Coucou :3
J'ai eu une nouvelle idée pour un chapitre avec mes personnages, alors me revoici. Mais avant, je voulais simplement préciser quelque chose suite à une question d'une lectrice *câlin* c'est à dire les morceaux que jouaient Rose et Thomas, à l'audition. En fait, je n'avais pas un morceau en particulier quand j'écrivais, mais quelques uns qui me servaient quand même d'inspiration. ^^ Ce sont des morceaux que j'ai moi-même joués ou entendus et que j'aime beaucoup, tous ayant, à mes yeux, une signification particulière : le Concerto en La Mineur de Vivaldi, l'Israeli Concertino de Perlman et Crystallize de Lindsey Stirling, joués par Thomas, tandis que Rose a joué un des quatre concertos des Quatre Saisons de Vivaldi également, celui de l'Hiver, un extrait de l'Oiseau de Feu de Stravinsky, seul morceau n'ayant pas de symbolique reliée à ma propre histoire mais bien à celle de la petite musicienne, et Song of the Caged Bird de Lindsey Stirling toujours. Quant à ce qu'elle écoute dans le train avant de retrouver son ami, j'en avais plusieurs en tête, dont deux morceaux de Lindsey Stirling - désolée de la replacer partout mais elle est géniale -, Shatter me et Gavi's Song.
Sur ce, après une note d'auteur beaucoup trop longue, voilà la troisième aventure bonus de l'Oiseau de Feu et de l'Ange de Musique, qui j'espère vous plaira. ^^

Un matin comme un autre, en février, Rose s'était installée dans une des salles vides de l'université afin de travailler, encore et encore, un solo d'orchestre et d'autres morceaux qu'elle appréciait énormément, entre souvenirs et nouvelle vie, passé et présent, mais aussi des études, de ces longues mélodies de notes suivies nécessaires mais parfois ennuyeuses. Elle devait pourtant les jouer, garder sa technique, et encore la perfectionner, trop heureuse d'avoir été admise en ce lieu... L'audition remontait à huit mois, et un semestre d'études s'était écoulé, mais elle pouvait encore sentir les cordes sous ses doigts lors du passage qui lui avait valu sa place, le vibrato dans son coeur, les glissandos et le reste, tout en s'émerveillant encore de ces leçons de violon, d'orchestre, d'histoire de la musique ou de composition. Elle faisait ce qu'elle aimait, et elle était heureuse, se levant parfois à l'aube sans avoir de cours, comme ce jour-là, pour trouver refuge dans une petite salle du dernier étage où elle avait rangé des coussins, des partitions et tout ce qu'il lui fallait pour s'enfermer dans son Royaume de Musique, devant la baie vitrée qui dévoilait le paysage surréaliste du lac, lisse comme un miroir dans son écrin de verdure, et des montagnes si loin qu'elles prenaient des couleurs douces, grises, violettes et bleutées contre l'azur céleste paré de nuages. Personne ne venait jamais là, et elle y était bien, faisant s'élever des milliers de notes.

Pourtant, ce jour-là, alors qu'elle rejouait un morceau plus simple, tout en vibrato, qu'elle adorait, trois petits coups furent frappés à la porte, la poignée tournant ensuite. Posant son archet, la jeune fille au violon attendit simplement, et vit se dessiner dans l'encadrement de la porte le visage de Layali, une grande et jolie altiste aux cheveux noirs frisés et aux yeux verts en amande qui souriait plus encore que d'ordinaire en entrant dans la salle. La nouvelle venue fit signe à l'Oiseau de Feu de ranger, et la petite musicienne s'exécuta, tout en demandant les raisons de ce comportement, se levant ensuite pour suivre son amie qui ne voulait rien dire mais la tirait par la main. Le tableau était amusant, Rose étant légèrement plus petite, plus fine et ayant une peau de fine porcelaine quand son amie était métissée, mais leurs esprits s'accordaient parfaitement, et elles avaient pris l'habitude de travailler ensemble dans les trop rares cours qu'elles avaient en commun, rejointes parfois par une autre fille, Emilie, en une entente paisible qui liait chaque élève et musicien à un autre, pourvu que les instruments soient différents. Deux violons, deux altos, deux pianos, deux flûtes, deux guitares ensemble, avec cette si forte complicité ? Impossible, impensable, ou presque, à cause des concours et des rivalités, malgré le respect et la cordialité qui avaient été instaurés dès les premiers jours... Parfois, Rose regrettait le conservatoire et la bonne entente, et elle n'était pas la seule, alors en vacances, ils se retrouvaient là où tout avait commencé, pour rejouer. 

