
Et malheureusement, la suite me donna raison. Au moment où je me retournais, pour dire au revoir à Matthias, j'entendis la porte de ma chambre se fermer, puis le bruit caractéristique du verrou que l'on ferme. Je tendis l'oreille et je distingua alors des voix, qui me semblaient énervées, bien que je n'en sois pas sûre. Je perçu peu après le bruit caractéristique des lames qui s'entrechoquaient.
Je me recroquevilla en boule, vivant un souvenir dont je ne connaissait même pas l'existence. J'apercevait 3 personnes dans de gros blocs de verre : une jeune femme d'à peu près dix ans mon aînée, ainsi qu'un homme et une femme, que j'imaginais être ses parents. Il planait une atmosphère lourde, inquiétante... 4 voix me sortirent de ma léthargie. Je me rendis compte que j'étais brûlante et essoufflée.
— Ça a commencé ? Demanda Ahyn ?
— Oui. Il faut qu'on parte avant qu'il ne soit trop tard. Lui répondit Ethan.
Ekaterina ? Tu nous fais confiance ?
— J'ai le choix ? Lui répondis-je.
— Non.
— Eh bien, comme ça, la question ne se pose pas, repliquais-je, agacée. J'étais encore un petit peu hébété par ce qui venait de se passer, et, comme d'habitude, les garçons ne semblaient n'avoir ni l'envie, ni le temps de m'expliquer ce qui venait de se passer.
Ethan s'approcha alors de moi, et me porta, comme si j'étais un petit bébé.
— Euh... tu peux me poser, s'il te plaît ? Je suis grande, je peux marcher.
— Hors de question. Après ce que tu viens de vivre, c'est trop risqué. On a déjà de la chance que tu ne te sois pas évanouie. Ou pire... Marcher alors que tu viens de voir une scène qui a dû se passer il y a quelques années, se serait du suicide.
— la scène que je viens de voir s'est vraiment déroulée ?
— Oui. Est-ce que tu pourrais nous la décrire, après, une fois que nous serons sortis d'ici ?
— Euh... oui, j'imagine.
— Bon, je ne voudrais pas interrompre votre discussion, mais on a du pain sur la planche. Ekat', tu fermes les yeux, s'il te plaît, me demanda Matthias.
— pourquoi, Matt' ?
— C'est quoi ce surnom ?
— Eh bien, je ne fais que t'en trouver un. Je te rends la monnaie de ta pièce, comme on dit par chez moi... repliquais-je, le sourire aux lèvres.
— Les habitants de Tortia ont vraiment des expressions bizarres...
— Et du coup ? Pourquoi il faut que je ferme les yeux ?
— On a dû se battre... Et il se pourrait que la vue du sang te ramène de mauvais souvenirs, que tu avais essayé de faire disparaître de ta mémoire, ou provoquer une Vision, chose qu'il fait à tout prix éviter, me répondit Matthias.
— On peut y aller, maintenant ? Je vous rappelle que c'est moi qui la porte, dit Ethan.
Une fois qu'on eut passé la porte, je fut prise d'un haut-le-cœur : une forte odeur de sang flottait dans la pièce. Les yeux fermés, je remerciais silencieusement les garçons de m'avoir demandé de ne pas regarder.
Une voix me fit soudainement sursauter :
— Vous me trahissez comme ça ? Après tout ce que le Roi a fait pour vous ? Après tout ce que j'ai fait pour vous ? Dit une voix que je connaissais bien, et que je ne m'attendais pas à réentendre de toute ma vie.
— Morgana ?
— Vous vous connaissez ? Demanda Ahyn.
— Oui. Malheureusement. C'est une peste que je connais parce qu'on s'entraînaient ensemble à Tortia. Maintenant, si vous permettez, je vais arrêter de fermer les yeux.
Je n'attendis pas qu'ils me donnent leur accord, et ouvris les yeux.
En face de moi, se trouvait Morgana, l'air énervé.
Je voulu m'avancer, mais j'étais toujours dans les bras de Ethan, et il n'était pas décidé à me laisser.
Soudain, une flèche passa près de mon visage, et l'érafla.
La flèche venait de Morgana, qui tenait en ses mains un arc. Elle prit ensuite la parole :
— C'est du venin, qui met très longtemps à agir. Mais je te conseille de trouver l'antidote le plus vite possible, sinon... Sinon, tu mourras dans d'épouvantables conditions, ma chérie, dit-elle à mon intention.
Elle disparut ensuite dans un claquement de doigts, nous laissant seuls avec nos intenses réflexions.
— C'est vrai ce qu'elle a dit ?
— J'ai bien peur que oui, surtout s'il s'agit du poison auquel je pense. Dans ce cas-là, il faut qu'on parte le plus vite possible. On a deux semaines. Deux semaines, avant qu'il ne soit trop tard. Deux semaines, et les effets du poison seront irréversibles.
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