« Pourquoi tu es venue me chercher, exactement ? » s'exclama l'Ange de Musique en riant d'un dérapage de son amie.
« Viens, il ne faut pas manquer ça ! Les nouveaux pour le semestre, ils arrivent, en tout cas la section cordes ! Ça va être intéressant, qui sait, peut-être que certains auront les chevilles moins enflées que les autres... On peut au moins aller voir, Rose ! S'il te plaît ! » répliqua Layali, d'une moue adorable qui faisait craquer tout le monde, son visage délicat sachant être captivant et fermé à la prestance dure se parant d'une beauté vive, étrangère qui devint bientôt souriante.
« D'accord, d'accord ! » soupira l'intéressée, vaincue, un sourire se posant légèrement sur ses lèvres rosées, illuminant ses traits fins et doux, plus enfantins, tandis qu'elle replaçait une mèche chocolat derrière son oreille. « On y va, tu m'as rendue curieuse de les voir ! »
« Emilie nous attend déjà ! » rit la plus grande. « Allons-y ! »

Leurs instruments sur le dos, elles continuèrent de courir, et ne s'arrêtèrent qu'au détour d'un couloir, afin d'ouvrir la porte de l'amphithéâtre. La majorité des élèves de leurs sections étaient déjà installés sur les bancs, guettant l'autre porte d'où devaient arriver professeurs et nouveaux, mais les deux adolescentes - car comment appelle-t-on autrement une fille de dix-huit ans - préférèrent des places côte à côte près d'Emilie qui les attendait, ses cheveux blonds flottant sur ses épaules, ses yeux noisette scintillant, déjà plutôt que de se séparer en fonction de leur rôle dans l'orchestre. Alto ou violon, elles étaient amies... Pour passer le temps, Rose sortit son téléphone, pianotant quelques indications supplémentaires, quelques notes, sur son logiciel de composition, puis relut une partition, ses deux amies discutant, et finalement, releva les yeux en entendant la porte tourner sur ses gonds. Une vingtaine de jeunes entrèrent, se placèrent sur l'estrade, et tous purent détailler leurs instruments, avant même que les noms ne soient annoncés : violon, alto, violoncelle, guitare.

Deux filles portant, l'une un violoncelle, l'autre un alto, se tenaient la main très fort, leurs traits si semblables criant qu'elles étaient soeurs, tandis qu'un des garçons altiste était guidée par une autre adolescente, une guitariste, tous deux formant un joli couple, un autre encore souriant doucement en serrant son sac et son violon contre son coeur... Rose ne retint pas immédiatement tous les noms, mais ces cinq personnes la firent sourire et s'y intéresser, se montrant gentils, attentionnés, humbles, aussi, en quelques gestes dont elle ne manquait aucun détail. Ces cinq noms, elle les avait retenus. Aïsha, Kaya, Emilio, Sophie et Valentin. Pourtant, son regard sombre se fixa sur une autre silhouette, une dernière, qu'elle connaissait par coeur et qu'elle aurait cru avoir rêvée s'il n'avait pas été, lui aussi, annoncé. Le garçon aux cheveux de jais et aux yeux de saphir, à la peau légèrement hâlée... La jeune fille attendait simplement qu'on appelle les noms pour se précipiter vers lui, mais sa main d'ivoire ne révélait rien de ses tourments, ne pianotant pas même contre la table comme celle de Layali, serrée dans celle d'Emilie qui attendait, sans un mot.

La blonde n'avait jamais été très éloquente hormis leurs moments toutes les trois, mais à ce moment, elle était simplement figée, ne voulant pas prendre le risque de briser le silence, et la jolie brune était elle aussi muette. Tour à tour, chaque nouveau devrait jouer quelque chose, et chacun des élèves déjà présents dans la section pourrait choisir un "protégé", telles étaient les règles. Alors tour à tour, chacun sortit son instrument et joua. Aïsha et Kaya avaient choisi un duo assez vif, l'altiste aveugle un morceau très doux, mais ce fut la prestation de Valentin qui fit s'arrêter le regard de Rose. Il avait choisi un morceau qu'elle connaissait très bien, trop bien, et on aurait cru entendre le violon pleurer, tandis que deux larmes perlaient aux paupières de la petite musicienne... Emilie, à sa gauche, avait caché son visage dans ses mains, mais un grand sourire se dessinait sur son visage entre ses doigts fins. Quant à son ami, l'Oiseau de Feu connaissait sa manière de jouer, par coeur, et l'entendre à nouveau la détendit instantanément. Cet idiot lui avait manqué, énormément. Puis l'une des professeures commença à lire les noms, demandant ce que chacun des élèves pensait de la prestation des nouveaux, et ceux-ci se virent attribuer un référent... Ne restaient plus que Valentin, Thomas et une adolescente nommée Marina sur la scène pour les violons, quand le nom du premier garçon fut prononcé. La main d'Emilie fusa dans l'air, battant d'une seconde celle d'un autre élève en violon connu pour son orgueil, et le jeune homme sur l'estrade se dirigea vers elles pour s'asseoir près de sa tutrice et nouvelle amie. Rose n'avait rien voulu dire devant toute la classe, mais souffla simplement en souriant quand il passa les saluer :

« Tu joues très bien, mais eux aussi. Tu as quelque chose en plus que certains des élèves, qu'ils soient nouveaux ou déjà là, n'ont pas. Tu joues avec le coeur. C'était plutôt facile comme morceau, mais c'était très bien joué, et ton vibrato est génial, bravo. Mais ce que j'ai retenu de toi, ce n'est pas ta technique... Tu es passionné et ça se voit, alors ne l'oublie pas. C'est ce qui te rend si captivant. Tu joues du violon et tu aimes ça, ça te fait travailler, alors c'est sans doute ta plus grande qualité. »

L'intéressé remercia, presque gêné, et Rose eut un petit rire amusé avant de lever la main comme une flèche en entendant le prénom suivant, Thomas s'avançant vers elle, le visage lumineux de joie sereine. Tous deux étaient à nouveau réunis, et rien d'autre n'importait... Pourtant, ils continuèrent de garder les apparences, et bientôt, Layali choisit d'être la guide de Kaya, avant que tous ne quittent l'amphithéâtre. Les cours ne commenceraient que le lendemain, le temps de montrer l'ensemble des bâtiments, des chambres et bien sûr, de commencer à se connaître et à jouer ! En voyant Marina, douce et effacée, s'éloigner pour suivre son tuteur, Rose murmura simplement, la retenant d'une main :

« Si tu veux, si tu as besoin de quoi que ce soit, ou même si tu as envie de jouer avec nous, de rire, de discuter, tu peux toujours venir nous voir. Emilie, Layali et moi serons là pour répondre à d'éventuelles questions. On partage l'appartement 601, et le 602 est celui de nos nouveaux amis. Si nous ne sommes ni là ni en cours, viens dans la salle du dernier étage, tout au fond du couloir. On l'oublie souvent, la porte est à moitié cachée par une armoire et une tapisserie, étant donné que c'est le couloir qui sert d'entrepôt pour les comédies musicales, mais c'est mon refuge, et si tu veux, tu y as ta place. »

L'adolescente esquissa un dernier sourire à la nouvelle venue, et celle-ci le lui rendit, avant de s'en aller, plus légère. La jolie brune se retourna alors vers ses amis, et, entrelaçant ses doigts à ceux de Thomas, tous se dirigèrent vers les appartements pour poser les instruments et commencer à discuter. Valentin et Emilie commençaient à parler violon, Layali et Kaya alto... L'Oiseau de Feu murmura alors, sans se faire entendre du reste du groupe, juste avant qu'ils ne rejoignent la discussion musicale avec plaisir, entre deux rires de joie et quelques anecdotes :

« Tu m'as manqué, idiot... Tu ne m'avais rien dit pour ton audition. »
« Je voulais te faire la surprise. » répondit-il sur le même ton.
« C'était une très belle surprise, Ange de Musique. » sourit-elle simplement.